COLLECTION PARTICULIÈRE

Après 40 ans de vie commune, quelques aménagements entre leurs personnalités éclatantes et plusieurs déménagements, Claude et Corinne sont toujours aussi fougueux et passionnés. Par l’art évidemment, et aussi par l’architecture. Découverte…

L’art habite leurs vies. Il s’adresse à leurs sens, à leurs émotions, à leur intelligence. Il les nourrit. Lui, entretient un rapport spontané à l’art, fondé sur le plaisir de la découverte. Le beau l’emporte sur le concept, mais l’un ne va pas sans l’autre. Pour elle, l’art est plus intuitif : elle est curieuse et toujours prête à de nouvelles expériences artistiques, elle cherche, elle découvre, elle écoute ses émotions.

L’un et l’autre n’imaginaient donc pas vivre dans un lieu aseptisé. Alors quid de la Cité Radieuse de Le Corbusier à Marseille ? « Elle me ramène aux maisons de poupées lorsque j’étais une petite fille, c’est certainement ce qui a déterminé mon engagement » explique Corinne. Pour Claude, c’est aussi un retour à son enfance car il a vécu dans une maison contemporaine en béton brut de décoffrage toujours présente à son cœur. Alors cette première visite, que nous avons provoquée, ils l’ont abordée comme « les visiteurs touristes » du Corbusier sans se projeter personnellement. Une visite qui a fait son chemin… Pourquoi pas. TOUT était là. Il a suffi de réinventer, en respectant l’esprit de ses créateurs, des équipements aujourd’hui obsolètes comme la cuisine par exemple.

Pour se faire, nous les avons mis en contact avec un des architectes partenaires d’ARCHIK au goût pointu Julien Fuentes. Le courant est passé, et un échange enthousiaste d’idées a conduit à la réalisation du projet final satisfaisant pour chacun. Quant au choix du mobilier, il a fallu réinventer un décor adapté aux proportions imposées par l’architecture. Retour aux années 50 / 60, mais comme l’art a une histoire et eux aussi, Claude et Corinne ont intégré au décor une série de sièges d’époque Louis XV dans la plus pure tradition du style classique français (bois peint et soierie). En les mariant avec des éléments contemporains comme « la Coffee Table » d’Isamu Noguchi ou la table roulante d’Angelo Ostuni. Un soin particulier a été apporté à l’éclairage en respectant là encore le choix des concepteurs : les lampes GRAS de DCW Éditions cohabitent ainsi avec la lampe Parentesi d’Achille Castiglione.

Aux murs, quelques œuvres d’artistes contemporains répondent à un dialogue interactif que le couple, fin collectionneur, a imaginé. Pour la plupart en noir et blanc, ces œuvres ont comme support l’écriture et / ou, le symbole. La grande hauteur sous plafond qu’offre la mezzanine leur a permis d’installer deux œuvres de grande dimension : la première, un visage issu du street art, répondant à une œuvre monochrome qui se confond avec son support, le néant, convoquant ainsi L’Être et le Néant.

Le tour était joué. Et cette cellule du Corbusier se transformait en un lieu qui leur ressemble, une œuvre dans l’œuvre. Jusqu’à une prochaine aventure !

LES FÉTICHES DE CORINNE ET CLAUDE

Utopia, Didier Faustino – mélaminé blanc et plexi glace

Didier Faustino est un artiste et architecte français, vivant entre la France et le Portugal. À travers ses différents projets, il mêle l’architecture, les performances, les installations et les vidéos. Dans cette œuvre, Faustino s’interroge sur « l’Être » dans ses dimensions sociales et politiques. L’œuvre est belle par sa simplicité, on écrit « Utopia » et tout s’écroule et les lettres tombent une à une, le mot, l’image. Tout est dit.

Black ass, Dan Miller – feutre sur papier

Dan Miller est un artiste autiste américain qui, en sublimant son handicap, a atteint une notoriété reconnue par les institutions artistiques internationales comme le MoMA ou la Biennale de Venise. Dan Miller, sortant ainsi de son enfermement, laisse libre court à son imagination et ses inventions : il décline ses obsessions en répétant sur le papier les signifiants qui s’y rapportent jusqu’à l’illisible. L’œuvre « Black Ass » en est une illustration émouvante par son histoire et sa simplicité qu’apparente.

À l’avenir, Kelly Schacht – vinyle et néon

Kelly Schacht est une jeune artiste belge très active. Avec cette œuvre À l’avenir, à venir, l’avenir … l’artiste joue sur les mots et leurs signifiés. Elle nous propose ainsi un support sur lequel le spectateur peut participer de manière interactive : à chacun sa lecture. Cette œuvre est ludique, libre et joyeuse. Les lettres en vinyle sont directement collées sur le mur et « Venir » est un néon lumineux, rendant l’œuvre très esthétique. Elle répond de façon optimiste aux précédentes.

INFORMATIONS PRATIQUES

Crédits ©2020 Photos – Olivier Amsellem
Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK