À la fin des années 50, l’agence de construction de logements la Savoisienne entreprend de construire un ensemble immobilier sur un terrain en triangle. L’architecte Claude Gros dessine une construction composée de deux blocs distincts et perpendiculaires, d’une hauteur de 9 étages pour l’un, et 19 pour l’autre. Le complexe familial aux airs corbuséens verra le jour en 1962. Il compte en ses murs : une église existante avant le projet, une école, une salle de congrès, une galerie commerçante, l’hôtel le Royal Saint-Georges, un restaurant panoramique, tout en ajoutant à cela 222 logements, traversants pour la plupart.

L’ensemble du programme est logé dans une nappe basse qui joue le rôle de socle aux logements, tout en s’ouvrant sur l’espace public par une façade très ouvragée et variée. La structure est constituée de poteaux et d’allèges qui rythment la paroi, laissant libres les variations de division et les superpositions de fonctions différentes. L’église, dont le cloché perce le ciel, est sertit d’une verrière signée par le maître verrier Max Ingrand.

Claude Gros

L’architecte marseillais Claude Gros (1925-2016) est un élève brillant au sein de l’atelier Castel-Hardy, et fait partie de la génération des architectes formés dans l’immédiateté de l’après-guerre.

 

Auteur d’importants programmes de logements le plus souvent privés, il reste fidèle à une architecture rationnelle, où les structures s’expriment par des tracés rigoureux. Sa sensibilité aux lieux de vies partagés lui permet de s’emparer des programmes d’unité d’habitation, tout en partageant la volonté de Le Corbusier à la même époque, de créer un art de vivre communautaire. Il met en avant la nécessité de la préfabrication, et marque le paysage marseillais avec de nombreux bâtiments, comme le Parc Kalliste (15ème) en 1958, La Granière (15ème) en 1961, Castel Roc (10ème) en 1973, La Benausse (14ème) où il réalise des panneaux architectoniques préfabriqués en trois dimensions, ou encore Le Marceau (3ème) en 1964 qui reçoit le label du Patrimoine du XXème siècle en 2006.

Érigées entre 1955 et 1962 et s’élevant à 59 mètres au-dessus de la Canebière et du Vieux-Port, les trois tours Labourdette, œuvres conjointes des architectes Jacques HENRI-LABOURDETTE et Robert BOILEAU, conquièrent Marseille par le ciel. Inscrites au Label Patrimoine XXème siècle, ces immeubles d’habitations sont bâtis en exo-structure. Leur design atypique et imposant s’habille d’un audacieux béton armé blanc au revêtement de pierre formant une trame lisse et régulière. A l’intérieur, les escaliers préfabriqués, les lourdes portes en métal, inox et cuivre poli, et les ascenseurs débouchent directement sur les appartements traversants à la structure innovante par l’absence de murs porteurs permettant aux occupants de modifier au fil des années le plan des logements à leur gré.

Jacques Henri-Labourdette

Né en 1915 et décédé en 2003, Jacques Henri-Labourdette est un architecte du mouvement moderne. Élève de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, il fonde en 1945 avec Robert Boileau le cabinet Boileau-Labourdette, qui existe toujours sous le nom de « Synthèse Architecture ». Selon lui, la mission de l’architecte est fondamentalement liée à l’urbanisme face à l’évolution de nos sociétés. Réputé pour ses chantiers orientés autour de l’aménagement de quartiers, il bâtit principalement de grands ensembles, pour certains protégés. Toutes ses réalisations sont symboliques du modernisme et de l’innovation technique.

Parmi ses réalisations, on compte la Tour Albert, premier gratte-ciel de Paris avec ossature tubulaire en acier, les tours Labourdette à Marseille et plusieurs grands ensembles en Ile-de France.