Projet moderniste labellisé Patrimoine du XXe, le Parc du Roy d’Espagne est une vaste opération d’urbanisation du Sud de Marseille partant à l’assaut des contreforts boisés du massif de Marseilleveyre qui sépare le centre-ville des Calanques. Le site naturel aura contribué à orienter le projet des architectes vers le modèle des cités-jardins.

 

Envisagée dès 1959, la construction sera achevée en 1974. L’ensemble comporte un dégradé de 10 tours portant des noms de régions espagnoles, ainsi que 60 villas individuelles noyées dans la végétation de la forêt, dans un cadre offrant confort, intimité, et détente. L’implantation, attentive à l’exposition solaire et respectueuse du paysage, dessine un plan de masse aéré et discontinu.

 

S’intégrant dans une vaste pinède, le programme crée une ville haute dans les collines. L’ensemble, qui possède ses propres équipements, allie services publics et privés, activités tertiaires et logements. Ainsi, commerces, écoles, club de loisirs, équipements sportifs en plein air, et accès direct au départ des sentiers des Calanques sont à disposition des habitants.

Guillaume Gillet & Louis Olmeta

Né en 1912 et mort en 1987, Guillaume Gillet est un architecte français, Premier Grand Prix de Rome. Connu pour son architecture moderne, il est à la tête de l’une des principales agences françaises. Il participe à de nombreux concours, réalise d’importants aménagements urbains et programmes immobiliers. Parmi ses œuvres les plus célèbres, on compte l’église Notre-Dame de Royan, le pavillon de la France à l’Exposition universelle de Bruxelles de 1958, l’École nationale de la magistrature à Bordeaux, ou encore la tour le Grand Pavois à Marseille. Une collaboration étroite avec de grands ingénieurs l’amène à travailler sur des structures innovantes, mariant habilement l’art et la technique.

 

Né en 1906, Louis Olmeta est un architecte marseillais. Ses réalisations se concentrent dans les années 1950 et 1960, au moment où la population augmente fortement dans la cité phocéenne. C’est avec l’arrivée de Gaston Defferre que vont se développer ses projets. En effet, le maire de Marseille lance un programme associant de gros travaux d’aménagement urbain et la construction de grands ensembles immobiliers. Louis Olmeta participe également à de nombreuses réalisations privées, souvent en association avec d’autres architectes. Louis Olmeta associe dans ses réalisations les critères du confort moderne et de l’esthétique traditionnelle par le choix des matériaux de façade et de leur dessin.

À la fin des années 50, l’agence de construction de logements la Savoisienne entreprend de construire un ensemble immobilier sur un terrain en triangle. L’architecte Claude Gros dessine une construction composée de deux blocs distincts et perpendiculaires, d’une hauteur de 9 étages pour l’un, et 19 pour l’autre. Le complexe familial aux airs corbuséens verra le jour en 1962. Il compte en ses murs : une église existante avant le projet, une école, une salle de congrès, une galerie commerçante, l’hôtel le Royal Saint-Georges, un restaurant panoramique, tout en ajoutant à cela 222 logements, traversants pour la plupart.

L’ensemble du programme est logé dans une nappe basse qui joue le rôle de socle aux logements, tout en s’ouvrant sur l’espace public par une façade très ouvragée et variée. La structure est constituée de poteaux et d’allèges qui rythment la paroi, laissant libres les variations de division et les superpositions de fonctions différentes. L’église, dont le cloché perce le ciel, est sertit d’une verrière signée par le maître verrier Max Ingrand.

Claude Gros

L’architecte marseillais Claude Gros (1925-2016) est un élève brillant au sein de l’atelier Castel-Hardy, et fait partie de la génération des architectes formés dans l’immédiateté de l’après-guerre.

 

Auteur d’importants programmes de logements le plus souvent privés, il reste fidèle à une architecture rationnelle, où les structures s’expriment par des tracés rigoureux. Sa sensibilité aux lieux de vies partagés lui permet de s’emparer des programmes d’unité d’habitation, tout en partageant la volonté de Le Corbusier à la même époque, de créer un art de vivre communautaire. Il met en avant la nécessité de la préfabrication, et marque le paysage marseillais avec de nombreux bâtiments, comme le Parc Kalliste (15ème) en 1958, La Granière (15ème) en 1961, Castel Roc (10ème) en 1973, La Benausse (14ème) où il réalise des panneaux architectoniques préfabriqués en trois dimensions, ou encore Le Marceau (3ème) en 1964 qui reçoit le label du Patrimoine du XXème siècle en 2006.