BASTBAST, pour Bureau Architectures Sans Titre. Fondé à Toulouse en 2013, ce bureau inédit a choisi pour nom l’anonymat, cadre d’une pratique dans laquelle l’individualité s’efface au profit de l’expression collective.Il y a un an, BAST figurait parmi les vingt lauréats des AJAP 2018, concours biennal d’architecture et de paysagisme organisé par le ministère de la Culture. Si le bureau a été fondé par Laurent Didier et Mathieu Le Ny, l’expérience dépasse à présent ces deux noms. Dans cette aventure, la hiérarchie est inexistante, les projets collectifs, et l’association constitue une fin en soi. Une posture hautement revendiquée par le bureau, tout comme son esthétique radicale. Découverte d’une agence peu banale, en perpétuelle remise en question.E—O Combien de personnes constituent aujourd’hui le bureau BAST ?L & M Nous sommes trois associés, épaulés de deux collaborateurs stagiaires. BAST a été fondé en 2013, nous avons d’abord été deux, puis trois, puis quatre, puis cinq, puis à nouveau trois. Il y a inévitablement une évolution du nombre d’associés dans le temps, puisque nous sommes assez ouverts à toute forme de rencontre qui permettrait de faire évoluer le bureau, et nous restons volontairement flexibles. Nous privilégions l’association plutôt que d’embaucher des architectes, tout simplement pour éviter les hiérarchies.D’où vient cette volonté du collectif ? Dés la création du bureau, il y a eu l’envie de garder la possibilité d’une structure mouvante dans le temps. Le fait que le bureau ne portait pas notre nom permettait que chacun puisse venir travailler un temps, puis repartir pour d’autres opportunités. Nous ne voulions pas figer les choses, d’où un nom plus générique. Mais nous pensons que cela est aussi simplement lié à une tendance actuelle et récente, dans les agences d’architecture surtout, de faire disparaitre la personnalité au profit d’une méthode de travail. Les hiérarchies marquées sont presque désuètes finalement. Nous voulions incarner cette évolution de notre temps. Comment s’organise l’association autour d’un projet ? Comment prendre décisions et les réaliser en collectif ? Quelques soient les projets, nous travaillons de la même manière: nous définissons un binôme en charge du projet – il s’agit chaque fois d’un nouveau binôme, permettant de croiser les regards – mais nous sommes tous impliqués dans la phase de conception. Dès le démarrage, nous produisons tous des documents qui permettent de s’approprier le projet, partager nos connaissances et nos envies, pour finalement identifier plusieurs postures et hypothèses, et choisir ensemble les plus intéressantes. Quand arrive la phase de réalisation, le binôme en charge reprend la main sur le chantier, mais nous poursuivons ces réunions collectives tant qu’il reste des choix à faire. Le fait d’être à plusieurs permet de faire émerger des logiques plus rationnelles que subjectives.Vous aimez parler de votre volonté de toujours « interroger les possibles ». Comment questionne-t-on un lieu, des idées ou un projet ?Étant plusieurs, on ne perçoit pas toujours les mêmes choses, ce qui nous oblige à croiser les points de vue, à avoir une réflexion qui aille au-delà du sentiment individuel. On filtre les idées et hypothèses de chacun jusqu’à atteindre un essentiel qui rende le projet efficace, pragmatique. Tous les choix sont faits à l’unanimité, et à partir du moment où une décision convient à trois personnes, il y a plus de chance qu’elle soit rationnelle que si elle ne convient qu’à une seule. C’est là la force du collectif : parvenir à trouver une seule action qui réponde à l’ensemble des contraintes liées au site, au programme et à l’économie du projet. Et cette méthode de travail est pour nous déjà une finalité. Cette manière de travailler collégialement définit tous nos projets : ce n’est pas tant le résultat formel qui nous intéresse, mais la manière dont nous y parvenons.Dans ces projets où l’on court souvent après le temps, les décisions collectives ne sont- elles pas trop fastidieuses ? Serait-ce leur limite ?Le fait que les décisions soient prises à l’unanimité prend beaucoup de temps, c’est sûr. Mais ce qui est perdu dans cette phase de conception initiale est gagné par la suite, dans le déroulement et la réalisation du chantier. Avec l’expérience du collectif, et la culture commune que nous partageons, nous arrivons aussi à nous mettre d’accord de plus en plus vite. Et surtout, nous gagnons du temps par le seul fait d’être à la fois les concepteurs et les réalisateurs du projet. Ce qui n’est pas le cas dans une organisation hiérarchisée : lorsque l’on délègue à d’autres personnes, la transmission d’information n’est pas totale, tandis que chez BAST, le collectif conçoit, dessine et réalise lui-même. Il maîtrise toutes les phases.Votre architecture est souvent qualifiée de « radicale », d’ « éthérée ». On vous associe volontiers à la Nouvelle École Brutaliste. Est-ce une esthétique que vous défendez et pourquoi ?Nous partageons cette esthétique tout simplement parce qu’elle découle de notre contexte de travail et des projets sur lesquels nous aimons travailler : des projets peu bavards, qui s’en tiennent au minimum, qui sont principalement structurels. Mais cette esthétique à laquelle on nous associe n’a jamais été notre objectif premier, elle tient sûrement des premières commandes que l’on nous a confiées, toutes liées à une économie de projet fragile, qui nous poussaient à toujours proposer le maximum avec le minimum d’argent. En travaillant ainsi, on se retrouve souvent à dépouille tout ce qui n’a pas d’utilité structurelle, tout ce qui est second œuvre – doublage, peintures, faïences… On se retrouve alors avec une esthétique marquée par des éléments bruts. Une esthétique qui nous convient parce qu’elle parle d’elle-même. Elle parle de ce qui est nécessaire, et se passe de commentaires.Ce qui est intéressant également, c’est qu’elle convient aux gens à qui l’on s’adresse. Les clients comprennent le mécanisme : l’économie de projet implique de faire des choix qui privilégient la qualité de la construction. Dans la répartition du budget, nous allons toujours privilégier les volumes – être généreux dans les ouvertures, les vitrages par exemple – plutôt que la finition de surface. Nous travaillons vraiment sur la base, car tout le reste peut évoluer dans le temps et être facilement modifiable en fonction des modes et des goûts.En quoi cette recherche de l’essentiel est- elle pour vous plus intéressante qu’un projet ultra dessiné ?Les choses dessinées ne nous gênent pas, mais ce ne sont pas des choses que nous pouvons partager à plusieurs car elles relèvent du subjectif. Chez les architectes d’intérieur ou les décorateurs, le nom est d’ailleurs plus important, car il va incarner un style. Le subjectif est peut-être ainsi la limite du collectif, mais une limite dont on est conscient et qui nous va. En ce qui nous concerne, même l’aménagement intérieur – cuisines, salles de bains, placard – est géré d’une manière très retenue, parce que la pédagogie reste la même. Nous nous souvenons avoir travaillé sur une boutique de la marque Sessùn (en association avec l’agence NP2F), à Toulouse, pour laquelle nous n’avionspas dépensé la totalité du budget initial, et nous ne voyions pas l’intérêt de dépenser plus pour des choses qui seraient devenues hors projet.Il y a-t-il des matériaux qui vous permettent mieux que d’autres de parvenir à cette quête de l’épure ?Nous aimons utiliser des matériaux assez standards, et des procédés industriels classiques – comme l’acier galvanisé plutôt que thermolaqué par exemple – mais c’est dans leur mise en œuvre que nous nous distinguons, car s’ils sont le plus souvent destinés à être cachés, nous faisons au contraire le choix de les laisser apparaître. Un mur en parpaing ou un sol en béton brut ne sont à la base pas faits pour être montrés, mais si on les travaille avec l’intention contraire, on se rend compte qu’il y a une attention particulière qui est mise dans la réalisation, et cette qualité n’a plus besoin d’être masquée. Elle se suffit à elle-même. C’est aussi l’occasion de mettre en avant le travail des artisans : on a tendance à faire appel pour ces postes à une main d’œuvre peu qualifiée, et très peu valorisée ni considérée car son travail est destiné à l’invisible. Mais à partir du moment où l’on met à nu ces éléments, on se rend compte que ces artisans savent faire mieux.Nous ne portons pas pour autant un jugement de valeur sur l’esthétique d’une brique ou d’un parpaing. Ce qui nous plait, c’est de prendre le matériau tel quel et de le mettre en œuvre de façon soignée. Même chose pour les réseaux, qui sont souvent mis dans des doublages : ils peuvent tout à fait rester apparents s’ils sont ordonnés, tirés droits… mais cela implique une grande rigueur dans le travail.INFORMATIONS PRATIQUESbast0.comCrédits © 2020 Texte – Emmanuelle Oddo Photo – © Anna Mas Article issu de la Revue n°2 selon ARCHIKPHILIPPE RAHMComment le blé a-t-il engendré la ville ? Comment les petits pois ont-ils fait s'élever les cathédrales ? Que les dômes doivent-ils à la peur de l'air stagnant ? Comment le pétrole a-t-il fait pousser des villes dans le désert ? Comment le Co2 est-il en train de transformer les villes et les bâtiments ?Dans son «Histoire Naturelle de l’Architecture», publiée chez d’A en 2020, l’architecte Philippe Rahm propose en treize chapitres une relecture de l’évolution de l’architecture, de ses figures et de ses mouvements, ignorant volontairement les déterminants culturels pour mieux souligner les causes naturelles, physiques, biologiques ou climatiques. Une approche ambitieuse qui cherche à imposer un changement de paradigme pour mieux construire et appréhender les défis environnementaux actuels. Et l’architecture climatique, de redéfinir la notion du beau..E—O Votre ouvrage, intitulé « Histoire Naturelle de l’Architecture », propose de porter un autre regard sur l’architecture. Il s’agit ici d’étudier l’acte de bâtir, du néolithique à nos jours, d’un point de vue scientifique. Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir bousculer les convictions et les préceptes établis, basés au contraire sur des données sociales, culturelles ou politiques ? P— R Nous assistons aujourd’hui et depuis les années 1990, à un grand retour du monde physique, notamment porté par la problématique du réchauffement climatique dû à l’activité humaine. Tout d’un coup, l’être humain ne se trouve plus dans un monde uniquement culturel ou social : la contrainte naturelle redevient palpable — la pandémie actuelle la rend encore plus visible. Ce phénomène touche très fortement l’architecture et l’urbanisme puisque 39% des émissions globales du CO2 viennent du secteur du bâtiment. Les architectes sont donc largement impliqués à ce niveau-là. Ce phénomène implique donc un retour des sciences naturelles dans notre champ d’activité et de réflexion, et une rupture avec les sciences uniquement sociales ou politiques. « Les antibiotiques ont permis le retour à la ville » : dans votre ouvrage, le lien entre la médecine et l’architecture parait effectivement évident, les exemples sont nombreux et les arguments édifiants. Pourquoi cette approche scientifique avait-elle été négligée ? Entre les années 1950 et les années 2000, les questions physiques ou naturelles n’étaient plus au cœur des débats. On considérait qu’elles avaient été résolues par le charbon et le pétrole, qui ont complètement modifié notre rapport au monde : nous vivons avec une énergie considérable, dont nous ne disposions pas avant le XIXème siècle, qui nous permet de transporter, manger, construire, monter des escaliers… En architecture, cela a influencé les formes mais aussi notre rapport au monde extérieur, à la température notamment, avec l’apparition du chauffage central, puis de l’air conditionné. À partir de 1950, cette puissance de l’énergie fossile n’est pas seule à transformer le monde : l’apparition des antibiotiques et des vaccins, sans lesquels nous étions extrêmement vulnérables, permet à la population mondiale de tripler, et à notre espérance de vie de doubler.Les antibiotiques et le charbon — pour simplifier les choses — ont alors ouvert un monde dans lequel les sciences naturelles ont perdu leur force : nous nous sommes davantage concentrés sur une dimension super-structurelle, pour parler avec un langage marxiste : la morale, l’esthétique, le social, le politique. L’architecture, de la même manière, est devenue très symbolique, narrative, métaphorique : elle servait alors à exprimer des choses, à raconter des histoires. La pensée critique de cette époque-là s’est 1 développée de la même manière, mettant de côté la part infrastructurelle, matérielle, du monde. C’est la période du post-modernisme : les villes sont construites comme des œuvres d’art et non plus comme des greniers à blés, les bâtiments sont pensés comme des constructions sociales ou esthétiques, et non plus comme des abris contre la pluie ou le froid. Là est le principal changement. Mais aujourd’hui, face aux enjeux écologiques ou sanitaires, ces outils super-structurels se révèlent inefficaces : nous ne pouvons répondre aux enjeux actuels par le symbolisme. Il faut agir à un niveau matériel, scientifique. D’où ce déplacement des sciences sociales vers les sciences naturelles, pour repenser les plans des villes et des bâtiments, prenant en compte la chaleur, la circulation de l’air, la pollution… La science redevient primordiale pour répondre à ces problèmes tangibles. La pandémie actuelle illustre bien les réponses nécessaires que doit par exemple apporter l’architecture en termes de ventilation de l’air — qui redevient alors un sujet de design, et de réflexion esthétique. Plus largement, l’urgence climatique et la crise sanitaire actuelle posent la question du rôle de l’architecture dans le bien-être de ses habitants, et de sa mission disons « organique ». Déjà dans votre précédent ouvrage « Architecture Météorologique », vous proposiez de travailler non plus sur des formes à habiter mais des « climats à habiter » : l’architecture pourrait- elle réellement constituer un remède naturel aux maux actuels de notre société ? les réaliser en collectif ?Oui, on peut aller plus loin et se dire que plutôt que de travailler avec des formes géométriques ou des outils narratifs, on peut travailler directement avec des outils climatiques : se dire que la convection, la conduction, l’évaporation, la pression, tous ces termes physiques peuvent être des outils de composition et de dessin du projet d’architecture. Pour cela, il faudrait que les architectes fassent intervenir les ingénieurs et les scientifiques non plus comme support technique mais comme moteur même de la forme et du design. Encore une fois, on retrouve ce type de collaborations avant l’époque post-moderne. Quand Palladio conçoit la villa Rotonda, il crée un dôme pour évacuer l’air chaud et dessine quatre pièces : une au nord pour l’été, au sud pour l’hiver, à l’est pour le matin, à l’ouest pour le soir… Cette forme très géométrique est avant tout issue de considérations climatiques et non pas esthétiques. On doit aujourd’hui renouer avec ce type de réflexion pour faire face aux nouvelles réalités thermiques et écologique : pour l’architecte, ce doit être primaire et non plus secondaire. Pensez-vous que nous soyons prêts à bouleverser nos critères esthétiques et notre manière d’appréhender l’espace domestique pour aller vers une architecture plus durable et rationnelle ? Oui c’est déjà en cours : on voit bien qu’un bâtiment en béton apparent ne fascine plus grand monde. Aujourd’hui ces constructions évoquent rapidement des questions liées à leur trop forte empreinte carbone, à l’épuisement des ressources… Ces problématiques nous poussent à appréhender différemment leur esthétique. En revanche, on va trouver plutôt beau et élégant un bâtiment en bois qui, intuitivement, va nous sembler plus écologique. Et pourtant, la question est bien plus complexe que ça : il faut faire très attention à ne pas prolonger une forme d’erreur – là encore héritée du post-modernisme – qui consiste à travailler de manière trop symbolique : il faut savoir que, dans le secteur du bâtiment, les trois quarts des émissions de CO2 sont dues au chauffage et à la climatisation, et non pas à l’empreinte carbone des matériaux. Si on réalise un bâtiment en bois mais mal isolé, les trois quarts du problème ne sont pas résolus. En ce sens, on voit souvent des bâtiments qui revêtent une image écologique de par leur aspect ou leurs matériaux mais qui ne le sont en réalité pas du tout, du fait de leur mauvaise isolation thermique. En Suisse ou en Pologne – pays où l’isolation thermique est plus performante – la question du bilan carbone des matériaux commence à devenir importante, mais seulement car on a déjà réglé dans ces pays la question de l’isolation, primordiale. À ce moment-là alors, s’ouvre un tout nouveau champ esthétique. Je repense au chapitre de votre exposition que vous consacrez au blanc utilisé pour ses propriétés réfléchissantes, notamment en Méditerranée : finalement, l’architecture vernaculaire n’est-elle pas justement l’expression d’une approche pratique et rationnelle, comme celle que vous défendez, et non pas culturelle ?Beaucoup de solutions issues de l’architecture vernaculaire peuvent en effet être reprises. On réévalue de plus en plus la dimension pratique de certaines traditions que l’on trouvait simplement amusantes ou plaisantes d’un point de vue culturel. Le blanc des maisons en Grèce servait d’abord à réfléchir la chaleur, les fontaines en Espagne, au Maroc ou en Italie, permettaient de rafraichir l’air autour des places. Le rôle des animaux domestiques était avant tout de tenir chaud en hiver, les miroirs à l’intérieur des maisons servaient quant à eux à démultiplier la lumière des bougies. On trouve beaucoup de solutions pratiques dans les régimes d’énergie faible d’autrefois, et qui peuvent être actualisés aujourd’hui puisque nous entrons dans une ère de raréfaction des ressources. Quel nouveau paradigme impose justement l’urgence climatique ? Comment cette approche scientifique permet d’appréhender différemment les choses ? On peut répondre aux enjeux actuels à différentes échelles. Tout d’abord, à une échelle urbaine : nous avons réalisé plusieurs projets urbains ces derniers temps, dans lesquels nous avons pu intégrer la question du vent, celle de l’évaporation, de l’absorption de la chaleur… Que ce soit à Taïwan, à Milan, en Irak ou à Munich, nous tentons de contrer les îlots de chaleur urbains. Pour cela, il faut faire en sorte que la ville soit balayée par les vents, il faut penser les différences de température qui vont mettre l’air en mouvement, et considérer ainsi la ville comme une machine thermodynamique. On retrouve cette idée chez les Romains ainsi que dans l’architecture vernaculaire. Vitruve déjà préconisait de penser les plans des villes en fonction du vent, de définir la largeur des rues en fonction du soleil ; et non en termes de prestige. À un niveau architectural ensuite, on peut repenser l’architecture en changeant d’outil de composition, en choisissant les formes et matériaux en fonction de leurs propriétés thermiques, de leur emplacement dans l’habitat, de leur exposition au soleil. Il faut imaginer pouvoir moduler les volumes en fonction de contraintes thermiques et non symboliques ni esthétiques : il faut savoir mettre des plafonds hauts là où il fait chaud, des plafonds bas là où il fait froid…. Au niveau de la décoration intérieure enfin : on peut se reposer la question du tapis, des paravents, des rideaux, les imaginer avec des nouveaux matériaux, repenser leurs usages – je pense à ce titre aux pare-vapeurs ou à l’isolation thermique par exemple, qui réactualisent le sens de la décoration d’autrefois qui avait un rôle thermique là encore… Vous avez enseigné pendant dix ans aux États-Unis, puis aujourd’hui à École d’Architecture de Versailles : quelle part de votre pratique dédiez-vous à la transmission et à la sensibilisation des nouvelles générations ?L’enseignement des sciences naturelles, notamment de la climatologie, me semble aujourd’hui essentiel dans les études d’architecture.Dans l’exposition au Pavillon de l’Arsenal, des ateliers pour enfants ont été proposés, avec des titres volontairement très simples, comme ceux employés pour les chapitres de mon livre. Ces titres simples se donnent de sortir de la complexité vantée par les post-modernistes (1970-2019), qui – parce qu’ils ne voulaient plus expliquer, mais seulement comprendre, parce qu’ils avaient abandonné les causalités matérielles – ont été dépassés par le surgissement du réchauffement climatique ou la pandémie actuelle qu’ils n’avaient absolument pas prévus. « Comment un simple grenier est-il à l’origine des villes ? » ou encore « Pourquoi les petits pois sont-ils à l’origine des cathédrales ? » : l’intérêt est de montrer comment les régimes alimentaires des êtres humains et des animaux à partir de l’an 1000 ont permis d’un coup la transformation de la civilisation occidentale et notamment la construction de cathédrales… Pourquoi ne dit-on jamais que l’évolution du régime alimentaire liée au progrès de l’agriculture a effectivement permis ça, et pas seulement la foi ou des idées morales et politiques ? Que si New York est haut, c’est grâce au charbon qui a permis de fondre, de transporter, d’élever l’acier nécessaire aux gratte-ciels. Ce sujet, parmi bien d’autres, qui fait l’objet d’un atelier pour enfants, cherche à illustrer cette relation entre la grandeur des ouvrages et le type de régimes alimentaires, à recréer ainsi des connexions réelles et rationnelles, plus simples que les idées défendues par le post-modernisme. INFORMATIONS PRATIQUESTexte — Emmanuelle Oddo Photos — Philippe Rahm architectesFRANÇOIS AIME…Après plusieurs années aux États-Unis, François Bléhaut décide de renouer avec ses origines et fonde, dans la cité phocéenne, Tamaris sa propre agence de paysagisme. Considérant qu’un projet de paysage doit être un lien réussi entre l’homme et son environnement, il crée aux côtés d’ARCHIK des extérieurs pleins de contrastes.…LES PAYSAGES DANS TOUTE LEUR DIMENSION« J’aime trouver le « génie du lieu » : ce qui rend unique un site, afin de le mettre en valeur et guider le projet que je vais créer autour. Cela peut aussi bien être une caractéristique physique que des éléments liés à la culture ou à l’histoire du lieu. Un paysage est sensible à sa position géographique et à son contexte sociologique. »…CRÉER DES BULLES D’ÉVASION« Dans mes projets, j’aime investir des espaces qui sont ignorés ou mal compris. À New York comme à Marseille, je trouve magique le fait de pouvoir faire s’arrêter les gens quelques instants dans un îlot de verdure. Dans une ville où tout tourne autour de l’efficacité, de l’économie, où tout est fait pour accélérer le temps, les « roof garden » deviennent des lieux où le temps s’arrête et qui – j’aime à croire – soignent les gens, comme le fait par exemple la méditation de pleine conscience. »…TRAVAILLER LES LIMITES« J’adore traiter les limites des jardins et créer de forts contrastes entre le sauvage et le régulier. Une bordure taillée méticuleusement se marie tellement bien avec des plantes vivaces exubérantes. J’apporte toujours un soin particulier au choix des palettes végétales pour qu’elles soient évolutives, ainsi qu’à la durabilité des matériaux utilisés. Parmi mes essences favorites : l’arbre à papillons (Buddleia) pour sa facilité et l’attraction immédiate des papillons, et la Verveine de Buenos-Aire (Verbena Bonariensis) pour sa délicatesse. »…LE POUVOIR DU VÉGÉTAL« Les jardins, contrairement à l’architecture, ont un caractère non nécessaire et sont des évocateurs de poésie, de romantisme ou même de fantaisie. Ils offrent une parenthèse pour flâner, rêver et se laisser aller. Ce sont d’ailleurs souvent des lieux qui nous évoquent nos premiers souvenirs d’enfance. J’aime cette légèreté et avoir la chance d’offrir cela à mes clients. »…« TAMARIS »« Le nom que j’ai donné à mon agence. Il est lié au lieu qui m’a donné l’amour des jardins, mais « Tamarix Gallica » est aussi le nom botanique d’un des arbres les plus résistants aux assauts de la mer et du désert. Un nom évocateur… »…LES BONS CÔTÉS DU CONFINEMENT !« Je n’ai jamais eu autant de correspondance me demandant des conseils, que pendant cette période ! Sans doute parce que les gens ont eu plus de temps et ressentaient le besoin de garder un lien avec l’extérieur, chacun semble avoir pris conscience de la présence de ces petits témoins de vie que sont les plantes. Un changement qui s’opère donc, et que j’observe aussi à plus grande échelle. Un grand nombre de promoteurs avec qui je travaille intègrent de plus en plus le végétal, avec parfois un véritable investissement. À Brooklyn, par exemple, j’ai conçu sur les toits de certains immeubles, des fermes qui fournissent directement les habitants en fruits et légumes ! »Avec une certaine liberté retrouvée, vous avez peut-être l’envie de mettre enfin en action des projets nés de vos réflexions de ces deux derniers mois. François ainsi que tous les partenaires d’ARCHIK sont heureux de vous retrouver et d’échanger sur vos idées et vos projets !INFORMATIONS PRATIQUESSite web : www.tamarisdesign.com Compte Instagram : @tamarisdesignCrédits photos – © Juliette Charvet Photographie – ©François BléhautHÉLÈNE AIME…Hélène Paoli est la fondatrice de l’agence Archipelles, agence de design global et d’architecture d’intérieur. À travers des lignes pures et dessinées, elle conçoit et réalise des espaces à l’esthétique affirmée dans le respect des lieux, pour des projets éclectiques : résidentiel, tertiaire ou commercial. Première partenaire parisienne de ARCHIK, elle nous confie ses inspirations et aspirations.… PARIS« J’aime la ville, pour les rencontres et les échanges qui s’y créent. La spontanéité que l’on peut y avoir. Et surtout Paris pour sa beauté, pour sa taille humaine qui permet de déambuler librement d’un bout à l’autre, pour sa diversité et sa richesse. Après 20 ans passés à Paris et 13 dans le même quartier, le Haut Marais, il m’arrive encore de découvrir de nouvelles perspectives, de nouveaux détails de son architecture. Quand mes pas me font sortir du quartier, j’aime me balader du côté de la rue des Martyrs pour l’élégance de ses immeubles et la qualité de ses bistrots, prendre le soleil dans le parc Montsouris moins fréquenté que les autres parcs, ou enfin traverser la Seine par le pont Louis Philippe pour se retrouver au dos de notre chère cathédrale, hors des circuits touristiques. » … LA DIVERSITÉ« Plus qu’une typologie de projet, j’aime la diversité, le fait de travailler en même temps sur un projet de 25 m2 dans un vieil immeuble parisien et sur 9 000 m2 de bureaux dans un immeuble flambant neuf conçu par un architecte de renom. Ne voulant pas spécialiser l’agence, je ne sélectionne pas les projets sur leur typologie – résidentielle, tertiaire, commerciale etc – mais sur la réflexion autour de l’espace et l’usage. » … OPTIMISER LES ESPACES« Restructurer et rénover en profondeur un espace pour offrir une réelle qualité de vie aux occupants des lieux m’anime. J’aime apporter une réflexion pérenne aux lieux que nous concevons. Si nos projets correspondent à nos clients et que les matériaux que nous employons sont durables, leurs intérieurs passeront les modes sans soucis et s’inscriront dans la durée. Il n’y a pas de projet sans clients, et pas de processus créatif sans écoute de leurs attentes. C’est en apprenant qui ils sont que je conçois des intérieurs qui leur correspondent. Par conséquent, la phase de conception est avant tout une phase d’échanges et d’écoute. » …ÉCRIRE DES SCÉNARIOS DE VIE« Ce qui m’intéresse, après la découverte d’un lieu, c’est l’échange qui accompagne la demande de nos clients. Car cette première étape va déterminer la compréhension des usages et des fonctions, dans leur immédiateté mais aussi dans leur probable évolution. Penser l’ergonomie d’un lieu, anticiper ses fonctionnalités, imaginer son esthétique… c’est cette responsabilité, cette nécessaire prise en considération d’enjeux multiples et parfois contradictoires, qui régit le ou les scénarios de vie que nous allons ensuite écrire ensemble. »… RECRÉER DES AMBIANCES« Plusieurs éléments m’inspirent : les matières, les rencontres, les voyages et les découvertes. Tous les quatre liés, ils constituent ma source première d’inspiration. Ayant grandi à l’étranger, dans des pays aux cultures très différentes, les échanges et rencontres sont très importants dans mon processus créatif. Lorsque je me rends pour la première fois dans un lieu, j’ai tout de suite une vision du projet que je souhaite y développer. Les volumes, les matériaux, les couleurs viennent à moi comme une évidence par l’architecture du lieu mais également celle de l’immeuble et du quartier ; par la luminosité du lieu et son orientation. Je me rends ensuite chez notre client pour percevoir son univers, comprendre qui il est, puis vient la confrontation avec la vision de ce lieu par le reste de mon équipe. Cela nous permet ainsi d’offrir deux propositions pour leur projet, aussi bien en volume que sur les ambiances. »… LES MATIÈRES NATURELLES« Ces matières vivantes qui se patinent avec le temps. Si je devais n’en choisir que trois, ce seraient la pierre et en particulier les marbres pour la palette infinie de teintes et la vibration de la matière ; le bois pour sa chaleur, en particulier le chêne ; et enfin les matières textiles ou fibres naturelles tissées pour la richesse des décors qui émanent de la manière dont elles sont tissées. »INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Alexis PaoliVIRGINIE ET RODOLPHE AIMENT…Virginie Monroe est décoratrice, Rodolphe Roletto est architecte DPLG, ensemble ils fondent Nouvelle Maison Studio, une agence qui crée des « intérieurs à vivre ». Une aventure commune avec ARCHIK qui leur permet de dresser des ponts entre leurs passions : la mode, l’art, l’architecture et le design du XXème siècle.Parce que l’art est subjectif et touche notre sensibilité, il donne à nos intérieurs une dimension très personnelle. Dans cet article Virginie et Rodolphe partagent avec nous la place que prend l’art chez eux et dans leur travail. Ils aiment… …TRAVAILLER EN DUO« Lorsque nous travaillons sur un projet, notre complémentarité se révèle. Nous passons beaucoup de temps à échanger nos points de vue et nos idées, à deux on est plus créatifs mais aussi plus exigeants ! Ainsi nous trouvons ensemble les meilleures solutions lorsque les contraintes se présentent. Nous avons toujours considéré l’architecture, le design et la décoration faisant partie d’un tout dans l’Art et l’expression. Et nous sommes convaincus que l’avenir est de trouver un dialogue cohérent entre cet Art et la Nature, pour poursuivre vers une évolution de plus en plus responsable et durable. »…METTRE EN SCÈNE LES ESPACES« Et raconter une histoire… D’abord visible, grâce aux formes, aux couleurs et aux matières, puis invisible, dans l’harmonisation de ce qui ne se voit pas mais se ressent. Si dans un premier temps c’est pour rendre le lieu esthétique, il s’agit surtout d’en faciliter l’art de la contemplation, essentiel à nos yeux ! Nous prenons toujours le temps nécessaire avant la validation d’un projet définitif pour connaître nos clients, leurs attentes et le lieu qu’ils ont choisi d’investir. Mettre en scène un nouveau lieu de vie ou repenser l’existant, le décorer, le transformer n’est jamais anodin et doit avoir pour but d’embellir le quotidien de ses hôtes. »…VALORISER LES OBJETS FÉTICHES« Si certains objets n’ont à proprement parlé pas de valeur » marchande « , ils peuvent cependant avoir une grande valeur sentimentale pour nos clients. Nous aimons les mettre en valeur comme de véritables œuvres d’art et offrir ainsi un décor unique et très personnel. Ainsi nous demandons systématiquement à nos clients de nous faire part de ce qu’ils possèdent comme pièces d’art ou objets précieux, et s’ils souhaitent les intégrer à leur nouveau décor. Cela donne parfois, le point de départ de notre réflexion. Ces objets renferment quelque chose de très profond, on les achète souvent sur un coup de cœur parce qu’ils nous touchent à un moment précis de notre vie, c’est pourquoi ils sont parfois délicats à mettre en scène par leurs propriétaires. En tant qu’architectes d’intérieur, il nous est plus aisé de les intégrer au décor ou de leurs réserver une place à part entière, et ainsi mettre en valeur une émotion. »…S’INSPIRER DE GRANDS ARCHITECTES« Nous aimons particulièrement le travail de Luis Barragan, et sa façon d’allier la couleur à la lumière qui confère un caractère émotionnel aux lieux qu’il a créé. Le travail admirable de Franck Lloyd Wright, qui fut un des premiers architectes à avoir l’audace d’associer le béton au bois et au métal, avec beaucoup d’esthétisme. Petit faible aussi pour les plafonds d’Alvar Aalto… et tant d’autres… Ils sont pour nous une grande source d’inspiration au quotidien dans une démarche de recherche et d’innovation. Côté peinture, nous sommes sensibles à l’œuvre de l’artiste Zao Wou Ki qui pouvait parfois attendre une heure devant sa toile blanche avant de commencer à peindre, laissant ainsi les éléments autour de lui s’exprimer. Il disait » je veux peindre ce qui ne se voit pas : le souffle, le vent, le mouvement, la vie des formes, l’éclosion des couleurs et leur fusion » et c’est exactement ce que nous recherchons, à chaque nouveau projet ! »…LES MATIÈRES QUI PERDURENT DANS LE TEMPS« Nous avons souvent une préférence pour les matériaux nobles tel que l’argile sèche, le bois, la pierre, qui gardent en mémoire l’histoire d’un lieu et qui se parent d’une belle patine avec le passage du temps. Le carreau de ciment fait également partie de nos matériaux fétiches et nous le proposons très souvent dans nos projets de décoration. On trouve aujourd’hui des motifs design permettant de le détourner du sol et de le poser sur un mur ou en crédence. »…DESSINER DU MOBILIER SUR-MESURE« Une autre facette que nous aimons particulièrement dans notre métier, est d’avoir parfois la possibilité d’aller jusqu’à la conception du mobilier s’intégrant parfaitement à l’intérieur que nous réalisons ! La carte blanche donne envie de créer des pièces uniques n’appartenant qu’à cette histoire. Lorsque le projet le permet, c’est alors pour nous un vrai plaisir de collaborer avec des artisans possédant un savoir-faire inégalable ! Pour repousser les limites de la création, nous aimons travailler avec eux les détails qui font la différence. »…LEUR OBJET LE PLUS PRÉCIEUX« Ou plutôt l’un des plus précieux de notre intérieur, c’est une paire d’étagères en palissandre de Walter Wirz au design très épuré et intemporel… nous avons eu, ensemble, le coup de cœur ! » …(AIMERAIENT) TRAVAILLER POUR UN COLLECTIONNEUR« Réfléchir notre travail autour d’une collection d’œuvres d’art et de mobilier design. Imaginer un parcours, un dialogue entre ces différentes pièces, les intégrer dans des scènes du quotidien tout en leur offrant un écrin chaleureux dans lequel le collectionneur puisse se retrouver en toute simplicité… C’est un projet sur lequel nous rêvons d’avoir la chance de travailler un jour ! »Mettre en scène nos oeuvres d’art et nos objets précieux, les contempler, les laisser nous inspirer, sont des rituels qui contribuent au bien-être que procure notre intérieur. Pourquoi ne pas profiter de ces moments pour une introspection de vos placards à la recherche de vos plus belles pièces ?Nous espérons que Virginie et Rodolphe vous auront inspiré. Comme tous nos partenaires, ils restent présents durant cette période, pour vous délivrer leurs meilleurs conseils.Belle semaine artistique à tous !INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Photos – Elise Oudin Gilles, Virginie & Rodolphe, James CasebereCHARLÈNE AIME…Charlène Nivet est une architecte d’intérieur mordue d’authenticité et amoureuse du mélange des genres. Son développement créatif s’est construit au sein de différents bureaux d’étude pour lesquels elle repensait des intérieurs entiers. Arrivée il y a bientôt quatre ans dans la cité phocéenne, elle a d’abord travaillé deux ans chez Bulthaup où elle a développé une réelle expertise dans la conception d’espaces culinaires, avant de créer « maadn », sa propre agence d'architecture. Partenaire d’ARCHIK depuis quelques mois, c’est à son tour de nous parler de ses inspirations !…LES ENDROITS ABANDONNÉS« J’adore arriver dans un endroit laissé à l’abandon depuis quelques années… Ses éléments, d’un temps passé, me font voyager dans des souvenirs et me racontent son histoire. Les espaces et fonctions y sont distribués selon un autre mode de vie ; les repenser tout en conservant l’âme du lieu est le défi que je préfère ! » …CRÉER LA SURPRISE« Peu friande des tendances, j’aime être hors du temps, que ce soit par les couleurs, les objets ou les matières… Je privilégie les couleurs naturelles. Bien que de nature discrète, j’aime que mes réalisations transpirent de personnalité. »…LE POINT DE DÉPART« L’un des premiers éléments qui va guider ma réflexion est la lumière naturelle. En m’installant dans le Sud, je suis également venue chercher le soleil, c’est important pour moi qu’il rentre de toutes les façons possibles dans un habitat. C’est ce qui donne vie à nos journées, influe sur notre moral et donne un jeu d’ombres et de contrastes dans un espace. Je réfléchis ensuite aux volumes et aux perspectives car ils vont me permettre de définir un peu mieux les points de vue et fonctions à donner à l’habitat. Si ces volumes ne sont pas présents, alors il faut les créer et leur donner du sens, rien n’est hasard, tout a une raison, aussi subtile soit-elle. »…LES CONTRAINTES« Si elles peuvent être perçues comme des défauts, elles sont au contraire pour moi une très bonne introduction à l’imagination. Il ne faut pas en avoir peur, j’en fais même parfois le noyau dur d’un espace ou le point de départ de ma réflexion. Je transforme les contraintes en atouts, autour desquels viennent s’articuler l’espace. Un poteau peut alors devenir un axe sur lequel construire un rangement, une poutre peut créer une ligne, une perspective, une marche peut symboliser une transition entre deux fonctions. »…LES LIGNES« Je suis une » obsédée » des lignes ! Si je devais choisir un élément pour me définir et signer mon identité, ce serait celui-ci. J’aime les effets de perspective, les alignements, les fils conducteurs ou points de fuite. Une ligne me donne envie d’avancer dans un espace, de la suivre physiquement ou avec le regard et j’ai toujours aimé en jouer dans mes projets. Elle peut être en volume, de matière ou en couleur, mais elle donne de la dimension, un rythme et une profondeur à un espace. Par exemple, alors que beaucoup de monde les détestent, les couloirs sont au contraire pour moi un joli terrain de jeu ! »…UNE CUISINE BIEN PENSÉE« La cuisine est pour moi une pièce maîtresse. C’est la pièce qui a le plus évolué au cours de la dernière décennie tant par sa place au sein d’un foyer, que par sa fonction et ses utilisateurs. C’est aussi celle où les contraintes techniques sont les plus importantes et qui demande une réflexion importante afin d’optimiser la place, les déplacements et le confort d’utilisation. Dans mes projets, j’essaie toujours qu’elle soit cohérente avec l’ensemble des lieux. Soit en étant dans une continuité, soit en formant une rupture, mais elle doit avoir du SENS. Je n’hésite pas à jouer avec les lignes des joints, des placards, les alignements de portes, le plan de travail, la crédence, etc. J’aime conjuguer tous ces éléments afin d’en faire une pièce adaptée à l’implantation générale et à l’utilisation quotidienne qu’en font mes clients. »…LES PLANS DE TRAVAIL EN CÉRAMIQUE« Que je recommande par-dessus tout ! La céramique résiste aux rayures et à la chaleur. Dans l’idéal d’une épaisseur d’un centimètre pour un effet léger. J’aime l’associer à une crédence miroir pour donner de la profondeur à la pièce, et à un évier sous plan pour le côté pratique et esthétique. »…LE TERRAZZO« Bien qu’il soit devenu » tendance « , j’aime depuis toujours le Terrazzo… au sol, pour le plan de travail d’une cuisine ou pour un meuble de salle de bains, et particulièrement lorsqu’il est teinté de vert ! Il peut être réalisé sur-mesure avec une infinité de possibilités. J’aime aussi travailler avec le béton qui reste intemporel et offre également de nombreuses finitions. »…LES COULEURS NATURELLES« Et particulièrement le gris, le vert, le blanc et le terracotta. D’ailleurs tout mon intérieur tourne autour de ces quatre couleurs ! » Si aujourd’hui le contexte nous oblige à nous tenir à distance, notre envie de partager avec vous reste intacte ! Ce moment nous offre l’opportunité de consacrer du temps à réinventer nos intérieurs, cook(ooner) avec nos proches et surtout prendre soin de nous. Plein de sujets sur lesquels nous pourront échanger prochainement ! En attendant, Charlène et toute notre équipe de partenaires, restent joignables pour vous accompagner dans vos idées et futurs projets.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Charlène Nivet, Casamood, Joyelle WestÉLODIE AIME…Elodie Wehrlen est décoratrice outdoor et architecte paysagiste au sein de sa propre agence Côté Outdoor. Depuis quelques années, en partenariat avec ARCHIK, elle intervient sur des projets variés à Marseille, et aide nos clients à révéler le potentiel de leurs extérieurs. Elle nous ouvre sa fenêtre pour partager ses coups de cœur végétaux et quotidiens !…LE PRINTEMPS« Quelle belle saison ! Les journées commencent à rallonger, les végétaux se révèlent, nous offrant leurs plus belles fleurs. Pour moi, c’est une saison qui invite à vivre dehors. Que l’on ait un extérieur ou non, on se laisse bercer par les rayons de soleil qui se font de plus en plus présents. L’envie de » vert » se faisant ressentir, c’est aussi la période où j’ai le plus de travail ! »…LE VÉGÉTAL« En intérieur comme en extérieur, je l’aime graphique, coloré et la plupart du temps exotique. Je le conçois comme un élément décoratif. Il est rarement mon point de départ, mais souvent « ma cerise sur la gâteau « . Comme le serait un objet, mais un objet vivant ! »…LE LIEN ENTRE INTÉRIEUR ET EXTÉRIEUR« C’est presque devenu ma marque de fabrique. Je suis très attachée au lien entre l’intérieur et l’extérieur, et même parfois au-delà, jusqu’à englober le paysage autour (le ciel, la mer, la colline…). J’envisage l’extérieur comme une vraie pièce de la maison, où dans le Sud de la France, nous pouvons vivre une majeure partie de l’année. J’aime que l’on y attache autant d’importance et de détails que pour un salon d’intérieur par exemple. »…LES PETITS ESPACES« Ce sont souvent ceux où la réflexion est la plus complexe ! Le challenge étant de les rendre plus grands qu’ils ne le sont, de créer des ambiances différentes, d’intégrer un mini bassin ou une terrasse ombragée… Toujours avec justesse et subtilité. Plus il y a de questions et de contraintes, plus le défi est grand. Et je crois que j’aime bien ce genre de défis ! »…LES POTERIES« Les poteries sont souvent l’élément que je préfère utiliser pour intégrer de la matière dans mes projets. Une belle poterie de chez Ravel devient un véritable objet méditerranéen au service du végétal. Blanches, terracota, marron ou avec une touche de couleur, j’aime la diversité des formes. Même si j’avoue avoir un faible pour les formes ovoïdes qui apportent de la douceur et une touche de féminité dans des projets souvent plus géométriques. »…LES CÉRAMIQUES DE CHRISTINA CELESTINO« Je suis absolument fascinée par sa collection Plumage pour Botteganove. Une collection de céramiques pour l’intérieur et l’extérieur qui reproduit le motif de la plume, offrant une version à la fois bohème, moderne et intemporelle. Je l’imagine déjà recouvrant un mur de terrasse, une jardinière ou se révélant subtilement à travers des feuillages graphiques. »…SÉVILLE« Où j’aurais aimé retourner ce printemps… Cette ville est en effet ma plus grande inspiration. Colorée et rythmée, tout est structuré autour du végétal. Les jardins sont un élément essentiel de l’architecture et des habitations. Et les végétaux y sont monumentaux, exotiques et incroyables ! » À défaut de sorties, ouvrez grands vos fenêtres et profitez de cette douce odeur printanière ! Élodie et tous les partenaires ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. C’est le moment de chouchouter vos balconnières, de sortir vos transats et de réfléchir à vos futurs week-ends « au vert ».INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Élodie Wehrlen, Botteganove, ARCHIKCHRYSTEL AIME…L’architecte Chrystel Laporte (Deloubrière), à la tête de son agence Un Jour d’Avril et partenaire d’ARCHIK depuis les tous débuts, nous partage ses petits plaisirs, ses matériaux de prédilection et les tendances qui résonnent pour elle.…LE MOIS D’AVRIL« C’est une période qui a toujours compté pour moi : des rencontres, un achat d’appartement, la naissance d’un enfant… donc naturellement j’en ai fait le nom de mon agence. Avril est synonyme du printemps qui s’installe (encore plein de fraîcheur mais déjà prometteur). La lumière change, les tons sont doux et acidulés. Ce renouveau me donne l’élan pour faire, créer et vivre de nouvelles choses ! »…LES LIEUX QUI RACONTENT DES HISTOIRES« Et ils en racontent tous ! Quand je découvre un bien, j’aime me laisser porter par le lieu, ressentir ses énergies, observer longuement ses perspectives, fermer les yeux et l’écouter, autant que ses occupants ! Une lecture qui me permet d’adorer ses contraintes, d’accepter ses défauts comme ses qualités. De cette imprégnation nait mon inspiration, c’est elle qui guidera mon travail pour transformer l’espace tout en le respectant. »…L’EXCITATION DE LA PAGE BLANCHE« Commencer un nouveau projet est une vraie joie. Comme une pause récréative où seule face à ma page blanche, je me laisse gagner par le plaisir de mettre en ordre, images, couleurs et matériaux, les besoins et envies de mes clients. Tout ce joyeux bazar qui bouillonne dans ma tête dès le lancement d’un projet ! J’aime chercher et aller toujours plus loin que mes premières idées, plus il y a de contraintes plus le projet est enrichissant. Et enfin découvrir si ce que j’ai imaginé en visitant un lieu – parfois soufflé à l’oreille par le lieu lui-même – va fonctionner ! »…LES MATÉRIAUX BRUTS« J’aime utiliser des matériaux qui structurent et surprennent quand on les détourne. Souvent ils s’imposent et donnent de la personnalité à un intérieur. Des éléments en béton brut, épais, qui viendront en opposition avec des accessoires extrêmement fins et délicats. Ou bien du granit, associé à de belles essences de bois. En ce moment, j’ai un faible pour le Terrazzo et ses pépites de couleurs qui apportent du graphisme dans une pièce. »…LA FAÏENCE« Je la mets en scène dans les salles de bains évidemment, où je me sers de leurs formes pour créer un grand décor. Mais j’utilise également la faïence sur des pans de mur entiers, du sol au plafond, là où on ne l’attend pas : un petit espace bureau, une cuisine, une entrée ou encore pour révéler une terrasse en extérieur. Enfin, j’adore la proposer pour des petits détails notamment sur du mobilier, pour habiller par exemple une banquette dans un salon ou une tablette dans une entrée. »…LES COULEURS INDÉFINISSABLES« Inspirées de la nature, sur lesquelles il est parfois dur de mettre un nom ! Des roses poudrés ou saumonés, chauds et doux à la fois, avec des pointes de jaune que j’associe au béton. Des verts tendres, mais pas si tendres, profonds et denses, kakis mais pas vraiment, comme de la mousse en forêt… à marier au bois. L’ocre, que je trouve sublime avec du noir ou des bleus canards très foncés. Le terracota, affirmé mais doux, chic, rouge, bordeaux ou beaucoup mieux que ça… qui se conjugue avec des matériaux bruts. J’aime aussi les blancs pas blancs, et les noirs pas noirs ! Toutes ces couleurs qui se jouent de la lumière et évoluent tout au long d’une journée. »Nous, on a hâte d’être « un jour d’avril »… pour vous accompagner dans vos projets ! En attendant, Chrystel et tous les autres architectes ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. Vous, « stay at home » et profitez-en pour réfléchir à toutes vos envies.MARION BERNARDÀ l’heure des archis stars, l'agence Marion Bernard réhabilite l’aventure collective. Découverte d’une agence qui brouille les pistes pour mieux nous surprendre, crée des espaces à vivre plutôt qu’à seulement habiter.Derrière un nom à l’apparente banalité, un duo lui très singulier. Manon Gaillet et Sylvain Bérard se sont rencontrés sur les bancs du lycée et retrouvés après leurs études d’architecture dans leur ville d’origine : Marseille. Un concours très rapidement gagné les convainc qu’ils sont sur la même longueur d’ondes dans leur vision du métier. Décloisonner l’architecture en y invitant l’art, montrer les pratiques et partager les modes d’expression sera leur leitmotiv dans la réalisation de commandes privées comme publiques. Dans un milieu qui manque souvent d’humour et de recul sur soi, leur ego s’efface avec une volonté de ne pas se prendre au sérieux. « Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. »E—F La signature architecturale est un code ancien. C’est devenu une marque avec les archis stars. Quelle est la signification de la vôtre ?M—B Nous cherchions un nom pour notre agence sans vouloir nous mettre en avant. On m’a appelé Marion toute ma vie et lui Bernard. Ça nous amusait de mixer les deux pour créer un personnage fictif. Sortir de l’égo et rester secret avec la possibilité d’agrandir le collectif (ndlr : ils travaillent depuis les débuts avec l’artiste Romain Magail et l’architecte Fanny Camerlo).L’agence a dix ans cette année. C’est court en terme d’architecture mais déjà long pour réfléchir à des projets. Quel premier bilan tirez-vous de son positionnement singulier ?Que l’on est sur la bonne voie. On a enseigné à l’école d’architecture de Marseille en parallèle des activités de notre agence et on a perçu des gros changements de mentalité. L’architecture de consommation dont l’esthétique n’existe que pour elle-même n’intéresse plus les jeunes élèves d’aujourd’hui. Ils se soucient davantage maintenant de pourquoi ils font les choses, à quoi elles servent, leur bien-fondé pour le quartier, l’importance de la concertation avec les habitants.Les extérieurs peuvent être considérés comme de vraies pièces à vivre dans nombre de vos projets. En quoi la Méditerranée vous inspire-t-elle ?On est de vrais sudistes. On a fait une conférence un jour sur la Méditerranée et comment notre architecture en parlait. Il y a le dedans/dehors bien sûr mais aussi la façon de faire circuler les bruits, de se voir, s’entendre. Offrir la possibilité de vivre les uns sur les autres tout en gardant de l’intimité. Enfin il y a le blanc bien sûr, omniprésent.Vous dites aimer dessiner des espaces à vivre, dont la lecture sols, murs et plafond est très simple…Oui nous sommes des architectes de la coquille, des « espaces capables » comme on dit en architecture. D’où la non couleur, car on ne veut pas que cela soit trop investi par le décoratif, qui lui viendra par le client. On garde la qualité de surface et de lumière mais on n’est pas dans le débat du choix des couleurs ou d’ajouts de matière. Le projet d’un hangar transformé en deux appartements symétriques auxquels on accède par un escalier commun parle beaucoup de cela. Il y avait le vide et maintenant l’habité. C’est très surprenant de voir comment deux familles se sont appropriées un volume identique.Certains de vos projets intégrant des portes cintrées de différentes tailles et des cloisons arrondies ont néanmoins une charge scénique assez poétique… ?Ça participe sans doute de notre amour du théâtre, des décors. Dans son cursus d’études Sylvain a fait l’école Pennhingen et j’ai quant à moi eu la chance d’intégrer l’ENSA de Paris-Malaquais qui avait une nouvelle façon d’enseigner, permettant de choisir tous les six mois une branche de l’architecture (archi, urbanisme, scénographie, design, etc.). J’ai aussi eu l’opportunité par la suite de faire des stages à la Mode en Images à Paris et dans les ateliers d’artistes de la Ville de Marseille qui m’ont beaucoup influencé dans mon approche du métier. Le cube en miroir pour le collectif oracular/vernacular installé à la Maison de vente Leclere, ou l’escalier et ferronneries roses participent aussi de ce besoin de fantaisie.Pourquoi cette prédominance du béton travaillé sous toutes ses formes, couleurs, effets (banchage, crénelage, etc.) ?C’est vrai qu’on aime beaucoup travailler ce matériau. Ses mises en oeuvre sont multiples et il a la chance de pouvoir être à la fois un matériau de gros oeuvre comme de finition. De plus, il vit, vieillit, se patine avec le temps. Ce qui, à nos yeux, représente une qualité. Son défaut serait la note de sa consommation énergétique nécessaire à sa production… On a la chance d’avoir de très bons artisans pour le travailler, patients et curieux. Donc on expérimente avec des maquettes en béton pour pouvoir montrer les vrais rendus au client qui a souvent besoin d’être rassuré.L’art est souvent partie prenante dans vos réalisations. Comment se passe le processus d’intégration d’une oeuvre ?Nous ne faisons pas le choix « d’intégrer de l’art » dans nos projets. Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. Par définition le fait de construire fige. Nous aimons travailler nos projets de sorte à ce que même une fois construits, l’imaginaire de chacun puisse encore s’exercer. Nous avons réalisé dans le quartier de Malmousque à Marseille une terrasse à l’aménagement très minimaliste en raison du fort mistral qui souffle souvent là-bas. Il fallait juste de quoi s’asseoir (une table et un banc) se rafraîchir (une douche) et en visuel l’horizon marin (un petit muret et un garde-corps dont la hauteur cache juste les maisons alentour). Comme le client est un collectionneur d’art, il nous a fait mettre en réserve un emplacement en prévision de l’achat d’une oeuvre. Nous avons dessiné le socle pour que cela puisse être élégant, puis orchestré l’installation de ce sacré tronc par une grue.L’image est très importante dans votre travail. Elle rend sensible des notions de sensualité, de bien-être, de mouvement. Comment naissent-elles ?Là encore ce sont des histoires de collaborations. Que ce soit un lâcher de poussins autour d’un cube (en référence à une installation photo de Thomas Mailaender pour lequel nous avions construit une scénographie), une danseuse évoluant dans l’espace devant l’objectif d’une photographe à qui on avait prêté un lieu, ça peut paraître loufoque mais c’est intéressant parce que cela parle aussi de notre lieu et la façon de l’habiter. On souhaite laisser prochainement les murs à des artistes entre les temps de latence d’un prochain chantier.Vous aimez exposer et réfléchir aux enjeux de l’architecture en invitant vos congénères à des événements. N’est-ce pas aussi une façon de dépasser le cadre de la compétition dans laquelle les agences sont souvent enfermées ?On s’est aperçu que dans la conception comme dans le chantier et les étapes intermédiaires, chaque agence a des méthodes très personnelles de recherche qui fabriquent une esthétique mais questionnent aussi différemment tout le quotidien. Par l’outil, on fabrique la question. Il y a des agences qui ne travaillent que comme cela. C’est par leur brouillon qu’elles esquissent le travail fini. La 3D entérine mais ne permet pas la recherche. Dans la galerie Art-cade de Marseille (exposition « 25 architectes, 5 absents » en 2016) comme au Pavillon de l’Arsenal à Paris (exposition « 30 architectes » en 2017) on a réussi à inviter parmi de nombreuses agences nos préférées. Pas forcément les plus commerciales, mais celles qui expérimentent avec les matières et les concepts.Vous parliez pour un chantier de villa à La Londe esquissé en 2018 de « construire une ruine ». Qu’entendez-vous par là ?Ça revient à notre fantasme d’une architecture qui ne doit pas s’imposer mais exister comme une évidence, s’intégrer au paysage comme si elle avait toujours existé. Cela procède aussi d’une affinité au primitif et matériaux bruts. Une ruine ça n’a plus de toits. Il reste les refends (ndlr : murs porteurs intérieurs). Il y a une mixité entre les intérieurs et extérieurs, un jeu de quinconce, une volonté de brouiller les pistes, ne plus savoir où l’on est. Ça devient une sorte de squelette dans l’environnement végétal comme les oeuvres de l’artiste Rachel Whiteread que l’on adore.Le chantier de l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires (IMVT) qui va faire cohabiter trois écoles (architecture, paysage et urbanisme) est là encore une aventure collective. Avez-vous été surpris de remporter le concours ?Oui car je crois que le ministère a pris un beau risque en récompensant l’humain plutôt qu’une signature. Nous avons répondu à cette commande publique avec les agences np2f et Point Suprême, accompagné de Jacques Lucan, avec qui nous avons un vrai affect que ce soit familial ou amical et une vision commune de ce que doit être l’architecture de demain. Notre réponse ne renvoie pas à une architecture dite d’auteur. Elle s’adresse aux usagers. Elle met l’accent sur la générosité des espaces dessinés, sur la pérennité d’une structure porteuse et son adaptabilité, ce qui nous semble être fondamental de nos jours.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Texte – Eric Foucher Photos – Marion Bernard & Thomas Mailaender Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK
PHILIPPE RAHMComment le blé a-t-il engendré la ville ? Comment les petits pois ont-ils fait s'élever les cathédrales ? Que les dômes doivent-ils à la peur de l'air stagnant ? Comment le pétrole a-t-il fait pousser des villes dans le désert ? Comment le Co2 est-il en train de transformer les villes et les bâtiments ?Dans son «Histoire Naturelle de l’Architecture», publiée chez d’A en 2020, l’architecte Philippe Rahm propose en treize chapitres une relecture de l’évolution de l’architecture, de ses figures et de ses mouvements, ignorant volontairement les déterminants culturels pour mieux souligner les causes naturelles, physiques, biologiques ou climatiques. Une approche ambitieuse qui cherche à imposer un changement de paradigme pour mieux construire et appréhender les défis environnementaux actuels. Et l’architecture climatique, de redéfinir la notion du beau..E—O Votre ouvrage, intitulé « Histoire Naturelle de l’Architecture », propose de porter un autre regard sur l’architecture. Il s’agit ici d’étudier l’acte de bâtir, du néolithique à nos jours, d’un point de vue scientifique. Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir bousculer les convictions et les préceptes établis, basés au contraire sur des données sociales, culturelles ou politiques ? P— R Nous assistons aujourd’hui et depuis les années 1990, à un grand retour du monde physique, notamment porté par la problématique du réchauffement climatique dû à l’activité humaine. Tout d’un coup, l’être humain ne se trouve plus dans un monde uniquement culturel ou social : la contrainte naturelle redevient palpable — la pandémie actuelle la rend encore plus visible. Ce phénomène touche très fortement l’architecture et l’urbanisme puisque 39% des émissions globales du CO2 viennent du secteur du bâtiment. Les architectes sont donc largement impliqués à ce niveau-là. Ce phénomène implique donc un retour des sciences naturelles dans notre champ d’activité et de réflexion, et une rupture avec les sciences uniquement sociales ou politiques. « Les antibiotiques ont permis le retour à la ville » : dans votre ouvrage, le lien entre la médecine et l’architecture parait effectivement évident, les exemples sont nombreux et les arguments édifiants. Pourquoi cette approche scientifique avait-elle été négligée ? Entre les années 1950 et les années 2000, les questions physiques ou naturelles n’étaient plus au cœur des débats. On considérait qu’elles avaient été résolues par le charbon et le pétrole, qui ont complètement modifié notre rapport au monde : nous vivons avec une énergie considérable, dont nous ne disposions pas avant le XIXème siècle, qui nous permet de transporter, manger, construire, monter des escaliers… En architecture, cela a influencé les formes mais aussi notre rapport au monde extérieur, à la température notamment, avec l’apparition du chauffage central, puis de l’air conditionné. À partir de 1950, cette puissance de l’énergie fossile n’est pas seule à transformer le monde : l’apparition des antibiotiques et des vaccins, sans lesquels nous étions extrêmement vulnérables, permet à la population mondiale de tripler, et à notre espérance de vie de doubler.Les antibiotiques et le charbon — pour simplifier les choses — ont alors ouvert un monde dans lequel les sciences naturelles ont perdu leur force : nous nous sommes davantage concentrés sur une dimension super-structurelle, pour parler avec un langage marxiste : la morale, l’esthétique, le social, le politique. L’architecture, de la même manière, est devenue très symbolique, narrative, métaphorique : elle servait alors à exprimer des choses, à raconter des histoires. La pensée critique de cette époque-là s’est 1 développée de la même manière, mettant de côté la part infrastructurelle, matérielle, du monde. C’est la période du post-modernisme : les villes sont construites comme des œuvres d’art et non plus comme des greniers à blés, les bâtiments sont pensés comme des constructions sociales ou esthétiques, et non plus comme des abris contre la pluie ou le froid. Là est le principal changement. Mais aujourd’hui, face aux enjeux écologiques ou sanitaires, ces outils super-structurels se révèlent inefficaces : nous ne pouvons répondre aux enjeux actuels par le symbolisme. Il faut agir à un niveau matériel, scientifique. D’où ce déplacement des sciences sociales vers les sciences naturelles, pour repenser les plans des villes et des bâtiments, prenant en compte la chaleur, la circulation de l’air, la pollution… La science redevient primordiale pour répondre à ces problèmes tangibles. La pandémie actuelle illustre bien les réponses nécessaires que doit par exemple apporter l’architecture en termes de ventilation de l’air — qui redevient alors un sujet de design, et de réflexion esthétique. Plus largement, l’urgence climatique et la crise sanitaire actuelle posent la question du rôle de l’architecture dans le bien-être de ses habitants, et de sa mission disons « organique ». Déjà dans votre précédent ouvrage « Architecture Météorologique », vous proposiez de travailler non plus sur des formes à habiter mais des « climats à habiter » : l’architecture pourrait- elle réellement constituer un remède naturel aux maux actuels de notre société ? les réaliser en collectif ?Oui, on peut aller plus loin et se dire que plutôt que de travailler avec des formes géométriques ou des outils narratifs, on peut travailler directement avec des outils climatiques : se dire que la convection, la conduction, l’évaporation, la pression, tous ces termes physiques peuvent être des outils de composition et de dessin du projet d’architecture. Pour cela, il faudrait que les architectes fassent intervenir les ingénieurs et les scientifiques non plus comme support technique mais comme moteur même de la forme et du design. Encore une fois, on retrouve ce type de collaborations avant l’époque post-moderne. Quand Palladio conçoit la villa Rotonda, il crée un dôme pour évacuer l’air chaud et dessine quatre pièces : une au nord pour l’été, au sud pour l’hiver, à l’est pour le matin, à l’ouest pour le soir… Cette forme très géométrique est avant tout issue de considérations climatiques et non pas esthétiques. On doit aujourd’hui renouer avec ce type de réflexion pour faire face aux nouvelles réalités thermiques et écologique : pour l’architecte, ce doit être primaire et non plus secondaire. Pensez-vous que nous soyons prêts à bouleverser nos critères esthétiques et notre manière d’appréhender l’espace domestique pour aller vers une architecture plus durable et rationnelle ? Oui c’est déjà en cours : on voit bien qu’un bâtiment en béton apparent ne fascine plus grand monde. Aujourd’hui ces constructions évoquent rapidement des questions liées à leur trop forte empreinte carbone, à l’épuisement des ressources… Ces problématiques nous poussent à appréhender différemment leur esthétique. En revanche, on va trouver plutôt beau et élégant un bâtiment en bois qui, intuitivement, va nous sembler plus écologique. Et pourtant, la question est bien plus complexe que ça : il faut faire très attention à ne pas prolonger une forme d’erreur – là encore héritée du post-modernisme – qui consiste à travailler de manière trop symbolique : il faut savoir que, dans le secteur du bâtiment, les trois quarts des émissions de CO2 sont dues au chauffage et à la climatisation, et non pas à l’empreinte carbone des matériaux. Si on réalise un bâtiment en bois mais mal isolé, les trois quarts du problème ne sont pas résolus. En ce sens, on voit souvent des bâtiments qui revêtent une image écologique de par leur aspect ou leurs matériaux mais qui ne le sont en réalité pas du tout, du fait de leur mauvaise isolation thermique. En Suisse ou en Pologne – pays où l’isolation thermique est plus performante – la question du bilan carbone des matériaux commence à devenir importante, mais seulement car on a déjà réglé dans ces pays la question de l’isolation, primordiale. À ce moment-là alors, s’ouvre un tout nouveau champ esthétique. Je repense au chapitre de votre exposition que vous consacrez au blanc utilisé pour ses propriétés réfléchissantes, notamment en Méditerranée : finalement, l’architecture vernaculaire n’est-elle pas justement l’expression d’une approche pratique et rationnelle, comme celle que vous défendez, et non pas culturelle ?Beaucoup de solutions issues de l’architecture vernaculaire peuvent en effet être reprises. On réévalue de plus en plus la dimension pratique de certaines traditions que l’on trouvait simplement amusantes ou plaisantes d’un point de vue culturel. Le blanc des maisons en Grèce servait d’abord à réfléchir la chaleur, les fontaines en Espagne, au Maroc ou en Italie, permettaient de rafraichir l’air autour des places. Le rôle des animaux domestiques était avant tout de tenir chaud en hiver, les miroirs à l’intérieur des maisons servaient quant à eux à démultiplier la lumière des bougies. On trouve beaucoup de solutions pratiques dans les régimes d’énergie faible d’autrefois, et qui peuvent être actualisés aujourd’hui puisque nous entrons dans une ère de raréfaction des ressources. Quel nouveau paradigme impose justement l’urgence climatique ? Comment cette approche scientifique permet d’appréhender différemment les choses ? On peut répondre aux enjeux actuels à différentes échelles. Tout d’abord, à une échelle urbaine : nous avons réalisé plusieurs projets urbains ces derniers temps, dans lesquels nous avons pu intégrer la question du vent, celle de l’évaporation, de l’absorption de la chaleur… Que ce soit à Taïwan, à Milan, en Irak ou à Munich, nous tentons de contrer les îlots de chaleur urbains. Pour cela, il faut faire en sorte que la ville soit balayée par les vents, il faut penser les différences de température qui vont mettre l’air en mouvement, et considérer ainsi la ville comme une machine thermodynamique. On retrouve cette idée chez les Romains ainsi que dans l’architecture vernaculaire. Vitruve déjà préconisait de penser les plans des villes en fonction du vent, de définir la largeur des rues en fonction du soleil ; et non en termes de prestige. À un niveau architectural ensuite, on peut repenser l’architecture en changeant d’outil de composition, en choisissant les formes et matériaux en fonction de leurs propriétés thermiques, de leur emplacement dans l’habitat, de leur exposition au soleil. Il faut imaginer pouvoir moduler les volumes en fonction de contraintes thermiques et non symboliques ni esthétiques : il faut savoir mettre des plafonds hauts là où il fait chaud, des plafonds bas là où il fait froid…. Au niveau de la décoration intérieure enfin : on peut se reposer la question du tapis, des paravents, des rideaux, les imaginer avec des nouveaux matériaux, repenser leurs usages – je pense à ce titre aux pare-vapeurs ou à l’isolation thermique par exemple, qui réactualisent le sens de la décoration d’autrefois qui avait un rôle thermique là encore… Vous avez enseigné pendant dix ans aux États-Unis, puis aujourd’hui à École d’Architecture de Versailles : quelle part de votre pratique dédiez-vous à la transmission et à la sensibilisation des nouvelles générations ?L’enseignement des sciences naturelles, notamment de la climatologie, me semble aujourd’hui essentiel dans les études d’architecture.Dans l’exposition au Pavillon de l’Arsenal, des ateliers pour enfants ont été proposés, avec des titres volontairement très simples, comme ceux employés pour les chapitres de mon livre. Ces titres simples se donnent de sortir de la complexité vantée par les post-modernistes (1970-2019), qui – parce qu’ils ne voulaient plus expliquer, mais seulement comprendre, parce qu’ils avaient abandonné les causalités matérielles – ont été dépassés par le surgissement du réchauffement climatique ou la pandémie actuelle qu’ils n’avaient absolument pas prévus. « Comment un simple grenier est-il à l’origine des villes ? » ou encore « Pourquoi les petits pois sont-ils à l’origine des cathédrales ? » : l’intérêt est de montrer comment les régimes alimentaires des êtres humains et des animaux à partir de l’an 1000 ont permis d’un coup la transformation de la civilisation occidentale et notamment la construction de cathédrales… Pourquoi ne dit-on jamais que l’évolution du régime alimentaire liée au progrès de l’agriculture a effectivement permis ça, et pas seulement la foi ou des idées morales et politiques ? Que si New York est haut, c’est grâce au charbon qui a permis de fondre, de transporter, d’élever l’acier nécessaire aux gratte-ciels. Ce sujet, parmi bien d’autres, qui fait l’objet d’un atelier pour enfants, cherche à illustrer cette relation entre la grandeur des ouvrages et le type de régimes alimentaires, à recréer ainsi des connexions réelles et rationnelles, plus simples que les idées défendues par le post-modernisme. INFORMATIONS PRATIQUESTexte — Emmanuelle Oddo Photos — Philippe Rahm architectesFRANÇOIS AIME…Après plusieurs années aux États-Unis, François Bléhaut décide de renouer avec ses origines et fonde, dans la cité phocéenne, Tamaris sa propre agence de paysagisme. Considérant qu’un projet de paysage doit être un lien réussi entre l’homme et son environnement, il crée aux côtés d’ARCHIK des extérieurs pleins de contrastes.…LES PAYSAGES DANS TOUTE LEUR DIMENSION« J’aime trouver le « génie du lieu » : ce qui rend unique un site, afin de le mettre en valeur et guider le projet que je vais créer autour. Cela peut aussi bien être une caractéristique physique que des éléments liés à la culture ou à l’histoire du lieu. Un paysage est sensible à sa position géographique et à son contexte sociologique. »…CRÉER DES BULLES D’ÉVASION« Dans mes projets, j’aime investir des espaces qui sont ignorés ou mal compris. À New York comme à Marseille, je trouve magique le fait de pouvoir faire s’arrêter les gens quelques instants dans un îlot de verdure. Dans une ville où tout tourne autour de l’efficacité, de l’économie, où tout est fait pour accélérer le temps, les « roof garden » deviennent des lieux où le temps s’arrête et qui – j’aime à croire – soignent les gens, comme le fait par exemple la méditation de pleine conscience. »…TRAVAILLER LES LIMITES« J’adore traiter les limites des jardins et créer de forts contrastes entre le sauvage et le régulier. Une bordure taillée méticuleusement se marie tellement bien avec des plantes vivaces exubérantes. J’apporte toujours un soin particulier au choix des palettes végétales pour qu’elles soient évolutives, ainsi qu’à la durabilité des matériaux utilisés. Parmi mes essences favorites : l’arbre à papillons (Buddleia) pour sa facilité et l’attraction immédiate des papillons, et la Verveine de Buenos-Aire (Verbena Bonariensis) pour sa délicatesse. »…LE POUVOIR DU VÉGÉTAL« Les jardins, contrairement à l’architecture, ont un caractère non nécessaire et sont des évocateurs de poésie, de romantisme ou même de fantaisie. Ils offrent une parenthèse pour flâner, rêver et se laisser aller. Ce sont d’ailleurs souvent des lieux qui nous évoquent nos premiers souvenirs d’enfance. J’aime cette légèreté et avoir la chance d’offrir cela à mes clients. »…« TAMARIS »« Le nom que j’ai donné à mon agence. Il est lié au lieu qui m’a donné l’amour des jardins, mais « Tamarix Gallica » est aussi le nom botanique d’un des arbres les plus résistants aux assauts de la mer et du désert. Un nom évocateur… »…LES BONS CÔTÉS DU CONFINEMENT !« Je n’ai jamais eu autant de correspondance me demandant des conseils, que pendant cette période ! Sans doute parce que les gens ont eu plus de temps et ressentaient le besoin de garder un lien avec l’extérieur, chacun semble avoir pris conscience de la présence de ces petits témoins de vie que sont les plantes. Un changement qui s’opère donc, et que j’observe aussi à plus grande échelle. Un grand nombre de promoteurs avec qui je travaille intègrent de plus en plus le végétal, avec parfois un véritable investissement. À Brooklyn, par exemple, j’ai conçu sur les toits de certains immeubles, des fermes qui fournissent directement les habitants en fruits et légumes ! »Avec une certaine liberté retrouvée, vous avez peut-être l’envie de mettre enfin en action des projets nés de vos réflexions de ces deux derniers mois. François ainsi que tous les partenaires d’ARCHIK sont heureux de vous retrouver et d’échanger sur vos idées et vos projets !INFORMATIONS PRATIQUESSite web : www.tamarisdesign.com Compte Instagram : @tamarisdesignCrédits photos – © Juliette Charvet Photographie – ©François BléhautHÉLÈNE AIME…Hélène Paoli est la fondatrice de l’agence Archipelles, agence de design global et d’architecture d’intérieur. À travers des lignes pures et dessinées, elle conçoit et réalise des espaces à l’esthétique affirmée dans le respect des lieux, pour des projets éclectiques : résidentiel, tertiaire ou commercial. Première partenaire parisienne de ARCHIK, elle nous confie ses inspirations et aspirations.… PARIS« J’aime la ville, pour les rencontres et les échanges qui s’y créent. La spontanéité que l’on peut y avoir. Et surtout Paris pour sa beauté, pour sa taille humaine qui permet de déambuler librement d’un bout à l’autre, pour sa diversité et sa richesse. Après 20 ans passés à Paris et 13 dans le même quartier, le Haut Marais, il m’arrive encore de découvrir de nouvelles perspectives, de nouveaux détails de son architecture. Quand mes pas me font sortir du quartier, j’aime me balader du côté de la rue des Martyrs pour l’élégance de ses immeubles et la qualité de ses bistrots, prendre le soleil dans le parc Montsouris moins fréquenté que les autres parcs, ou enfin traverser la Seine par le pont Louis Philippe pour se retrouver au dos de notre chère cathédrale, hors des circuits touristiques. » … LA DIVERSITÉ« Plus qu’une typologie de projet, j’aime la diversité, le fait de travailler en même temps sur un projet de 25 m2 dans un vieil immeuble parisien et sur 9 000 m2 de bureaux dans un immeuble flambant neuf conçu par un architecte de renom. Ne voulant pas spécialiser l’agence, je ne sélectionne pas les projets sur leur typologie – résidentielle, tertiaire, commerciale etc – mais sur la réflexion autour de l’espace et l’usage. » … OPTIMISER LES ESPACES« Restructurer et rénover en profondeur un espace pour offrir une réelle qualité de vie aux occupants des lieux m’anime. J’aime apporter une réflexion pérenne aux lieux que nous concevons. Si nos projets correspondent à nos clients et que les matériaux que nous employons sont durables, leurs intérieurs passeront les modes sans soucis et s’inscriront dans la durée. Il n’y a pas de projet sans clients, et pas de processus créatif sans écoute de leurs attentes. C’est en apprenant qui ils sont que je conçois des intérieurs qui leur correspondent. Par conséquent, la phase de conception est avant tout une phase d’échanges et d’écoute. » …ÉCRIRE DES SCÉNARIOS DE VIE« Ce qui m’intéresse, après la découverte d’un lieu, c’est l’échange qui accompagne la demande de nos clients. Car cette première étape va déterminer la compréhension des usages et des fonctions, dans leur immédiateté mais aussi dans leur probable évolution. Penser l’ergonomie d’un lieu, anticiper ses fonctionnalités, imaginer son esthétique… c’est cette responsabilité, cette nécessaire prise en considération d’enjeux multiples et parfois contradictoires, qui régit le ou les scénarios de vie que nous allons ensuite écrire ensemble. »… RECRÉER DES AMBIANCES« Plusieurs éléments m’inspirent : les matières, les rencontres, les voyages et les découvertes. Tous les quatre liés, ils constituent ma source première d’inspiration. Ayant grandi à l’étranger, dans des pays aux cultures très différentes, les échanges et rencontres sont très importants dans mon processus créatif. Lorsque je me rends pour la première fois dans un lieu, j’ai tout de suite une vision du projet que je souhaite y développer. Les volumes, les matériaux, les couleurs viennent à moi comme une évidence par l’architecture du lieu mais également celle de l’immeuble et du quartier ; par la luminosité du lieu et son orientation. Je me rends ensuite chez notre client pour percevoir son univers, comprendre qui il est, puis vient la confrontation avec la vision de ce lieu par le reste de mon équipe. Cela nous permet ainsi d’offrir deux propositions pour leur projet, aussi bien en volume que sur les ambiances. »… LES MATIÈRES NATURELLES« Ces matières vivantes qui se patinent avec le temps. Si je devais n’en choisir que trois, ce seraient la pierre et en particulier les marbres pour la palette infinie de teintes et la vibration de la matière ; le bois pour sa chaleur, en particulier le chêne ; et enfin les matières textiles ou fibres naturelles tissées pour la richesse des décors qui émanent de la manière dont elles sont tissées. »INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Alexis PaoliVIRGINIE ET RODOLPHE AIMENT…Virginie Monroe est décoratrice, Rodolphe Roletto est architecte DPLG, ensemble ils fondent Nouvelle Maison Studio, une agence qui crée des « intérieurs à vivre ». Une aventure commune avec ARCHIK qui leur permet de dresser des ponts entre leurs passions : la mode, l’art, l’architecture et le design du XXème siècle.Parce que l’art est subjectif et touche notre sensibilité, il donne à nos intérieurs une dimension très personnelle. Dans cet article Virginie et Rodolphe partagent avec nous la place que prend l’art chez eux et dans leur travail. Ils aiment… …TRAVAILLER EN DUO« Lorsque nous travaillons sur un projet, notre complémentarité se révèle. Nous passons beaucoup de temps à échanger nos points de vue et nos idées, à deux on est plus créatifs mais aussi plus exigeants ! Ainsi nous trouvons ensemble les meilleures solutions lorsque les contraintes se présentent. Nous avons toujours considéré l’architecture, le design et la décoration faisant partie d’un tout dans l’Art et l’expression. Et nous sommes convaincus que l’avenir est de trouver un dialogue cohérent entre cet Art et la Nature, pour poursuivre vers une évolution de plus en plus responsable et durable. »…METTRE EN SCÈNE LES ESPACES« Et raconter une histoire… D’abord visible, grâce aux formes, aux couleurs et aux matières, puis invisible, dans l’harmonisation de ce qui ne se voit pas mais se ressent. Si dans un premier temps c’est pour rendre le lieu esthétique, il s’agit surtout d’en faciliter l’art de la contemplation, essentiel à nos yeux ! Nous prenons toujours le temps nécessaire avant la validation d’un projet définitif pour connaître nos clients, leurs attentes et le lieu qu’ils ont choisi d’investir. Mettre en scène un nouveau lieu de vie ou repenser l’existant, le décorer, le transformer n’est jamais anodin et doit avoir pour but d’embellir le quotidien de ses hôtes. »…VALORISER LES OBJETS FÉTICHES« Si certains objets n’ont à proprement parlé pas de valeur » marchande « , ils peuvent cependant avoir une grande valeur sentimentale pour nos clients. Nous aimons les mettre en valeur comme de véritables œuvres d’art et offrir ainsi un décor unique et très personnel. Ainsi nous demandons systématiquement à nos clients de nous faire part de ce qu’ils possèdent comme pièces d’art ou objets précieux, et s’ils souhaitent les intégrer à leur nouveau décor. Cela donne parfois, le point de départ de notre réflexion. Ces objets renferment quelque chose de très profond, on les achète souvent sur un coup de cœur parce qu’ils nous touchent à un moment précis de notre vie, c’est pourquoi ils sont parfois délicats à mettre en scène par leurs propriétaires. En tant qu’architectes d’intérieur, il nous est plus aisé de les intégrer au décor ou de leurs réserver une place à part entière, et ainsi mettre en valeur une émotion. »…S’INSPIRER DE GRANDS ARCHITECTES« Nous aimons particulièrement le travail de Luis Barragan, et sa façon d’allier la couleur à la lumière qui confère un caractère émotionnel aux lieux qu’il a créé. Le travail admirable de Franck Lloyd Wright, qui fut un des premiers architectes à avoir l’audace d’associer le béton au bois et au métal, avec beaucoup d’esthétisme. Petit faible aussi pour les plafonds d’Alvar Aalto… et tant d’autres… Ils sont pour nous une grande source d’inspiration au quotidien dans une démarche de recherche et d’innovation. Côté peinture, nous sommes sensibles à l’œuvre de l’artiste Zao Wou Ki qui pouvait parfois attendre une heure devant sa toile blanche avant de commencer à peindre, laissant ainsi les éléments autour de lui s’exprimer. Il disait » je veux peindre ce qui ne se voit pas : le souffle, le vent, le mouvement, la vie des formes, l’éclosion des couleurs et leur fusion » et c’est exactement ce que nous recherchons, à chaque nouveau projet ! »…LES MATIÈRES QUI PERDURENT DANS LE TEMPS« Nous avons souvent une préférence pour les matériaux nobles tel que l’argile sèche, le bois, la pierre, qui gardent en mémoire l’histoire d’un lieu et qui se parent d’une belle patine avec le passage du temps. Le carreau de ciment fait également partie de nos matériaux fétiches et nous le proposons très souvent dans nos projets de décoration. On trouve aujourd’hui des motifs design permettant de le détourner du sol et de le poser sur un mur ou en crédence. »…DESSINER DU MOBILIER SUR-MESURE« Une autre facette que nous aimons particulièrement dans notre métier, est d’avoir parfois la possibilité d’aller jusqu’à la conception du mobilier s’intégrant parfaitement à l’intérieur que nous réalisons ! La carte blanche donne envie de créer des pièces uniques n’appartenant qu’à cette histoire. Lorsque le projet le permet, c’est alors pour nous un vrai plaisir de collaborer avec des artisans possédant un savoir-faire inégalable ! Pour repousser les limites de la création, nous aimons travailler avec eux les détails qui font la différence. »…LEUR OBJET LE PLUS PRÉCIEUX« Ou plutôt l’un des plus précieux de notre intérieur, c’est une paire d’étagères en palissandre de Walter Wirz au design très épuré et intemporel… nous avons eu, ensemble, le coup de cœur ! » …(AIMERAIENT) TRAVAILLER POUR UN COLLECTIONNEUR« Réfléchir notre travail autour d’une collection d’œuvres d’art et de mobilier design. Imaginer un parcours, un dialogue entre ces différentes pièces, les intégrer dans des scènes du quotidien tout en leur offrant un écrin chaleureux dans lequel le collectionneur puisse se retrouver en toute simplicité… C’est un projet sur lequel nous rêvons d’avoir la chance de travailler un jour ! »Mettre en scène nos oeuvres d’art et nos objets précieux, les contempler, les laisser nous inspirer, sont des rituels qui contribuent au bien-être que procure notre intérieur. Pourquoi ne pas profiter de ces moments pour une introspection de vos placards à la recherche de vos plus belles pièces ?Nous espérons que Virginie et Rodolphe vous auront inspiré. Comme tous nos partenaires, ils restent présents durant cette période, pour vous délivrer leurs meilleurs conseils.Belle semaine artistique à tous !INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Photos – Elise Oudin Gilles, Virginie & Rodolphe, James CasebereCHARLÈNE AIME…Charlène Nivet est une architecte d’intérieur mordue d’authenticité et amoureuse du mélange des genres. Son développement créatif s’est construit au sein de différents bureaux d’étude pour lesquels elle repensait des intérieurs entiers. Arrivée il y a bientôt quatre ans dans la cité phocéenne, elle a d’abord travaillé deux ans chez Bulthaup où elle a développé une réelle expertise dans la conception d’espaces culinaires, avant de créer « maadn », sa propre agence d'architecture. Partenaire d’ARCHIK depuis quelques mois, c’est à son tour de nous parler de ses inspirations !…LES ENDROITS ABANDONNÉS« J’adore arriver dans un endroit laissé à l’abandon depuis quelques années… Ses éléments, d’un temps passé, me font voyager dans des souvenirs et me racontent son histoire. Les espaces et fonctions y sont distribués selon un autre mode de vie ; les repenser tout en conservant l’âme du lieu est le défi que je préfère ! » …CRÉER LA SURPRISE« Peu friande des tendances, j’aime être hors du temps, que ce soit par les couleurs, les objets ou les matières… Je privilégie les couleurs naturelles. Bien que de nature discrète, j’aime que mes réalisations transpirent de personnalité. »…LE POINT DE DÉPART« L’un des premiers éléments qui va guider ma réflexion est la lumière naturelle. En m’installant dans le Sud, je suis également venue chercher le soleil, c’est important pour moi qu’il rentre de toutes les façons possibles dans un habitat. C’est ce qui donne vie à nos journées, influe sur notre moral et donne un jeu d’ombres et de contrastes dans un espace. Je réfléchis ensuite aux volumes et aux perspectives car ils vont me permettre de définir un peu mieux les points de vue et fonctions à donner à l’habitat. Si ces volumes ne sont pas présents, alors il faut les créer et leur donner du sens, rien n’est hasard, tout a une raison, aussi subtile soit-elle. »…LES CONTRAINTES« Si elles peuvent être perçues comme des défauts, elles sont au contraire pour moi une très bonne introduction à l’imagination. Il ne faut pas en avoir peur, j’en fais même parfois le noyau dur d’un espace ou le point de départ de ma réflexion. Je transforme les contraintes en atouts, autour desquels viennent s’articuler l’espace. Un poteau peut alors devenir un axe sur lequel construire un rangement, une poutre peut créer une ligne, une perspective, une marche peut symboliser une transition entre deux fonctions. »…LES LIGNES« Je suis une » obsédée » des lignes ! Si je devais choisir un élément pour me définir et signer mon identité, ce serait celui-ci. J’aime les effets de perspective, les alignements, les fils conducteurs ou points de fuite. Une ligne me donne envie d’avancer dans un espace, de la suivre physiquement ou avec le regard et j’ai toujours aimé en jouer dans mes projets. Elle peut être en volume, de matière ou en couleur, mais elle donne de la dimension, un rythme et une profondeur à un espace. Par exemple, alors que beaucoup de monde les détestent, les couloirs sont au contraire pour moi un joli terrain de jeu ! »…UNE CUISINE BIEN PENSÉE« La cuisine est pour moi une pièce maîtresse. C’est la pièce qui a le plus évolué au cours de la dernière décennie tant par sa place au sein d’un foyer, que par sa fonction et ses utilisateurs. C’est aussi celle où les contraintes techniques sont les plus importantes et qui demande une réflexion importante afin d’optimiser la place, les déplacements et le confort d’utilisation. Dans mes projets, j’essaie toujours qu’elle soit cohérente avec l’ensemble des lieux. Soit en étant dans une continuité, soit en formant une rupture, mais elle doit avoir du SENS. Je n’hésite pas à jouer avec les lignes des joints, des placards, les alignements de portes, le plan de travail, la crédence, etc. J’aime conjuguer tous ces éléments afin d’en faire une pièce adaptée à l’implantation générale et à l’utilisation quotidienne qu’en font mes clients. »…LES PLANS DE TRAVAIL EN CÉRAMIQUE« Que je recommande par-dessus tout ! La céramique résiste aux rayures et à la chaleur. Dans l’idéal d’une épaisseur d’un centimètre pour un effet léger. J’aime l’associer à une crédence miroir pour donner de la profondeur à la pièce, et à un évier sous plan pour le côté pratique et esthétique. »…LE TERRAZZO« Bien qu’il soit devenu » tendance « , j’aime depuis toujours le Terrazzo… au sol, pour le plan de travail d’une cuisine ou pour un meuble de salle de bains, et particulièrement lorsqu’il est teinté de vert ! Il peut être réalisé sur-mesure avec une infinité de possibilités. J’aime aussi travailler avec le béton qui reste intemporel et offre également de nombreuses finitions. »…LES COULEURS NATURELLES« Et particulièrement le gris, le vert, le blanc et le terracotta. D’ailleurs tout mon intérieur tourne autour de ces quatre couleurs ! » Si aujourd’hui le contexte nous oblige à nous tenir à distance, notre envie de partager avec vous reste intacte ! Ce moment nous offre l’opportunité de consacrer du temps à réinventer nos intérieurs, cook(ooner) avec nos proches et surtout prendre soin de nous. Plein de sujets sur lesquels nous pourront échanger prochainement ! En attendant, Charlène et toute notre équipe de partenaires, restent joignables pour vous accompagner dans vos idées et futurs projets.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Charlène Nivet, Casamood, Joyelle WestÉLODIE AIME…Elodie Wehrlen est décoratrice outdoor et architecte paysagiste au sein de sa propre agence Côté Outdoor. Depuis quelques années, en partenariat avec ARCHIK, elle intervient sur des projets variés à Marseille, et aide nos clients à révéler le potentiel de leurs extérieurs. Elle nous ouvre sa fenêtre pour partager ses coups de cœur végétaux et quotidiens !…LE PRINTEMPS« Quelle belle saison ! Les journées commencent à rallonger, les végétaux se révèlent, nous offrant leurs plus belles fleurs. Pour moi, c’est une saison qui invite à vivre dehors. Que l’on ait un extérieur ou non, on se laisse bercer par les rayons de soleil qui se font de plus en plus présents. L’envie de » vert » se faisant ressentir, c’est aussi la période où j’ai le plus de travail ! »…LE VÉGÉTAL« En intérieur comme en extérieur, je l’aime graphique, coloré et la plupart du temps exotique. Je le conçois comme un élément décoratif. Il est rarement mon point de départ, mais souvent « ma cerise sur la gâteau « . Comme le serait un objet, mais un objet vivant ! »…LE LIEN ENTRE INTÉRIEUR ET EXTÉRIEUR« C’est presque devenu ma marque de fabrique. Je suis très attachée au lien entre l’intérieur et l’extérieur, et même parfois au-delà, jusqu’à englober le paysage autour (le ciel, la mer, la colline…). J’envisage l’extérieur comme une vraie pièce de la maison, où dans le Sud de la France, nous pouvons vivre une majeure partie de l’année. J’aime que l’on y attache autant d’importance et de détails que pour un salon d’intérieur par exemple. »…LES PETITS ESPACES« Ce sont souvent ceux où la réflexion est la plus complexe ! Le challenge étant de les rendre plus grands qu’ils ne le sont, de créer des ambiances différentes, d’intégrer un mini bassin ou une terrasse ombragée… Toujours avec justesse et subtilité. Plus il y a de questions et de contraintes, plus le défi est grand. Et je crois que j’aime bien ce genre de défis ! »…LES POTERIES« Les poteries sont souvent l’élément que je préfère utiliser pour intégrer de la matière dans mes projets. Une belle poterie de chez Ravel devient un véritable objet méditerranéen au service du végétal. Blanches, terracota, marron ou avec une touche de couleur, j’aime la diversité des formes. Même si j’avoue avoir un faible pour les formes ovoïdes qui apportent de la douceur et une touche de féminité dans des projets souvent plus géométriques. »…LES CÉRAMIQUES DE CHRISTINA CELESTINO« Je suis absolument fascinée par sa collection Plumage pour Botteganove. Une collection de céramiques pour l’intérieur et l’extérieur qui reproduit le motif de la plume, offrant une version à la fois bohème, moderne et intemporelle. Je l’imagine déjà recouvrant un mur de terrasse, une jardinière ou se révélant subtilement à travers des feuillages graphiques. »…SÉVILLE« Où j’aurais aimé retourner ce printemps… Cette ville est en effet ma plus grande inspiration. Colorée et rythmée, tout est structuré autour du végétal. Les jardins sont un élément essentiel de l’architecture et des habitations. Et les végétaux y sont monumentaux, exotiques et incroyables ! » À défaut de sorties, ouvrez grands vos fenêtres et profitez de cette douce odeur printanière ! Élodie et tous les partenaires ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. C’est le moment de chouchouter vos balconnières, de sortir vos transats et de réfléchir à vos futurs week-ends « au vert ».INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Élodie Wehrlen, Botteganove, ARCHIKCHRYSTEL AIME…L’architecte Chrystel Laporte (Deloubrière), à la tête de son agence Un Jour d’Avril et partenaire d’ARCHIK depuis les tous débuts, nous partage ses petits plaisirs, ses matériaux de prédilection et les tendances qui résonnent pour elle.…LE MOIS D’AVRIL« C’est une période qui a toujours compté pour moi : des rencontres, un achat d’appartement, la naissance d’un enfant… donc naturellement j’en ai fait le nom de mon agence. Avril est synonyme du printemps qui s’installe (encore plein de fraîcheur mais déjà prometteur). La lumière change, les tons sont doux et acidulés. Ce renouveau me donne l’élan pour faire, créer et vivre de nouvelles choses ! »…LES LIEUX QUI RACONTENT DES HISTOIRES« Et ils en racontent tous ! Quand je découvre un bien, j’aime me laisser porter par le lieu, ressentir ses énergies, observer longuement ses perspectives, fermer les yeux et l’écouter, autant que ses occupants ! Une lecture qui me permet d’adorer ses contraintes, d’accepter ses défauts comme ses qualités. De cette imprégnation nait mon inspiration, c’est elle qui guidera mon travail pour transformer l’espace tout en le respectant. »…L’EXCITATION DE LA PAGE BLANCHE« Commencer un nouveau projet est une vraie joie. Comme une pause récréative où seule face à ma page blanche, je me laisse gagner par le plaisir de mettre en ordre, images, couleurs et matériaux, les besoins et envies de mes clients. Tout ce joyeux bazar qui bouillonne dans ma tête dès le lancement d’un projet ! J’aime chercher et aller toujours plus loin que mes premières idées, plus il y a de contraintes plus le projet est enrichissant. Et enfin découvrir si ce que j’ai imaginé en visitant un lieu – parfois soufflé à l’oreille par le lieu lui-même – va fonctionner ! »…LES MATÉRIAUX BRUTS« J’aime utiliser des matériaux qui structurent et surprennent quand on les détourne. Souvent ils s’imposent et donnent de la personnalité à un intérieur. Des éléments en béton brut, épais, qui viendront en opposition avec des accessoires extrêmement fins et délicats. Ou bien du granit, associé à de belles essences de bois. En ce moment, j’ai un faible pour le Terrazzo et ses pépites de couleurs qui apportent du graphisme dans une pièce. »…LA FAÏENCE« Je la mets en scène dans les salles de bains évidemment, où je me sers de leurs formes pour créer un grand décor. Mais j’utilise également la faïence sur des pans de mur entiers, du sol au plafond, là où on ne l’attend pas : un petit espace bureau, une cuisine, une entrée ou encore pour révéler une terrasse en extérieur. Enfin, j’adore la proposer pour des petits détails notamment sur du mobilier, pour habiller par exemple une banquette dans un salon ou une tablette dans une entrée. »…LES COULEURS INDÉFINISSABLES« Inspirées de la nature, sur lesquelles il est parfois dur de mettre un nom ! Des roses poudrés ou saumonés, chauds et doux à la fois, avec des pointes de jaune que j’associe au béton. Des verts tendres, mais pas si tendres, profonds et denses, kakis mais pas vraiment, comme de la mousse en forêt… à marier au bois. L’ocre, que je trouve sublime avec du noir ou des bleus canards très foncés. Le terracota, affirmé mais doux, chic, rouge, bordeaux ou beaucoup mieux que ça… qui se conjugue avec des matériaux bruts. J’aime aussi les blancs pas blancs, et les noirs pas noirs ! Toutes ces couleurs qui se jouent de la lumière et évoluent tout au long d’une journée. »Nous, on a hâte d’être « un jour d’avril »… pour vous accompagner dans vos projets ! En attendant, Chrystel et tous les autres architectes ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. Vous, « stay at home » et profitez-en pour réfléchir à toutes vos envies.MARION BERNARDÀ l’heure des archis stars, l'agence Marion Bernard réhabilite l’aventure collective. Découverte d’une agence qui brouille les pistes pour mieux nous surprendre, crée des espaces à vivre plutôt qu’à seulement habiter.Derrière un nom à l’apparente banalité, un duo lui très singulier. Manon Gaillet et Sylvain Bérard se sont rencontrés sur les bancs du lycée et retrouvés après leurs études d’architecture dans leur ville d’origine : Marseille. Un concours très rapidement gagné les convainc qu’ils sont sur la même longueur d’ondes dans leur vision du métier. Décloisonner l’architecture en y invitant l’art, montrer les pratiques et partager les modes d’expression sera leur leitmotiv dans la réalisation de commandes privées comme publiques. Dans un milieu qui manque souvent d’humour et de recul sur soi, leur ego s’efface avec une volonté de ne pas se prendre au sérieux. « Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. »E—F La signature architecturale est un code ancien. C’est devenu une marque avec les archis stars. Quelle est la signification de la vôtre ?M—B Nous cherchions un nom pour notre agence sans vouloir nous mettre en avant. On m’a appelé Marion toute ma vie et lui Bernard. Ça nous amusait de mixer les deux pour créer un personnage fictif. Sortir de l’égo et rester secret avec la possibilité d’agrandir le collectif (ndlr : ils travaillent depuis les débuts avec l’artiste Romain Magail et l’architecte Fanny Camerlo).L’agence a dix ans cette année. C’est court en terme d’architecture mais déjà long pour réfléchir à des projets. Quel premier bilan tirez-vous de son positionnement singulier ?Que l’on est sur la bonne voie. On a enseigné à l’école d’architecture de Marseille en parallèle des activités de notre agence et on a perçu des gros changements de mentalité. L’architecture de consommation dont l’esthétique n’existe que pour elle-même n’intéresse plus les jeunes élèves d’aujourd’hui. Ils se soucient davantage maintenant de pourquoi ils font les choses, à quoi elles servent, leur bien-fondé pour le quartier, l’importance de la concertation avec les habitants.Les extérieurs peuvent être considérés comme de vraies pièces à vivre dans nombre de vos projets. En quoi la Méditerranée vous inspire-t-elle ?On est de vrais sudistes. On a fait une conférence un jour sur la Méditerranée et comment notre architecture en parlait. Il y a le dedans/dehors bien sûr mais aussi la façon de faire circuler les bruits, de se voir, s’entendre. Offrir la possibilité de vivre les uns sur les autres tout en gardant de l’intimité. Enfin il y a le blanc bien sûr, omniprésent.Vous dites aimer dessiner des espaces à vivre, dont la lecture sols, murs et plafond est très simple…Oui nous sommes des architectes de la coquille, des « espaces capables » comme on dit en architecture. D’où la non couleur, car on ne veut pas que cela soit trop investi par le décoratif, qui lui viendra par le client. On garde la qualité de surface et de lumière mais on n’est pas dans le débat du choix des couleurs ou d’ajouts de matière. Le projet d’un hangar transformé en deux appartements symétriques auxquels on accède par un escalier commun parle beaucoup de cela. Il y avait le vide et maintenant l’habité. C’est très surprenant de voir comment deux familles se sont appropriées un volume identique.Certains de vos projets intégrant des portes cintrées de différentes tailles et des cloisons arrondies ont néanmoins une charge scénique assez poétique… ?Ça participe sans doute de notre amour du théâtre, des décors. Dans son cursus d’études Sylvain a fait l’école Pennhingen et j’ai quant à moi eu la chance d’intégrer l’ENSA de Paris-Malaquais qui avait une nouvelle façon d’enseigner, permettant de choisir tous les six mois une branche de l’architecture (archi, urbanisme, scénographie, design, etc.). J’ai aussi eu l’opportunité par la suite de faire des stages à la Mode en Images à Paris et dans les ateliers d’artistes de la Ville de Marseille qui m’ont beaucoup influencé dans mon approche du métier. Le cube en miroir pour le collectif oracular/vernacular installé à la Maison de vente Leclere, ou l’escalier et ferronneries roses participent aussi de ce besoin de fantaisie.Pourquoi cette prédominance du béton travaillé sous toutes ses formes, couleurs, effets (banchage, crénelage, etc.) ?C’est vrai qu’on aime beaucoup travailler ce matériau. Ses mises en oeuvre sont multiples et il a la chance de pouvoir être à la fois un matériau de gros oeuvre comme de finition. De plus, il vit, vieillit, se patine avec le temps. Ce qui, à nos yeux, représente une qualité. Son défaut serait la note de sa consommation énergétique nécessaire à sa production… On a la chance d’avoir de très bons artisans pour le travailler, patients et curieux. Donc on expérimente avec des maquettes en béton pour pouvoir montrer les vrais rendus au client qui a souvent besoin d’être rassuré.L’art est souvent partie prenante dans vos réalisations. Comment se passe le processus d’intégration d’une oeuvre ?Nous ne faisons pas le choix « d’intégrer de l’art » dans nos projets. Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. Par définition le fait de construire fige. Nous aimons travailler nos projets de sorte à ce que même une fois construits, l’imaginaire de chacun puisse encore s’exercer. Nous avons réalisé dans le quartier de Malmousque à Marseille une terrasse à l’aménagement très minimaliste en raison du fort mistral qui souffle souvent là-bas. Il fallait juste de quoi s’asseoir (une table et un banc) se rafraîchir (une douche) et en visuel l’horizon marin (un petit muret et un garde-corps dont la hauteur cache juste les maisons alentour). Comme le client est un collectionneur d’art, il nous a fait mettre en réserve un emplacement en prévision de l’achat d’une oeuvre. Nous avons dessiné le socle pour que cela puisse être élégant, puis orchestré l’installation de ce sacré tronc par une grue.L’image est très importante dans votre travail. Elle rend sensible des notions de sensualité, de bien-être, de mouvement. Comment naissent-elles ?Là encore ce sont des histoires de collaborations. Que ce soit un lâcher de poussins autour d’un cube (en référence à une installation photo de Thomas Mailaender pour lequel nous avions construit une scénographie), une danseuse évoluant dans l’espace devant l’objectif d’une photographe à qui on avait prêté un lieu, ça peut paraître loufoque mais c’est intéressant parce que cela parle aussi de notre lieu et la façon de l’habiter. On souhaite laisser prochainement les murs à des artistes entre les temps de latence d’un prochain chantier.Vous aimez exposer et réfléchir aux enjeux de l’architecture en invitant vos congénères à des événements. N’est-ce pas aussi une façon de dépasser le cadre de la compétition dans laquelle les agences sont souvent enfermées ?On s’est aperçu que dans la conception comme dans le chantier et les étapes intermédiaires, chaque agence a des méthodes très personnelles de recherche qui fabriquent une esthétique mais questionnent aussi différemment tout le quotidien. Par l’outil, on fabrique la question. Il y a des agences qui ne travaillent que comme cela. C’est par leur brouillon qu’elles esquissent le travail fini. La 3D entérine mais ne permet pas la recherche. Dans la galerie Art-cade de Marseille (exposition « 25 architectes, 5 absents » en 2016) comme au Pavillon de l’Arsenal à Paris (exposition « 30 architectes » en 2017) on a réussi à inviter parmi de nombreuses agences nos préférées. Pas forcément les plus commerciales, mais celles qui expérimentent avec les matières et les concepts.Vous parliez pour un chantier de villa à La Londe esquissé en 2018 de « construire une ruine ». Qu’entendez-vous par là ?Ça revient à notre fantasme d’une architecture qui ne doit pas s’imposer mais exister comme une évidence, s’intégrer au paysage comme si elle avait toujours existé. Cela procède aussi d’une affinité au primitif et matériaux bruts. Une ruine ça n’a plus de toits. Il reste les refends (ndlr : murs porteurs intérieurs). Il y a une mixité entre les intérieurs et extérieurs, un jeu de quinconce, une volonté de brouiller les pistes, ne plus savoir où l’on est. Ça devient une sorte de squelette dans l’environnement végétal comme les oeuvres de l’artiste Rachel Whiteread que l’on adore.Le chantier de l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires (IMVT) qui va faire cohabiter trois écoles (architecture, paysage et urbanisme) est là encore une aventure collective. Avez-vous été surpris de remporter le concours ?Oui car je crois que le ministère a pris un beau risque en récompensant l’humain plutôt qu’une signature. Nous avons répondu à cette commande publique avec les agences np2f et Point Suprême, accompagné de Jacques Lucan, avec qui nous avons un vrai affect que ce soit familial ou amical et une vision commune de ce que doit être l’architecture de demain. Notre réponse ne renvoie pas à une architecture dite d’auteur. Elle s’adresse aux usagers. Elle met l’accent sur la générosité des espaces dessinés, sur la pérennité d’une structure porteuse et son adaptabilité, ce qui nous semble être fondamental de nos jours.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Texte – Eric Foucher Photos – Marion Bernard & Thomas Mailaender Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK
FRANÇOIS AIME…Après plusieurs années aux États-Unis, François Bléhaut décide de renouer avec ses origines et fonde, dans la cité phocéenne, Tamaris sa propre agence de paysagisme. Considérant qu’un projet de paysage doit être un lien réussi entre l’homme et son environnement, il crée aux côtés d’ARCHIK des extérieurs pleins de contrastes.…LES PAYSAGES DANS TOUTE LEUR DIMENSION« J’aime trouver le « génie du lieu » : ce qui rend unique un site, afin de le mettre en valeur et guider le projet que je vais créer autour. Cela peut aussi bien être une caractéristique physique que des éléments liés à la culture ou à l’histoire du lieu. Un paysage est sensible à sa position géographique et à son contexte sociologique. »…CRÉER DES BULLES D’ÉVASION« Dans mes projets, j’aime investir des espaces qui sont ignorés ou mal compris. À New York comme à Marseille, je trouve magique le fait de pouvoir faire s’arrêter les gens quelques instants dans un îlot de verdure. Dans une ville où tout tourne autour de l’efficacité, de l’économie, où tout est fait pour accélérer le temps, les « roof garden » deviennent des lieux où le temps s’arrête et qui – j’aime à croire – soignent les gens, comme le fait par exemple la méditation de pleine conscience. »…TRAVAILLER LES LIMITES« J’adore traiter les limites des jardins et créer de forts contrastes entre le sauvage et le régulier. Une bordure taillée méticuleusement se marie tellement bien avec des plantes vivaces exubérantes. J’apporte toujours un soin particulier au choix des palettes végétales pour qu’elles soient évolutives, ainsi qu’à la durabilité des matériaux utilisés. Parmi mes essences favorites : l’arbre à papillons (Buddleia) pour sa facilité et l’attraction immédiate des papillons, et la Verveine de Buenos-Aire (Verbena Bonariensis) pour sa délicatesse. »…LE POUVOIR DU VÉGÉTAL« Les jardins, contrairement à l’architecture, ont un caractère non nécessaire et sont des évocateurs de poésie, de romantisme ou même de fantaisie. Ils offrent une parenthèse pour flâner, rêver et se laisser aller. Ce sont d’ailleurs souvent des lieux qui nous évoquent nos premiers souvenirs d’enfance. J’aime cette légèreté et avoir la chance d’offrir cela à mes clients. »…« TAMARIS »« Le nom que j’ai donné à mon agence. Il est lié au lieu qui m’a donné l’amour des jardins, mais « Tamarix Gallica » est aussi le nom botanique d’un des arbres les plus résistants aux assauts de la mer et du désert. Un nom évocateur… »…LES BONS CÔTÉS DU CONFINEMENT !« Je n’ai jamais eu autant de correspondance me demandant des conseils, que pendant cette période ! Sans doute parce que les gens ont eu plus de temps et ressentaient le besoin de garder un lien avec l’extérieur, chacun semble avoir pris conscience de la présence de ces petits témoins de vie que sont les plantes. Un changement qui s’opère donc, et que j’observe aussi à plus grande échelle. Un grand nombre de promoteurs avec qui je travaille intègrent de plus en plus le végétal, avec parfois un véritable investissement. À Brooklyn, par exemple, j’ai conçu sur les toits de certains immeubles, des fermes qui fournissent directement les habitants en fruits et légumes ! »Avec une certaine liberté retrouvée, vous avez peut-être l’envie de mettre enfin en action des projets nés de vos réflexions de ces deux derniers mois. François ainsi que tous les partenaires d’ARCHIK sont heureux de vous retrouver et d’échanger sur vos idées et vos projets !INFORMATIONS PRATIQUESSite web : www.tamarisdesign.com Compte Instagram : @tamarisdesignCrédits photos – © Juliette Charvet Photographie – ©François BléhautHÉLÈNE AIME…Hélène Paoli est la fondatrice de l’agence Archipelles, agence de design global et d’architecture d’intérieur. À travers des lignes pures et dessinées, elle conçoit et réalise des espaces à l’esthétique affirmée dans le respect des lieux, pour des projets éclectiques : résidentiel, tertiaire ou commercial. Première partenaire parisienne de ARCHIK, elle nous confie ses inspirations et aspirations.… PARIS« J’aime la ville, pour les rencontres et les échanges qui s’y créent. La spontanéité que l’on peut y avoir. Et surtout Paris pour sa beauté, pour sa taille humaine qui permet de déambuler librement d’un bout à l’autre, pour sa diversité et sa richesse. Après 20 ans passés à Paris et 13 dans le même quartier, le Haut Marais, il m’arrive encore de découvrir de nouvelles perspectives, de nouveaux détails de son architecture. Quand mes pas me font sortir du quartier, j’aime me balader du côté de la rue des Martyrs pour l’élégance de ses immeubles et la qualité de ses bistrots, prendre le soleil dans le parc Montsouris moins fréquenté que les autres parcs, ou enfin traverser la Seine par le pont Louis Philippe pour se retrouver au dos de notre chère cathédrale, hors des circuits touristiques. » … LA DIVERSITÉ« Plus qu’une typologie de projet, j’aime la diversité, le fait de travailler en même temps sur un projet de 25 m2 dans un vieil immeuble parisien et sur 9 000 m2 de bureaux dans un immeuble flambant neuf conçu par un architecte de renom. Ne voulant pas spécialiser l’agence, je ne sélectionne pas les projets sur leur typologie – résidentielle, tertiaire, commerciale etc – mais sur la réflexion autour de l’espace et l’usage. » … OPTIMISER LES ESPACES« Restructurer et rénover en profondeur un espace pour offrir une réelle qualité de vie aux occupants des lieux m’anime. J’aime apporter une réflexion pérenne aux lieux que nous concevons. Si nos projets correspondent à nos clients et que les matériaux que nous employons sont durables, leurs intérieurs passeront les modes sans soucis et s’inscriront dans la durée. Il n’y a pas de projet sans clients, et pas de processus créatif sans écoute de leurs attentes. C’est en apprenant qui ils sont que je conçois des intérieurs qui leur correspondent. Par conséquent, la phase de conception est avant tout une phase d’échanges et d’écoute. » …ÉCRIRE DES SCÉNARIOS DE VIE« Ce qui m’intéresse, après la découverte d’un lieu, c’est l’échange qui accompagne la demande de nos clients. Car cette première étape va déterminer la compréhension des usages et des fonctions, dans leur immédiateté mais aussi dans leur probable évolution. Penser l’ergonomie d’un lieu, anticiper ses fonctionnalités, imaginer son esthétique… c’est cette responsabilité, cette nécessaire prise en considération d’enjeux multiples et parfois contradictoires, qui régit le ou les scénarios de vie que nous allons ensuite écrire ensemble. »… RECRÉER DES AMBIANCES« Plusieurs éléments m’inspirent : les matières, les rencontres, les voyages et les découvertes. Tous les quatre liés, ils constituent ma source première d’inspiration. Ayant grandi à l’étranger, dans des pays aux cultures très différentes, les échanges et rencontres sont très importants dans mon processus créatif. Lorsque je me rends pour la première fois dans un lieu, j’ai tout de suite une vision du projet que je souhaite y développer. Les volumes, les matériaux, les couleurs viennent à moi comme une évidence par l’architecture du lieu mais également celle de l’immeuble et du quartier ; par la luminosité du lieu et son orientation. Je me rends ensuite chez notre client pour percevoir son univers, comprendre qui il est, puis vient la confrontation avec la vision de ce lieu par le reste de mon équipe. Cela nous permet ainsi d’offrir deux propositions pour leur projet, aussi bien en volume que sur les ambiances. »… LES MATIÈRES NATURELLES« Ces matières vivantes qui se patinent avec le temps. Si je devais n’en choisir que trois, ce seraient la pierre et en particulier les marbres pour la palette infinie de teintes et la vibration de la matière ; le bois pour sa chaleur, en particulier le chêne ; et enfin les matières textiles ou fibres naturelles tissées pour la richesse des décors qui émanent de la manière dont elles sont tissées. »INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Alexis PaoliVIRGINIE ET RODOLPHE AIMENT…Virginie Monroe est décoratrice, Rodolphe Roletto est architecte DPLG, ensemble ils fondent Nouvelle Maison Studio, une agence qui crée des « intérieurs à vivre ». Une aventure commune avec ARCHIK qui leur permet de dresser des ponts entre leurs passions : la mode, l’art, l’architecture et le design du XXème siècle.Parce que l’art est subjectif et touche notre sensibilité, il donne à nos intérieurs une dimension très personnelle. Dans cet article Virginie et Rodolphe partagent avec nous la place que prend l’art chez eux et dans leur travail. Ils aiment… …TRAVAILLER EN DUO« Lorsque nous travaillons sur un projet, notre complémentarité se révèle. Nous passons beaucoup de temps à échanger nos points de vue et nos idées, à deux on est plus créatifs mais aussi plus exigeants ! Ainsi nous trouvons ensemble les meilleures solutions lorsque les contraintes se présentent. Nous avons toujours considéré l’architecture, le design et la décoration faisant partie d’un tout dans l’Art et l’expression. Et nous sommes convaincus que l’avenir est de trouver un dialogue cohérent entre cet Art et la Nature, pour poursuivre vers une évolution de plus en plus responsable et durable. »…METTRE EN SCÈNE LES ESPACES« Et raconter une histoire… D’abord visible, grâce aux formes, aux couleurs et aux matières, puis invisible, dans l’harmonisation de ce qui ne se voit pas mais se ressent. Si dans un premier temps c’est pour rendre le lieu esthétique, il s’agit surtout d’en faciliter l’art de la contemplation, essentiel à nos yeux ! Nous prenons toujours le temps nécessaire avant la validation d’un projet définitif pour connaître nos clients, leurs attentes et le lieu qu’ils ont choisi d’investir. Mettre en scène un nouveau lieu de vie ou repenser l’existant, le décorer, le transformer n’est jamais anodin et doit avoir pour but d’embellir le quotidien de ses hôtes. »…VALORISER LES OBJETS FÉTICHES« Si certains objets n’ont à proprement parlé pas de valeur » marchande « , ils peuvent cependant avoir une grande valeur sentimentale pour nos clients. Nous aimons les mettre en valeur comme de véritables œuvres d’art et offrir ainsi un décor unique et très personnel. Ainsi nous demandons systématiquement à nos clients de nous faire part de ce qu’ils possèdent comme pièces d’art ou objets précieux, et s’ils souhaitent les intégrer à leur nouveau décor. Cela donne parfois, le point de départ de notre réflexion. Ces objets renferment quelque chose de très profond, on les achète souvent sur un coup de cœur parce qu’ils nous touchent à un moment précis de notre vie, c’est pourquoi ils sont parfois délicats à mettre en scène par leurs propriétaires. En tant qu’architectes d’intérieur, il nous est plus aisé de les intégrer au décor ou de leurs réserver une place à part entière, et ainsi mettre en valeur une émotion. »…S’INSPIRER DE GRANDS ARCHITECTES« Nous aimons particulièrement le travail de Luis Barragan, et sa façon d’allier la couleur à la lumière qui confère un caractère émotionnel aux lieux qu’il a créé. Le travail admirable de Franck Lloyd Wright, qui fut un des premiers architectes à avoir l’audace d’associer le béton au bois et au métal, avec beaucoup d’esthétisme. Petit faible aussi pour les plafonds d’Alvar Aalto… et tant d’autres… Ils sont pour nous une grande source d’inspiration au quotidien dans une démarche de recherche et d’innovation. Côté peinture, nous sommes sensibles à l’œuvre de l’artiste Zao Wou Ki qui pouvait parfois attendre une heure devant sa toile blanche avant de commencer à peindre, laissant ainsi les éléments autour de lui s’exprimer. Il disait » je veux peindre ce qui ne se voit pas : le souffle, le vent, le mouvement, la vie des formes, l’éclosion des couleurs et leur fusion » et c’est exactement ce que nous recherchons, à chaque nouveau projet ! »…LES MATIÈRES QUI PERDURENT DANS LE TEMPS« Nous avons souvent une préférence pour les matériaux nobles tel que l’argile sèche, le bois, la pierre, qui gardent en mémoire l’histoire d’un lieu et qui se parent d’une belle patine avec le passage du temps. Le carreau de ciment fait également partie de nos matériaux fétiches et nous le proposons très souvent dans nos projets de décoration. On trouve aujourd’hui des motifs design permettant de le détourner du sol et de le poser sur un mur ou en crédence. »…DESSINER DU MOBILIER SUR-MESURE« Une autre facette que nous aimons particulièrement dans notre métier, est d’avoir parfois la possibilité d’aller jusqu’à la conception du mobilier s’intégrant parfaitement à l’intérieur que nous réalisons ! La carte blanche donne envie de créer des pièces uniques n’appartenant qu’à cette histoire. Lorsque le projet le permet, c’est alors pour nous un vrai plaisir de collaborer avec des artisans possédant un savoir-faire inégalable ! Pour repousser les limites de la création, nous aimons travailler avec eux les détails qui font la différence. »…LEUR OBJET LE PLUS PRÉCIEUX« Ou plutôt l’un des plus précieux de notre intérieur, c’est une paire d’étagères en palissandre de Walter Wirz au design très épuré et intemporel… nous avons eu, ensemble, le coup de cœur ! » …(AIMERAIENT) TRAVAILLER POUR UN COLLECTIONNEUR« Réfléchir notre travail autour d’une collection d’œuvres d’art et de mobilier design. Imaginer un parcours, un dialogue entre ces différentes pièces, les intégrer dans des scènes du quotidien tout en leur offrant un écrin chaleureux dans lequel le collectionneur puisse se retrouver en toute simplicité… C’est un projet sur lequel nous rêvons d’avoir la chance de travailler un jour ! »Mettre en scène nos oeuvres d’art et nos objets précieux, les contempler, les laisser nous inspirer, sont des rituels qui contribuent au bien-être que procure notre intérieur. Pourquoi ne pas profiter de ces moments pour une introspection de vos placards à la recherche de vos plus belles pièces ?Nous espérons que Virginie et Rodolphe vous auront inspiré. Comme tous nos partenaires, ils restent présents durant cette période, pour vous délivrer leurs meilleurs conseils.Belle semaine artistique à tous !INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Photos – Elise Oudin Gilles, Virginie & Rodolphe, James CasebereCHARLÈNE AIME…Charlène Nivet est une architecte d’intérieur mordue d’authenticité et amoureuse du mélange des genres. Son développement créatif s’est construit au sein de différents bureaux d’étude pour lesquels elle repensait des intérieurs entiers. Arrivée il y a bientôt quatre ans dans la cité phocéenne, elle a d’abord travaillé deux ans chez Bulthaup où elle a développé une réelle expertise dans la conception d’espaces culinaires, avant de créer « maadn », sa propre agence d'architecture. Partenaire d’ARCHIK depuis quelques mois, c’est à son tour de nous parler de ses inspirations !…LES ENDROITS ABANDONNÉS« J’adore arriver dans un endroit laissé à l’abandon depuis quelques années… Ses éléments, d’un temps passé, me font voyager dans des souvenirs et me racontent son histoire. Les espaces et fonctions y sont distribués selon un autre mode de vie ; les repenser tout en conservant l’âme du lieu est le défi que je préfère ! » …CRÉER LA SURPRISE« Peu friande des tendances, j’aime être hors du temps, que ce soit par les couleurs, les objets ou les matières… Je privilégie les couleurs naturelles. Bien que de nature discrète, j’aime que mes réalisations transpirent de personnalité. »…LE POINT DE DÉPART« L’un des premiers éléments qui va guider ma réflexion est la lumière naturelle. En m’installant dans le Sud, je suis également venue chercher le soleil, c’est important pour moi qu’il rentre de toutes les façons possibles dans un habitat. C’est ce qui donne vie à nos journées, influe sur notre moral et donne un jeu d’ombres et de contrastes dans un espace. Je réfléchis ensuite aux volumes et aux perspectives car ils vont me permettre de définir un peu mieux les points de vue et fonctions à donner à l’habitat. Si ces volumes ne sont pas présents, alors il faut les créer et leur donner du sens, rien n’est hasard, tout a une raison, aussi subtile soit-elle. »…LES CONTRAINTES« Si elles peuvent être perçues comme des défauts, elles sont au contraire pour moi une très bonne introduction à l’imagination. Il ne faut pas en avoir peur, j’en fais même parfois le noyau dur d’un espace ou le point de départ de ma réflexion. Je transforme les contraintes en atouts, autour desquels viennent s’articuler l’espace. Un poteau peut alors devenir un axe sur lequel construire un rangement, une poutre peut créer une ligne, une perspective, une marche peut symboliser une transition entre deux fonctions. »…LES LIGNES« Je suis une » obsédée » des lignes ! Si je devais choisir un élément pour me définir et signer mon identité, ce serait celui-ci. J’aime les effets de perspective, les alignements, les fils conducteurs ou points de fuite. Une ligne me donne envie d’avancer dans un espace, de la suivre physiquement ou avec le regard et j’ai toujours aimé en jouer dans mes projets. Elle peut être en volume, de matière ou en couleur, mais elle donne de la dimension, un rythme et une profondeur à un espace. Par exemple, alors que beaucoup de monde les détestent, les couloirs sont au contraire pour moi un joli terrain de jeu ! »…UNE CUISINE BIEN PENSÉE« La cuisine est pour moi une pièce maîtresse. C’est la pièce qui a le plus évolué au cours de la dernière décennie tant par sa place au sein d’un foyer, que par sa fonction et ses utilisateurs. C’est aussi celle où les contraintes techniques sont les plus importantes et qui demande une réflexion importante afin d’optimiser la place, les déplacements et le confort d’utilisation. Dans mes projets, j’essaie toujours qu’elle soit cohérente avec l’ensemble des lieux. Soit en étant dans une continuité, soit en formant une rupture, mais elle doit avoir du SENS. Je n’hésite pas à jouer avec les lignes des joints, des placards, les alignements de portes, le plan de travail, la crédence, etc. J’aime conjuguer tous ces éléments afin d’en faire une pièce adaptée à l’implantation générale et à l’utilisation quotidienne qu’en font mes clients. »…LES PLANS DE TRAVAIL EN CÉRAMIQUE« Que je recommande par-dessus tout ! La céramique résiste aux rayures et à la chaleur. Dans l’idéal d’une épaisseur d’un centimètre pour un effet léger. J’aime l’associer à une crédence miroir pour donner de la profondeur à la pièce, et à un évier sous plan pour le côté pratique et esthétique. »…LE TERRAZZO« Bien qu’il soit devenu » tendance « , j’aime depuis toujours le Terrazzo… au sol, pour le plan de travail d’une cuisine ou pour un meuble de salle de bains, et particulièrement lorsqu’il est teinté de vert ! Il peut être réalisé sur-mesure avec une infinité de possibilités. J’aime aussi travailler avec le béton qui reste intemporel et offre également de nombreuses finitions. »…LES COULEURS NATURELLES« Et particulièrement le gris, le vert, le blanc et le terracotta. D’ailleurs tout mon intérieur tourne autour de ces quatre couleurs ! » Si aujourd’hui le contexte nous oblige à nous tenir à distance, notre envie de partager avec vous reste intacte ! Ce moment nous offre l’opportunité de consacrer du temps à réinventer nos intérieurs, cook(ooner) avec nos proches et surtout prendre soin de nous. Plein de sujets sur lesquels nous pourront échanger prochainement ! En attendant, Charlène et toute notre équipe de partenaires, restent joignables pour vous accompagner dans vos idées et futurs projets.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Charlène Nivet, Casamood, Joyelle WestÉLODIE AIME…Elodie Wehrlen est décoratrice outdoor et architecte paysagiste au sein de sa propre agence Côté Outdoor. Depuis quelques années, en partenariat avec ARCHIK, elle intervient sur des projets variés à Marseille, et aide nos clients à révéler le potentiel de leurs extérieurs. Elle nous ouvre sa fenêtre pour partager ses coups de cœur végétaux et quotidiens !…LE PRINTEMPS« Quelle belle saison ! Les journées commencent à rallonger, les végétaux se révèlent, nous offrant leurs plus belles fleurs. Pour moi, c’est une saison qui invite à vivre dehors. Que l’on ait un extérieur ou non, on se laisse bercer par les rayons de soleil qui se font de plus en plus présents. L’envie de » vert » se faisant ressentir, c’est aussi la période où j’ai le plus de travail ! »…LE VÉGÉTAL« En intérieur comme en extérieur, je l’aime graphique, coloré et la plupart du temps exotique. Je le conçois comme un élément décoratif. Il est rarement mon point de départ, mais souvent « ma cerise sur la gâteau « . Comme le serait un objet, mais un objet vivant ! »…LE LIEN ENTRE INTÉRIEUR ET EXTÉRIEUR« C’est presque devenu ma marque de fabrique. Je suis très attachée au lien entre l’intérieur et l’extérieur, et même parfois au-delà, jusqu’à englober le paysage autour (le ciel, la mer, la colline…). J’envisage l’extérieur comme une vraie pièce de la maison, où dans le Sud de la France, nous pouvons vivre une majeure partie de l’année. J’aime que l’on y attache autant d’importance et de détails que pour un salon d’intérieur par exemple. »…LES PETITS ESPACES« Ce sont souvent ceux où la réflexion est la plus complexe ! Le challenge étant de les rendre plus grands qu’ils ne le sont, de créer des ambiances différentes, d’intégrer un mini bassin ou une terrasse ombragée… Toujours avec justesse et subtilité. Plus il y a de questions et de contraintes, plus le défi est grand. Et je crois que j’aime bien ce genre de défis ! »…LES POTERIES« Les poteries sont souvent l’élément que je préfère utiliser pour intégrer de la matière dans mes projets. Une belle poterie de chez Ravel devient un véritable objet méditerranéen au service du végétal. Blanches, terracota, marron ou avec une touche de couleur, j’aime la diversité des formes. Même si j’avoue avoir un faible pour les formes ovoïdes qui apportent de la douceur et une touche de féminité dans des projets souvent plus géométriques. »…LES CÉRAMIQUES DE CHRISTINA CELESTINO« Je suis absolument fascinée par sa collection Plumage pour Botteganove. Une collection de céramiques pour l’intérieur et l’extérieur qui reproduit le motif de la plume, offrant une version à la fois bohème, moderne et intemporelle. Je l’imagine déjà recouvrant un mur de terrasse, une jardinière ou se révélant subtilement à travers des feuillages graphiques. »…SÉVILLE« Où j’aurais aimé retourner ce printemps… Cette ville est en effet ma plus grande inspiration. Colorée et rythmée, tout est structuré autour du végétal. Les jardins sont un élément essentiel de l’architecture et des habitations. Et les végétaux y sont monumentaux, exotiques et incroyables ! » À défaut de sorties, ouvrez grands vos fenêtres et profitez de cette douce odeur printanière ! Élodie et tous les partenaires ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. C’est le moment de chouchouter vos balconnières, de sortir vos transats et de réfléchir à vos futurs week-ends « au vert ».INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Élodie Wehrlen, Botteganove, ARCHIKCHRYSTEL AIME…L’architecte Chrystel Laporte (Deloubrière), à la tête de son agence Un Jour d’Avril et partenaire d’ARCHIK depuis les tous débuts, nous partage ses petits plaisirs, ses matériaux de prédilection et les tendances qui résonnent pour elle.…LE MOIS D’AVRIL« C’est une période qui a toujours compté pour moi : des rencontres, un achat d’appartement, la naissance d’un enfant… donc naturellement j’en ai fait le nom de mon agence. Avril est synonyme du printemps qui s’installe (encore plein de fraîcheur mais déjà prometteur). La lumière change, les tons sont doux et acidulés. Ce renouveau me donne l’élan pour faire, créer et vivre de nouvelles choses ! »…LES LIEUX QUI RACONTENT DES HISTOIRES« Et ils en racontent tous ! Quand je découvre un bien, j’aime me laisser porter par le lieu, ressentir ses énergies, observer longuement ses perspectives, fermer les yeux et l’écouter, autant que ses occupants ! Une lecture qui me permet d’adorer ses contraintes, d’accepter ses défauts comme ses qualités. De cette imprégnation nait mon inspiration, c’est elle qui guidera mon travail pour transformer l’espace tout en le respectant. »…L’EXCITATION DE LA PAGE BLANCHE« Commencer un nouveau projet est une vraie joie. Comme une pause récréative où seule face à ma page blanche, je me laisse gagner par le plaisir de mettre en ordre, images, couleurs et matériaux, les besoins et envies de mes clients. Tout ce joyeux bazar qui bouillonne dans ma tête dès le lancement d’un projet ! J’aime chercher et aller toujours plus loin que mes premières idées, plus il y a de contraintes plus le projet est enrichissant. Et enfin découvrir si ce que j’ai imaginé en visitant un lieu – parfois soufflé à l’oreille par le lieu lui-même – va fonctionner ! »…LES MATÉRIAUX BRUTS« J’aime utiliser des matériaux qui structurent et surprennent quand on les détourne. Souvent ils s’imposent et donnent de la personnalité à un intérieur. Des éléments en béton brut, épais, qui viendront en opposition avec des accessoires extrêmement fins et délicats. Ou bien du granit, associé à de belles essences de bois. En ce moment, j’ai un faible pour le Terrazzo et ses pépites de couleurs qui apportent du graphisme dans une pièce. »…LA FAÏENCE« Je la mets en scène dans les salles de bains évidemment, où je me sers de leurs formes pour créer un grand décor. Mais j’utilise également la faïence sur des pans de mur entiers, du sol au plafond, là où on ne l’attend pas : un petit espace bureau, une cuisine, une entrée ou encore pour révéler une terrasse en extérieur. Enfin, j’adore la proposer pour des petits détails notamment sur du mobilier, pour habiller par exemple une banquette dans un salon ou une tablette dans une entrée. »…LES COULEURS INDÉFINISSABLES« Inspirées de la nature, sur lesquelles il est parfois dur de mettre un nom ! Des roses poudrés ou saumonés, chauds et doux à la fois, avec des pointes de jaune que j’associe au béton. Des verts tendres, mais pas si tendres, profonds et denses, kakis mais pas vraiment, comme de la mousse en forêt… à marier au bois. L’ocre, que je trouve sublime avec du noir ou des bleus canards très foncés. Le terracota, affirmé mais doux, chic, rouge, bordeaux ou beaucoup mieux que ça… qui se conjugue avec des matériaux bruts. J’aime aussi les blancs pas blancs, et les noirs pas noirs ! Toutes ces couleurs qui se jouent de la lumière et évoluent tout au long d’une journée. »Nous, on a hâte d’être « un jour d’avril »… pour vous accompagner dans vos projets ! En attendant, Chrystel et tous les autres architectes ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. Vous, « stay at home » et profitez-en pour réfléchir à toutes vos envies.MARION BERNARDÀ l’heure des archis stars, l'agence Marion Bernard réhabilite l’aventure collective. Découverte d’une agence qui brouille les pistes pour mieux nous surprendre, crée des espaces à vivre plutôt qu’à seulement habiter.Derrière un nom à l’apparente banalité, un duo lui très singulier. Manon Gaillet et Sylvain Bérard se sont rencontrés sur les bancs du lycée et retrouvés après leurs études d’architecture dans leur ville d’origine : Marseille. Un concours très rapidement gagné les convainc qu’ils sont sur la même longueur d’ondes dans leur vision du métier. Décloisonner l’architecture en y invitant l’art, montrer les pratiques et partager les modes d’expression sera leur leitmotiv dans la réalisation de commandes privées comme publiques. Dans un milieu qui manque souvent d’humour et de recul sur soi, leur ego s’efface avec une volonté de ne pas se prendre au sérieux. « Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. »E—F La signature architecturale est un code ancien. C’est devenu une marque avec les archis stars. Quelle est la signification de la vôtre ?M—B Nous cherchions un nom pour notre agence sans vouloir nous mettre en avant. On m’a appelé Marion toute ma vie et lui Bernard. Ça nous amusait de mixer les deux pour créer un personnage fictif. Sortir de l’égo et rester secret avec la possibilité d’agrandir le collectif (ndlr : ils travaillent depuis les débuts avec l’artiste Romain Magail et l’architecte Fanny Camerlo).L’agence a dix ans cette année. C’est court en terme d’architecture mais déjà long pour réfléchir à des projets. Quel premier bilan tirez-vous de son positionnement singulier ?Que l’on est sur la bonne voie. On a enseigné à l’école d’architecture de Marseille en parallèle des activités de notre agence et on a perçu des gros changements de mentalité. L’architecture de consommation dont l’esthétique n’existe que pour elle-même n’intéresse plus les jeunes élèves d’aujourd’hui. Ils se soucient davantage maintenant de pourquoi ils font les choses, à quoi elles servent, leur bien-fondé pour le quartier, l’importance de la concertation avec les habitants.Les extérieurs peuvent être considérés comme de vraies pièces à vivre dans nombre de vos projets. En quoi la Méditerranée vous inspire-t-elle ?On est de vrais sudistes. On a fait une conférence un jour sur la Méditerranée et comment notre architecture en parlait. Il y a le dedans/dehors bien sûr mais aussi la façon de faire circuler les bruits, de se voir, s’entendre. Offrir la possibilité de vivre les uns sur les autres tout en gardant de l’intimité. Enfin il y a le blanc bien sûr, omniprésent.Vous dites aimer dessiner des espaces à vivre, dont la lecture sols, murs et plafond est très simple…Oui nous sommes des architectes de la coquille, des « espaces capables » comme on dit en architecture. D’où la non couleur, car on ne veut pas que cela soit trop investi par le décoratif, qui lui viendra par le client. On garde la qualité de surface et de lumière mais on n’est pas dans le débat du choix des couleurs ou d’ajouts de matière. Le projet d’un hangar transformé en deux appartements symétriques auxquels on accède par un escalier commun parle beaucoup de cela. Il y avait le vide et maintenant l’habité. C’est très surprenant de voir comment deux familles se sont appropriées un volume identique.Certains de vos projets intégrant des portes cintrées de différentes tailles et des cloisons arrondies ont néanmoins une charge scénique assez poétique… ?Ça participe sans doute de notre amour du théâtre, des décors. Dans son cursus d’études Sylvain a fait l’école Pennhingen et j’ai quant à moi eu la chance d’intégrer l’ENSA de Paris-Malaquais qui avait une nouvelle façon d’enseigner, permettant de choisir tous les six mois une branche de l’architecture (archi, urbanisme, scénographie, design, etc.). J’ai aussi eu l’opportunité par la suite de faire des stages à la Mode en Images à Paris et dans les ateliers d’artistes de la Ville de Marseille qui m’ont beaucoup influencé dans mon approche du métier. Le cube en miroir pour le collectif oracular/vernacular installé à la Maison de vente Leclere, ou l’escalier et ferronneries roses participent aussi de ce besoin de fantaisie.Pourquoi cette prédominance du béton travaillé sous toutes ses formes, couleurs, effets (banchage, crénelage, etc.) ?C’est vrai qu’on aime beaucoup travailler ce matériau. Ses mises en oeuvre sont multiples et il a la chance de pouvoir être à la fois un matériau de gros oeuvre comme de finition. De plus, il vit, vieillit, se patine avec le temps. Ce qui, à nos yeux, représente une qualité. Son défaut serait la note de sa consommation énergétique nécessaire à sa production… On a la chance d’avoir de très bons artisans pour le travailler, patients et curieux. Donc on expérimente avec des maquettes en béton pour pouvoir montrer les vrais rendus au client qui a souvent besoin d’être rassuré.L’art est souvent partie prenante dans vos réalisations. Comment se passe le processus d’intégration d’une oeuvre ?Nous ne faisons pas le choix « d’intégrer de l’art » dans nos projets. Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. Par définition le fait de construire fige. Nous aimons travailler nos projets de sorte à ce que même une fois construits, l’imaginaire de chacun puisse encore s’exercer. Nous avons réalisé dans le quartier de Malmousque à Marseille une terrasse à l’aménagement très minimaliste en raison du fort mistral qui souffle souvent là-bas. Il fallait juste de quoi s’asseoir (une table et un banc) se rafraîchir (une douche) et en visuel l’horizon marin (un petit muret et un garde-corps dont la hauteur cache juste les maisons alentour). Comme le client est un collectionneur d’art, il nous a fait mettre en réserve un emplacement en prévision de l’achat d’une oeuvre. Nous avons dessiné le socle pour que cela puisse être élégant, puis orchestré l’installation de ce sacré tronc par une grue.L’image est très importante dans votre travail. Elle rend sensible des notions de sensualité, de bien-être, de mouvement. Comment naissent-elles ?Là encore ce sont des histoires de collaborations. Que ce soit un lâcher de poussins autour d’un cube (en référence à une installation photo de Thomas Mailaender pour lequel nous avions construit une scénographie), une danseuse évoluant dans l’espace devant l’objectif d’une photographe à qui on avait prêté un lieu, ça peut paraître loufoque mais c’est intéressant parce que cela parle aussi de notre lieu et la façon de l’habiter. On souhaite laisser prochainement les murs à des artistes entre les temps de latence d’un prochain chantier.Vous aimez exposer et réfléchir aux enjeux de l’architecture en invitant vos congénères à des événements. N’est-ce pas aussi une façon de dépasser le cadre de la compétition dans laquelle les agences sont souvent enfermées ?On s’est aperçu que dans la conception comme dans le chantier et les étapes intermédiaires, chaque agence a des méthodes très personnelles de recherche qui fabriquent une esthétique mais questionnent aussi différemment tout le quotidien. Par l’outil, on fabrique la question. Il y a des agences qui ne travaillent que comme cela. C’est par leur brouillon qu’elles esquissent le travail fini. La 3D entérine mais ne permet pas la recherche. Dans la galerie Art-cade de Marseille (exposition « 25 architectes, 5 absents » en 2016) comme au Pavillon de l’Arsenal à Paris (exposition « 30 architectes » en 2017) on a réussi à inviter parmi de nombreuses agences nos préférées. Pas forcément les plus commerciales, mais celles qui expérimentent avec les matières et les concepts.Vous parliez pour un chantier de villa à La Londe esquissé en 2018 de « construire une ruine ». Qu’entendez-vous par là ?Ça revient à notre fantasme d’une architecture qui ne doit pas s’imposer mais exister comme une évidence, s’intégrer au paysage comme si elle avait toujours existé. Cela procède aussi d’une affinité au primitif et matériaux bruts. Une ruine ça n’a plus de toits. Il reste les refends (ndlr : murs porteurs intérieurs). Il y a une mixité entre les intérieurs et extérieurs, un jeu de quinconce, une volonté de brouiller les pistes, ne plus savoir où l’on est. Ça devient une sorte de squelette dans l’environnement végétal comme les oeuvres de l’artiste Rachel Whiteread que l’on adore.Le chantier de l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires (IMVT) qui va faire cohabiter trois écoles (architecture, paysage et urbanisme) est là encore une aventure collective. Avez-vous été surpris de remporter le concours ?Oui car je crois que le ministère a pris un beau risque en récompensant l’humain plutôt qu’une signature. Nous avons répondu à cette commande publique avec les agences np2f et Point Suprême, accompagné de Jacques Lucan, avec qui nous avons un vrai affect que ce soit familial ou amical et une vision commune de ce que doit être l’architecture de demain. Notre réponse ne renvoie pas à une architecture dite d’auteur. Elle s’adresse aux usagers. Elle met l’accent sur la générosité des espaces dessinés, sur la pérennité d’une structure porteuse et son adaptabilité, ce qui nous semble être fondamental de nos jours.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Texte – Eric Foucher Photos – Marion Bernard & Thomas Mailaender Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK
HÉLÈNE AIME…Hélène Paoli est la fondatrice de l’agence Archipelles, agence de design global et d’architecture d’intérieur. À travers des lignes pures et dessinées, elle conçoit et réalise des espaces à l’esthétique affirmée dans le respect des lieux, pour des projets éclectiques : résidentiel, tertiaire ou commercial. Première partenaire parisienne de ARCHIK, elle nous confie ses inspirations et aspirations.… PARIS« J’aime la ville, pour les rencontres et les échanges qui s’y créent. La spontanéité que l’on peut y avoir. Et surtout Paris pour sa beauté, pour sa taille humaine qui permet de déambuler librement d’un bout à l’autre, pour sa diversité et sa richesse. Après 20 ans passés à Paris et 13 dans le même quartier, le Haut Marais, il m’arrive encore de découvrir de nouvelles perspectives, de nouveaux détails de son architecture. Quand mes pas me font sortir du quartier, j’aime me balader du côté de la rue des Martyrs pour l’élégance de ses immeubles et la qualité de ses bistrots, prendre le soleil dans le parc Montsouris moins fréquenté que les autres parcs, ou enfin traverser la Seine par le pont Louis Philippe pour se retrouver au dos de notre chère cathédrale, hors des circuits touristiques. » … LA DIVERSITÉ« Plus qu’une typologie de projet, j’aime la diversité, le fait de travailler en même temps sur un projet de 25 m2 dans un vieil immeuble parisien et sur 9 000 m2 de bureaux dans un immeuble flambant neuf conçu par un architecte de renom. Ne voulant pas spécialiser l’agence, je ne sélectionne pas les projets sur leur typologie – résidentielle, tertiaire, commerciale etc – mais sur la réflexion autour de l’espace et l’usage. » … OPTIMISER LES ESPACES« Restructurer et rénover en profondeur un espace pour offrir une réelle qualité de vie aux occupants des lieux m’anime. J’aime apporter une réflexion pérenne aux lieux que nous concevons. Si nos projets correspondent à nos clients et que les matériaux que nous employons sont durables, leurs intérieurs passeront les modes sans soucis et s’inscriront dans la durée. Il n’y a pas de projet sans clients, et pas de processus créatif sans écoute de leurs attentes. C’est en apprenant qui ils sont que je conçois des intérieurs qui leur correspondent. Par conséquent, la phase de conception est avant tout une phase d’échanges et d’écoute. » …ÉCRIRE DES SCÉNARIOS DE VIE« Ce qui m’intéresse, après la découverte d’un lieu, c’est l’échange qui accompagne la demande de nos clients. Car cette première étape va déterminer la compréhension des usages et des fonctions, dans leur immédiateté mais aussi dans leur probable évolution. Penser l’ergonomie d’un lieu, anticiper ses fonctionnalités, imaginer son esthétique… c’est cette responsabilité, cette nécessaire prise en considération d’enjeux multiples et parfois contradictoires, qui régit le ou les scénarios de vie que nous allons ensuite écrire ensemble. »… RECRÉER DES AMBIANCES« Plusieurs éléments m’inspirent : les matières, les rencontres, les voyages et les découvertes. Tous les quatre liés, ils constituent ma source première d’inspiration. Ayant grandi à l’étranger, dans des pays aux cultures très différentes, les échanges et rencontres sont très importants dans mon processus créatif. Lorsque je me rends pour la première fois dans un lieu, j’ai tout de suite une vision du projet que je souhaite y développer. Les volumes, les matériaux, les couleurs viennent à moi comme une évidence par l’architecture du lieu mais également celle de l’immeuble et du quartier ; par la luminosité du lieu et son orientation. Je me rends ensuite chez notre client pour percevoir son univers, comprendre qui il est, puis vient la confrontation avec la vision de ce lieu par le reste de mon équipe. Cela nous permet ainsi d’offrir deux propositions pour leur projet, aussi bien en volume que sur les ambiances. »… LES MATIÈRES NATURELLES« Ces matières vivantes qui se patinent avec le temps. Si je devais n’en choisir que trois, ce seraient la pierre et en particulier les marbres pour la palette infinie de teintes et la vibration de la matière ; le bois pour sa chaleur, en particulier le chêne ; et enfin les matières textiles ou fibres naturelles tissées pour la richesse des décors qui émanent de la manière dont elles sont tissées. »INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Alexis PaoliVIRGINIE ET RODOLPHE AIMENT…Virginie Monroe est décoratrice, Rodolphe Roletto est architecte DPLG, ensemble ils fondent Nouvelle Maison Studio, une agence qui crée des « intérieurs à vivre ». Une aventure commune avec ARCHIK qui leur permet de dresser des ponts entre leurs passions : la mode, l’art, l’architecture et le design du XXème siècle.Parce que l’art est subjectif et touche notre sensibilité, il donne à nos intérieurs une dimension très personnelle. Dans cet article Virginie et Rodolphe partagent avec nous la place que prend l’art chez eux et dans leur travail. Ils aiment… …TRAVAILLER EN DUO« Lorsque nous travaillons sur un projet, notre complémentarité se révèle. Nous passons beaucoup de temps à échanger nos points de vue et nos idées, à deux on est plus créatifs mais aussi plus exigeants ! Ainsi nous trouvons ensemble les meilleures solutions lorsque les contraintes se présentent. Nous avons toujours considéré l’architecture, le design et la décoration faisant partie d’un tout dans l’Art et l’expression. Et nous sommes convaincus que l’avenir est de trouver un dialogue cohérent entre cet Art et la Nature, pour poursuivre vers une évolution de plus en plus responsable et durable. »…METTRE EN SCÈNE LES ESPACES« Et raconter une histoire… D’abord visible, grâce aux formes, aux couleurs et aux matières, puis invisible, dans l’harmonisation de ce qui ne se voit pas mais se ressent. Si dans un premier temps c’est pour rendre le lieu esthétique, il s’agit surtout d’en faciliter l’art de la contemplation, essentiel à nos yeux ! Nous prenons toujours le temps nécessaire avant la validation d’un projet définitif pour connaître nos clients, leurs attentes et le lieu qu’ils ont choisi d’investir. Mettre en scène un nouveau lieu de vie ou repenser l’existant, le décorer, le transformer n’est jamais anodin et doit avoir pour but d’embellir le quotidien de ses hôtes. »…VALORISER LES OBJETS FÉTICHES« Si certains objets n’ont à proprement parlé pas de valeur » marchande « , ils peuvent cependant avoir une grande valeur sentimentale pour nos clients. Nous aimons les mettre en valeur comme de véritables œuvres d’art et offrir ainsi un décor unique et très personnel. Ainsi nous demandons systématiquement à nos clients de nous faire part de ce qu’ils possèdent comme pièces d’art ou objets précieux, et s’ils souhaitent les intégrer à leur nouveau décor. Cela donne parfois, le point de départ de notre réflexion. Ces objets renferment quelque chose de très profond, on les achète souvent sur un coup de cœur parce qu’ils nous touchent à un moment précis de notre vie, c’est pourquoi ils sont parfois délicats à mettre en scène par leurs propriétaires. En tant qu’architectes d’intérieur, il nous est plus aisé de les intégrer au décor ou de leurs réserver une place à part entière, et ainsi mettre en valeur une émotion. »…S’INSPIRER DE GRANDS ARCHITECTES« Nous aimons particulièrement le travail de Luis Barragan, et sa façon d’allier la couleur à la lumière qui confère un caractère émotionnel aux lieux qu’il a créé. Le travail admirable de Franck Lloyd Wright, qui fut un des premiers architectes à avoir l’audace d’associer le béton au bois et au métal, avec beaucoup d’esthétisme. Petit faible aussi pour les plafonds d’Alvar Aalto… et tant d’autres… Ils sont pour nous une grande source d’inspiration au quotidien dans une démarche de recherche et d’innovation. Côté peinture, nous sommes sensibles à l’œuvre de l’artiste Zao Wou Ki qui pouvait parfois attendre une heure devant sa toile blanche avant de commencer à peindre, laissant ainsi les éléments autour de lui s’exprimer. Il disait » je veux peindre ce qui ne se voit pas : le souffle, le vent, le mouvement, la vie des formes, l’éclosion des couleurs et leur fusion » et c’est exactement ce que nous recherchons, à chaque nouveau projet ! »…LES MATIÈRES QUI PERDURENT DANS LE TEMPS« Nous avons souvent une préférence pour les matériaux nobles tel que l’argile sèche, le bois, la pierre, qui gardent en mémoire l’histoire d’un lieu et qui se parent d’une belle patine avec le passage du temps. Le carreau de ciment fait également partie de nos matériaux fétiches et nous le proposons très souvent dans nos projets de décoration. On trouve aujourd’hui des motifs design permettant de le détourner du sol et de le poser sur un mur ou en crédence. »…DESSINER DU MOBILIER SUR-MESURE« Une autre facette que nous aimons particulièrement dans notre métier, est d’avoir parfois la possibilité d’aller jusqu’à la conception du mobilier s’intégrant parfaitement à l’intérieur que nous réalisons ! La carte blanche donne envie de créer des pièces uniques n’appartenant qu’à cette histoire. Lorsque le projet le permet, c’est alors pour nous un vrai plaisir de collaborer avec des artisans possédant un savoir-faire inégalable ! Pour repousser les limites de la création, nous aimons travailler avec eux les détails qui font la différence. »…LEUR OBJET LE PLUS PRÉCIEUX« Ou plutôt l’un des plus précieux de notre intérieur, c’est une paire d’étagères en palissandre de Walter Wirz au design très épuré et intemporel… nous avons eu, ensemble, le coup de cœur ! » …(AIMERAIENT) TRAVAILLER POUR UN COLLECTIONNEUR« Réfléchir notre travail autour d’une collection d’œuvres d’art et de mobilier design. Imaginer un parcours, un dialogue entre ces différentes pièces, les intégrer dans des scènes du quotidien tout en leur offrant un écrin chaleureux dans lequel le collectionneur puisse se retrouver en toute simplicité… C’est un projet sur lequel nous rêvons d’avoir la chance de travailler un jour ! »Mettre en scène nos oeuvres d’art et nos objets précieux, les contempler, les laisser nous inspirer, sont des rituels qui contribuent au bien-être que procure notre intérieur. Pourquoi ne pas profiter de ces moments pour une introspection de vos placards à la recherche de vos plus belles pièces ?Nous espérons que Virginie et Rodolphe vous auront inspiré. Comme tous nos partenaires, ils restent présents durant cette période, pour vous délivrer leurs meilleurs conseils.Belle semaine artistique à tous !INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Photos – Elise Oudin Gilles, Virginie & Rodolphe, James CasebereCHARLÈNE AIME…Charlène Nivet est une architecte d’intérieur mordue d’authenticité et amoureuse du mélange des genres. Son développement créatif s’est construit au sein de différents bureaux d’étude pour lesquels elle repensait des intérieurs entiers. Arrivée il y a bientôt quatre ans dans la cité phocéenne, elle a d’abord travaillé deux ans chez Bulthaup où elle a développé une réelle expertise dans la conception d’espaces culinaires, avant de créer « maadn », sa propre agence d'architecture. Partenaire d’ARCHIK depuis quelques mois, c’est à son tour de nous parler de ses inspirations !…LES ENDROITS ABANDONNÉS« J’adore arriver dans un endroit laissé à l’abandon depuis quelques années… Ses éléments, d’un temps passé, me font voyager dans des souvenirs et me racontent son histoire. Les espaces et fonctions y sont distribués selon un autre mode de vie ; les repenser tout en conservant l’âme du lieu est le défi que je préfère ! » …CRÉER LA SURPRISE« Peu friande des tendances, j’aime être hors du temps, que ce soit par les couleurs, les objets ou les matières… Je privilégie les couleurs naturelles. Bien que de nature discrète, j’aime que mes réalisations transpirent de personnalité. »…LE POINT DE DÉPART« L’un des premiers éléments qui va guider ma réflexion est la lumière naturelle. En m’installant dans le Sud, je suis également venue chercher le soleil, c’est important pour moi qu’il rentre de toutes les façons possibles dans un habitat. C’est ce qui donne vie à nos journées, influe sur notre moral et donne un jeu d’ombres et de contrastes dans un espace. Je réfléchis ensuite aux volumes et aux perspectives car ils vont me permettre de définir un peu mieux les points de vue et fonctions à donner à l’habitat. Si ces volumes ne sont pas présents, alors il faut les créer et leur donner du sens, rien n’est hasard, tout a une raison, aussi subtile soit-elle. »…LES CONTRAINTES« Si elles peuvent être perçues comme des défauts, elles sont au contraire pour moi une très bonne introduction à l’imagination. Il ne faut pas en avoir peur, j’en fais même parfois le noyau dur d’un espace ou le point de départ de ma réflexion. Je transforme les contraintes en atouts, autour desquels viennent s’articuler l’espace. Un poteau peut alors devenir un axe sur lequel construire un rangement, une poutre peut créer une ligne, une perspective, une marche peut symboliser une transition entre deux fonctions. »…LES LIGNES« Je suis une » obsédée » des lignes ! Si je devais choisir un élément pour me définir et signer mon identité, ce serait celui-ci. J’aime les effets de perspective, les alignements, les fils conducteurs ou points de fuite. Une ligne me donne envie d’avancer dans un espace, de la suivre physiquement ou avec le regard et j’ai toujours aimé en jouer dans mes projets. Elle peut être en volume, de matière ou en couleur, mais elle donne de la dimension, un rythme et une profondeur à un espace. Par exemple, alors que beaucoup de monde les détestent, les couloirs sont au contraire pour moi un joli terrain de jeu ! »…UNE CUISINE BIEN PENSÉE« La cuisine est pour moi une pièce maîtresse. C’est la pièce qui a le plus évolué au cours de la dernière décennie tant par sa place au sein d’un foyer, que par sa fonction et ses utilisateurs. C’est aussi celle où les contraintes techniques sont les plus importantes et qui demande une réflexion importante afin d’optimiser la place, les déplacements et le confort d’utilisation. Dans mes projets, j’essaie toujours qu’elle soit cohérente avec l’ensemble des lieux. Soit en étant dans une continuité, soit en formant une rupture, mais elle doit avoir du SENS. Je n’hésite pas à jouer avec les lignes des joints, des placards, les alignements de portes, le plan de travail, la crédence, etc. J’aime conjuguer tous ces éléments afin d’en faire une pièce adaptée à l’implantation générale et à l’utilisation quotidienne qu’en font mes clients. »…LES PLANS DE TRAVAIL EN CÉRAMIQUE« Que je recommande par-dessus tout ! La céramique résiste aux rayures et à la chaleur. Dans l’idéal d’une épaisseur d’un centimètre pour un effet léger. J’aime l’associer à une crédence miroir pour donner de la profondeur à la pièce, et à un évier sous plan pour le côté pratique et esthétique. »…LE TERRAZZO« Bien qu’il soit devenu » tendance « , j’aime depuis toujours le Terrazzo… au sol, pour le plan de travail d’une cuisine ou pour un meuble de salle de bains, et particulièrement lorsqu’il est teinté de vert ! Il peut être réalisé sur-mesure avec une infinité de possibilités. J’aime aussi travailler avec le béton qui reste intemporel et offre également de nombreuses finitions. »…LES COULEURS NATURELLES« Et particulièrement le gris, le vert, le blanc et le terracotta. D’ailleurs tout mon intérieur tourne autour de ces quatre couleurs ! » Si aujourd’hui le contexte nous oblige à nous tenir à distance, notre envie de partager avec vous reste intacte ! Ce moment nous offre l’opportunité de consacrer du temps à réinventer nos intérieurs, cook(ooner) avec nos proches et surtout prendre soin de nous. Plein de sujets sur lesquels nous pourront échanger prochainement ! En attendant, Charlène et toute notre équipe de partenaires, restent joignables pour vous accompagner dans vos idées et futurs projets.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Charlène Nivet, Casamood, Joyelle WestÉLODIE AIME…Elodie Wehrlen est décoratrice outdoor et architecte paysagiste au sein de sa propre agence Côté Outdoor. Depuis quelques années, en partenariat avec ARCHIK, elle intervient sur des projets variés à Marseille, et aide nos clients à révéler le potentiel de leurs extérieurs. Elle nous ouvre sa fenêtre pour partager ses coups de cœur végétaux et quotidiens !…LE PRINTEMPS« Quelle belle saison ! Les journées commencent à rallonger, les végétaux se révèlent, nous offrant leurs plus belles fleurs. Pour moi, c’est une saison qui invite à vivre dehors. Que l’on ait un extérieur ou non, on se laisse bercer par les rayons de soleil qui se font de plus en plus présents. L’envie de » vert » se faisant ressentir, c’est aussi la période où j’ai le plus de travail ! »…LE VÉGÉTAL« En intérieur comme en extérieur, je l’aime graphique, coloré et la plupart du temps exotique. Je le conçois comme un élément décoratif. Il est rarement mon point de départ, mais souvent « ma cerise sur la gâteau « . Comme le serait un objet, mais un objet vivant ! »…LE LIEN ENTRE INTÉRIEUR ET EXTÉRIEUR« C’est presque devenu ma marque de fabrique. Je suis très attachée au lien entre l’intérieur et l’extérieur, et même parfois au-delà, jusqu’à englober le paysage autour (le ciel, la mer, la colline…). J’envisage l’extérieur comme une vraie pièce de la maison, où dans le Sud de la France, nous pouvons vivre une majeure partie de l’année. J’aime que l’on y attache autant d’importance et de détails que pour un salon d’intérieur par exemple. »…LES PETITS ESPACES« Ce sont souvent ceux où la réflexion est la plus complexe ! Le challenge étant de les rendre plus grands qu’ils ne le sont, de créer des ambiances différentes, d’intégrer un mini bassin ou une terrasse ombragée… Toujours avec justesse et subtilité. Plus il y a de questions et de contraintes, plus le défi est grand. Et je crois que j’aime bien ce genre de défis ! »…LES POTERIES« Les poteries sont souvent l’élément que je préfère utiliser pour intégrer de la matière dans mes projets. Une belle poterie de chez Ravel devient un véritable objet méditerranéen au service du végétal. Blanches, terracota, marron ou avec une touche de couleur, j’aime la diversité des formes. Même si j’avoue avoir un faible pour les formes ovoïdes qui apportent de la douceur et une touche de féminité dans des projets souvent plus géométriques. »…LES CÉRAMIQUES DE CHRISTINA CELESTINO« Je suis absolument fascinée par sa collection Plumage pour Botteganove. Une collection de céramiques pour l’intérieur et l’extérieur qui reproduit le motif de la plume, offrant une version à la fois bohème, moderne et intemporelle. Je l’imagine déjà recouvrant un mur de terrasse, une jardinière ou se révélant subtilement à travers des feuillages graphiques. »…SÉVILLE« Où j’aurais aimé retourner ce printemps… Cette ville est en effet ma plus grande inspiration. Colorée et rythmée, tout est structuré autour du végétal. Les jardins sont un élément essentiel de l’architecture et des habitations. Et les végétaux y sont monumentaux, exotiques et incroyables ! » À défaut de sorties, ouvrez grands vos fenêtres et profitez de cette douce odeur printanière ! Élodie et tous les partenaires ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. C’est le moment de chouchouter vos balconnières, de sortir vos transats et de réfléchir à vos futurs week-ends « au vert ».INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Élodie Wehrlen, Botteganove, ARCHIKCHRYSTEL AIME…L’architecte Chrystel Laporte (Deloubrière), à la tête de son agence Un Jour d’Avril et partenaire d’ARCHIK depuis les tous débuts, nous partage ses petits plaisirs, ses matériaux de prédilection et les tendances qui résonnent pour elle.…LE MOIS D’AVRIL« C’est une période qui a toujours compté pour moi : des rencontres, un achat d’appartement, la naissance d’un enfant… donc naturellement j’en ai fait le nom de mon agence. Avril est synonyme du printemps qui s’installe (encore plein de fraîcheur mais déjà prometteur). La lumière change, les tons sont doux et acidulés. Ce renouveau me donne l’élan pour faire, créer et vivre de nouvelles choses ! »…LES LIEUX QUI RACONTENT DES HISTOIRES« Et ils en racontent tous ! Quand je découvre un bien, j’aime me laisser porter par le lieu, ressentir ses énergies, observer longuement ses perspectives, fermer les yeux et l’écouter, autant que ses occupants ! Une lecture qui me permet d’adorer ses contraintes, d’accepter ses défauts comme ses qualités. De cette imprégnation nait mon inspiration, c’est elle qui guidera mon travail pour transformer l’espace tout en le respectant. »…L’EXCITATION DE LA PAGE BLANCHE« Commencer un nouveau projet est une vraie joie. Comme une pause récréative où seule face à ma page blanche, je me laisse gagner par le plaisir de mettre en ordre, images, couleurs et matériaux, les besoins et envies de mes clients. Tout ce joyeux bazar qui bouillonne dans ma tête dès le lancement d’un projet ! J’aime chercher et aller toujours plus loin que mes premières idées, plus il y a de contraintes plus le projet est enrichissant. Et enfin découvrir si ce que j’ai imaginé en visitant un lieu – parfois soufflé à l’oreille par le lieu lui-même – va fonctionner ! »…LES MATÉRIAUX BRUTS« J’aime utiliser des matériaux qui structurent et surprennent quand on les détourne. Souvent ils s’imposent et donnent de la personnalité à un intérieur. Des éléments en béton brut, épais, qui viendront en opposition avec des accessoires extrêmement fins et délicats. Ou bien du granit, associé à de belles essences de bois. En ce moment, j’ai un faible pour le Terrazzo et ses pépites de couleurs qui apportent du graphisme dans une pièce. »…LA FAÏENCE« Je la mets en scène dans les salles de bains évidemment, où je me sers de leurs formes pour créer un grand décor. Mais j’utilise également la faïence sur des pans de mur entiers, du sol au plafond, là où on ne l’attend pas : un petit espace bureau, une cuisine, une entrée ou encore pour révéler une terrasse en extérieur. Enfin, j’adore la proposer pour des petits détails notamment sur du mobilier, pour habiller par exemple une banquette dans un salon ou une tablette dans une entrée. »…LES COULEURS INDÉFINISSABLES« Inspirées de la nature, sur lesquelles il est parfois dur de mettre un nom ! Des roses poudrés ou saumonés, chauds et doux à la fois, avec des pointes de jaune que j’associe au béton. Des verts tendres, mais pas si tendres, profonds et denses, kakis mais pas vraiment, comme de la mousse en forêt… à marier au bois. L’ocre, que je trouve sublime avec du noir ou des bleus canards très foncés. Le terracota, affirmé mais doux, chic, rouge, bordeaux ou beaucoup mieux que ça… qui se conjugue avec des matériaux bruts. J’aime aussi les blancs pas blancs, et les noirs pas noirs ! Toutes ces couleurs qui se jouent de la lumière et évoluent tout au long d’une journée. »Nous, on a hâte d’être « un jour d’avril »… pour vous accompagner dans vos projets ! En attendant, Chrystel et tous les autres architectes ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. Vous, « stay at home » et profitez-en pour réfléchir à toutes vos envies.MARION BERNARDÀ l’heure des archis stars, l'agence Marion Bernard réhabilite l’aventure collective. Découverte d’une agence qui brouille les pistes pour mieux nous surprendre, crée des espaces à vivre plutôt qu’à seulement habiter.Derrière un nom à l’apparente banalité, un duo lui très singulier. Manon Gaillet et Sylvain Bérard se sont rencontrés sur les bancs du lycée et retrouvés après leurs études d’architecture dans leur ville d’origine : Marseille. Un concours très rapidement gagné les convainc qu’ils sont sur la même longueur d’ondes dans leur vision du métier. Décloisonner l’architecture en y invitant l’art, montrer les pratiques et partager les modes d’expression sera leur leitmotiv dans la réalisation de commandes privées comme publiques. Dans un milieu qui manque souvent d’humour et de recul sur soi, leur ego s’efface avec une volonté de ne pas se prendre au sérieux. « Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. »E—F La signature architecturale est un code ancien. C’est devenu une marque avec les archis stars. Quelle est la signification de la vôtre ?M—B Nous cherchions un nom pour notre agence sans vouloir nous mettre en avant. On m’a appelé Marion toute ma vie et lui Bernard. Ça nous amusait de mixer les deux pour créer un personnage fictif. Sortir de l’égo et rester secret avec la possibilité d’agrandir le collectif (ndlr : ils travaillent depuis les débuts avec l’artiste Romain Magail et l’architecte Fanny Camerlo).L’agence a dix ans cette année. C’est court en terme d’architecture mais déjà long pour réfléchir à des projets. Quel premier bilan tirez-vous de son positionnement singulier ?Que l’on est sur la bonne voie. On a enseigné à l’école d’architecture de Marseille en parallèle des activités de notre agence et on a perçu des gros changements de mentalité. L’architecture de consommation dont l’esthétique n’existe que pour elle-même n’intéresse plus les jeunes élèves d’aujourd’hui. Ils se soucient davantage maintenant de pourquoi ils font les choses, à quoi elles servent, leur bien-fondé pour le quartier, l’importance de la concertation avec les habitants.Les extérieurs peuvent être considérés comme de vraies pièces à vivre dans nombre de vos projets. En quoi la Méditerranée vous inspire-t-elle ?On est de vrais sudistes. On a fait une conférence un jour sur la Méditerranée et comment notre architecture en parlait. Il y a le dedans/dehors bien sûr mais aussi la façon de faire circuler les bruits, de se voir, s’entendre. Offrir la possibilité de vivre les uns sur les autres tout en gardant de l’intimité. Enfin il y a le blanc bien sûr, omniprésent.Vous dites aimer dessiner des espaces à vivre, dont la lecture sols, murs et plafond est très simple…Oui nous sommes des architectes de la coquille, des « espaces capables » comme on dit en architecture. D’où la non couleur, car on ne veut pas que cela soit trop investi par le décoratif, qui lui viendra par le client. On garde la qualité de surface et de lumière mais on n’est pas dans le débat du choix des couleurs ou d’ajouts de matière. Le projet d’un hangar transformé en deux appartements symétriques auxquels on accède par un escalier commun parle beaucoup de cela. Il y avait le vide et maintenant l’habité. C’est très surprenant de voir comment deux familles se sont appropriées un volume identique.Certains de vos projets intégrant des portes cintrées de différentes tailles et des cloisons arrondies ont néanmoins une charge scénique assez poétique… ?Ça participe sans doute de notre amour du théâtre, des décors. Dans son cursus d’études Sylvain a fait l’école Pennhingen et j’ai quant à moi eu la chance d’intégrer l’ENSA de Paris-Malaquais qui avait une nouvelle façon d’enseigner, permettant de choisir tous les six mois une branche de l’architecture (archi, urbanisme, scénographie, design, etc.). J’ai aussi eu l’opportunité par la suite de faire des stages à la Mode en Images à Paris et dans les ateliers d’artistes de la Ville de Marseille qui m’ont beaucoup influencé dans mon approche du métier. Le cube en miroir pour le collectif oracular/vernacular installé à la Maison de vente Leclere, ou l’escalier et ferronneries roses participent aussi de ce besoin de fantaisie.Pourquoi cette prédominance du béton travaillé sous toutes ses formes, couleurs, effets (banchage, crénelage, etc.) ?C’est vrai qu’on aime beaucoup travailler ce matériau. Ses mises en oeuvre sont multiples et il a la chance de pouvoir être à la fois un matériau de gros oeuvre comme de finition. De plus, il vit, vieillit, se patine avec le temps. Ce qui, à nos yeux, représente une qualité. Son défaut serait la note de sa consommation énergétique nécessaire à sa production… On a la chance d’avoir de très bons artisans pour le travailler, patients et curieux. Donc on expérimente avec des maquettes en béton pour pouvoir montrer les vrais rendus au client qui a souvent besoin d’être rassuré.L’art est souvent partie prenante dans vos réalisations. Comment se passe le processus d’intégration d’une oeuvre ?Nous ne faisons pas le choix « d’intégrer de l’art » dans nos projets. Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. Par définition le fait de construire fige. Nous aimons travailler nos projets de sorte à ce que même une fois construits, l’imaginaire de chacun puisse encore s’exercer. Nous avons réalisé dans le quartier de Malmousque à Marseille une terrasse à l’aménagement très minimaliste en raison du fort mistral qui souffle souvent là-bas. Il fallait juste de quoi s’asseoir (une table et un banc) se rafraîchir (une douche) et en visuel l’horizon marin (un petit muret et un garde-corps dont la hauteur cache juste les maisons alentour). Comme le client est un collectionneur d’art, il nous a fait mettre en réserve un emplacement en prévision de l’achat d’une oeuvre. Nous avons dessiné le socle pour que cela puisse être élégant, puis orchestré l’installation de ce sacré tronc par une grue.L’image est très importante dans votre travail. Elle rend sensible des notions de sensualité, de bien-être, de mouvement. Comment naissent-elles ?Là encore ce sont des histoires de collaborations. Que ce soit un lâcher de poussins autour d’un cube (en référence à une installation photo de Thomas Mailaender pour lequel nous avions construit une scénographie), une danseuse évoluant dans l’espace devant l’objectif d’une photographe à qui on avait prêté un lieu, ça peut paraître loufoque mais c’est intéressant parce que cela parle aussi de notre lieu et la façon de l’habiter. On souhaite laisser prochainement les murs à des artistes entre les temps de latence d’un prochain chantier.Vous aimez exposer et réfléchir aux enjeux de l’architecture en invitant vos congénères à des événements. N’est-ce pas aussi une façon de dépasser le cadre de la compétition dans laquelle les agences sont souvent enfermées ?On s’est aperçu que dans la conception comme dans le chantier et les étapes intermédiaires, chaque agence a des méthodes très personnelles de recherche qui fabriquent une esthétique mais questionnent aussi différemment tout le quotidien. Par l’outil, on fabrique la question. Il y a des agences qui ne travaillent que comme cela. C’est par leur brouillon qu’elles esquissent le travail fini. La 3D entérine mais ne permet pas la recherche. Dans la galerie Art-cade de Marseille (exposition « 25 architectes, 5 absents » en 2016) comme au Pavillon de l’Arsenal à Paris (exposition « 30 architectes » en 2017) on a réussi à inviter parmi de nombreuses agences nos préférées. Pas forcément les plus commerciales, mais celles qui expérimentent avec les matières et les concepts.Vous parliez pour un chantier de villa à La Londe esquissé en 2018 de « construire une ruine ». Qu’entendez-vous par là ?Ça revient à notre fantasme d’une architecture qui ne doit pas s’imposer mais exister comme une évidence, s’intégrer au paysage comme si elle avait toujours existé. Cela procède aussi d’une affinité au primitif et matériaux bruts. Une ruine ça n’a plus de toits. Il reste les refends (ndlr : murs porteurs intérieurs). Il y a une mixité entre les intérieurs et extérieurs, un jeu de quinconce, une volonté de brouiller les pistes, ne plus savoir où l’on est. Ça devient une sorte de squelette dans l’environnement végétal comme les oeuvres de l’artiste Rachel Whiteread que l’on adore.Le chantier de l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires (IMVT) qui va faire cohabiter trois écoles (architecture, paysage et urbanisme) est là encore une aventure collective. Avez-vous été surpris de remporter le concours ?Oui car je crois que le ministère a pris un beau risque en récompensant l’humain plutôt qu’une signature. Nous avons répondu à cette commande publique avec les agences np2f et Point Suprême, accompagné de Jacques Lucan, avec qui nous avons un vrai affect que ce soit familial ou amical et une vision commune de ce que doit être l’architecture de demain. Notre réponse ne renvoie pas à une architecture dite d’auteur. Elle s’adresse aux usagers. Elle met l’accent sur la générosité des espaces dessinés, sur la pérennité d’une structure porteuse et son adaptabilité, ce qui nous semble être fondamental de nos jours.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Texte – Eric Foucher Photos – Marion Bernard & Thomas Mailaender Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK
VIRGINIE ET RODOLPHE AIMENT…Virginie Monroe est décoratrice, Rodolphe Roletto est architecte DPLG, ensemble ils fondent Nouvelle Maison Studio, une agence qui crée des « intérieurs à vivre ». Une aventure commune avec ARCHIK qui leur permet de dresser des ponts entre leurs passions : la mode, l’art, l’architecture et le design du XXème siècle.Parce que l’art est subjectif et touche notre sensibilité, il donne à nos intérieurs une dimension très personnelle. Dans cet article Virginie et Rodolphe partagent avec nous la place que prend l’art chez eux et dans leur travail. Ils aiment… …TRAVAILLER EN DUO« Lorsque nous travaillons sur un projet, notre complémentarité se révèle. Nous passons beaucoup de temps à échanger nos points de vue et nos idées, à deux on est plus créatifs mais aussi plus exigeants ! Ainsi nous trouvons ensemble les meilleures solutions lorsque les contraintes se présentent. Nous avons toujours considéré l’architecture, le design et la décoration faisant partie d’un tout dans l’Art et l’expression. Et nous sommes convaincus que l’avenir est de trouver un dialogue cohérent entre cet Art et la Nature, pour poursuivre vers une évolution de plus en plus responsable et durable. »…METTRE EN SCÈNE LES ESPACES« Et raconter une histoire… D’abord visible, grâce aux formes, aux couleurs et aux matières, puis invisible, dans l’harmonisation de ce qui ne se voit pas mais se ressent. Si dans un premier temps c’est pour rendre le lieu esthétique, il s’agit surtout d’en faciliter l’art de la contemplation, essentiel à nos yeux ! Nous prenons toujours le temps nécessaire avant la validation d’un projet définitif pour connaître nos clients, leurs attentes et le lieu qu’ils ont choisi d’investir. Mettre en scène un nouveau lieu de vie ou repenser l’existant, le décorer, le transformer n’est jamais anodin et doit avoir pour but d’embellir le quotidien de ses hôtes. »…VALORISER LES OBJETS FÉTICHES« Si certains objets n’ont à proprement parlé pas de valeur » marchande « , ils peuvent cependant avoir une grande valeur sentimentale pour nos clients. Nous aimons les mettre en valeur comme de véritables œuvres d’art et offrir ainsi un décor unique et très personnel. Ainsi nous demandons systématiquement à nos clients de nous faire part de ce qu’ils possèdent comme pièces d’art ou objets précieux, et s’ils souhaitent les intégrer à leur nouveau décor. Cela donne parfois, le point de départ de notre réflexion. Ces objets renferment quelque chose de très profond, on les achète souvent sur un coup de cœur parce qu’ils nous touchent à un moment précis de notre vie, c’est pourquoi ils sont parfois délicats à mettre en scène par leurs propriétaires. En tant qu’architectes d’intérieur, il nous est plus aisé de les intégrer au décor ou de leurs réserver une place à part entière, et ainsi mettre en valeur une émotion. »…S’INSPIRER DE GRANDS ARCHITECTES« Nous aimons particulièrement le travail de Luis Barragan, et sa façon d’allier la couleur à la lumière qui confère un caractère émotionnel aux lieux qu’il a créé. Le travail admirable de Franck Lloyd Wright, qui fut un des premiers architectes à avoir l’audace d’associer le béton au bois et au métal, avec beaucoup d’esthétisme. Petit faible aussi pour les plafonds d’Alvar Aalto… et tant d’autres… Ils sont pour nous une grande source d’inspiration au quotidien dans une démarche de recherche et d’innovation. Côté peinture, nous sommes sensibles à l’œuvre de l’artiste Zao Wou Ki qui pouvait parfois attendre une heure devant sa toile blanche avant de commencer à peindre, laissant ainsi les éléments autour de lui s’exprimer. Il disait » je veux peindre ce qui ne se voit pas : le souffle, le vent, le mouvement, la vie des formes, l’éclosion des couleurs et leur fusion » et c’est exactement ce que nous recherchons, à chaque nouveau projet ! »…LES MATIÈRES QUI PERDURENT DANS LE TEMPS« Nous avons souvent une préférence pour les matériaux nobles tel que l’argile sèche, le bois, la pierre, qui gardent en mémoire l’histoire d’un lieu et qui se parent d’une belle patine avec le passage du temps. Le carreau de ciment fait également partie de nos matériaux fétiches et nous le proposons très souvent dans nos projets de décoration. On trouve aujourd’hui des motifs design permettant de le détourner du sol et de le poser sur un mur ou en crédence. »…DESSINER DU MOBILIER SUR-MESURE« Une autre facette que nous aimons particulièrement dans notre métier, est d’avoir parfois la possibilité d’aller jusqu’à la conception du mobilier s’intégrant parfaitement à l’intérieur que nous réalisons ! La carte blanche donne envie de créer des pièces uniques n’appartenant qu’à cette histoire. Lorsque le projet le permet, c’est alors pour nous un vrai plaisir de collaborer avec des artisans possédant un savoir-faire inégalable ! Pour repousser les limites de la création, nous aimons travailler avec eux les détails qui font la différence. »…LEUR OBJET LE PLUS PRÉCIEUX« Ou plutôt l’un des plus précieux de notre intérieur, c’est une paire d’étagères en palissandre de Walter Wirz au design très épuré et intemporel… nous avons eu, ensemble, le coup de cœur ! » …(AIMERAIENT) TRAVAILLER POUR UN COLLECTIONNEUR« Réfléchir notre travail autour d’une collection d’œuvres d’art et de mobilier design. Imaginer un parcours, un dialogue entre ces différentes pièces, les intégrer dans des scènes du quotidien tout en leur offrant un écrin chaleureux dans lequel le collectionneur puisse se retrouver en toute simplicité… C’est un projet sur lequel nous rêvons d’avoir la chance de travailler un jour ! »Mettre en scène nos oeuvres d’art et nos objets précieux, les contempler, les laisser nous inspirer, sont des rituels qui contribuent au bien-être que procure notre intérieur. Pourquoi ne pas profiter de ces moments pour une introspection de vos placards à la recherche de vos plus belles pièces ?Nous espérons que Virginie et Rodolphe vous auront inspiré. Comme tous nos partenaires, ils restent présents durant cette période, pour vous délivrer leurs meilleurs conseils.Belle semaine artistique à tous !INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Photos – Elise Oudin Gilles, Virginie & Rodolphe, James CasebereCHARLÈNE AIME…Charlène Nivet est une architecte d’intérieur mordue d’authenticité et amoureuse du mélange des genres. Son développement créatif s’est construit au sein de différents bureaux d’étude pour lesquels elle repensait des intérieurs entiers. Arrivée il y a bientôt quatre ans dans la cité phocéenne, elle a d’abord travaillé deux ans chez Bulthaup où elle a développé une réelle expertise dans la conception d’espaces culinaires, avant de créer « maadn », sa propre agence d'architecture. Partenaire d’ARCHIK depuis quelques mois, c’est à son tour de nous parler de ses inspirations !…LES ENDROITS ABANDONNÉS« J’adore arriver dans un endroit laissé à l’abandon depuis quelques années… Ses éléments, d’un temps passé, me font voyager dans des souvenirs et me racontent son histoire. Les espaces et fonctions y sont distribués selon un autre mode de vie ; les repenser tout en conservant l’âme du lieu est le défi que je préfère ! » …CRÉER LA SURPRISE« Peu friande des tendances, j’aime être hors du temps, que ce soit par les couleurs, les objets ou les matières… Je privilégie les couleurs naturelles. Bien que de nature discrète, j’aime que mes réalisations transpirent de personnalité. »…LE POINT DE DÉPART« L’un des premiers éléments qui va guider ma réflexion est la lumière naturelle. En m’installant dans le Sud, je suis également venue chercher le soleil, c’est important pour moi qu’il rentre de toutes les façons possibles dans un habitat. C’est ce qui donne vie à nos journées, influe sur notre moral et donne un jeu d’ombres et de contrastes dans un espace. Je réfléchis ensuite aux volumes et aux perspectives car ils vont me permettre de définir un peu mieux les points de vue et fonctions à donner à l’habitat. Si ces volumes ne sont pas présents, alors il faut les créer et leur donner du sens, rien n’est hasard, tout a une raison, aussi subtile soit-elle. »…LES CONTRAINTES« Si elles peuvent être perçues comme des défauts, elles sont au contraire pour moi une très bonne introduction à l’imagination. Il ne faut pas en avoir peur, j’en fais même parfois le noyau dur d’un espace ou le point de départ de ma réflexion. Je transforme les contraintes en atouts, autour desquels viennent s’articuler l’espace. Un poteau peut alors devenir un axe sur lequel construire un rangement, une poutre peut créer une ligne, une perspective, une marche peut symboliser une transition entre deux fonctions. »…LES LIGNES« Je suis une » obsédée » des lignes ! Si je devais choisir un élément pour me définir et signer mon identité, ce serait celui-ci. J’aime les effets de perspective, les alignements, les fils conducteurs ou points de fuite. Une ligne me donne envie d’avancer dans un espace, de la suivre physiquement ou avec le regard et j’ai toujours aimé en jouer dans mes projets. Elle peut être en volume, de matière ou en couleur, mais elle donne de la dimension, un rythme et une profondeur à un espace. Par exemple, alors que beaucoup de monde les détestent, les couloirs sont au contraire pour moi un joli terrain de jeu ! »…UNE CUISINE BIEN PENSÉE« La cuisine est pour moi une pièce maîtresse. C’est la pièce qui a le plus évolué au cours de la dernière décennie tant par sa place au sein d’un foyer, que par sa fonction et ses utilisateurs. C’est aussi celle où les contraintes techniques sont les plus importantes et qui demande une réflexion importante afin d’optimiser la place, les déplacements et le confort d’utilisation. Dans mes projets, j’essaie toujours qu’elle soit cohérente avec l’ensemble des lieux. Soit en étant dans une continuité, soit en formant une rupture, mais elle doit avoir du SENS. Je n’hésite pas à jouer avec les lignes des joints, des placards, les alignements de portes, le plan de travail, la crédence, etc. J’aime conjuguer tous ces éléments afin d’en faire une pièce adaptée à l’implantation générale et à l’utilisation quotidienne qu’en font mes clients. »…LES PLANS DE TRAVAIL EN CÉRAMIQUE« Que je recommande par-dessus tout ! La céramique résiste aux rayures et à la chaleur. Dans l’idéal d’une épaisseur d’un centimètre pour un effet léger. J’aime l’associer à une crédence miroir pour donner de la profondeur à la pièce, et à un évier sous plan pour le côté pratique et esthétique. »…LE TERRAZZO« Bien qu’il soit devenu » tendance « , j’aime depuis toujours le Terrazzo… au sol, pour le plan de travail d’une cuisine ou pour un meuble de salle de bains, et particulièrement lorsqu’il est teinté de vert ! Il peut être réalisé sur-mesure avec une infinité de possibilités. J’aime aussi travailler avec le béton qui reste intemporel et offre également de nombreuses finitions. »…LES COULEURS NATURELLES« Et particulièrement le gris, le vert, le blanc et le terracotta. D’ailleurs tout mon intérieur tourne autour de ces quatre couleurs ! » Si aujourd’hui le contexte nous oblige à nous tenir à distance, notre envie de partager avec vous reste intacte ! Ce moment nous offre l’opportunité de consacrer du temps à réinventer nos intérieurs, cook(ooner) avec nos proches et surtout prendre soin de nous. Plein de sujets sur lesquels nous pourront échanger prochainement ! En attendant, Charlène et toute notre équipe de partenaires, restent joignables pour vous accompagner dans vos idées et futurs projets.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Charlène Nivet, Casamood, Joyelle WestÉLODIE AIME…Elodie Wehrlen est décoratrice outdoor et architecte paysagiste au sein de sa propre agence Côté Outdoor. Depuis quelques années, en partenariat avec ARCHIK, elle intervient sur des projets variés à Marseille, et aide nos clients à révéler le potentiel de leurs extérieurs. Elle nous ouvre sa fenêtre pour partager ses coups de cœur végétaux et quotidiens !…LE PRINTEMPS« Quelle belle saison ! Les journées commencent à rallonger, les végétaux se révèlent, nous offrant leurs plus belles fleurs. Pour moi, c’est une saison qui invite à vivre dehors. Que l’on ait un extérieur ou non, on se laisse bercer par les rayons de soleil qui se font de plus en plus présents. L’envie de » vert » se faisant ressentir, c’est aussi la période où j’ai le plus de travail ! »…LE VÉGÉTAL« En intérieur comme en extérieur, je l’aime graphique, coloré et la plupart du temps exotique. Je le conçois comme un élément décoratif. Il est rarement mon point de départ, mais souvent « ma cerise sur la gâteau « . Comme le serait un objet, mais un objet vivant ! »…LE LIEN ENTRE INTÉRIEUR ET EXTÉRIEUR« C’est presque devenu ma marque de fabrique. Je suis très attachée au lien entre l’intérieur et l’extérieur, et même parfois au-delà, jusqu’à englober le paysage autour (le ciel, la mer, la colline…). J’envisage l’extérieur comme une vraie pièce de la maison, où dans le Sud de la France, nous pouvons vivre une majeure partie de l’année. J’aime que l’on y attache autant d’importance et de détails que pour un salon d’intérieur par exemple. »…LES PETITS ESPACES« Ce sont souvent ceux où la réflexion est la plus complexe ! Le challenge étant de les rendre plus grands qu’ils ne le sont, de créer des ambiances différentes, d’intégrer un mini bassin ou une terrasse ombragée… Toujours avec justesse et subtilité. Plus il y a de questions et de contraintes, plus le défi est grand. Et je crois que j’aime bien ce genre de défis ! »…LES POTERIES« Les poteries sont souvent l’élément que je préfère utiliser pour intégrer de la matière dans mes projets. Une belle poterie de chez Ravel devient un véritable objet méditerranéen au service du végétal. Blanches, terracota, marron ou avec une touche de couleur, j’aime la diversité des formes. Même si j’avoue avoir un faible pour les formes ovoïdes qui apportent de la douceur et une touche de féminité dans des projets souvent plus géométriques. »…LES CÉRAMIQUES DE CHRISTINA CELESTINO« Je suis absolument fascinée par sa collection Plumage pour Botteganove. Une collection de céramiques pour l’intérieur et l’extérieur qui reproduit le motif de la plume, offrant une version à la fois bohème, moderne et intemporelle. Je l’imagine déjà recouvrant un mur de terrasse, une jardinière ou se révélant subtilement à travers des feuillages graphiques. »…SÉVILLE« Où j’aurais aimé retourner ce printemps… Cette ville est en effet ma plus grande inspiration. Colorée et rythmée, tout est structuré autour du végétal. Les jardins sont un élément essentiel de l’architecture et des habitations. Et les végétaux y sont monumentaux, exotiques et incroyables ! » À défaut de sorties, ouvrez grands vos fenêtres et profitez de cette douce odeur printanière ! Élodie et tous les partenaires ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. C’est le moment de chouchouter vos balconnières, de sortir vos transats et de réfléchir à vos futurs week-ends « au vert ».INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Élodie Wehrlen, Botteganove, ARCHIKCHRYSTEL AIME…L’architecte Chrystel Laporte (Deloubrière), à la tête de son agence Un Jour d’Avril et partenaire d’ARCHIK depuis les tous débuts, nous partage ses petits plaisirs, ses matériaux de prédilection et les tendances qui résonnent pour elle.…LE MOIS D’AVRIL« C’est une période qui a toujours compté pour moi : des rencontres, un achat d’appartement, la naissance d’un enfant… donc naturellement j’en ai fait le nom de mon agence. Avril est synonyme du printemps qui s’installe (encore plein de fraîcheur mais déjà prometteur). La lumière change, les tons sont doux et acidulés. Ce renouveau me donne l’élan pour faire, créer et vivre de nouvelles choses ! »…LES LIEUX QUI RACONTENT DES HISTOIRES« Et ils en racontent tous ! Quand je découvre un bien, j’aime me laisser porter par le lieu, ressentir ses énergies, observer longuement ses perspectives, fermer les yeux et l’écouter, autant que ses occupants ! Une lecture qui me permet d’adorer ses contraintes, d’accepter ses défauts comme ses qualités. De cette imprégnation nait mon inspiration, c’est elle qui guidera mon travail pour transformer l’espace tout en le respectant. »…L’EXCITATION DE LA PAGE BLANCHE« Commencer un nouveau projet est une vraie joie. Comme une pause récréative où seule face à ma page blanche, je me laisse gagner par le plaisir de mettre en ordre, images, couleurs et matériaux, les besoins et envies de mes clients. Tout ce joyeux bazar qui bouillonne dans ma tête dès le lancement d’un projet ! J’aime chercher et aller toujours plus loin que mes premières idées, plus il y a de contraintes plus le projet est enrichissant. Et enfin découvrir si ce que j’ai imaginé en visitant un lieu – parfois soufflé à l’oreille par le lieu lui-même – va fonctionner ! »…LES MATÉRIAUX BRUTS« J’aime utiliser des matériaux qui structurent et surprennent quand on les détourne. Souvent ils s’imposent et donnent de la personnalité à un intérieur. Des éléments en béton brut, épais, qui viendront en opposition avec des accessoires extrêmement fins et délicats. Ou bien du granit, associé à de belles essences de bois. En ce moment, j’ai un faible pour le Terrazzo et ses pépites de couleurs qui apportent du graphisme dans une pièce. »…LA FAÏENCE« Je la mets en scène dans les salles de bains évidemment, où je me sers de leurs formes pour créer un grand décor. Mais j’utilise également la faïence sur des pans de mur entiers, du sol au plafond, là où on ne l’attend pas : un petit espace bureau, une cuisine, une entrée ou encore pour révéler une terrasse en extérieur. Enfin, j’adore la proposer pour des petits détails notamment sur du mobilier, pour habiller par exemple une banquette dans un salon ou une tablette dans une entrée. »…LES COULEURS INDÉFINISSABLES« Inspirées de la nature, sur lesquelles il est parfois dur de mettre un nom ! Des roses poudrés ou saumonés, chauds et doux à la fois, avec des pointes de jaune que j’associe au béton. Des verts tendres, mais pas si tendres, profonds et denses, kakis mais pas vraiment, comme de la mousse en forêt… à marier au bois. L’ocre, que je trouve sublime avec du noir ou des bleus canards très foncés. Le terracota, affirmé mais doux, chic, rouge, bordeaux ou beaucoup mieux que ça… qui se conjugue avec des matériaux bruts. J’aime aussi les blancs pas blancs, et les noirs pas noirs ! Toutes ces couleurs qui se jouent de la lumière et évoluent tout au long d’une journée. »Nous, on a hâte d’être « un jour d’avril »… pour vous accompagner dans vos projets ! En attendant, Chrystel et tous les autres architectes ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. Vous, « stay at home » et profitez-en pour réfléchir à toutes vos envies.MARION BERNARDÀ l’heure des archis stars, l'agence Marion Bernard réhabilite l’aventure collective. Découverte d’une agence qui brouille les pistes pour mieux nous surprendre, crée des espaces à vivre plutôt qu’à seulement habiter.Derrière un nom à l’apparente banalité, un duo lui très singulier. Manon Gaillet et Sylvain Bérard se sont rencontrés sur les bancs du lycée et retrouvés après leurs études d’architecture dans leur ville d’origine : Marseille. Un concours très rapidement gagné les convainc qu’ils sont sur la même longueur d’ondes dans leur vision du métier. Décloisonner l’architecture en y invitant l’art, montrer les pratiques et partager les modes d’expression sera leur leitmotiv dans la réalisation de commandes privées comme publiques. Dans un milieu qui manque souvent d’humour et de recul sur soi, leur ego s’efface avec une volonté de ne pas se prendre au sérieux. « Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. »E—F La signature architecturale est un code ancien. C’est devenu une marque avec les archis stars. Quelle est la signification de la vôtre ?M—B Nous cherchions un nom pour notre agence sans vouloir nous mettre en avant. On m’a appelé Marion toute ma vie et lui Bernard. Ça nous amusait de mixer les deux pour créer un personnage fictif. Sortir de l’égo et rester secret avec la possibilité d’agrandir le collectif (ndlr : ils travaillent depuis les débuts avec l’artiste Romain Magail et l’architecte Fanny Camerlo).L’agence a dix ans cette année. C’est court en terme d’architecture mais déjà long pour réfléchir à des projets. Quel premier bilan tirez-vous de son positionnement singulier ?Que l’on est sur la bonne voie. On a enseigné à l’école d’architecture de Marseille en parallèle des activités de notre agence et on a perçu des gros changements de mentalité. L’architecture de consommation dont l’esthétique n’existe que pour elle-même n’intéresse plus les jeunes élèves d’aujourd’hui. Ils se soucient davantage maintenant de pourquoi ils font les choses, à quoi elles servent, leur bien-fondé pour le quartier, l’importance de la concertation avec les habitants.Les extérieurs peuvent être considérés comme de vraies pièces à vivre dans nombre de vos projets. En quoi la Méditerranée vous inspire-t-elle ?On est de vrais sudistes. On a fait une conférence un jour sur la Méditerranée et comment notre architecture en parlait. Il y a le dedans/dehors bien sûr mais aussi la façon de faire circuler les bruits, de se voir, s’entendre. Offrir la possibilité de vivre les uns sur les autres tout en gardant de l’intimité. Enfin il y a le blanc bien sûr, omniprésent.Vous dites aimer dessiner des espaces à vivre, dont la lecture sols, murs et plafond est très simple…Oui nous sommes des architectes de la coquille, des « espaces capables » comme on dit en architecture. D’où la non couleur, car on ne veut pas que cela soit trop investi par le décoratif, qui lui viendra par le client. On garde la qualité de surface et de lumière mais on n’est pas dans le débat du choix des couleurs ou d’ajouts de matière. Le projet d’un hangar transformé en deux appartements symétriques auxquels on accède par un escalier commun parle beaucoup de cela. Il y avait le vide et maintenant l’habité. C’est très surprenant de voir comment deux familles se sont appropriées un volume identique.Certains de vos projets intégrant des portes cintrées de différentes tailles et des cloisons arrondies ont néanmoins une charge scénique assez poétique… ?Ça participe sans doute de notre amour du théâtre, des décors. Dans son cursus d’études Sylvain a fait l’école Pennhingen et j’ai quant à moi eu la chance d’intégrer l’ENSA de Paris-Malaquais qui avait une nouvelle façon d’enseigner, permettant de choisir tous les six mois une branche de l’architecture (archi, urbanisme, scénographie, design, etc.). J’ai aussi eu l’opportunité par la suite de faire des stages à la Mode en Images à Paris et dans les ateliers d’artistes de la Ville de Marseille qui m’ont beaucoup influencé dans mon approche du métier. Le cube en miroir pour le collectif oracular/vernacular installé à la Maison de vente Leclere, ou l’escalier et ferronneries roses participent aussi de ce besoin de fantaisie.Pourquoi cette prédominance du béton travaillé sous toutes ses formes, couleurs, effets (banchage, crénelage, etc.) ?C’est vrai qu’on aime beaucoup travailler ce matériau. Ses mises en oeuvre sont multiples et il a la chance de pouvoir être à la fois un matériau de gros oeuvre comme de finition. De plus, il vit, vieillit, se patine avec le temps. Ce qui, à nos yeux, représente une qualité. Son défaut serait la note de sa consommation énergétique nécessaire à sa production… On a la chance d’avoir de très bons artisans pour le travailler, patients et curieux. Donc on expérimente avec des maquettes en béton pour pouvoir montrer les vrais rendus au client qui a souvent besoin d’être rassuré.L’art est souvent partie prenante dans vos réalisations. Comment se passe le processus d’intégration d’une oeuvre ?Nous ne faisons pas le choix « d’intégrer de l’art » dans nos projets. Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. Par définition le fait de construire fige. Nous aimons travailler nos projets de sorte à ce que même une fois construits, l’imaginaire de chacun puisse encore s’exercer. Nous avons réalisé dans le quartier de Malmousque à Marseille une terrasse à l’aménagement très minimaliste en raison du fort mistral qui souffle souvent là-bas. Il fallait juste de quoi s’asseoir (une table et un banc) se rafraîchir (une douche) et en visuel l’horizon marin (un petit muret et un garde-corps dont la hauteur cache juste les maisons alentour). Comme le client est un collectionneur d’art, il nous a fait mettre en réserve un emplacement en prévision de l’achat d’une oeuvre. Nous avons dessiné le socle pour que cela puisse être élégant, puis orchestré l’installation de ce sacré tronc par une grue.L’image est très importante dans votre travail. Elle rend sensible des notions de sensualité, de bien-être, de mouvement. Comment naissent-elles ?Là encore ce sont des histoires de collaborations. Que ce soit un lâcher de poussins autour d’un cube (en référence à une installation photo de Thomas Mailaender pour lequel nous avions construit une scénographie), une danseuse évoluant dans l’espace devant l’objectif d’une photographe à qui on avait prêté un lieu, ça peut paraître loufoque mais c’est intéressant parce que cela parle aussi de notre lieu et la façon de l’habiter. On souhaite laisser prochainement les murs à des artistes entre les temps de latence d’un prochain chantier.Vous aimez exposer et réfléchir aux enjeux de l’architecture en invitant vos congénères à des événements. N’est-ce pas aussi une façon de dépasser le cadre de la compétition dans laquelle les agences sont souvent enfermées ?On s’est aperçu que dans la conception comme dans le chantier et les étapes intermédiaires, chaque agence a des méthodes très personnelles de recherche qui fabriquent une esthétique mais questionnent aussi différemment tout le quotidien. Par l’outil, on fabrique la question. Il y a des agences qui ne travaillent que comme cela. C’est par leur brouillon qu’elles esquissent le travail fini. La 3D entérine mais ne permet pas la recherche. Dans la galerie Art-cade de Marseille (exposition « 25 architectes, 5 absents » en 2016) comme au Pavillon de l’Arsenal à Paris (exposition « 30 architectes » en 2017) on a réussi à inviter parmi de nombreuses agences nos préférées. Pas forcément les plus commerciales, mais celles qui expérimentent avec les matières et les concepts.Vous parliez pour un chantier de villa à La Londe esquissé en 2018 de « construire une ruine ». Qu’entendez-vous par là ?Ça revient à notre fantasme d’une architecture qui ne doit pas s’imposer mais exister comme une évidence, s’intégrer au paysage comme si elle avait toujours existé. Cela procède aussi d’une affinité au primitif et matériaux bruts. Une ruine ça n’a plus de toits. Il reste les refends (ndlr : murs porteurs intérieurs). Il y a une mixité entre les intérieurs et extérieurs, un jeu de quinconce, une volonté de brouiller les pistes, ne plus savoir où l’on est. Ça devient une sorte de squelette dans l’environnement végétal comme les oeuvres de l’artiste Rachel Whiteread que l’on adore.Le chantier de l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires (IMVT) qui va faire cohabiter trois écoles (architecture, paysage et urbanisme) est là encore une aventure collective. Avez-vous été surpris de remporter le concours ?Oui car je crois que le ministère a pris un beau risque en récompensant l’humain plutôt qu’une signature. Nous avons répondu à cette commande publique avec les agences np2f et Point Suprême, accompagné de Jacques Lucan, avec qui nous avons un vrai affect que ce soit familial ou amical et une vision commune de ce que doit être l’architecture de demain. Notre réponse ne renvoie pas à une architecture dite d’auteur. Elle s’adresse aux usagers. Elle met l’accent sur la générosité des espaces dessinés, sur la pérennité d’une structure porteuse et son adaptabilité, ce qui nous semble être fondamental de nos jours.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Texte – Eric Foucher Photos – Marion Bernard & Thomas Mailaender Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK
CHARLÈNE AIME…Charlène Nivet est une architecte d’intérieur mordue d’authenticité et amoureuse du mélange des genres. Son développement créatif s’est construit au sein de différents bureaux d’étude pour lesquels elle repensait des intérieurs entiers. Arrivée il y a bientôt quatre ans dans la cité phocéenne, elle a d’abord travaillé deux ans chez Bulthaup où elle a développé une réelle expertise dans la conception d’espaces culinaires, avant de créer « maadn », sa propre agence d'architecture. Partenaire d’ARCHIK depuis quelques mois, c’est à son tour de nous parler de ses inspirations !…LES ENDROITS ABANDONNÉS« J’adore arriver dans un endroit laissé à l’abandon depuis quelques années… Ses éléments, d’un temps passé, me font voyager dans des souvenirs et me racontent son histoire. Les espaces et fonctions y sont distribués selon un autre mode de vie ; les repenser tout en conservant l’âme du lieu est le défi que je préfère ! » …CRÉER LA SURPRISE« Peu friande des tendances, j’aime être hors du temps, que ce soit par les couleurs, les objets ou les matières… Je privilégie les couleurs naturelles. Bien que de nature discrète, j’aime que mes réalisations transpirent de personnalité. »…LE POINT DE DÉPART« L’un des premiers éléments qui va guider ma réflexion est la lumière naturelle. En m’installant dans le Sud, je suis également venue chercher le soleil, c’est important pour moi qu’il rentre de toutes les façons possibles dans un habitat. C’est ce qui donne vie à nos journées, influe sur notre moral et donne un jeu d’ombres et de contrastes dans un espace. Je réfléchis ensuite aux volumes et aux perspectives car ils vont me permettre de définir un peu mieux les points de vue et fonctions à donner à l’habitat. Si ces volumes ne sont pas présents, alors il faut les créer et leur donner du sens, rien n’est hasard, tout a une raison, aussi subtile soit-elle. »…LES CONTRAINTES« Si elles peuvent être perçues comme des défauts, elles sont au contraire pour moi une très bonne introduction à l’imagination. Il ne faut pas en avoir peur, j’en fais même parfois le noyau dur d’un espace ou le point de départ de ma réflexion. Je transforme les contraintes en atouts, autour desquels viennent s’articuler l’espace. Un poteau peut alors devenir un axe sur lequel construire un rangement, une poutre peut créer une ligne, une perspective, une marche peut symboliser une transition entre deux fonctions. »…LES LIGNES« Je suis une » obsédée » des lignes ! Si je devais choisir un élément pour me définir et signer mon identité, ce serait celui-ci. J’aime les effets de perspective, les alignements, les fils conducteurs ou points de fuite. Une ligne me donne envie d’avancer dans un espace, de la suivre physiquement ou avec le regard et j’ai toujours aimé en jouer dans mes projets. Elle peut être en volume, de matière ou en couleur, mais elle donne de la dimension, un rythme et une profondeur à un espace. Par exemple, alors que beaucoup de monde les détestent, les couloirs sont au contraire pour moi un joli terrain de jeu ! »…UNE CUISINE BIEN PENSÉE« La cuisine est pour moi une pièce maîtresse. C’est la pièce qui a le plus évolué au cours de la dernière décennie tant par sa place au sein d’un foyer, que par sa fonction et ses utilisateurs. C’est aussi celle où les contraintes techniques sont les plus importantes et qui demande une réflexion importante afin d’optimiser la place, les déplacements et le confort d’utilisation. Dans mes projets, j’essaie toujours qu’elle soit cohérente avec l’ensemble des lieux. Soit en étant dans une continuité, soit en formant une rupture, mais elle doit avoir du SENS. Je n’hésite pas à jouer avec les lignes des joints, des placards, les alignements de portes, le plan de travail, la crédence, etc. J’aime conjuguer tous ces éléments afin d’en faire une pièce adaptée à l’implantation générale et à l’utilisation quotidienne qu’en font mes clients. »…LES PLANS DE TRAVAIL EN CÉRAMIQUE« Que je recommande par-dessus tout ! La céramique résiste aux rayures et à la chaleur. Dans l’idéal d’une épaisseur d’un centimètre pour un effet léger. J’aime l’associer à une crédence miroir pour donner de la profondeur à la pièce, et à un évier sous plan pour le côté pratique et esthétique. »…LE TERRAZZO« Bien qu’il soit devenu » tendance « , j’aime depuis toujours le Terrazzo… au sol, pour le plan de travail d’une cuisine ou pour un meuble de salle de bains, et particulièrement lorsqu’il est teinté de vert ! Il peut être réalisé sur-mesure avec une infinité de possibilités. J’aime aussi travailler avec le béton qui reste intemporel et offre également de nombreuses finitions. »…LES COULEURS NATURELLES« Et particulièrement le gris, le vert, le blanc et le terracotta. D’ailleurs tout mon intérieur tourne autour de ces quatre couleurs ! » Si aujourd’hui le contexte nous oblige à nous tenir à distance, notre envie de partager avec vous reste intacte ! Ce moment nous offre l’opportunité de consacrer du temps à réinventer nos intérieurs, cook(ooner) avec nos proches et surtout prendre soin de nous. Plein de sujets sur lesquels nous pourront échanger prochainement ! En attendant, Charlène et toute notre équipe de partenaires, restent joignables pour vous accompagner dans vos idées et futurs projets.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Charlène Nivet, Casamood, Joyelle WestÉLODIE AIME…Elodie Wehrlen est décoratrice outdoor et architecte paysagiste au sein de sa propre agence Côté Outdoor. Depuis quelques années, en partenariat avec ARCHIK, elle intervient sur des projets variés à Marseille, et aide nos clients à révéler le potentiel de leurs extérieurs. Elle nous ouvre sa fenêtre pour partager ses coups de cœur végétaux et quotidiens !…LE PRINTEMPS« Quelle belle saison ! Les journées commencent à rallonger, les végétaux se révèlent, nous offrant leurs plus belles fleurs. Pour moi, c’est une saison qui invite à vivre dehors. Que l’on ait un extérieur ou non, on se laisse bercer par les rayons de soleil qui se font de plus en plus présents. L’envie de » vert » se faisant ressentir, c’est aussi la période où j’ai le plus de travail ! »…LE VÉGÉTAL« En intérieur comme en extérieur, je l’aime graphique, coloré et la plupart du temps exotique. Je le conçois comme un élément décoratif. Il est rarement mon point de départ, mais souvent « ma cerise sur la gâteau « . Comme le serait un objet, mais un objet vivant ! »…LE LIEN ENTRE INTÉRIEUR ET EXTÉRIEUR« C’est presque devenu ma marque de fabrique. Je suis très attachée au lien entre l’intérieur et l’extérieur, et même parfois au-delà, jusqu’à englober le paysage autour (le ciel, la mer, la colline…). J’envisage l’extérieur comme une vraie pièce de la maison, où dans le Sud de la France, nous pouvons vivre une majeure partie de l’année. J’aime que l’on y attache autant d’importance et de détails que pour un salon d’intérieur par exemple. »…LES PETITS ESPACES« Ce sont souvent ceux où la réflexion est la plus complexe ! Le challenge étant de les rendre plus grands qu’ils ne le sont, de créer des ambiances différentes, d’intégrer un mini bassin ou une terrasse ombragée… Toujours avec justesse et subtilité. Plus il y a de questions et de contraintes, plus le défi est grand. Et je crois que j’aime bien ce genre de défis ! »…LES POTERIES« Les poteries sont souvent l’élément que je préfère utiliser pour intégrer de la matière dans mes projets. Une belle poterie de chez Ravel devient un véritable objet méditerranéen au service du végétal. Blanches, terracota, marron ou avec une touche de couleur, j’aime la diversité des formes. Même si j’avoue avoir un faible pour les formes ovoïdes qui apportent de la douceur et une touche de féminité dans des projets souvent plus géométriques. »…LES CÉRAMIQUES DE CHRISTINA CELESTINO« Je suis absolument fascinée par sa collection Plumage pour Botteganove. Une collection de céramiques pour l’intérieur et l’extérieur qui reproduit le motif de la plume, offrant une version à la fois bohème, moderne et intemporelle. Je l’imagine déjà recouvrant un mur de terrasse, une jardinière ou se révélant subtilement à travers des feuillages graphiques. »…SÉVILLE« Où j’aurais aimé retourner ce printemps… Cette ville est en effet ma plus grande inspiration. Colorée et rythmée, tout est structuré autour du végétal. Les jardins sont un élément essentiel de l’architecture et des habitations. Et les végétaux y sont monumentaux, exotiques et incroyables ! » À défaut de sorties, ouvrez grands vos fenêtres et profitez de cette douce odeur printanière ! Élodie et tous les partenaires ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. C’est le moment de chouchouter vos balconnières, de sortir vos transats et de réfléchir à vos futurs week-ends « au vert ».INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Élodie Wehrlen, Botteganove, ARCHIKCHRYSTEL AIME…L’architecte Chrystel Laporte (Deloubrière), à la tête de son agence Un Jour d’Avril et partenaire d’ARCHIK depuis les tous débuts, nous partage ses petits plaisirs, ses matériaux de prédilection et les tendances qui résonnent pour elle.…LE MOIS D’AVRIL« C’est une période qui a toujours compté pour moi : des rencontres, un achat d’appartement, la naissance d’un enfant… donc naturellement j’en ai fait le nom de mon agence. Avril est synonyme du printemps qui s’installe (encore plein de fraîcheur mais déjà prometteur). La lumière change, les tons sont doux et acidulés. Ce renouveau me donne l’élan pour faire, créer et vivre de nouvelles choses ! »…LES LIEUX QUI RACONTENT DES HISTOIRES« Et ils en racontent tous ! Quand je découvre un bien, j’aime me laisser porter par le lieu, ressentir ses énergies, observer longuement ses perspectives, fermer les yeux et l’écouter, autant que ses occupants ! Une lecture qui me permet d’adorer ses contraintes, d’accepter ses défauts comme ses qualités. De cette imprégnation nait mon inspiration, c’est elle qui guidera mon travail pour transformer l’espace tout en le respectant. »…L’EXCITATION DE LA PAGE BLANCHE« Commencer un nouveau projet est une vraie joie. Comme une pause récréative où seule face à ma page blanche, je me laisse gagner par le plaisir de mettre en ordre, images, couleurs et matériaux, les besoins et envies de mes clients. Tout ce joyeux bazar qui bouillonne dans ma tête dès le lancement d’un projet ! J’aime chercher et aller toujours plus loin que mes premières idées, plus il y a de contraintes plus le projet est enrichissant. Et enfin découvrir si ce que j’ai imaginé en visitant un lieu – parfois soufflé à l’oreille par le lieu lui-même – va fonctionner ! »…LES MATÉRIAUX BRUTS« J’aime utiliser des matériaux qui structurent et surprennent quand on les détourne. Souvent ils s’imposent et donnent de la personnalité à un intérieur. Des éléments en béton brut, épais, qui viendront en opposition avec des accessoires extrêmement fins et délicats. Ou bien du granit, associé à de belles essences de bois. En ce moment, j’ai un faible pour le Terrazzo et ses pépites de couleurs qui apportent du graphisme dans une pièce. »…LA FAÏENCE« Je la mets en scène dans les salles de bains évidemment, où je me sers de leurs formes pour créer un grand décor. Mais j’utilise également la faïence sur des pans de mur entiers, du sol au plafond, là où on ne l’attend pas : un petit espace bureau, une cuisine, une entrée ou encore pour révéler une terrasse en extérieur. Enfin, j’adore la proposer pour des petits détails notamment sur du mobilier, pour habiller par exemple une banquette dans un salon ou une tablette dans une entrée. »…LES COULEURS INDÉFINISSABLES« Inspirées de la nature, sur lesquelles il est parfois dur de mettre un nom ! Des roses poudrés ou saumonés, chauds et doux à la fois, avec des pointes de jaune que j’associe au béton. Des verts tendres, mais pas si tendres, profonds et denses, kakis mais pas vraiment, comme de la mousse en forêt… à marier au bois. L’ocre, que je trouve sublime avec du noir ou des bleus canards très foncés. Le terracota, affirmé mais doux, chic, rouge, bordeaux ou beaucoup mieux que ça… qui se conjugue avec des matériaux bruts. J’aime aussi les blancs pas blancs, et les noirs pas noirs ! Toutes ces couleurs qui se jouent de la lumière et évoluent tout au long d’une journée. »Nous, on a hâte d’être « un jour d’avril »… pour vous accompagner dans vos projets ! En attendant, Chrystel et tous les autres architectes ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. Vous, « stay at home » et profitez-en pour réfléchir à toutes vos envies.MARION BERNARDÀ l’heure des archis stars, l'agence Marion Bernard réhabilite l’aventure collective. Découverte d’une agence qui brouille les pistes pour mieux nous surprendre, crée des espaces à vivre plutôt qu’à seulement habiter.Derrière un nom à l’apparente banalité, un duo lui très singulier. Manon Gaillet et Sylvain Bérard se sont rencontrés sur les bancs du lycée et retrouvés après leurs études d’architecture dans leur ville d’origine : Marseille. Un concours très rapidement gagné les convainc qu’ils sont sur la même longueur d’ondes dans leur vision du métier. Décloisonner l’architecture en y invitant l’art, montrer les pratiques et partager les modes d’expression sera leur leitmotiv dans la réalisation de commandes privées comme publiques. Dans un milieu qui manque souvent d’humour et de recul sur soi, leur ego s’efface avec une volonté de ne pas se prendre au sérieux. « Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. »E—F La signature architecturale est un code ancien. C’est devenu une marque avec les archis stars. Quelle est la signification de la vôtre ?M—B Nous cherchions un nom pour notre agence sans vouloir nous mettre en avant. On m’a appelé Marion toute ma vie et lui Bernard. Ça nous amusait de mixer les deux pour créer un personnage fictif. Sortir de l’égo et rester secret avec la possibilité d’agrandir le collectif (ndlr : ils travaillent depuis les débuts avec l’artiste Romain Magail et l’architecte Fanny Camerlo).L’agence a dix ans cette année. C’est court en terme d’architecture mais déjà long pour réfléchir à des projets. Quel premier bilan tirez-vous de son positionnement singulier ?Que l’on est sur la bonne voie. On a enseigné à l’école d’architecture de Marseille en parallèle des activités de notre agence et on a perçu des gros changements de mentalité. L’architecture de consommation dont l’esthétique n’existe que pour elle-même n’intéresse plus les jeunes élèves d’aujourd’hui. Ils se soucient davantage maintenant de pourquoi ils font les choses, à quoi elles servent, leur bien-fondé pour le quartier, l’importance de la concertation avec les habitants.Les extérieurs peuvent être considérés comme de vraies pièces à vivre dans nombre de vos projets. En quoi la Méditerranée vous inspire-t-elle ?On est de vrais sudistes. On a fait une conférence un jour sur la Méditerranée et comment notre architecture en parlait. Il y a le dedans/dehors bien sûr mais aussi la façon de faire circuler les bruits, de se voir, s’entendre. Offrir la possibilité de vivre les uns sur les autres tout en gardant de l’intimité. Enfin il y a le blanc bien sûr, omniprésent.Vous dites aimer dessiner des espaces à vivre, dont la lecture sols, murs et plafond est très simple…Oui nous sommes des architectes de la coquille, des « espaces capables » comme on dit en architecture. D’où la non couleur, car on ne veut pas que cela soit trop investi par le décoratif, qui lui viendra par le client. On garde la qualité de surface et de lumière mais on n’est pas dans le débat du choix des couleurs ou d’ajouts de matière. Le projet d’un hangar transformé en deux appartements symétriques auxquels on accède par un escalier commun parle beaucoup de cela. Il y avait le vide et maintenant l’habité. C’est très surprenant de voir comment deux familles se sont appropriées un volume identique.Certains de vos projets intégrant des portes cintrées de différentes tailles et des cloisons arrondies ont néanmoins une charge scénique assez poétique… ?Ça participe sans doute de notre amour du théâtre, des décors. Dans son cursus d’études Sylvain a fait l’école Pennhingen et j’ai quant à moi eu la chance d’intégrer l’ENSA de Paris-Malaquais qui avait une nouvelle façon d’enseigner, permettant de choisir tous les six mois une branche de l’architecture (archi, urbanisme, scénographie, design, etc.). J’ai aussi eu l’opportunité par la suite de faire des stages à la Mode en Images à Paris et dans les ateliers d’artistes de la Ville de Marseille qui m’ont beaucoup influencé dans mon approche du métier. Le cube en miroir pour le collectif oracular/vernacular installé à la Maison de vente Leclere, ou l’escalier et ferronneries roses participent aussi de ce besoin de fantaisie.Pourquoi cette prédominance du béton travaillé sous toutes ses formes, couleurs, effets (banchage, crénelage, etc.) ?C’est vrai qu’on aime beaucoup travailler ce matériau. Ses mises en oeuvre sont multiples et il a la chance de pouvoir être à la fois un matériau de gros oeuvre comme de finition. De plus, il vit, vieillit, se patine avec le temps. Ce qui, à nos yeux, représente une qualité. Son défaut serait la note de sa consommation énergétique nécessaire à sa production… On a la chance d’avoir de très bons artisans pour le travailler, patients et curieux. Donc on expérimente avec des maquettes en béton pour pouvoir montrer les vrais rendus au client qui a souvent besoin d’être rassuré.L’art est souvent partie prenante dans vos réalisations. Comment se passe le processus d’intégration d’une oeuvre ?Nous ne faisons pas le choix « d’intégrer de l’art » dans nos projets. Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. Par définition le fait de construire fige. Nous aimons travailler nos projets de sorte à ce que même une fois construits, l’imaginaire de chacun puisse encore s’exercer. Nous avons réalisé dans le quartier de Malmousque à Marseille une terrasse à l’aménagement très minimaliste en raison du fort mistral qui souffle souvent là-bas. Il fallait juste de quoi s’asseoir (une table et un banc) se rafraîchir (une douche) et en visuel l’horizon marin (un petit muret et un garde-corps dont la hauteur cache juste les maisons alentour). Comme le client est un collectionneur d’art, il nous a fait mettre en réserve un emplacement en prévision de l’achat d’une oeuvre. Nous avons dessiné le socle pour que cela puisse être élégant, puis orchestré l’installation de ce sacré tronc par une grue.L’image est très importante dans votre travail. Elle rend sensible des notions de sensualité, de bien-être, de mouvement. Comment naissent-elles ?Là encore ce sont des histoires de collaborations. Que ce soit un lâcher de poussins autour d’un cube (en référence à une installation photo de Thomas Mailaender pour lequel nous avions construit une scénographie), une danseuse évoluant dans l’espace devant l’objectif d’une photographe à qui on avait prêté un lieu, ça peut paraître loufoque mais c’est intéressant parce que cela parle aussi de notre lieu et la façon de l’habiter. On souhaite laisser prochainement les murs à des artistes entre les temps de latence d’un prochain chantier.Vous aimez exposer et réfléchir aux enjeux de l’architecture en invitant vos congénères à des événements. N’est-ce pas aussi une façon de dépasser le cadre de la compétition dans laquelle les agences sont souvent enfermées ?On s’est aperçu que dans la conception comme dans le chantier et les étapes intermédiaires, chaque agence a des méthodes très personnelles de recherche qui fabriquent une esthétique mais questionnent aussi différemment tout le quotidien. Par l’outil, on fabrique la question. Il y a des agences qui ne travaillent que comme cela. C’est par leur brouillon qu’elles esquissent le travail fini. La 3D entérine mais ne permet pas la recherche. Dans la galerie Art-cade de Marseille (exposition « 25 architectes, 5 absents » en 2016) comme au Pavillon de l’Arsenal à Paris (exposition « 30 architectes » en 2017) on a réussi à inviter parmi de nombreuses agences nos préférées. Pas forcément les plus commerciales, mais celles qui expérimentent avec les matières et les concepts.Vous parliez pour un chantier de villa à La Londe esquissé en 2018 de « construire une ruine ». Qu’entendez-vous par là ?Ça revient à notre fantasme d’une architecture qui ne doit pas s’imposer mais exister comme une évidence, s’intégrer au paysage comme si elle avait toujours existé. Cela procède aussi d’une affinité au primitif et matériaux bruts. Une ruine ça n’a plus de toits. Il reste les refends (ndlr : murs porteurs intérieurs). Il y a une mixité entre les intérieurs et extérieurs, un jeu de quinconce, une volonté de brouiller les pistes, ne plus savoir où l’on est. Ça devient une sorte de squelette dans l’environnement végétal comme les oeuvres de l’artiste Rachel Whiteread que l’on adore.Le chantier de l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires (IMVT) qui va faire cohabiter trois écoles (architecture, paysage et urbanisme) est là encore une aventure collective. Avez-vous été surpris de remporter le concours ?Oui car je crois que le ministère a pris un beau risque en récompensant l’humain plutôt qu’une signature. Nous avons répondu à cette commande publique avec les agences np2f et Point Suprême, accompagné de Jacques Lucan, avec qui nous avons un vrai affect que ce soit familial ou amical et une vision commune de ce que doit être l’architecture de demain. Notre réponse ne renvoie pas à une architecture dite d’auteur. Elle s’adresse aux usagers. Elle met l’accent sur la générosité des espaces dessinés, sur la pérennité d’une structure porteuse et son adaptabilité, ce qui nous semble être fondamental de nos jours.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Texte – Eric Foucher Photos – Marion Bernard & Thomas Mailaender Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK
ÉLODIE AIME…Elodie Wehrlen est décoratrice outdoor et architecte paysagiste au sein de sa propre agence Côté Outdoor. Depuis quelques années, en partenariat avec ARCHIK, elle intervient sur des projets variés à Marseille, et aide nos clients à révéler le potentiel de leurs extérieurs. Elle nous ouvre sa fenêtre pour partager ses coups de cœur végétaux et quotidiens !…LE PRINTEMPS« Quelle belle saison ! Les journées commencent à rallonger, les végétaux se révèlent, nous offrant leurs plus belles fleurs. Pour moi, c’est une saison qui invite à vivre dehors. Que l’on ait un extérieur ou non, on se laisse bercer par les rayons de soleil qui se font de plus en plus présents. L’envie de » vert » se faisant ressentir, c’est aussi la période où j’ai le plus de travail ! »…LE VÉGÉTAL« En intérieur comme en extérieur, je l’aime graphique, coloré et la plupart du temps exotique. Je le conçois comme un élément décoratif. Il est rarement mon point de départ, mais souvent « ma cerise sur la gâteau « . Comme le serait un objet, mais un objet vivant ! »…LE LIEN ENTRE INTÉRIEUR ET EXTÉRIEUR« C’est presque devenu ma marque de fabrique. Je suis très attachée au lien entre l’intérieur et l’extérieur, et même parfois au-delà, jusqu’à englober le paysage autour (le ciel, la mer, la colline…). J’envisage l’extérieur comme une vraie pièce de la maison, où dans le Sud de la France, nous pouvons vivre une majeure partie de l’année. J’aime que l’on y attache autant d’importance et de détails que pour un salon d’intérieur par exemple. »…LES PETITS ESPACES« Ce sont souvent ceux où la réflexion est la plus complexe ! Le challenge étant de les rendre plus grands qu’ils ne le sont, de créer des ambiances différentes, d’intégrer un mini bassin ou une terrasse ombragée… Toujours avec justesse et subtilité. Plus il y a de questions et de contraintes, plus le défi est grand. Et je crois que j’aime bien ce genre de défis ! »…LES POTERIES« Les poteries sont souvent l’élément que je préfère utiliser pour intégrer de la matière dans mes projets. Une belle poterie de chez Ravel devient un véritable objet méditerranéen au service du végétal. Blanches, terracota, marron ou avec une touche de couleur, j’aime la diversité des formes. Même si j’avoue avoir un faible pour les formes ovoïdes qui apportent de la douceur et une touche de féminité dans des projets souvent plus géométriques. »…LES CÉRAMIQUES DE CHRISTINA CELESTINO« Je suis absolument fascinée par sa collection Plumage pour Botteganove. Une collection de céramiques pour l’intérieur et l’extérieur qui reproduit le motif de la plume, offrant une version à la fois bohème, moderne et intemporelle. Je l’imagine déjà recouvrant un mur de terrasse, une jardinière ou se révélant subtilement à travers des feuillages graphiques. »…SÉVILLE« Où j’aurais aimé retourner ce printemps… Cette ville est en effet ma plus grande inspiration. Colorée et rythmée, tout est structuré autour du végétal. Les jardins sont un élément essentiel de l’architecture et des habitations. Et les végétaux y sont monumentaux, exotiques et incroyables ! » À défaut de sorties, ouvrez grands vos fenêtres et profitez de cette douce odeur printanière ! Élodie et tous les partenaires ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. C’est le moment de chouchouter vos balconnières, de sortir vos transats et de réfléchir à vos futurs week-ends « au vert ».INFORMATIONS PRATIQUESCrédits photos – © Élodie Wehrlen, Botteganove, ARCHIKCHRYSTEL AIME…L’architecte Chrystel Laporte (Deloubrière), à la tête de son agence Un Jour d’Avril et partenaire d’ARCHIK depuis les tous débuts, nous partage ses petits plaisirs, ses matériaux de prédilection et les tendances qui résonnent pour elle.…LE MOIS D’AVRIL« C’est une période qui a toujours compté pour moi : des rencontres, un achat d’appartement, la naissance d’un enfant… donc naturellement j’en ai fait le nom de mon agence. Avril est synonyme du printemps qui s’installe (encore plein de fraîcheur mais déjà prometteur). La lumière change, les tons sont doux et acidulés. Ce renouveau me donne l’élan pour faire, créer et vivre de nouvelles choses ! »…LES LIEUX QUI RACONTENT DES HISTOIRES« Et ils en racontent tous ! Quand je découvre un bien, j’aime me laisser porter par le lieu, ressentir ses énergies, observer longuement ses perspectives, fermer les yeux et l’écouter, autant que ses occupants ! Une lecture qui me permet d’adorer ses contraintes, d’accepter ses défauts comme ses qualités. De cette imprégnation nait mon inspiration, c’est elle qui guidera mon travail pour transformer l’espace tout en le respectant. »…L’EXCITATION DE LA PAGE BLANCHE« Commencer un nouveau projet est une vraie joie. Comme une pause récréative où seule face à ma page blanche, je me laisse gagner par le plaisir de mettre en ordre, images, couleurs et matériaux, les besoins et envies de mes clients. Tout ce joyeux bazar qui bouillonne dans ma tête dès le lancement d’un projet ! J’aime chercher et aller toujours plus loin que mes premières idées, plus il y a de contraintes plus le projet est enrichissant. Et enfin découvrir si ce que j’ai imaginé en visitant un lieu – parfois soufflé à l’oreille par le lieu lui-même – va fonctionner ! »…LES MATÉRIAUX BRUTS« J’aime utiliser des matériaux qui structurent et surprennent quand on les détourne. Souvent ils s’imposent et donnent de la personnalité à un intérieur. Des éléments en béton brut, épais, qui viendront en opposition avec des accessoires extrêmement fins et délicats. Ou bien du granit, associé à de belles essences de bois. En ce moment, j’ai un faible pour le Terrazzo et ses pépites de couleurs qui apportent du graphisme dans une pièce. »…LA FAÏENCE« Je la mets en scène dans les salles de bains évidemment, où je me sers de leurs formes pour créer un grand décor. Mais j’utilise également la faïence sur des pans de mur entiers, du sol au plafond, là où on ne l’attend pas : un petit espace bureau, une cuisine, une entrée ou encore pour révéler une terrasse en extérieur. Enfin, j’adore la proposer pour des petits détails notamment sur du mobilier, pour habiller par exemple une banquette dans un salon ou une tablette dans une entrée. »…LES COULEURS INDÉFINISSABLES« Inspirées de la nature, sur lesquelles il est parfois dur de mettre un nom ! Des roses poudrés ou saumonés, chauds et doux à la fois, avec des pointes de jaune que j’associe au béton. Des verts tendres, mais pas si tendres, profonds et denses, kakis mais pas vraiment, comme de la mousse en forêt… à marier au bois. L’ocre, que je trouve sublime avec du noir ou des bleus canards très foncés. Le terracota, affirmé mais doux, chic, rouge, bordeaux ou beaucoup mieux que ça… qui se conjugue avec des matériaux bruts. J’aime aussi les blancs pas blancs, et les noirs pas noirs ! Toutes ces couleurs qui se jouent de la lumière et évoluent tout au long d’une journée. »Nous, on a hâte d’être « un jour d’avril »… pour vous accompagner dans vos projets ! En attendant, Chrystel et tous les autres architectes ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. Vous, « stay at home » et profitez-en pour réfléchir à toutes vos envies.MARION BERNARDÀ l’heure des archis stars, l'agence Marion Bernard réhabilite l’aventure collective. Découverte d’une agence qui brouille les pistes pour mieux nous surprendre, crée des espaces à vivre plutôt qu’à seulement habiter.Derrière un nom à l’apparente banalité, un duo lui très singulier. Manon Gaillet et Sylvain Bérard se sont rencontrés sur les bancs du lycée et retrouvés après leurs études d’architecture dans leur ville d’origine : Marseille. Un concours très rapidement gagné les convainc qu’ils sont sur la même longueur d’ondes dans leur vision du métier. Décloisonner l’architecture en y invitant l’art, montrer les pratiques et partager les modes d’expression sera leur leitmotiv dans la réalisation de commandes privées comme publiques. Dans un milieu qui manque souvent d’humour et de recul sur soi, leur ego s’efface avec une volonté de ne pas se prendre au sérieux. « Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. »E—F La signature architecturale est un code ancien. C’est devenu une marque avec les archis stars. Quelle est la signification de la vôtre ?M—B Nous cherchions un nom pour notre agence sans vouloir nous mettre en avant. On m’a appelé Marion toute ma vie et lui Bernard. Ça nous amusait de mixer les deux pour créer un personnage fictif. Sortir de l’égo et rester secret avec la possibilité d’agrandir le collectif (ndlr : ils travaillent depuis les débuts avec l’artiste Romain Magail et l’architecte Fanny Camerlo).L’agence a dix ans cette année. C’est court en terme d’architecture mais déjà long pour réfléchir à des projets. Quel premier bilan tirez-vous de son positionnement singulier ?Que l’on est sur la bonne voie. On a enseigné à l’école d’architecture de Marseille en parallèle des activités de notre agence et on a perçu des gros changements de mentalité. L’architecture de consommation dont l’esthétique n’existe que pour elle-même n’intéresse plus les jeunes élèves d’aujourd’hui. Ils se soucient davantage maintenant de pourquoi ils font les choses, à quoi elles servent, leur bien-fondé pour le quartier, l’importance de la concertation avec les habitants.Les extérieurs peuvent être considérés comme de vraies pièces à vivre dans nombre de vos projets. En quoi la Méditerranée vous inspire-t-elle ?On est de vrais sudistes. On a fait une conférence un jour sur la Méditerranée et comment notre architecture en parlait. Il y a le dedans/dehors bien sûr mais aussi la façon de faire circuler les bruits, de se voir, s’entendre. Offrir la possibilité de vivre les uns sur les autres tout en gardant de l’intimité. Enfin il y a le blanc bien sûr, omniprésent.Vous dites aimer dessiner des espaces à vivre, dont la lecture sols, murs et plafond est très simple…Oui nous sommes des architectes de la coquille, des « espaces capables » comme on dit en architecture. D’où la non couleur, car on ne veut pas que cela soit trop investi par le décoratif, qui lui viendra par le client. On garde la qualité de surface et de lumière mais on n’est pas dans le débat du choix des couleurs ou d’ajouts de matière. Le projet d’un hangar transformé en deux appartements symétriques auxquels on accède par un escalier commun parle beaucoup de cela. Il y avait le vide et maintenant l’habité. C’est très surprenant de voir comment deux familles se sont appropriées un volume identique.Certains de vos projets intégrant des portes cintrées de différentes tailles et des cloisons arrondies ont néanmoins une charge scénique assez poétique… ?Ça participe sans doute de notre amour du théâtre, des décors. Dans son cursus d’études Sylvain a fait l’école Pennhingen et j’ai quant à moi eu la chance d’intégrer l’ENSA de Paris-Malaquais qui avait une nouvelle façon d’enseigner, permettant de choisir tous les six mois une branche de l’architecture (archi, urbanisme, scénographie, design, etc.). J’ai aussi eu l’opportunité par la suite de faire des stages à la Mode en Images à Paris et dans les ateliers d’artistes de la Ville de Marseille qui m’ont beaucoup influencé dans mon approche du métier. Le cube en miroir pour le collectif oracular/vernacular installé à la Maison de vente Leclere, ou l’escalier et ferronneries roses participent aussi de ce besoin de fantaisie.Pourquoi cette prédominance du béton travaillé sous toutes ses formes, couleurs, effets (banchage, crénelage, etc.) ?C’est vrai qu’on aime beaucoup travailler ce matériau. Ses mises en oeuvre sont multiples et il a la chance de pouvoir être à la fois un matériau de gros oeuvre comme de finition. De plus, il vit, vieillit, se patine avec le temps. Ce qui, à nos yeux, représente une qualité. Son défaut serait la note de sa consommation énergétique nécessaire à sa production… On a la chance d’avoir de très bons artisans pour le travailler, patients et curieux. Donc on expérimente avec des maquettes en béton pour pouvoir montrer les vrais rendus au client qui a souvent besoin d’être rassuré.L’art est souvent partie prenante dans vos réalisations. Comment se passe le processus d’intégration d’une oeuvre ?Nous ne faisons pas le choix « d’intégrer de l’art » dans nos projets. Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. Par définition le fait de construire fige. Nous aimons travailler nos projets de sorte à ce que même une fois construits, l’imaginaire de chacun puisse encore s’exercer. Nous avons réalisé dans le quartier de Malmousque à Marseille une terrasse à l’aménagement très minimaliste en raison du fort mistral qui souffle souvent là-bas. Il fallait juste de quoi s’asseoir (une table et un banc) se rafraîchir (une douche) et en visuel l’horizon marin (un petit muret et un garde-corps dont la hauteur cache juste les maisons alentour). Comme le client est un collectionneur d’art, il nous a fait mettre en réserve un emplacement en prévision de l’achat d’une oeuvre. Nous avons dessiné le socle pour que cela puisse être élégant, puis orchestré l’installation de ce sacré tronc par une grue.L’image est très importante dans votre travail. Elle rend sensible des notions de sensualité, de bien-être, de mouvement. Comment naissent-elles ?Là encore ce sont des histoires de collaborations. Que ce soit un lâcher de poussins autour d’un cube (en référence à une installation photo de Thomas Mailaender pour lequel nous avions construit une scénographie), une danseuse évoluant dans l’espace devant l’objectif d’une photographe à qui on avait prêté un lieu, ça peut paraître loufoque mais c’est intéressant parce que cela parle aussi de notre lieu et la façon de l’habiter. On souhaite laisser prochainement les murs à des artistes entre les temps de latence d’un prochain chantier.Vous aimez exposer et réfléchir aux enjeux de l’architecture en invitant vos congénères à des événements. N’est-ce pas aussi une façon de dépasser le cadre de la compétition dans laquelle les agences sont souvent enfermées ?On s’est aperçu que dans la conception comme dans le chantier et les étapes intermédiaires, chaque agence a des méthodes très personnelles de recherche qui fabriquent une esthétique mais questionnent aussi différemment tout le quotidien. Par l’outil, on fabrique la question. Il y a des agences qui ne travaillent que comme cela. C’est par leur brouillon qu’elles esquissent le travail fini. La 3D entérine mais ne permet pas la recherche. Dans la galerie Art-cade de Marseille (exposition « 25 architectes, 5 absents » en 2016) comme au Pavillon de l’Arsenal à Paris (exposition « 30 architectes » en 2017) on a réussi à inviter parmi de nombreuses agences nos préférées. Pas forcément les plus commerciales, mais celles qui expérimentent avec les matières et les concepts.Vous parliez pour un chantier de villa à La Londe esquissé en 2018 de « construire une ruine ». Qu’entendez-vous par là ?Ça revient à notre fantasme d’une architecture qui ne doit pas s’imposer mais exister comme une évidence, s’intégrer au paysage comme si elle avait toujours existé. Cela procède aussi d’une affinité au primitif et matériaux bruts. Une ruine ça n’a plus de toits. Il reste les refends (ndlr : murs porteurs intérieurs). Il y a une mixité entre les intérieurs et extérieurs, un jeu de quinconce, une volonté de brouiller les pistes, ne plus savoir où l’on est. Ça devient une sorte de squelette dans l’environnement végétal comme les oeuvres de l’artiste Rachel Whiteread que l’on adore.Le chantier de l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires (IMVT) qui va faire cohabiter trois écoles (architecture, paysage et urbanisme) est là encore une aventure collective. Avez-vous été surpris de remporter le concours ?Oui car je crois que le ministère a pris un beau risque en récompensant l’humain plutôt qu’une signature. Nous avons répondu à cette commande publique avec les agences np2f et Point Suprême, accompagné de Jacques Lucan, avec qui nous avons un vrai affect que ce soit familial ou amical et une vision commune de ce que doit être l’architecture de demain. Notre réponse ne renvoie pas à une architecture dite d’auteur. Elle s’adresse aux usagers. Elle met l’accent sur la générosité des espaces dessinés, sur la pérennité d’une structure porteuse et son adaptabilité, ce qui nous semble être fondamental de nos jours.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Texte – Eric Foucher Photos – Marion Bernard & Thomas Mailaender Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK
CHRYSTEL AIME…L’architecte Chrystel Laporte (Deloubrière), à la tête de son agence Un Jour d’Avril et partenaire d’ARCHIK depuis les tous débuts, nous partage ses petits plaisirs, ses matériaux de prédilection et les tendances qui résonnent pour elle.…LE MOIS D’AVRIL« C’est une période qui a toujours compté pour moi : des rencontres, un achat d’appartement, la naissance d’un enfant… donc naturellement j’en ai fait le nom de mon agence. Avril est synonyme du printemps qui s’installe (encore plein de fraîcheur mais déjà prometteur). La lumière change, les tons sont doux et acidulés. Ce renouveau me donne l’élan pour faire, créer et vivre de nouvelles choses ! »…LES LIEUX QUI RACONTENT DES HISTOIRES« Et ils en racontent tous ! Quand je découvre un bien, j’aime me laisser porter par le lieu, ressentir ses énergies, observer longuement ses perspectives, fermer les yeux et l’écouter, autant que ses occupants ! Une lecture qui me permet d’adorer ses contraintes, d’accepter ses défauts comme ses qualités. De cette imprégnation nait mon inspiration, c’est elle qui guidera mon travail pour transformer l’espace tout en le respectant. »…L’EXCITATION DE LA PAGE BLANCHE« Commencer un nouveau projet est une vraie joie. Comme une pause récréative où seule face à ma page blanche, je me laisse gagner par le plaisir de mettre en ordre, images, couleurs et matériaux, les besoins et envies de mes clients. Tout ce joyeux bazar qui bouillonne dans ma tête dès le lancement d’un projet ! J’aime chercher et aller toujours plus loin que mes premières idées, plus il y a de contraintes plus le projet est enrichissant. Et enfin découvrir si ce que j’ai imaginé en visitant un lieu – parfois soufflé à l’oreille par le lieu lui-même – va fonctionner ! »…LES MATÉRIAUX BRUTS« J’aime utiliser des matériaux qui structurent et surprennent quand on les détourne. Souvent ils s’imposent et donnent de la personnalité à un intérieur. Des éléments en béton brut, épais, qui viendront en opposition avec des accessoires extrêmement fins et délicats. Ou bien du granit, associé à de belles essences de bois. En ce moment, j’ai un faible pour le Terrazzo et ses pépites de couleurs qui apportent du graphisme dans une pièce. »…LA FAÏENCE« Je la mets en scène dans les salles de bains évidemment, où je me sers de leurs formes pour créer un grand décor. Mais j’utilise également la faïence sur des pans de mur entiers, du sol au plafond, là où on ne l’attend pas : un petit espace bureau, une cuisine, une entrée ou encore pour révéler une terrasse en extérieur. Enfin, j’adore la proposer pour des petits détails notamment sur du mobilier, pour habiller par exemple une banquette dans un salon ou une tablette dans une entrée. »…LES COULEURS INDÉFINISSABLES« Inspirées de la nature, sur lesquelles il est parfois dur de mettre un nom ! Des roses poudrés ou saumonés, chauds et doux à la fois, avec des pointes de jaune que j’associe au béton. Des verts tendres, mais pas si tendres, profonds et denses, kakis mais pas vraiment, comme de la mousse en forêt… à marier au bois. L’ocre, que je trouve sublime avec du noir ou des bleus canards très foncés. Le terracota, affirmé mais doux, chic, rouge, bordeaux ou beaucoup mieux que ça… qui se conjugue avec des matériaux bruts. J’aime aussi les blancs pas blancs, et les noirs pas noirs ! Toutes ces couleurs qui se jouent de la lumière et évoluent tout au long d’une journée. »Nous, on a hâte d’être « un jour d’avril »… pour vous accompagner dans vos projets ! En attendant, Chrystel et tous les autres architectes ARCHIK restent présents dans cette période pour vous conseiller et répondre à vos questions. Vous, « stay at home » et profitez-en pour réfléchir à toutes vos envies.MARION BERNARDÀ l’heure des archis stars, l'agence Marion Bernard réhabilite l’aventure collective. Découverte d’une agence qui brouille les pistes pour mieux nous surprendre, crée des espaces à vivre plutôt qu’à seulement habiter.Derrière un nom à l’apparente banalité, un duo lui très singulier. Manon Gaillet et Sylvain Bérard se sont rencontrés sur les bancs du lycée et retrouvés après leurs études d’architecture dans leur ville d’origine : Marseille. Un concours très rapidement gagné les convainc qu’ils sont sur la même longueur d’ondes dans leur vision du métier. Décloisonner l’architecture en y invitant l’art, montrer les pratiques et partager les modes d’expression sera leur leitmotiv dans la réalisation de commandes privées comme publiques. Dans un milieu qui manque souvent d’humour et de recul sur soi, leur ego s’efface avec une volonté de ne pas se prendre au sérieux. « Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. »E—F La signature architecturale est un code ancien. C’est devenu une marque avec les archis stars. Quelle est la signification de la vôtre ?M—B Nous cherchions un nom pour notre agence sans vouloir nous mettre en avant. On m’a appelé Marion toute ma vie et lui Bernard. Ça nous amusait de mixer les deux pour créer un personnage fictif. Sortir de l’égo et rester secret avec la possibilité d’agrandir le collectif (ndlr : ils travaillent depuis les débuts avec l’artiste Romain Magail et l’architecte Fanny Camerlo).L’agence a dix ans cette année. C’est court en terme d’architecture mais déjà long pour réfléchir à des projets. Quel premier bilan tirez-vous de son positionnement singulier ?Que l’on est sur la bonne voie. On a enseigné à l’école d’architecture de Marseille en parallèle des activités de notre agence et on a perçu des gros changements de mentalité. L’architecture de consommation dont l’esthétique n’existe que pour elle-même n’intéresse plus les jeunes élèves d’aujourd’hui. Ils se soucient davantage maintenant de pourquoi ils font les choses, à quoi elles servent, leur bien-fondé pour le quartier, l’importance de la concertation avec les habitants.Les extérieurs peuvent être considérés comme de vraies pièces à vivre dans nombre de vos projets. En quoi la Méditerranée vous inspire-t-elle ?On est de vrais sudistes. On a fait une conférence un jour sur la Méditerranée et comment notre architecture en parlait. Il y a le dedans/dehors bien sûr mais aussi la façon de faire circuler les bruits, de se voir, s’entendre. Offrir la possibilité de vivre les uns sur les autres tout en gardant de l’intimité. Enfin il y a le blanc bien sûr, omniprésent.Vous dites aimer dessiner des espaces à vivre, dont la lecture sols, murs et plafond est très simple…Oui nous sommes des architectes de la coquille, des « espaces capables » comme on dit en architecture. D’où la non couleur, car on ne veut pas que cela soit trop investi par le décoratif, qui lui viendra par le client. On garde la qualité de surface et de lumière mais on n’est pas dans le débat du choix des couleurs ou d’ajouts de matière. Le projet d’un hangar transformé en deux appartements symétriques auxquels on accède par un escalier commun parle beaucoup de cela. Il y avait le vide et maintenant l’habité. C’est très surprenant de voir comment deux familles se sont appropriées un volume identique.Certains de vos projets intégrant des portes cintrées de différentes tailles et des cloisons arrondies ont néanmoins une charge scénique assez poétique… ?Ça participe sans doute de notre amour du théâtre, des décors. Dans son cursus d’études Sylvain a fait l’école Pennhingen et j’ai quant à moi eu la chance d’intégrer l’ENSA de Paris-Malaquais qui avait une nouvelle façon d’enseigner, permettant de choisir tous les six mois une branche de l’architecture (archi, urbanisme, scénographie, design, etc.). J’ai aussi eu l’opportunité par la suite de faire des stages à la Mode en Images à Paris et dans les ateliers d’artistes de la Ville de Marseille qui m’ont beaucoup influencé dans mon approche du métier. Le cube en miroir pour le collectif oracular/vernacular installé à la Maison de vente Leclere, ou l’escalier et ferronneries roses participent aussi de ce besoin de fantaisie.Pourquoi cette prédominance du béton travaillé sous toutes ses formes, couleurs, effets (banchage, crénelage, etc.) ?C’est vrai qu’on aime beaucoup travailler ce matériau. Ses mises en oeuvre sont multiples et il a la chance de pouvoir être à la fois un matériau de gros oeuvre comme de finition. De plus, il vit, vieillit, se patine avec le temps. Ce qui, à nos yeux, représente une qualité. Son défaut serait la note de sa consommation énergétique nécessaire à sa production… On a la chance d’avoir de très bons artisans pour le travailler, patients et curieux. Donc on expérimente avec des maquettes en béton pour pouvoir montrer les vrais rendus au client qui a souvent besoin d’être rassuré.L’art est souvent partie prenante dans vos réalisations. Comment se passe le processus d’intégration d’une oeuvre ?Nous ne faisons pas le choix « d’intégrer de l’art » dans nos projets. Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. Par définition le fait de construire fige. Nous aimons travailler nos projets de sorte à ce que même une fois construits, l’imaginaire de chacun puisse encore s’exercer. Nous avons réalisé dans le quartier de Malmousque à Marseille une terrasse à l’aménagement très minimaliste en raison du fort mistral qui souffle souvent là-bas. Il fallait juste de quoi s’asseoir (une table et un banc) se rafraîchir (une douche) et en visuel l’horizon marin (un petit muret et un garde-corps dont la hauteur cache juste les maisons alentour). Comme le client est un collectionneur d’art, il nous a fait mettre en réserve un emplacement en prévision de l’achat d’une oeuvre. Nous avons dessiné le socle pour que cela puisse être élégant, puis orchestré l’installation de ce sacré tronc par une grue.L’image est très importante dans votre travail. Elle rend sensible des notions de sensualité, de bien-être, de mouvement. Comment naissent-elles ?Là encore ce sont des histoires de collaborations. Que ce soit un lâcher de poussins autour d’un cube (en référence à une installation photo de Thomas Mailaender pour lequel nous avions construit une scénographie), une danseuse évoluant dans l’espace devant l’objectif d’une photographe à qui on avait prêté un lieu, ça peut paraître loufoque mais c’est intéressant parce que cela parle aussi de notre lieu et la façon de l’habiter. On souhaite laisser prochainement les murs à des artistes entre les temps de latence d’un prochain chantier.Vous aimez exposer et réfléchir aux enjeux de l’architecture en invitant vos congénères à des événements. N’est-ce pas aussi une façon de dépasser le cadre de la compétition dans laquelle les agences sont souvent enfermées ?On s’est aperçu que dans la conception comme dans le chantier et les étapes intermédiaires, chaque agence a des méthodes très personnelles de recherche qui fabriquent une esthétique mais questionnent aussi différemment tout le quotidien. Par l’outil, on fabrique la question. Il y a des agences qui ne travaillent que comme cela. C’est par leur brouillon qu’elles esquissent le travail fini. La 3D entérine mais ne permet pas la recherche. Dans la galerie Art-cade de Marseille (exposition « 25 architectes, 5 absents » en 2016) comme au Pavillon de l’Arsenal à Paris (exposition « 30 architectes » en 2017) on a réussi à inviter parmi de nombreuses agences nos préférées. Pas forcément les plus commerciales, mais celles qui expérimentent avec les matières et les concepts.Vous parliez pour un chantier de villa à La Londe esquissé en 2018 de « construire une ruine ». Qu’entendez-vous par là ?Ça revient à notre fantasme d’une architecture qui ne doit pas s’imposer mais exister comme une évidence, s’intégrer au paysage comme si elle avait toujours existé. Cela procède aussi d’une affinité au primitif et matériaux bruts. Une ruine ça n’a plus de toits. Il reste les refends (ndlr : murs porteurs intérieurs). Il y a une mixité entre les intérieurs et extérieurs, un jeu de quinconce, une volonté de brouiller les pistes, ne plus savoir où l’on est. Ça devient une sorte de squelette dans l’environnement végétal comme les oeuvres de l’artiste Rachel Whiteread que l’on adore.Le chantier de l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires (IMVT) qui va faire cohabiter trois écoles (architecture, paysage et urbanisme) est là encore une aventure collective. Avez-vous été surpris de remporter le concours ?Oui car je crois que le ministère a pris un beau risque en récompensant l’humain plutôt qu’une signature. Nous avons répondu à cette commande publique avec les agences np2f et Point Suprême, accompagné de Jacques Lucan, avec qui nous avons un vrai affect que ce soit familial ou amical et une vision commune de ce que doit être l’architecture de demain. Notre réponse ne renvoie pas à une architecture dite d’auteur. Elle s’adresse aux usagers. Elle met l’accent sur la générosité des espaces dessinés, sur la pérennité d’une structure porteuse et son adaptabilité, ce qui nous semble être fondamental de nos jours.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Texte – Eric Foucher Photos – Marion Bernard & Thomas Mailaender Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK
MARION BERNARDÀ l’heure des archis stars, l'agence Marion Bernard réhabilite l’aventure collective. Découverte d’une agence qui brouille les pistes pour mieux nous surprendre, crée des espaces à vivre plutôt qu’à seulement habiter.Derrière un nom à l’apparente banalité, un duo lui très singulier. Manon Gaillet et Sylvain Bérard se sont rencontrés sur les bancs du lycée et retrouvés après leurs études d’architecture dans leur ville d’origine : Marseille. Un concours très rapidement gagné les convainc qu’ils sont sur la même longueur d’ondes dans leur vision du métier. Décloisonner l’architecture en y invitant l’art, montrer les pratiques et partager les modes d’expression sera leur leitmotiv dans la réalisation de commandes privées comme publiques. Dans un milieu qui manque souvent d’humour et de recul sur soi, leur ego s’efface avec une volonté de ne pas se prendre au sérieux. « Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. »E—F La signature architecturale est un code ancien. C’est devenu une marque avec les archis stars. Quelle est la signification de la vôtre ?M—B Nous cherchions un nom pour notre agence sans vouloir nous mettre en avant. On m’a appelé Marion toute ma vie et lui Bernard. Ça nous amusait de mixer les deux pour créer un personnage fictif. Sortir de l’égo et rester secret avec la possibilité d’agrandir le collectif (ndlr : ils travaillent depuis les débuts avec l’artiste Romain Magail et l’architecte Fanny Camerlo).L’agence a dix ans cette année. C’est court en terme d’architecture mais déjà long pour réfléchir à des projets. Quel premier bilan tirez-vous de son positionnement singulier ?Que l’on est sur la bonne voie. On a enseigné à l’école d’architecture de Marseille en parallèle des activités de notre agence et on a perçu des gros changements de mentalité. L’architecture de consommation dont l’esthétique n’existe que pour elle-même n’intéresse plus les jeunes élèves d’aujourd’hui. Ils se soucient davantage maintenant de pourquoi ils font les choses, à quoi elles servent, leur bien-fondé pour le quartier, l’importance de la concertation avec les habitants.Les extérieurs peuvent être considérés comme de vraies pièces à vivre dans nombre de vos projets. En quoi la Méditerranée vous inspire-t-elle ?On est de vrais sudistes. On a fait une conférence un jour sur la Méditerranée et comment notre architecture en parlait. Il y a le dedans/dehors bien sûr mais aussi la façon de faire circuler les bruits, de se voir, s’entendre. Offrir la possibilité de vivre les uns sur les autres tout en gardant de l’intimité. Enfin il y a le blanc bien sûr, omniprésent.Vous dites aimer dessiner des espaces à vivre, dont la lecture sols, murs et plafond est très simple…Oui nous sommes des architectes de la coquille, des « espaces capables » comme on dit en architecture. D’où la non couleur, car on ne veut pas que cela soit trop investi par le décoratif, qui lui viendra par le client. On garde la qualité de surface et de lumière mais on n’est pas dans le débat du choix des couleurs ou d’ajouts de matière. Le projet d’un hangar transformé en deux appartements symétriques auxquels on accède par un escalier commun parle beaucoup de cela. Il y avait le vide et maintenant l’habité. C’est très surprenant de voir comment deux familles se sont appropriées un volume identique.Certains de vos projets intégrant des portes cintrées de différentes tailles et des cloisons arrondies ont néanmoins une charge scénique assez poétique… ?Ça participe sans doute de notre amour du théâtre, des décors. Dans son cursus d’études Sylvain a fait l’école Pennhingen et j’ai quant à moi eu la chance d’intégrer l’ENSA de Paris-Malaquais qui avait une nouvelle façon d’enseigner, permettant de choisir tous les six mois une branche de l’architecture (archi, urbanisme, scénographie, design, etc.). J’ai aussi eu l’opportunité par la suite de faire des stages à la Mode en Images à Paris et dans les ateliers d’artistes de la Ville de Marseille qui m’ont beaucoup influencé dans mon approche du métier. Le cube en miroir pour le collectif oracular/vernacular installé à la Maison de vente Leclere, ou l’escalier et ferronneries roses participent aussi de ce besoin de fantaisie.Pourquoi cette prédominance du béton travaillé sous toutes ses formes, couleurs, effets (banchage, crénelage, etc.) ?C’est vrai qu’on aime beaucoup travailler ce matériau. Ses mises en oeuvre sont multiples et il a la chance de pouvoir être à la fois un matériau de gros oeuvre comme de finition. De plus, il vit, vieillit, se patine avec le temps. Ce qui, à nos yeux, représente une qualité. Son défaut serait la note de sa consommation énergétique nécessaire à sa production… On a la chance d’avoir de très bons artisans pour le travailler, patients et curieux. Donc on expérimente avec des maquettes en béton pour pouvoir montrer les vrais rendus au client qui a souvent besoin d’être rassuré.L’art est souvent partie prenante dans vos réalisations. Comment se passe le processus d’intégration d’une oeuvre ?Nous ne faisons pas le choix « d’intégrer de l’art » dans nos projets. Nous aimons la puissance onirique de l’art qui est éminemment plus abstrait que l’architecture. Par définition le fait de construire fige. Nous aimons travailler nos projets de sorte à ce que même une fois construits, l’imaginaire de chacun puisse encore s’exercer. Nous avons réalisé dans le quartier de Malmousque à Marseille une terrasse à l’aménagement très minimaliste en raison du fort mistral qui souffle souvent là-bas. Il fallait juste de quoi s’asseoir (une table et un banc) se rafraîchir (une douche) et en visuel l’horizon marin (un petit muret et un garde-corps dont la hauteur cache juste les maisons alentour). Comme le client est un collectionneur d’art, il nous a fait mettre en réserve un emplacement en prévision de l’achat d’une oeuvre. Nous avons dessiné le socle pour que cela puisse être élégant, puis orchestré l’installation de ce sacré tronc par une grue.L’image est très importante dans votre travail. Elle rend sensible des notions de sensualité, de bien-être, de mouvement. Comment naissent-elles ?Là encore ce sont des histoires de collaborations. Que ce soit un lâcher de poussins autour d’un cube (en référence à une installation photo de Thomas Mailaender pour lequel nous avions construit une scénographie), une danseuse évoluant dans l’espace devant l’objectif d’une photographe à qui on avait prêté un lieu, ça peut paraître loufoque mais c’est intéressant parce que cela parle aussi de notre lieu et la façon de l’habiter. On souhaite laisser prochainement les murs à des artistes entre les temps de latence d’un prochain chantier.Vous aimez exposer et réfléchir aux enjeux de l’architecture en invitant vos congénères à des événements. N’est-ce pas aussi une façon de dépasser le cadre de la compétition dans laquelle les agences sont souvent enfermées ?On s’est aperçu que dans la conception comme dans le chantier et les étapes intermédiaires, chaque agence a des méthodes très personnelles de recherche qui fabriquent une esthétique mais questionnent aussi différemment tout le quotidien. Par l’outil, on fabrique la question. Il y a des agences qui ne travaillent que comme cela. C’est par leur brouillon qu’elles esquissent le travail fini. La 3D entérine mais ne permet pas la recherche. Dans la galerie Art-cade de Marseille (exposition « 25 architectes, 5 absents » en 2016) comme au Pavillon de l’Arsenal à Paris (exposition « 30 architectes » en 2017) on a réussi à inviter parmi de nombreuses agences nos préférées. Pas forcément les plus commerciales, mais celles qui expérimentent avec les matières et les concepts.Vous parliez pour un chantier de villa à La Londe esquissé en 2018 de « construire une ruine ». Qu’entendez-vous par là ?Ça revient à notre fantasme d’une architecture qui ne doit pas s’imposer mais exister comme une évidence, s’intégrer au paysage comme si elle avait toujours existé. Cela procède aussi d’une affinité au primitif et matériaux bruts. Une ruine ça n’a plus de toits. Il reste les refends (ndlr : murs porteurs intérieurs). Il y a une mixité entre les intérieurs et extérieurs, un jeu de quinconce, une volonté de brouiller les pistes, ne plus savoir où l’on est. Ça devient une sorte de squelette dans l’environnement végétal comme les oeuvres de l’artiste Rachel Whiteread que l’on adore.Le chantier de l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires (IMVT) qui va faire cohabiter trois écoles (architecture, paysage et urbanisme) est là encore une aventure collective. Avez-vous été surpris de remporter le concours ?Oui car je crois que le ministère a pris un beau risque en récompensant l’humain plutôt qu’une signature. Nous avons répondu à cette commande publique avec les agences np2f et Point Suprême, accompagné de Jacques Lucan, avec qui nous avons un vrai affect que ce soit familial ou amical et une vision commune de ce que doit être l’architecture de demain. Notre réponse ne renvoie pas à une architecture dite d’auteur. Elle s’adresse aux usagers. Elle met l’accent sur la générosité des espaces dessinés, sur la pérennité d’une structure porteuse et son adaptabilité, ce qui nous semble être fondamental de nos jours.INFORMATIONS PRATIQUESCrédits ©2020 Texte – Eric Foucher Photos – Marion Bernard & Thomas Mailaender Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK