LA SERVIETTE PARISLa Serviette Paris est une marque française de linge de maison haut de gamme conjuguant élégance et savoir-faire. Des choix affirmés, des collaborations pointues et une distribution sélective qui révèlent une vraie identité à la fois chic et décontractée.La Serviette Paris, c’est une aventure humaine entre deux amis, Benjamin Bottard et Simon Thisse. Tous deux férus de voyages et amoureux de belles choses, ils puisent leurs inspirations au grès de leurs rencontres. En 2016, ils créent La Serviette Paris et lancent leur première collection de serviettes de plage aux motifs pop & art-déco made in France. Depuis, chambre, bain ou plage, en quelques années, la famille s’est agrandit avec du linge de maison. La Serviette Paris prône une production éco responsable avec un coton égyptien récolté à la main, en quantité réduite, la suppression des emballages plastiques et l’absence totale de produits nocifs pour la santé ainsi qu’un service de recyclage des anciennes éponges et linges de lit. Une entreprise dans l’air du temps, où excellence rime avec engagement.Une créativité sans faille et de belles collaborations avec de grandes maisons telles que Maison Sarah Lavoine, La Villa Noailles, La fondation Carmignac et la marque Dyptique font naître des collections racontant des histoires, telle que la gamme Nomade, hommage à des artistes comme Daniel Buren ou Etel Adnan.La Serviette Paris habille nos Maisons ARCHIK de belles serviette brodées ainsi que nos shooting photos. Nous sommes heureux de partager avec eux notre art d’habiter dans notre Maison ARCHIK Paris, 14 rue de Montmorency, Paris 3.Bienvenue !LA BOUTIQUELA SERVIETTE PARIS 46/48 rue Notre-Dame-de-Nazareth 75003 Paris -10% sur votre commande avec le code : ARCHICKLSP21 laservietteparis.com @laservietteparisDÉONTOLOGIE DU DESIGNLe concept d’autoproduction prôné par Mari n’en finit pas d’inspirer des générations de designers critiques et engagés.« Nous savons tous que, parmi tous ceux qui travaillent dans cette étrange, ambiguë, incertaine et glissante profession qu’on appelle aujourd’hui le « design », Enzo Mari est l’un de ceux qui s’accrochent avec le plus d’entêtement et de désespoir au rêve de le sauver de son péché originel, de le sortir de la corruption, en le plaçant à la disposition des gens cafardeux dans les rues plutôt qu’à la disposition (…) de l’aristocratie au pouvoir. » Ettore Sottsass, 1974. Penseur discret et engagé, fils d’une famille pauvre venue des Pouilles, Enzo Mari fut d’abord vendeur ambulant avant d’étudier à l’Académie des Beaux-Arts de Brera où il découvre la folie expérimentale des années 1950 et 1960. Emporté par le Covid-19 le 19 octobre 2020, il laisse derrière lui une constellation d’œuvres, pour reprendre le terme employé par Stefano Boeri, directeur de l’immense Musée de la Triennale, à Milan, qui lui consacra sa dernière rétrospective, inaugurée deux jours avant la disparition de l’artiste. Une myriade d’œuvres, mêlant douceur et austérité, spontanéité et rigueur, avec toujours, l’éthique et l’intégrité en ligne de mire. Celui qu’Hans Ulrich Obrist – commissaire de ladite exposition – aimait appeler « Le Marcel Duchamp du design » continue à inspirer étudiants et créateurs, notamment à travers son projet le plus crucial, véritable manifeste visant à révolutionner le monde de la distribution : Autoprogettazione. Comprenez : Autoconception.Autoprogettazione En 1974, Enzo Mari publie pour la première fois un petit livre, imaginé en toute humilité, mais qui pourtant fera scandale dans le tout Milan de l’époque. Et pour cause, ces quelques pages rigoureusement pensées et distribuées à l’occasion de son exposition Proposta per autoprogettazione livrent gratuitement au public les plans pour réaliser toute une collection de mobilier – chaise, table, bureau. Pensé comme un acte politique, le projet Autoprogettazione cherche à redonner à tout un chacun un peu de pouvoir sur son univers domestique en fabricant soi-même son mobilier avec un minimum d’outils (marteau, scie, clous et colle). Véritable icône de la ligne Autoprogettazione, la chaise Sedia 1 rend compte de la volonté du designer de concevoir des meubles les plus accessibles possibles tant au niveau de leur assemblage que de leurs matériaux (du sapin en l’occurrence). Le mode d’emploi étant gratuit, il suffit d’acheter des planches et des clous, pour réaliser soi-même un mobilier à prix minimum. En deux jours, on pouvait ainsi meubler un appartement avec tables, chaises, bancs, armoires, bibliothèque, bureau et lits. Mais Stefano Boeri met en garde : contrairement aux idées reçues, Mari n’a pas inventé les meubles en kit, qu’Ikea proposait déjà depuis les années 50. Ce qu’il a démocratisé est plus subtile encore : c’est le travail manuel, la conception du design soi-même.De ce fait, Enzo Mari place la notion éducative au cœur de sa pratique. La simplicité de conception laissait également la liberté à l’utilisateur de modifier les plans d’origine à sa guise afin de s’approprier davantage les meubles, démarche encouragée par Mari lui-même, qui incitait les esprits créatifs à lui adresser notes et photos. Contre la médiocrité de la société de consommation Mais surtout, l’ambition d’Autoprogettazione était d’instaurer une relation plus directe entre le créateur et l’acheteur, en court-circuitant les différents acteurs de l’industrie et de la distribution – usines et magasins – pour finalement mettre le design à la portée de tous. Inspiré par la philosophie marxiste de son époque, il met un point d’honneur à « impliquer le peuple » dans ce qui définit son quotidien, tandis que le design industriel est en plein essor. L’utopiste qu’il était espérait en outre qu’en réalisant ses meubles de ses mains, l’usager y porterait un meilleur soin dans le temps. Très vite, il se positionne alors comme détracteur de la société de consommation, et précurseur du mouvement contemporain des makers, ces partisans de l’autoproduction. Une conviction qui a guidé l’ensemble de son œuvre et de sa carrière.Déjà en 1971, il propose au public de se réapproprier une part de l’utilisation de son mobilier avec sa « Box Chair » : un archétype de chaise montable, présentée sous la forme d’une boîte en plastique servant d’assise où sont rangés les quatre pieds. L’année suivante, en 1972, lors de l’exposition culte consacrée par le MoMA de New York au design italien, « Italy : The New Domestic Landscape », il présente ses vases ludiques nommés Pago Pago qui peuvent s’utiliser de différentes façons, tête en bas si l’envie nous en prend, toujours dans cette ambition de rendre l’usager acteur du design.Bien des années plus tard, en 1995, Enzo Mari présente avec Alessi le projet Ecolo : un nouveau livret proposant cette fois de transformer des bouteilles de détergent vaisselle en vases grâce à différentes découpes. Il se prête lui-même au jeu et imagine une série de vases ainsi recyclés, signés de son nom : le client, ou collectionneur, a donc le choix entre l’objet signé ou bien les instructions pour le réaliser chez lui. À cette époque, Mari attire non seulement l’attention sur l’importance du recyclage, mais il questionne aussi largement le monde du design : celui-ci ne doit-il pas être démocratisé ? Un vase que l’on fabrique soi-même a-t-il moins de valeur que s’il est signé Enzo Mari ? Quelle est la frontière entre « open source design » et imitation ?Une vision du design éthique, collaboratif et écologique Ce penseur visionnaire, à l’esthétique austère et rigoureuse, célèbre pour ses coups de colères politiques, incarne une vision du design collaboratif et écologique, à l’époque avant-gardiste et toujours actuelle. Car le concept d’autoproduction prôné par Mari n’en finit pas d’inspirer des générations de designers critiques et engagés, jusqu’aux communautés de makers du XXIème siècle qui partagent gratuitement sur Internet les plans à construire de leurs créations. Basé à Concarneau, le Low Tech Lab n’hésite pas à concevoir par exemple une véritable bibliothèque de documentations open-source triées sur le volet, visant à démocratiser la création de technologies à la fois utiles, accessibles et durables. À Paris, l’association Bellastock prône une architecture accessible à tous, développe des outils afin de transmettre une culture architecturale basée sur le réemploi, l’autoproduction, le développement soutenable des territoires, et incite ainsi les citoyens à devenir davantage conscients de l’importance de leur cadre de vie. Celui qu’on appelle « le designer du peuple » connait son sujet : lui-même est designer autodidacte. Mari a toujours fait en sorte que son travail reste un jeu – en témoigne l’un de ses premiers projets, le puzzle pour enfants 16 Animali. Mais, bien plus important que cela, il fallait que son travail reste éthique. En 1999, il initie le Manifeste de Barcelone qui plaide pour un serment d’Hippocrate du designer. Le professeur Mari insistait auprès de ses élèves de Milan, Vienne ou Berlin : « Il vaudrait la peine de promouvoir une acceptation générale du principe selon lequel l’éthique doit guider toute forme de design » (Designing the 21st Century, Taschen, 2001). En témoignent les propos cités en introduction, tenus par Ettore Sottsass, à la tête du délirant et festif mouvement Memphis des années 1980 : Mari gagne le respect de tous, même de ceux que se tiennent les plus éloignés de sa rigueur et son dépouillement. Il s’impose, à l’unanimité, comme le gardien de la déontologie du design, aussi tempétueux que talentueux, fulminant contre la médiocrité de la société de consommation, contre celle de l’industrie du luxe, contre l’avilissement du peuple.« Tout ce que l’on fait est politique » Loin de n’être qu’un idéal, la proximité d’Enzo Mari avec la classe moyenne est une réalité : son œuvre est omniprésente dans le quotidien des italiens, elle se cache en tout humilité dans les meubles et objets les plus anonymes et familiers : chaises de bistrot, puzzles en bois pour enfants, luminaires, pots à crayons, accessoires pour le bureau, cocottes pour la cuisine…Ses convictions communistes, qu’il ne délaissera jamais, l’ont poussé à placer son œuvre à la disposition des gens modestes et ordinaires, et non à celle de l’aristocratie au pouvoir. Pourtant, c’est ce même engagement, ce même entêtement à sauver sa discipline de la tournure mercantile qu’elle prenait, qui ont séduit les collectionneurs : les planches de bois brut sont devenues le nouveau snobisme, les chaises rustiques ont meublé les résidences secondaires, fabriquées par des charpentiers payés pour cela, ou par la suite par des éditeurs, mais non par leurs acquéreurs, et ces intermédiaires, que sont les fabricants et les distributeurs, de revenir au galop.« Tout ce que l’on fait est politique », martelait Enzo Mari. En 2009, il trouvait encore la force de tempêter une dernière fois ou presque, dans un texte intitulé, Que fare ? (« Que faire ? »). Un titre à la limite du désespoir, mais à travers lequel il cherche toujours à se battre. Le texte resitue l’histoire du design, né en Allemagne dans la décennie 1920 puis dans l’Italie des années 1950 : « L’on pensait naïvement que l’intelligence d’un produit pouvait avoir une influence positive sur les besoins, et donc sur le marché. Cette ligne utopiste était en harmonie avec le climat de reconstruction, matérielle et idéologique, de l’après-guerre, qui touchait tous les Européens. Dès les années 1960 pourtant, commençaient à apparaître les signes d’une société corrompue par la faiblesse de la pensée et rendue obtuse par « l’exploitation globale » du règne de la marchandise. » Oui, que faire ? Comment faire partie du marché en restant intègre ? Ou comment « rester digne en étant populaire » – questionnerait Kipling ? Et comment immiscer un peu d’utopie dans la société industrielle ? L’intégrité qu’il cherchait à tout prix à préserver aura eu raison de lui : désespéré par son époque, exaspéré par ce qu’était devenu le monde du design ses dernières années, il finit par offrir à la ville de Milan l’intégralité de ses archives, mais à la condition que celles-ci restent inaccessibles pendant quarante ans… le temps qu’une nouvelle génération « non dégradée comme celle d’aujourd’hui, puisse en faire un usage conscient ». C’est tout ce qu’on lui souhaite. INFORMATIONS PRATIQUESTexte — Emmanuelle Oddo Photos — ArtekÉLOGE DE LA DISCRÉTIONDans un rapport unique à l'espace, au temps et à la lumière, l'architecte Jean-Baptiste Barache — fondateur du studio Arba, spécialisé en nouvelles solutions d’habitats durables et abordables — a façonné une maison en bois, posée au milieu d'un champ. Un projet personnel inspiré par les principes de l'architecture traditionnelle japonaise.La designer et illustratrice Ionna Vautrin, qui a récemment investi les lieux auparavant occupés par l’architecte, décrit une maison « au calme radical et à l’atmosphère mystique ». Ce sont sans nul doute des mots qui touchent Jean-Baptiste Barache, qui a conçu de ses mains cet espace unique, situé au coeur de la campagne normande, inspiré par la lecture de « L’éloge de l’ombre » de Junichirô Tanizaki. L’architecte s’intéresse justement aux maisons traditionnelles japonaises lorsqu’il entreprend la construction de cette maison en bois en 2004. Il l’imagine au milieu des arbres fruitiers à la lisière du village d’Auvilliers, en Haute-Normandie. Construite sans terrassement, d’une superficie de 180 m2, la maison prend l’apparence d’une grange et se découvre comme telle. On est d’abord intimidé par l’espace unitaire immense, avant de vouloir en explorer chaque recoin. Couverte de bardeaux traditionnels normands en cèdre rouge, la maison adopte la forme d’une coque de bois retournée dans laquelle s’inscrit un objet sculpté en sapin lisse, quasiment indépendant, qui comporte les étages. Au rez-de-chaussée, l’espace magistral accueille un salon poétique avec une balançoire, des rangements intégrés, une bibliothèque, une salle à manger, une cuisine ouverte et une salle de bains dissimulée derrière une porte. C’est par une échelle (aujourd’hui remplacée par un escalier) que l’on accède aux étages qui abritent la partie nuit dont un espace parental, cabane dans la cabane, caché au sommet de la structure. Une terrasse prolonge la maison vers les champs environnants.La maison vit en parfaite harmonie avec l’environnement extérieur, dans un jeu d’ombres et de lumières. Le soleil entre largement par une vaste ouverture au Sud, produisant l’hiver un effet de serre qui participe au chauffage principal. Au Nord, les espaces sont réduits, à l’abri. Le vent pénètre et ventile la maison en passant par des trappes en façade. Pour respecter les préceptes de l’architecture traditionnelle japonaise, Jean-Baptiste Barache a imaginé une maison « low tech », sans électricité. « L’un des principes fondamentaux de cette architecture, c’est la correspondance entre température intérieure et extérieure. Dans la maison, on a naturellement froid l’hiver et chaud l’été. L’absence d’électricité implique aussi un quotidien sans télévision, sans chaîne hi-fi, donc un temps différent » résume l’architecte. Le rapport au temps se trouve au cœur de tout le projet. Car pour bâtir cet espace unique, Jean-Baptiste Barache a pris le sien. Des charpentiers livrent d’abord quatre fermes en lamellé-collé de sapin du Nord, conçues par l’architecte.Puis le montage de tous les éléments secondaires est ensuite réalisé par lui seul pendant 18 mois pour un coût très réduit de 70 000 euros. Le concepteur décrit ainsi sa démarche comme une expérience « naturelle » visant à ne pas déranger le site et assure avoir construit sa maison au gré de ses sensations. « L’intention de l’architecte devait être la plus discrète possible pour respecter l’histoire collective qui a fait naître l’harmonie propre à l’architecture traditionnelle japonaise ». Un pari réussi pour cette maison qui traverse le temps sereinement depuis sa livraison en 2006. INFORMATIONS PRATIQUESLA MAISON DANS UN CHAMPArchitecte Jean-Baptiste BaracheSite Auvilliers, Seine-MaritimeMaître d’ouvrage Jean-Baptiste BaracheDate Livraison janvier 2006Superficie 180 m2Coût 72 000 € HT Photographe – Gianni Vega Texte – Virginie d’HumièresD’UNE ÎLEPétrie par ses vies antérieures, la maison de campagne et table d’hôtes D’une Île, nichée en plein coeur du Perche, est une parenthèse hors du temps pour citadins en mal de simplicité.Ne cherchez pas comme chez Septime ou Clamato – deux autres adresses du groupe fondateur des lieux – une référence déguisée dans le titre. Non, « D’une Île » est un nom de baptême hérité des anciens propriétaires. La transmission est justement la raison d’être de cette oasis campagnarde qui accueille ses hôtes dans des murs vieux de plus de quatre siècles.Situé à environ deux heures de Paris, posté à équidistance du Mans et de Chartres, le Parc naturel régional du Perche se dévoile dans le plus simple appareil, et avec lui, D’une Île. À Rémalard, bourgade jusque-là inconnue du gotha citadin, ce gîte bohème de huit hectares R fait depuis une poignée d’années office de résidence secondaire pour la famille Septime, conglomérat gourmand établi rue de Charonne, à Paris. Dirigé par l’entrepreneur Théophile Pourriat et le chef Bertrand Grébaut, le groupe ajoute en 2018 avec D’une Île une quatrième adresse à son catalogue hétéroclite, déjà composé d’un restaurant gastronomique étoilé (Septime), d’un bar iodé (Clamato) et d’un cellier à vins natures et épicerie bio (La Cave). Tapisserie, une pâtisserie artisanale, complète depuis ce savoureux tableau. La naissance de D’une Île doit tout au destin. Un break entre copains amène Théophile Pourriat à poser ses valises le temps d’un week-end au gîte originel. Il y fait la connaissance des hôtes, un couple de charmants Néerlandais. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais quelques mois plus tard, l’entrepreneur reçoit un coup de fil : le couple cherche à vendre et demande des conseils. Théophile s’enquiert du dossier de vente, qui finit sur son bureau pour relecture. Un dernier coup d’œil changera la suite des événements : il appelle Bertrand pour lui présenter le projet car, finalement, cette baraque, ils pourraient bien en faire leur pied-à-terre à la campagne… Deux mois et demi plus tard, les Néerlandais repartent à Amsterdam et le duo se voit remettre les clés du domaine. Pas de gros travaux ni de remodelage, Théophile et Bertrand décident de conserver la propriété dans son jus et d’en exploiter le charme suranné. Certes, quelques transformations, dont l’ajout de deux chambres modernes, un sauna dans une bulle panoramique établi sur la colline – et bientôt, un bassin de nage à eau salée – façonnent un lieu à destination d’une clientèle exigeante. Il n’empêche que tout semble avoir toujours été là. Murs en pierres, tomettes ocres et poutres massives composent le socle commun. Dans les dix chambres, comme partout d’ailleurs, la décoration est minimaliste et rustique. Elle a été chinée dans les brocantes de la région, parfois trouvée en bord de route ou au fond d’une grange. Table égratignée, fauteuil scandinave, (très) bon lit, beaucoup de blanc… Un dépouillement qui rappelle la vie simple d’autrefois, même si les connaisseurs reconnaîtront quelques pièces de designer, luminaires Tom Dixon ou céramiques LRNCE en tête, qui ancrent D’une Île, ère Septime, dans son époque.Pour découvrir tout cela, il faut s’armer d’un peu de patience et d’une voiture avec de bonnes suspensions. Car le bonheur se trouve… en haut du chemin ! La propriété se dévoile sous les traits d’un instantané bucolique : on distingue, au loin, comme accrochées dans la forêt, les cinq chaumières de pierres qui composent le gîte. Bienvenue chez vous. Car ici, les conventions s’estompent à mesure que l’on découvre les hôtes du lieu : Coralie, Marine, Laurine… D’une Île se définit en effet comme une maison de campagne plutôt qu’un hôtel. Comme à la maison, donc, on n’hésitera pas à bouquiner au coin du feu, à passer une tête en cuisine, à désherber le potager… Ni à chausser ses bottes de pluie pour arpenter la forêt voisine, à la recherche de champignons ou d’herbes aromatiques qui se retrouveront à l’heure du goûter en infusion ou le soir dans l’assiette. L’assiette, justement, tient sa petite réputation. Bien que majoritairement occupée par les résidents, la table d’hôtes D’une île s’est rapidement imposée comme le rendez-vous des grandes occasions pour les gens du coin. S’y dressent deux dizaines de couverts dépareillés, parfois ébréchés, une collection elle aussi constituée au gré des flâneries locales de l’équipe fondatrice. À l’image des visages désormais familiers qui assurent aussi le service, la décontraction est de mise. Pas d’uniformes ni de nappes, encore moins de cérémonial ou de mets impossibles à déchiffrer, la cuisine se fait la gardienne de la philosophie de la maison. Humble et sincère, la carte est l’œuvre du chef Bertrand Grébaut, co-auteur des lieux. Récompensé d’un macaron Michelin pour la partition néo-bistronomique du Septime, il détricote ici les codes pointus qui ont fait la renommée de son adresse étoilée pour donner à D’une Île la saveur d’une auberge rurale, mais exigeante. Au menu, quelques grands classiques du répertoire français – œuf à la coque, pâté en croûte… selon les envies et les saisons – côtoient une cuisine brute à dominante végétale, deux qualificatifs hérités du maître du genre, Alain Passard, auprès duquel le chef Grébaut a fait ses armes en amorce de sa carrière. À chaque coup de fourchette, les goûts et les saveurs résonnent en bouche comme rarement. Une banale salade de tomates s’imprime illico dans la mémoire de nos papilles. Trésor du terroir régional, chaque produit travaillé en cuisine sort tout juste de terre. Une fraîcheur exceptionnelle empreinte de tradition qui garantit de grands moments en bouche… Si certaines denrées ont grandi à domicile, dans le potager cultivé par les équipes, l’autre partie du garde-manger provient directement des marchés et des producteurs voisins. C’est Nicolas qui livre les fruits et légumes, Didier les œufs… La boulangerie se fait sur place, tout comme la pâtisserie. La cuisine a d’ailleurs tiré un trait sur tout ce qui n’aurait pas poussé en terre normande ou sarthoise afin de respecter l’ancrage local qui anime D’une Île depuis des générations. L’exception qui confirme la règle concerne la cave : c’est vrai qu’à part le cidre, la viticulture n’est pas à son apogée dans le coin ! Les vins à la carte sont bien sûr natures ou biodynamiques, issus de vignobles européens ayant tiré leur épingle du jeu sur la table du Septime. Une fois élus par la clientèle de la rue de Charonne, les meilleurs jus sans intrants prennent sans détour le chemin du Perche.Et l’écologie dans tout ça ? « Le gîte est écolo, par la force des choses » nous répond-on. Et de se rappeler que la vie à la campagne, c’est depuis toujours rendre les cagettes au primeur qui vient livrer ses fruits et légumes, composter les déchets organiques et vivre au rythme des saisons. Chez D’une Île, comme dans les fermes d’antan, le quotidien est fait de petites choses simples. Une pause nécessaire, loin du tumulte de la ville.INFORMATIONS PRATIQUESLieu-dit L’Aunay 61110 RémalardT – +33 (0)2 33 83 01 47 7 @duneile Photographe – Théophile Pourriat & D’Une Île Texte – Fanny Liaux-GasquerelLA STATION ALEXANDRE | REGIS & EIFFELAbandonnée à partir des années 1930, la station Alexandre reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe dans les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui décide de lui donner une nouvelle vie avec l’architecte marseillais Éric Castaldi.Au début du XXème siècle, Victor Régis, négociant et armateur marseillais, entreprend de construire un ensemble industriel : la Station Alexandre. Située dans un quartier dédié à l’activité portuaire et industrielle, cet édifice trouve sa place au milieu de multiples savonneries, silos à grains, minoteries, manufactures de tabac et bien d’autres encore. Gare de triage d’une huilerie, la station était autrefois reliée au quartier de la Joliette par une ligne ferroviaire privée, faisant ainsi transiter les chargements d’arachide et de copra débarqués sur le port.Abandonnée à partir des années 30, la station reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe entre les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui, sous le charme de celle-ci, décide de lui donner une nouvelle vie. Ainsi sauvée de la démolition, la Station Alexandre est réhabilitée en 2004 par l’architecte marseillais Éric Castaldi. Dans le respect de son exceptionnelle architecture et de son histoire, la reconstruction ambitieuse de ce bâtiment accueille aujourd’hui un centre d’affaires, des commerces et des restaurants.Ce lieu admirable, situé dans le quartier du Canet, est marqué par sa structure métallique édifiée par Gustave Eiffel. Son style architectural mélange les genres et s’harmonise entre béton, verre et acier. Doté d’une grande richesse décorative, on découvre en son intérieur des colonnes de fonte aux chapiteaux corinthiens et des frises en linteaux décorées de rosaces. À ne pas louper, l’impressionnante verrière de son Atrium.INFORMATIONS PRATIQUES31 boulevard Charles Moretti 13014 MarseillePhotographes – ©Éric Castaldi – ©abcsalles – ©Chris HartwigLA CITÉ RADIEUSE | LE CORBUSIERÉdifiée entre 1947 et 1952 par Le Corbusier, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ».Né en 1887, Charles-Édouard Jeanneret plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, est un architecte du mouvement moderne. Au côté notamment de Robert Mallet-Stevens et de Mies Van Der Rohe, il est un artiste complet, opérant également en tant qu’urbaniste et designer. Fondateur de principes tels que le Modulor ou l’Unité d’Habitation, son œuvre comprend 17 sites – dont 10 en France – classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco, tandis que de nombreuses de ses réalisations sont classées Monuments Historiques. Parmi ses œuvres emblématiques, on compte La Cité Radieuse à Marseille.Édifiée entre 1947 et 1952, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ». Cette cité-jardin verticale, construite sur pilotis, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016. Créative et avant-gardiste, son architecture surprenante telle un paquebot, offre une multitude de jeux de lumière, de perspectives et de couleurs, se présentant comme une œuvre architecturale à part entière. Le style brutaliste met en avant l’utilisation de matériaux sans parement comme le béton brut, permettant un jeu de rythmes décoratifs riches et innovants.Les éléments architecturaux sont pensés pour répondre à l’environnement du bâtiment : l’élévation sur pilotis libère le terrain et la vue, tandis que le toit terrasse offre un espace de loisir loin du bruit, comme si l’on naviguait au calme, à travers la ville. Le brise-soleil laisse pénétrer le soleil en hiver et protège de la chaleur en été. La naissance de la « machine à habiter » propose à tous les habitants : de nombreux rangements, une cuisine intégrée, des services tels que l’école, les commerces, le tout pensé selon une ergonomie adaptée au corps humain. Le Corbusier s’entoure des plus grands pour optimiser l’intérieur des appartements, comme Charlotte Perriand qui contribue au premier prototype de cuisine. Jean Prouvé quant à lui révèle ses talents d’ingénieur et réalise l’extraordinaire escalier des duplex en tôle pliée.Derrière ce projet fou de 337 appartements appelés aussi « cellules », se cache la forte volonté du Corbusier d’instaurer une nouvelle manière d’Habiter, permettant de vivre ensemble et de libérer les femmes. C’est cette œuvre majeure, en évolution constante au gré de ceux qui y résident, qui a accompagné la naissance d’ARCHIK ainsi que notre philosophie de « l’Art d’habiter ». INFORMATIONS PRATIQUES280 boulevard Michelet 13008 Marseilleciteradieuse-marseille.comPhotographes – ©Romain Laprade – ©Florian Touzet – ©Centre PompidouL’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS | RENÉ EGGERRené Egger est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts, implantée à Luminy, au cœur du Parc des Calanques.Architecte français, René Egger (1915 – 2016) est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans la période de la Reconstruction après-guerre, aux côtés de Fernand Pouillon, il fonde d’emblématiques édifices tels que l’hôpital Nord et la faculté de médecine de la Timone. Architecte discret sous l’aile de Gaston Defferre, son trait de crayon n’en a pas moins bouleversé la cité phocéenne. Il a dessiné Marseille telle qu’on la pensait à l’époque, sous un angle fonctionnel et monumental.Héritier direct des modernistes, Egger fit du béton son matériau de prédilection et signa la plupart de ses ouvrages par des brises-soleil, venant tamiser le chaleureux soleil du Sud. Aujourd’hui, nombreux de ses bâtiments ponctuent toujours la ville, laissant derrière lui une trace considérable de son œuvre comme la résidence l’Éolienne en 1959, ou les facultés du campus de Saint-Jérôme.Parmi ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts (ESADMM), implantée sur le site de Luminy, au cœur du Parc des Calanques. Son bâtiment labéllisé « Architecture Contemporaine Remarquable » en 2007 est une prouesse architecturale, invitant l’extérieur à l’intérieur grâce à ses volumes aérés. Cet environnement baigné de lumière offre à ses étudiants un cadre de travail des plus inspirants. La nature se mêle à l’architecture grâce aux patios, jardins intérieurs et bassins qui rythment ce lieu, laissant libre expression à la flore méditerranéenne. Reconnaissable par ses murs de béton aux découpes saccadées et ses avancées s’ouvrant sur le ciel, l’architecte construit son œuvre comme une balade à travers laquelle on se laisse porter pour libérer sa créativité.Un lieu symbolique pour les étudiants des Beaux-Arts, et pour tous les marseillais qui le découvriront lors d’une balade dans le la Parc Régional des Calanques.INFORMATIONS PRATIQUES184 avenue de Luminy 13288 Marseilleesadmm.frPhotos – ©EsadmmNavigation des articlesArticles plus anciens
LA SERVIETTE PARISLa Serviette Paris est une marque française de linge de maison haut de gamme conjuguant élégance et savoir-faire. Des choix affirmés, des collaborations pointues et une distribution sélective qui révèlent une vraie identité à la fois chic et décontractée.La Serviette Paris, c’est une aventure humaine entre deux amis, Benjamin Bottard et Simon Thisse. Tous deux férus de voyages et amoureux de belles choses, ils puisent leurs inspirations au grès de leurs rencontres. En 2016, ils créent La Serviette Paris et lancent leur première collection de serviettes de plage aux motifs pop & art-déco made in France. Depuis, chambre, bain ou plage, en quelques années, la famille s’est agrandit avec du linge de maison. La Serviette Paris prône une production éco responsable avec un coton égyptien récolté à la main, en quantité réduite, la suppression des emballages plastiques et l’absence totale de produits nocifs pour la santé ainsi qu’un service de recyclage des anciennes éponges et linges de lit. Une entreprise dans l’air du temps, où excellence rime avec engagement.Une créativité sans faille et de belles collaborations avec de grandes maisons telles que Maison Sarah Lavoine, La Villa Noailles, La fondation Carmignac et la marque Dyptique font naître des collections racontant des histoires, telle que la gamme Nomade, hommage à des artistes comme Daniel Buren ou Etel Adnan.La Serviette Paris habille nos Maisons ARCHIK de belles serviette brodées ainsi que nos shooting photos. Nous sommes heureux de partager avec eux notre art d’habiter dans notre Maison ARCHIK Paris, 14 rue de Montmorency, Paris 3.Bienvenue !LA BOUTIQUELA SERVIETTE PARIS 46/48 rue Notre-Dame-de-Nazareth 75003 Paris -10% sur votre commande avec le code : ARCHICKLSP21 laservietteparis.com @laservietteparisDÉONTOLOGIE DU DESIGNLe concept d’autoproduction prôné par Mari n’en finit pas d’inspirer des générations de designers critiques et engagés.« Nous savons tous que, parmi tous ceux qui travaillent dans cette étrange, ambiguë, incertaine et glissante profession qu’on appelle aujourd’hui le « design », Enzo Mari est l’un de ceux qui s’accrochent avec le plus d’entêtement et de désespoir au rêve de le sauver de son péché originel, de le sortir de la corruption, en le plaçant à la disposition des gens cafardeux dans les rues plutôt qu’à la disposition (…) de l’aristocratie au pouvoir. » Ettore Sottsass, 1974. Penseur discret et engagé, fils d’une famille pauvre venue des Pouilles, Enzo Mari fut d’abord vendeur ambulant avant d’étudier à l’Académie des Beaux-Arts de Brera où il découvre la folie expérimentale des années 1950 et 1960. Emporté par le Covid-19 le 19 octobre 2020, il laisse derrière lui une constellation d’œuvres, pour reprendre le terme employé par Stefano Boeri, directeur de l’immense Musée de la Triennale, à Milan, qui lui consacra sa dernière rétrospective, inaugurée deux jours avant la disparition de l’artiste. Une myriade d’œuvres, mêlant douceur et austérité, spontanéité et rigueur, avec toujours, l’éthique et l’intégrité en ligne de mire. Celui qu’Hans Ulrich Obrist – commissaire de ladite exposition – aimait appeler « Le Marcel Duchamp du design » continue à inspirer étudiants et créateurs, notamment à travers son projet le plus crucial, véritable manifeste visant à révolutionner le monde de la distribution : Autoprogettazione. Comprenez : Autoconception.Autoprogettazione En 1974, Enzo Mari publie pour la première fois un petit livre, imaginé en toute humilité, mais qui pourtant fera scandale dans le tout Milan de l’époque. Et pour cause, ces quelques pages rigoureusement pensées et distribuées à l’occasion de son exposition Proposta per autoprogettazione livrent gratuitement au public les plans pour réaliser toute une collection de mobilier – chaise, table, bureau. Pensé comme un acte politique, le projet Autoprogettazione cherche à redonner à tout un chacun un peu de pouvoir sur son univers domestique en fabricant soi-même son mobilier avec un minimum d’outils (marteau, scie, clous et colle). Véritable icône de la ligne Autoprogettazione, la chaise Sedia 1 rend compte de la volonté du designer de concevoir des meubles les plus accessibles possibles tant au niveau de leur assemblage que de leurs matériaux (du sapin en l’occurrence). Le mode d’emploi étant gratuit, il suffit d’acheter des planches et des clous, pour réaliser soi-même un mobilier à prix minimum. En deux jours, on pouvait ainsi meubler un appartement avec tables, chaises, bancs, armoires, bibliothèque, bureau et lits. Mais Stefano Boeri met en garde : contrairement aux idées reçues, Mari n’a pas inventé les meubles en kit, qu’Ikea proposait déjà depuis les années 50. Ce qu’il a démocratisé est plus subtile encore : c’est le travail manuel, la conception du design soi-même.De ce fait, Enzo Mari place la notion éducative au cœur de sa pratique. La simplicité de conception laissait également la liberté à l’utilisateur de modifier les plans d’origine à sa guise afin de s’approprier davantage les meubles, démarche encouragée par Mari lui-même, qui incitait les esprits créatifs à lui adresser notes et photos. Contre la médiocrité de la société de consommation Mais surtout, l’ambition d’Autoprogettazione était d’instaurer une relation plus directe entre le créateur et l’acheteur, en court-circuitant les différents acteurs de l’industrie et de la distribution – usines et magasins – pour finalement mettre le design à la portée de tous. Inspiré par la philosophie marxiste de son époque, il met un point d’honneur à « impliquer le peuple » dans ce qui définit son quotidien, tandis que le design industriel est en plein essor. L’utopiste qu’il était espérait en outre qu’en réalisant ses meubles de ses mains, l’usager y porterait un meilleur soin dans le temps. Très vite, il se positionne alors comme détracteur de la société de consommation, et précurseur du mouvement contemporain des makers, ces partisans de l’autoproduction. Une conviction qui a guidé l’ensemble de son œuvre et de sa carrière.Déjà en 1971, il propose au public de se réapproprier une part de l’utilisation de son mobilier avec sa « Box Chair » : un archétype de chaise montable, présentée sous la forme d’une boîte en plastique servant d’assise où sont rangés les quatre pieds. L’année suivante, en 1972, lors de l’exposition culte consacrée par le MoMA de New York au design italien, « Italy : The New Domestic Landscape », il présente ses vases ludiques nommés Pago Pago qui peuvent s’utiliser de différentes façons, tête en bas si l’envie nous en prend, toujours dans cette ambition de rendre l’usager acteur du design.Bien des années plus tard, en 1995, Enzo Mari présente avec Alessi le projet Ecolo : un nouveau livret proposant cette fois de transformer des bouteilles de détergent vaisselle en vases grâce à différentes découpes. Il se prête lui-même au jeu et imagine une série de vases ainsi recyclés, signés de son nom : le client, ou collectionneur, a donc le choix entre l’objet signé ou bien les instructions pour le réaliser chez lui. À cette époque, Mari attire non seulement l’attention sur l’importance du recyclage, mais il questionne aussi largement le monde du design : celui-ci ne doit-il pas être démocratisé ? Un vase que l’on fabrique soi-même a-t-il moins de valeur que s’il est signé Enzo Mari ? Quelle est la frontière entre « open source design » et imitation ?Une vision du design éthique, collaboratif et écologique Ce penseur visionnaire, à l’esthétique austère et rigoureuse, célèbre pour ses coups de colères politiques, incarne une vision du design collaboratif et écologique, à l’époque avant-gardiste et toujours actuelle. Car le concept d’autoproduction prôné par Mari n’en finit pas d’inspirer des générations de designers critiques et engagés, jusqu’aux communautés de makers du XXIème siècle qui partagent gratuitement sur Internet les plans à construire de leurs créations. Basé à Concarneau, le Low Tech Lab n’hésite pas à concevoir par exemple une véritable bibliothèque de documentations open-source triées sur le volet, visant à démocratiser la création de technologies à la fois utiles, accessibles et durables. À Paris, l’association Bellastock prône une architecture accessible à tous, développe des outils afin de transmettre une culture architecturale basée sur le réemploi, l’autoproduction, le développement soutenable des territoires, et incite ainsi les citoyens à devenir davantage conscients de l’importance de leur cadre de vie. Celui qu’on appelle « le designer du peuple » connait son sujet : lui-même est designer autodidacte. Mari a toujours fait en sorte que son travail reste un jeu – en témoigne l’un de ses premiers projets, le puzzle pour enfants 16 Animali. Mais, bien plus important que cela, il fallait que son travail reste éthique. En 1999, il initie le Manifeste de Barcelone qui plaide pour un serment d’Hippocrate du designer. Le professeur Mari insistait auprès de ses élèves de Milan, Vienne ou Berlin : « Il vaudrait la peine de promouvoir une acceptation générale du principe selon lequel l’éthique doit guider toute forme de design » (Designing the 21st Century, Taschen, 2001). En témoignent les propos cités en introduction, tenus par Ettore Sottsass, à la tête du délirant et festif mouvement Memphis des années 1980 : Mari gagne le respect de tous, même de ceux que se tiennent les plus éloignés de sa rigueur et son dépouillement. Il s’impose, à l’unanimité, comme le gardien de la déontologie du design, aussi tempétueux que talentueux, fulminant contre la médiocrité de la société de consommation, contre celle de l’industrie du luxe, contre l’avilissement du peuple.« Tout ce que l’on fait est politique » Loin de n’être qu’un idéal, la proximité d’Enzo Mari avec la classe moyenne est une réalité : son œuvre est omniprésente dans le quotidien des italiens, elle se cache en tout humilité dans les meubles et objets les plus anonymes et familiers : chaises de bistrot, puzzles en bois pour enfants, luminaires, pots à crayons, accessoires pour le bureau, cocottes pour la cuisine…Ses convictions communistes, qu’il ne délaissera jamais, l’ont poussé à placer son œuvre à la disposition des gens modestes et ordinaires, et non à celle de l’aristocratie au pouvoir. Pourtant, c’est ce même engagement, ce même entêtement à sauver sa discipline de la tournure mercantile qu’elle prenait, qui ont séduit les collectionneurs : les planches de bois brut sont devenues le nouveau snobisme, les chaises rustiques ont meublé les résidences secondaires, fabriquées par des charpentiers payés pour cela, ou par la suite par des éditeurs, mais non par leurs acquéreurs, et ces intermédiaires, que sont les fabricants et les distributeurs, de revenir au galop.« Tout ce que l’on fait est politique », martelait Enzo Mari. En 2009, il trouvait encore la force de tempêter une dernière fois ou presque, dans un texte intitulé, Que fare ? (« Que faire ? »). Un titre à la limite du désespoir, mais à travers lequel il cherche toujours à se battre. Le texte resitue l’histoire du design, né en Allemagne dans la décennie 1920 puis dans l’Italie des années 1950 : « L’on pensait naïvement que l’intelligence d’un produit pouvait avoir une influence positive sur les besoins, et donc sur le marché. Cette ligne utopiste était en harmonie avec le climat de reconstruction, matérielle et idéologique, de l’après-guerre, qui touchait tous les Européens. Dès les années 1960 pourtant, commençaient à apparaître les signes d’une société corrompue par la faiblesse de la pensée et rendue obtuse par « l’exploitation globale » du règne de la marchandise. » Oui, que faire ? Comment faire partie du marché en restant intègre ? Ou comment « rester digne en étant populaire » – questionnerait Kipling ? Et comment immiscer un peu d’utopie dans la société industrielle ? L’intégrité qu’il cherchait à tout prix à préserver aura eu raison de lui : désespéré par son époque, exaspéré par ce qu’était devenu le monde du design ses dernières années, il finit par offrir à la ville de Milan l’intégralité de ses archives, mais à la condition que celles-ci restent inaccessibles pendant quarante ans… le temps qu’une nouvelle génération « non dégradée comme celle d’aujourd’hui, puisse en faire un usage conscient ». C’est tout ce qu’on lui souhaite. INFORMATIONS PRATIQUESTexte — Emmanuelle Oddo Photos — ArtekÉLOGE DE LA DISCRÉTIONDans un rapport unique à l'espace, au temps et à la lumière, l'architecte Jean-Baptiste Barache — fondateur du studio Arba, spécialisé en nouvelles solutions d’habitats durables et abordables — a façonné une maison en bois, posée au milieu d'un champ. Un projet personnel inspiré par les principes de l'architecture traditionnelle japonaise.La designer et illustratrice Ionna Vautrin, qui a récemment investi les lieux auparavant occupés par l’architecte, décrit une maison « au calme radical et à l’atmosphère mystique ». Ce sont sans nul doute des mots qui touchent Jean-Baptiste Barache, qui a conçu de ses mains cet espace unique, situé au coeur de la campagne normande, inspiré par la lecture de « L’éloge de l’ombre » de Junichirô Tanizaki. L’architecte s’intéresse justement aux maisons traditionnelles japonaises lorsqu’il entreprend la construction de cette maison en bois en 2004. Il l’imagine au milieu des arbres fruitiers à la lisière du village d’Auvilliers, en Haute-Normandie. Construite sans terrassement, d’une superficie de 180 m2, la maison prend l’apparence d’une grange et se découvre comme telle. On est d’abord intimidé par l’espace unitaire immense, avant de vouloir en explorer chaque recoin. Couverte de bardeaux traditionnels normands en cèdre rouge, la maison adopte la forme d’une coque de bois retournée dans laquelle s’inscrit un objet sculpté en sapin lisse, quasiment indépendant, qui comporte les étages. Au rez-de-chaussée, l’espace magistral accueille un salon poétique avec une balançoire, des rangements intégrés, une bibliothèque, une salle à manger, une cuisine ouverte et une salle de bains dissimulée derrière une porte. C’est par une échelle (aujourd’hui remplacée par un escalier) que l’on accède aux étages qui abritent la partie nuit dont un espace parental, cabane dans la cabane, caché au sommet de la structure. Une terrasse prolonge la maison vers les champs environnants.La maison vit en parfaite harmonie avec l’environnement extérieur, dans un jeu d’ombres et de lumières. Le soleil entre largement par une vaste ouverture au Sud, produisant l’hiver un effet de serre qui participe au chauffage principal. Au Nord, les espaces sont réduits, à l’abri. Le vent pénètre et ventile la maison en passant par des trappes en façade. Pour respecter les préceptes de l’architecture traditionnelle japonaise, Jean-Baptiste Barache a imaginé une maison « low tech », sans électricité. « L’un des principes fondamentaux de cette architecture, c’est la correspondance entre température intérieure et extérieure. Dans la maison, on a naturellement froid l’hiver et chaud l’été. L’absence d’électricité implique aussi un quotidien sans télévision, sans chaîne hi-fi, donc un temps différent » résume l’architecte. Le rapport au temps se trouve au cœur de tout le projet. Car pour bâtir cet espace unique, Jean-Baptiste Barache a pris le sien. Des charpentiers livrent d’abord quatre fermes en lamellé-collé de sapin du Nord, conçues par l’architecte.Puis le montage de tous les éléments secondaires est ensuite réalisé par lui seul pendant 18 mois pour un coût très réduit de 70 000 euros. Le concepteur décrit ainsi sa démarche comme une expérience « naturelle » visant à ne pas déranger le site et assure avoir construit sa maison au gré de ses sensations. « L’intention de l’architecte devait être la plus discrète possible pour respecter l’histoire collective qui a fait naître l’harmonie propre à l’architecture traditionnelle japonaise ». Un pari réussi pour cette maison qui traverse le temps sereinement depuis sa livraison en 2006. INFORMATIONS PRATIQUESLA MAISON DANS UN CHAMPArchitecte Jean-Baptiste BaracheSite Auvilliers, Seine-MaritimeMaître d’ouvrage Jean-Baptiste BaracheDate Livraison janvier 2006Superficie 180 m2Coût 72 000 € HT Photographe – Gianni Vega Texte – Virginie d’HumièresD’UNE ÎLEPétrie par ses vies antérieures, la maison de campagne et table d’hôtes D’une Île, nichée en plein coeur du Perche, est une parenthèse hors du temps pour citadins en mal de simplicité.Ne cherchez pas comme chez Septime ou Clamato – deux autres adresses du groupe fondateur des lieux – une référence déguisée dans le titre. Non, « D’une Île » est un nom de baptême hérité des anciens propriétaires. La transmission est justement la raison d’être de cette oasis campagnarde qui accueille ses hôtes dans des murs vieux de plus de quatre siècles.Situé à environ deux heures de Paris, posté à équidistance du Mans et de Chartres, le Parc naturel régional du Perche se dévoile dans le plus simple appareil, et avec lui, D’une Île. À Rémalard, bourgade jusque-là inconnue du gotha citadin, ce gîte bohème de huit hectares R fait depuis une poignée d’années office de résidence secondaire pour la famille Septime, conglomérat gourmand établi rue de Charonne, à Paris. Dirigé par l’entrepreneur Théophile Pourriat et le chef Bertrand Grébaut, le groupe ajoute en 2018 avec D’une Île une quatrième adresse à son catalogue hétéroclite, déjà composé d’un restaurant gastronomique étoilé (Septime), d’un bar iodé (Clamato) et d’un cellier à vins natures et épicerie bio (La Cave). Tapisserie, une pâtisserie artisanale, complète depuis ce savoureux tableau. La naissance de D’une Île doit tout au destin. Un break entre copains amène Théophile Pourriat à poser ses valises le temps d’un week-end au gîte originel. Il y fait la connaissance des hôtes, un couple de charmants Néerlandais. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais quelques mois plus tard, l’entrepreneur reçoit un coup de fil : le couple cherche à vendre et demande des conseils. Théophile s’enquiert du dossier de vente, qui finit sur son bureau pour relecture. Un dernier coup d’œil changera la suite des événements : il appelle Bertrand pour lui présenter le projet car, finalement, cette baraque, ils pourraient bien en faire leur pied-à-terre à la campagne… Deux mois et demi plus tard, les Néerlandais repartent à Amsterdam et le duo se voit remettre les clés du domaine. Pas de gros travaux ni de remodelage, Théophile et Bertrand décident de conserver la propriété dans son jus et d’en exploiter le charme suranné. Certes, quelques transformations, dont l’ajout de deux chambres modernes, un sauna dans une bulle panoramique établi sur la colline – et bientôt, un bassin de nage à eau salée – façonnent un lieu à destination d’une clientèle exigeante. Il n’empêche que tout semble avoir toujours été là. Murs en pierres, tomettes ocres et poutres massives composent le socle commun. Dans les dix chambres, comme partout d’ailleurs, la décoration est minimaliste et rustique. Elle a été chinée dans les brocantes de la région, parfois trouvée en bord de route ou au fond d’une grange. Table égratignée, fauteuil scandinave, (très) bon lit, beaucoup de blanc… Un dépouillement qui rappelle la vie simple d’autrefois, même si les connaisseurs reconnaîtront quelques pièces de designer, luminaires Tom Dixon ou céramiques LRNCE en tête, qui ancrent D’une Île, ère Septime, dans son époque.Pour découvrir tout cela, il faut s’armer d’un peu de patience et d’une voiture avec de bonnes suspensions. Car le bonheur se trouve… en haut du chemin ! La propriété se dévoile sous les traits d’un instantané bucolique : on distingue, au loin, comme accrochées dans la forêt, les cinq chaumières de pierres qui composent le gîte. Bienvenue chez vous. Car ici, les conventions s’estompent à mesure que l’on découvre les hôtes du lieu : Coralie, Marine, Laurine… D’une Île se définit en effet comme une maison de campagne plutôt qu’un hôtel. Comme à la maison, donc, on n’hésitera pas à bouquiner au coin du feu, à passer une tête en cuisine, à désherber le potager… Ni à chausser ses bottes de pluie pour arpenter la forêt voisine, à la recherche de champignons ou d’herbes aromatiques qui se retrouveront à l’heure du goûter en infusion ou le soir dans l’assiette. L’assiette, justement, tient sa petite réputation. Bien que majoritairement occupée par les résidents, la table d’hôtes D’une île s’est rapidement imposée comme le rendez-vous des grandes occasions pour les gens du coin. S’y dressent deux dizaines de couverts dépareillés, parfois ébréchés, une collection elle aussi constituée au gré des flâneries locales de l’équipe fondatrice. À l’image des visages désormais familiers qui assurent aussi le service, la décontraction est de mise. Pas d’uniformes ni de nappes, encore moins de cérémonial ou de mets impossibles à déchiffrer, la cuisine se fait la gardienne de la philosophie de la maison. Humble et sincère, la carte est l’œuvre du chef Bertrand Grébaut, co-auteur des lieux. Récompensé d’un macaron Michelin pour la partition néo-bistronomique du Septime, il détricote ici les codes pointus qui ont fait la renommée de son adresse étoilée pour donner à D’une Île la saveur d’une auberge rurale, mais exigeante. Au menu, quelques grands classiques du répertoire français – œuf à la coque, pâté en croûte… selon les envies et les saisons – côtoient une cuisine brute à dominante végétale, deux qualificatifs hérités du maître du genre, Alain Passard, auprès duquel le chef Grébaut a fait ses armes en amorce de sa carrière. À chaque coup de fourchette, les goûts et les saveurs résonnent en bouche comme rarement. Une banale salade de tomates s’imprime illico dans la mémoire de nos papilles. Trésor du terroir régional, chaque produit travaillé en cuisine sort tout juste de terre. Une fraîcheur exceptionnelle empreinte de tradition qui garantit de grands moments en bouche… Si certaines denrées ont grandi à domicile, dans le potager cultivé par les équipes, l’autre partie du garde-manger provient directement des marchés et des producteurs voisins. C’est Nicolas qui livre les fruits et légumes, Didier les œufs… La boulangerie se fait sur place, tout comme la pâtisserie. La cuisine a d’ailleurs tiré un trait sur tout ce qui n’aurait pas poussé en terre normande ou sarthoise afin de respecter l’ancrage local qui anime D’une Île depuis des générations. L’exception qui confirme la règle concerne la cave : c’est vrai qu’à part le cidre, la viticulture n’est pas à son apogée dans le coin ! Les vins à la carte sont bien sûr natures ou biodynamiques, issus de vignobles européens ayant tiré leur épingle du jeu sur la table du Septime. Une fois élus par la clientèle de la rue de Charonne, les meilleurs jus sans intrants prennent sans détour le chemin du Perche.Et l’écologie dans tout ça ? « Le gîte est écolo, par la force des choses » nous répond-on. Et de se rappeler que la vie à la campagne, c’est depuis toujours rendre les cagettes au primeur qui vient livrer ses fruits et légumes, composter les déchets organiques et vivre au rythme des saisons. Chez D’une Île, comme dans les fermes d’antan, le quotidien est fait de petites choses simples. Une pause nécessaire, loin du tumulte de la ville.INFORMATIONS PRATIQUESLieu-dit L’Aunay 61110 RémalardT – +33 (0)2 33 83 01 47 7 @duneile Photographe – Théophile Pourriat & D’Une Île Texte – Fanny Liaux-GasquerelLA STATION ALEXANDRE | REGIS & EIFFELAbandonnée à partir des années 1930, la station Alexandre reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe dans les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui décide de lui donner une nouvelle vie avec l’architecte marseillais Éric Castaldi.Au début du XXème siècle, Victor Régis, négociant et armateur marseillais, entreprend de construire un ensemble industriel : la Station Alexandre. Située dans un quartier dédié à l’activité portuaire et industrielle, cet édifice trouve sa place au milieu de multiples savonneries, silos à grains, minoteries, manufactures de tabac et bien d’autres encore. Gare de triage d’une huilerie, la station était autrefois reliée au quartier de la Joliette par une ligne ferroviaire privée, faisant ainsi transiter les chargements d’arachide et de copra débarqués sur le port.Abandonnée à partir des années 30, la station reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe entre les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui, sous le charme de celle-ci, décide de lui donner une nouvelle vie. Ainsi sauvée de la démolition, la Station Alexandre est réhabilitée en 2004 par l’architecte marseillais Éric Castaldi. Dans le respect de son exceptionnelle architecture et de son histoire, la reconstruction ambitieuse de ce bâtiment accueille aujourd’hui un centre d’affaires, des commerces et des restaurants.Ce lieu admirable, situé dans le quartier du Canet, est marqué par sa structure métallique édifiée par Gustave Eiffel. Son style architectural mélange les genres et s’harmonise entre béton, verre et acier. Doté d’une grande richesse décorative, on découvre en son intérieur des colonnes de fonte aux chapiteaux corinthiens et des frises en linteaux décorées de rosaces. À ne pas louper, l’impressionnante verrière de son Atrium.INFORMATIONS PRATIQUES31 boulevard Charles Moretti 13014 MarseillePhotographes – ©Éric Castaldi – ©abcsalles – ©Chris HartwigLA CITÉ RADIEUSE | LE CORBUSIERÉdifiée entre 1947 et 1952 par Le Corbusier, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ».Né en 1887, Charles-Édouard Jeanneret plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, est un architecte du mouvement moderne. Au côté notamment de Robert Mallet-Stevens et de Mies Van Der Rohe, il est un artiste complet, opérant également en tant qu’urbaniste et designer. Fondateur de principes tels que le Modulor ou l’Unité d’Habitation, son œuvre comprend 17 sites – dont 10 en France – classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco, tandis que de nombreuses de ses réalisations sont classées Monuments Historiques. Parmi ses œuvres emblématiques, on compte La Cité Radieuse à Marseille.Édifiée entre 1947 et 1952, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ». Cette cité-jardin verticale, construite sur pilotis, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016. Créative et avant-gardiste, son architecture surprenante telle un paquebot, offre une multitude de jeux de lumière, de perspectives et de couleurs, se présentant comme une œuvre architecturale à part entière. Le style brutaliste met en avant l’utilisation de matériaux sans parement comme le béton brut, permettant un jeu de rythmes décoratifs riches et innovants.Les éléments architecturaux sont pensés pour répondre à l’environnement du bâtiment : l’élévation sur pilotis libère le terrain et la vue, tandis que le toit terrasse offre un espace de loisir loin du bruit, comme si l’on naviguait au calme, à travers la ville. Le brise-soleil laisse pénétrer le soleil en hiver et protège de la chaleur en été. La naissance de la « machine à habiter » propose à tous les habitants : de nombreux rangements, une cuisine intégrée, des services tels que l’école, les commerces, le tout pensé selon une ergonomie adaptée au corps humain. Le Corbusier s’entoure des plus grands pour optimiser l’intérieur des appartements, comme Charlotte Perriand qui contribue au premier prototype de cuisine. Jean Prouvé quant à lui révèle ses talents d’ingénieur et réalise l’extraordinaire escalier des duplex en tôle pliée.Derrière ce projet fou de 337 appartements appelés aussi « cellules », se cache la forte volonté du Corbusier d’instaurer une nouvelle manière d’Habiter, permettant de vivre ensemble et de libérer les femmes. C’est cette œuvre majeure, en évolution constante au gré de ceux qui y résident, qui a accompagné la naissance d’ARCHIK ainsi que notre philosophie de « l’Art d’habiter ». INFORMATIONS PRATIQUES280 boulevard Michelet 13008 Marseilleciteradieuse-marseille.comPhotographes – ©Romain Laprade – ©Florian Touzet – ©Centre PompidouL’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS | RENÉ EGGERRené Egger est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts, implantée à Luminy, au cœur du Parc des Calanques.Architecte français, René Egger (1915 – 2016) est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans la période de la Reconstruction après-guerre, aux côtés de Fernand Pouillon, il fonde d’emblématiques édifices tels que l’hôpital Nord et la faculté de médecine de la Timone. Architecte discret sous l’aile de Gaston Defferre, son trait de crayon n’en a pas moins bouleversé la cité phocéenne. Il a dessiné Marseille telle qu’on la pensait à l’époque, sous un angle fonctionnel et monumental.Héritier direct des modernistes, Egger fit du béton son matériau de prédilection et signa la plupart de ses ouvrages par des brises-soleil, venant tamiser le chaleureux soleil du Sud. Aujourd’hui, nombreux de ses bâtiments ponctuent toujours la ville, laissant derrière lui une trace considérable de son œuvre comme la résidence l’Éolienne en 1959, ou les facultés du campus de Saint-Jérôme.Parmi ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts (ESADMM), implantée sur le site de Luminy, au cœur du Parc des Calanques. Son bâtiment labéllisé « Architecture Contemporaine Remarquable » en 2007 est une prouesse architecturale, invitant l’extérieur à l’intérieur grâce à ses volumes aérés. Cet environnement baigné de lumière offre à ses étudiants un cadre de travail des plus inspirants. La nature se mêle à l’architecture grâce aux patios, jardins intérieurs et bassins qui rythment ce lieu, laissant libre expression à la flore méditerranéenne. Reconnaissable par ses murs de béton aux découpes saccadées et ses avancées s’ouvrant sur le ciel, l’architecte construit son œuvre comme une balade à travers laquelle on se laisse porter pour libérer sa créativité.Un lieu symbolique pour les étudiants des Beaux-Arts, et pour tous les marseillais qui le découvriront lors d’une balade dans le la Parc Régional des Calanques.INFORMATIONS PRATIQUES184 avenue de Luminy 13288 Marseilleesadmm.frPhotos – ©EsadmmNavigation des articlesArticles plus anciens
LA SERVIETTE PARISLa Serviette Paris est une marque française de linge de maison haut de gamme conjuguant élégance et savoir-faire. Des choix affirmés, des collaborations pointues et une distribution sélective qui révèlent une vraie identité à la fois chic et décontractée.La Serviette Paris, c’est une aventure humaine entre deux amis, Benjamin Bottard et Simon Thisse. Tous deux férus de voyages et amoureux de belles choses, ils puisent leurs inspirations au grès de leurs rencontres. En 2016, ils créent La Serviette Paris et lancent leur première collection de serviettes de plage aux motifs pop & art-déco made in France. Depuis, chambre, bain ou plage, en quelques années, la famille s’est agrandit avec du linge de maison. La Serviette Paris prône une production éco responsable avec un coton égyptien récolté à la main, en quantité réduite, la suppression des emballages plastiques et l’absence totale de produits nocifs pour la santé ainsi qu’un service de recyclage des anciennes éponges et linges de lit. Une entreprise dans l’air du temps, où excellence rime avec engagement.Une créativité sans faille et de belles collaborations avec de grandes maisons telles que Maison Sarah Lavoine, La Villa Noailles, La fondation Carmignac et la marque Dyptique font naître des collections racontant des histoires, telle que la gamme Nomade, hommage à des artistes comme Daniel Buren ou Etel Adnan.La Serviette Paris habille nos Maisons ARCHIK de belles serviette brodées ainsi que nos shooting photos. Nous sommes heureux de partager avec eux notre art d’habiter dans notre Maison ARCHIK Paris, 14 rue de Montmorency, Paris 3.Bienvenue !LA BOUTIQUELA SERVIETTE PARIS 46/48 rue Notre-Dame-de-Nazareth 75003 Paris -10% sur votre commande avec le code : ARCHICKLSP21 laservietteparis.com @laservietteparisDÉONTOLOGIE DU DESIGNLe concept d’autoproduction prôné par Mari n’en finit pas d’inspirer des générations de designers critiques et engagés.« Nous savons tous que, parmi tous ceux qui travaillent dans cette étrange, ambiguë, incertaine et glissante profession qu’on appelle aujourd’hui le « design », Enzo Mari est l’un de ceux qui s’accrochent avec le plus d’entêtement et de désespoir au rêve de le sauver de son péché originel, de le sortir de la corruption, en le plaçant à la disposition des gens cafardeux dans les rues plutôt qu’à la disposition (…) de l’aristocratie au pouvoir. » Ettore Sottsass, 1974. Penseur discret et engagé, fils d’une famille pauvre venue des Pouilles, Enzo Mari fut d’abord vendeur ambulant avant d’étudier à l’Académie des Beaux-Arts de Brera où il découvre la folie expérimentale des années 1950 et 1960. Emporté par le Covid-19 le 19 octobre 2020, il laisse derrière lui une constellation d’œuvres, pour reprendre le terme employé par Stefano Boeri, directeur de l’immense Musée de la Triennale, à Milan, qui lui consacra sa dernière rétrospective, inaugurée deux jours avant la disparition de l’artiste. Une myriade d’œuvres, mêlant douceur et austérité, spontanéité et rigueur, avec toujours, l’éthique et l’intégrité en ligne de mire. Celui qu’Hans Ulrich Obrist – commissaire de ladite exposition – aimait appeler « Le Marcel Duchamp du design » continue à inspirer étudiants et créateurs, notamment à travers son projet le plus crucial, véritable manifeste visant à révolutionner le monde de la distribution : Autoprogettazione. Comprenez : Autoconception.Autoprogettazione En 1974, Enzo Mari publie pour la première fois un petit livre, imaginé en toute humilité, mais qui pourtant fera scandale dans le tout Milan de l’époque. Et pour cause, ces quelques pages rigoureusement pensées et distribuées à l’occasion de son exposition Proposta per autoprogettazione livrent gratuitement au public les plans pour réaliser toute une collection de mobilier – chaise, table, bureau. Pensé comme un acte politique, le projet Autoprogettazione cherche à redonner à tout un chacun un peu de pouvoir sur son univers domestique en fabricant soi-même son mobilier avec un minimum d’outils (marteau, scie, clous et colle). Véritable icône de la ligne Autoprogettazione, la chaise Sedia 1 rend compte de la volonté du designer de concevoir des meubles les plus accessibles possibles tant au niveau de leur assemblage que de leurs matériaux (du sapin en l’occurrence). Le mode d’emploi étant gratuit, il suffit d’acheter des planches et des clous, pour réaliser soi-même un mobilier à prix minimum. En deux jours, on pouvait ainsi meubler un appartement avec tables, chaises, bancs, armoires, bibliothèque, bureau et lits. Mais Stefano Boeri met en garde : contrairement aux idées reçues, Mari n’a pas inventé les meubles en kit, qu’Ikea proposait déjà depuis les années 50. Ce qu’il a démocratisé est plus subtile encore : c’est le travail manuel, la conception du design soi-même.De ce fait, Enzo Mari place la notion éducative au cœur de sa pratique. La simplicité de conception laissait également la liberté à l’utilisateur de modifier les plans d’origine à sa guise afin de s’approprier davantage les meubles, démarche encouragée par Mari lui-même, qui incitait les esprits créatifs à lui adresser notes et photos. Contre la médiocrité de la société de consommation Mais surtout, l’ambition d’Autoprogettazione était d’instaurer une relation plus directe entre le créateur et l’acheteur, en court-circuitant les différents acteurs de l’industrie et de la distribution – usines et magasins – pour finalement mettre le design à la portée de tous. Inspiré par la philosophie marxiste de son époque, il met un point d’honneur à « impliquer le peuple » dans ce qui définit son quotidien, tandis que le design industriel est en plein essor. L’utopiste qu’il était espérait en outre qu’en réalisant ses meubles de ses mains, l’usager y porterait un meilleur soin dans le temps. Très vite, il se positionne alors comme détracteur de la société de consommation, et précurseur du mouvement contemporain des makers, ces partisans de l’autoproduction. Une conviction qui a guidé l’ensemble de son œuvre et de sa carrière.Déjà en 1971, il propose au public de se réapproprier une part de l’utilisation de son mobilier avec sa « Box Chair » : un archétype de chaise montable, présentée sous la forme d’une boîte en plastique servant d’assise où sont rangés les quatre pieds. L’année suivante, en 1972, lors de l’exposition culte consacrée par le MoMA de New York au design italien, « Italy : The New Domestic Landscape », il présente ses vases ludiques nommés Pago Pago qui peuvent s’utiliser de différentes façons, tête en bas si l’envie nous en prend, toujours dans cette ambition de rendre l’usager acteur du design.Bien des années plus tard, en 1995, Enzo Mari présente avec Alessi le projet Ecolo : un nouveau livret proposant cette fois de transformer des bouteilles de détergent vaisselle en vases grâce à différentes découpes. Il se prête lui-même au jeu et imagine une série de vases ainsi recyclés, signés de son nom : le client, ou collectionneur, a donc le choix entre l’objet signé ou bien les instructions pour le réaliser chez lui. À cette époque, Mari attire non seulement l’attention sur l’importance du recyclage, mais il questionne aussi largement le monde du design : celui-ci ne doit-il pas être démocratisé ? Un vase que l’on fabrique soi-même a-t-il moins de valeur que s’il est signé Enzo Mari ? Quelle est la frontière entre « open source design » et imitation ?Une vision du design éthique, collaboratif et écologique Ce penseur visionnaire, à l’esthétique austère et rigoureuse, célèbre pour ses coups de colères politiques, incarne une vision du design collaboratif et écologique, à l’époque avant-gardiste et toujours actuelle. Car le concept d’autoproduction prôné par Mari n’en finit pas d’inspirer des générations de designers critiques et engagés, jusqu’aux communautés de makers du XXIème siècle qui partagent gratuitement sur Internet les plans à construire de leurs créations. Basé à Concarneau, le Low Tech Lab n’hésite pas à concevoir par exemple une véritable bibliothèque de documentations open-source triées sur le volet, visant à démocratiser la création de technologies à la fois utiles, accessibles et durables. À Paris, l’association Bellastock prône une architecture accessible à tous, développe des outils afin de transmettre une culture architecturale basée sur le réemploi, l’autoproduction, le développement soutenable des territoires, et incite ainsi les citoyens à devenir davantage conscients de l’importance de leur cadre de vie. Celui qu’on appelle « le designer du peuple » connait son sujet : lui-même est designer autodidacte. Mari a toujours fait en sorte que son travail reste un jeu – en témoigne l’un de ses premiers projets, le puzzle pour enfants 16 Animali. Mais, bien plus important que cela, il fallait que son travail reste éthique. En 1999, il initie le Manifeste de Barcelone qui plaide pour un serment d’Hippocrate du designer. Le professeur Mari insistait auprès de ses élèves de Milan, Vienne ou Berlin : « Il vaudrait la peine de promouvoir une acceptation générale du principe selon lequel l’éthique doit guider toute forme de design » (Designing the 21st Century, Taschen, 2001). En témoignent les propos cités en introduction, tenus par Ettore Sottsass, à la tête du délirant et festif mouvement Memphis des années 1980 : Mari gagne le respect de tous, même de ceux que se tiennent les plus éloignés de sa rigueur et son dépouillement. Il s’impose, à l’unanimité, comme le gardien de la déontologie du design, aussi tempétueux que talentueux, fulminant contre la médiocrité de la société de consommation, contre celle de l’industrie du luxe, contre l’avilissement du peuple.« Tout ce que l’on fait est politique » Loin de n’être qu’un idéal, la proximité d’Enzo Mari avec la classe moyenne est une réalité : son œuvre est omniprésente dans le quotidien des italiens, elle se cache en tout humilité dans les meubles et objets les plus anonymes et familiers : chaises de bistrot, puzzles en bois pour enfants, luminaires, pots à crayons, accessoires pour le bureau, cocottes pour la cuisine…Ses convictions communistes, qu’il ne délaissera jamais, l’ont poussé à placer son œuvre à la disposition des gens modestes et ordinaires, et non à celle de l’aristocratie au pouvoir. Pourtant, c’est ce même engagement, ce même entêtement à sauver sa discipline de la tournure mercantile qu’elle prenait, qui ont séduit les collectionneurs : les planches de bois brut sont devenues le nouveau snobisme, les chaises rustiques ont meublé les résidences secondaires, fabriquées par des charpentiers payés pour cela, ou par la suite par des éditeurs, mais non par leurs acquéreurs, et ces intermédiaires, que sont les fabricants et les distributeurs, de revenir au galop.« Tout ce que l’on fait est politique », martelait Enzo Mari. En 2009, il trouvait encore la force de tempêter une dernière fois ou presque, dans un texte intitulé, Que fare ? (« Que faire ? »). Un titre à la limite du désespoir, mais à travers lequel il cherche toujours à se battre. Le texte resitue l’histoire du design, né en Allemagne dans la décennie 1920 puis dans l’Italie des années 1950 : « L’on pensait naïvement que l’intelligence d’un produit pouvait avoir une influence positive sur les besoins, et donc sur le marché. Cette ligne utopiste était en harmonie avec le climat de reconstruction, matérielle et idéologique, de l’après-guerre, qui touchait tous les Européens. Dès les années 1960 pourtant, commençaient à apparaître les signes d’une société corrompue par la faiblesse de la pensée et rendue obtuse par « l’exploitation globale » du règne de la marchandise. » Oui, que faire ? Comment faire partie du marché en restant intègre ? Ou comment « rester digne en étant populaire » – questionnerait Kipling ? Et comment immiscer un peu d’utopie dans la société industrielle ? L’intégrité qu’il cherchait à tout prix à préserver aura eu raison de lui : désespéré par son époque, exaspéré par ce qu’était devenu le monde du design ses dernières années, il finit par offrir à la ville de Milan l’intégralité de ses archives, mais à la condition que celles-ci restent inaccessibles pendant quarante ans… le temps qu’une nouvelle génération « non dégradée comme celle d’aujourd’hui, puisse en faire un usage conscient ». C’est tout ce qu’on lui souhaite. INFORMATIONS PRATIQUESTexte — Emmanuelle Oddo Photos — ArtekÉLOGE DE LA DISCRÉTIONDans un rapport unique à l'espace, au temps et à la lumière, l'architecte Jean-Baptiste Barache — fondateur du studio Arba, spécialisé en nouvelles solutions d’habitats durables et abordables — a façonné une maison en bois, posée au milieu d'un champ. Un projet personnel inspiré par les principes de l'architecture traditionnelle japonaise.La designer et illustratrice Ionna Vautrin, qui a récemment investi les lieux auparavant occupés par l’architecte, décrit une maison « au calme radical et à l’atmosphère mystique ». Ce sont sans nul doute des mots qui touchent Jean-Baptiste Barache, qui a conçu de ses mains cet espace unique, situé au coeur de la campagne normande, inspiré par la lecture de « L’éloge de l’ombre » de Junichirô Tanizaki. L’architecte s’intéresse justement aux maisons traditionnelles japonaises lorsqu’il entreprend la construction de cette maison en bois en 2004. Il l’imagine au milieu des arbres fruitiers à la lisière du village d’Auvilliers, en Haute-Normandie. Construite sans terrassement, d’une superficie de 180 m2, la maison prend l’apparence d’une grange et se découvre comme telle. On est d’abord intimidé par l’espace unitaire immense, avant de vouloir en explorer chaque recoin. Couverte de bardeaux traditionnels normands en cèdre rouge, la maison adopte la forme d’une coque de bois retournée dans laquelle s’inscrit un objet sculpté en sapin lisse, quasiment indépendant, qui comporte les étages. Au rez-de-chaussée, l’espace magistral accueille un salon poétique avec une balançoire, des rangements intégrés, une bibliothèque, une salle à manger, une cuisine ouverte et une salle de bains dissimulée derrière une porte. C’est par une échelle (aujourd’hui remplacée par un escalier) que l’on accède aux étages qui abritent la partie nuit dont un espace parental, cabane dans la cabane, caché au sommet de la structure. Une terrasse prolonge la maison vers les champs environnants.La maison vit en parfaite harmonie avec l’environnement extérieur, dans un jeu d’ombres et de lumières. Le soleil entre largement par une vaste ouverture au Sud, produisant l’hiver un effet de serre qui participe au chauffage principal. Au Nord, les espaces sont réduits, à l’abri. Le vent pénètre et ventile la maison en passant par des trappes en façade. Pour respecter les préceptes de l’architecture traditionnelle japonaise, Jean-Baptiste Barache a imaginé une maison « low tech », sans électricité. « L’un des principes fondamentaux de cette architecture, c’est la correspondance entre température intérieure et extérieure. Dans la maison, on a naturellement froid l’hiver et chaud l’été. L’absence d’électricité implique aussi un quotidien sans télévision, sans chaîne hi-fi, donc un temps différent » résume l’architecte. Le rapport au temps se trouve au cœur de tout le projet. Car pour bâtir cet espace unique, Jean-Baptiste Barache a pris le sien. Des charpentiers livrent d’abord quatre fermes en lamellé-collé de sapin du Nord, conçues par l’architecte.Puis le montage de tous les éléments secondaires est ensuite réalisé par lui seul pendant 18 mois pour un coût très réduit de 70 000 euros. Le concepteur décrit ainsi sa démarche comme une expérience « naturelle » visant à ne pas déranger le site et assure avoir construit sa maison au gré de ses sensations. « L’intention de l’architecte devait être la plus discrète possible pour respecter l’histoire collective qui a fait naître l’harmonie propre à l’architecture traditionnelle japonaise ». Un pari réussi pour cette maison qui traverse le temps sereinement depuis sa livraison en 2006. INFORMATIONS PRATIQUESLA MAISON DANS UN CHAMPArchitecte Jean-Baptiste BaracheSite Auvilliers, Seine-MaritimeMaître d’ouvrage Jean-Baptiste BaracheDate Livraison janvier 2006Superficie 180 m2Coût 72 000 € HT Photographe – Gianni Vega Texte – Virginie d’HumièresD’UNE ÎLEPétrie par ses vies antérieures, la maison de campagne et table d’hôtes D’une Île, nichée en plein coeur du Perche, est une parenthèse hors du temps pour citadins en mal de simplicité.Ne cherchez pas comme chez Septime ou Clamato – deux autres adresses du groupe fondateur des lieux – une référence déguisée dans le titre. Non, « D’une Île » est un nom de baptême hérité des anciens propriétaires. La transmission est justement la raison d’être de cette oasis campagnarde qui accueille ses hôtes dans des murs vieux de plus de quatre siècles.Situé à environ deux heures de Paris, posté à équidistance du Mans et de Chartres, le Parc naturel régional du Perche se dévoile dans le plus simple appareil, et avec lui, D’une Île. À Rémalard, bourgade jusque-là inconnue du gotha citadin, ce gîte bohème de huit hectares R fait depuis une poignée d’années office de résidence secondaire pour la famille Septime, conglomérat gourmand établi rue de Charonne, à Paris. Dirigé par l’entrepreneur Théophile Pourriat et le chef Bertrand Grébaut, le groupe ajoute en 2018 avec D’une Île une quatrième adresse à son catalogue hétéroclite, déjà composé d’un restaurant gastronomique étoilé (Septime), d’un bar iodé (Clamato) et d’un cellier à vins natures et épicerie bio (La Cave). Tapisserie, une pâtisserie artisanale, complète depuis ce savoureux tableau. La naissance de D’une Île doit tout au destin. Un break entre copains amène Théophile Pourriat à poser ses valises le temps d’un week-end au gîte originel. Il y fait la connaissance des hôtes, un couple de charmants Néerlandais. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais quelques mois plus tard, l’entrepreneur reçoit un coup de fil : le couple cherche à vendre et demande des conseils. Théophile s’enquiert du dossier de vente, qui finit sur son bureau pour relecture. Un dernier coup d’œil changera la suite des événements : il appelle Bertrand pour lui présenter le projet car, finalement, cette baraque, ils pourraient bien en faire leur pied-à-terre à la campagne… Deux mois et demi plus tard, les Néerlandais repartent à Amsterdam et le duo se voit remettre les clés du domaine. Pas de gros travaux ni de remodelage, Théophile et Bertrand décident de conserver la propriété dans son jus et d’en exploiter le charme suranné. Certes, quelques transformations, dont l’ajout de deux chambres modernes, un sauna dans une bulle panoramique établi sur la colline – et bientôt, un bassin de nage à eau salée – façonnent un lieu à destination d’une clientèle exigeante. Il n’empêche que tout semble avoir toujours été là. Murs en pierres, tomettes ocres et poutres massives composent le socle commun. Dans les dix chambres, comme partout d’ailleurs, la décoration est minimaliste et rustique. Elle a été chinée dans les brocantes de la région, parfois trouvée en bord de route ou au fond d’une grange. Table égratignée, fauteuil scandinave, (très) bon lit, beaucoup de blanc… Un dépouillement qui rappelle la vie simple d’autrefois, même si les connaisseurs reconnaîtront quelques pièces de designer, luminaires Tom Dixon ou céramiques LRNCE en tête, qui ancrent D’une Île, ère Septime, dans son époque.Pour découvrir tout cela, il faut s’armer d’un peu de patience et d’une voiture avec de bonnes suspensions. Car le bonheur se trouve… en haut du chemin ! La propriété se dévoile sous les traits d’un instantané bucolique : on distingue, au loin, comme accrochées dans la forêt, les cinq chaumières de pierres qui composent le gîte. Bienvenue chez vous. Car ici, les conventions s’estompent à mesure que l’on découvre les hôtes du lieu : Coralie, Marine, Laurine… D’une Île se définit en effet comme une maison de campagne plutôt qu’un hôtel. Comme à la maison, donc, on n’hésitera pas à bouquiner au coin du feu, à passer une tête en cuisine, à désherber le potager… Ni à chausser ses bottes de pluie pour arpenter la forêt voisine, à la recherche de champignons ou d’herbes aromatiques qui se retrouveront à l’heure du goûter en infusion ou le soir dans l’assiette. L’assiette, justement, tient sa petite réputation. Bien que majoritairement occupée par les résidents, la table d’hôtes D’une île s’est rapidement imposée comme le rendez-vous des grandes occasions pour les gens du coin. S’y dressent deux dizaines de couverts dépareillés, parfois ébréchés, une collection elle aussi constituée au gré des flâneries locales de l’équipe fondatrice. À l’image des visages désormais familiers qui assurent aussi le service, la décontraction est de mise. Pas d’uniformes ni de nappes, encore moins de cérémonial ou de mets impossibles à déchiffrer, la cuisine se fait la gardienne de la philosophie de la maison. Humble et sincère, la carte est l’œuvre du chef Bertrand Grébaut, co-auteur des lieux. Récompensé d’un macaron Michelin pour la partition néo-bistronomique du Septime, il détricote ici les codes pointus qui ont fait la renommée de son adresse étoilée pour donner à D’une Île la saveur d’une auberge rurale, mais exigeante. Au menu, quelques grands classiques du répertoire français – œuf à la coque, pâté en croûte… selon les envies et les saisons – côtoient une cuisine brute à dominante végétale, deux qualificatifs hérités du maître du genre, Alain Passard, auprès duquel le chef Grébaut a fait ses armes en amorce de sa carrière. À chaque coup de fourchette, les goûts et les saveurs résonnent en bouche comme rarement. Une banale salade de tomates s’imprime illico dans la mémoire de nos papilles. Trésor du terroir régional, chaque produit travaillé en cuisine sort tout juste de terre. Une fraîcheur exceptionnelle empreinte de tradition qui garantit de grands moments en bouche… Si certaines denrées ont grandi à domicile, dans le potager cultivé par les équipes, l’autre partie du garde-manger provient directement des marchés et des producteurs voisins. C’est Nicolas qui livre les fruits et légumes, Didier les œufs… La boulangerie se fait sur place, tout comme la pâtisserie. La cuisine a d’ailleurs tiré un trait sur tout ce qui n’aurait pas poussé en terre normande ou sarthoise afin de respecter l’ancrage local qui anime D’une Île depuis des générations. L’exception qui confirme la règle concerne la cave : c’est vrai qu’à part le cidre, la viticulture n’est pas à son apogée dans le coin ! Les vins à la carte sont bien sûr natures ou biodynamiques, issus de vignobles européens ayant tiré leur épingle du jeu sur la table du Septime. Une fois élus par la clientèle de la rue de Charonne, les meilleurs jus sans intrants prennent sans détour le chemin du Perche.Et l’écologie dans tout ça ? « Le gîte est écolo, par la force des choses » nous répond-on. Et de se rappeler que la vie à la campagne, c’est depuis toujours rendre les cagettes au primeur qui vient livrer ses fruits et légumes, composter les déchets organiques et vivre au rythme des saisons. Chez D’une Île, comme dans les fermes d’antan, le quotidien est fait de petites choses simples. Une pause nécessaire, loin du tumulte de la ville.INFORMATIONS PRATIQUESLieu-dit L’Aunay 61110 RémalardT – +33 (0)2 33 83 01 47 7 @duneile Photographe – Théophile Pourriat & D’Une Île Texte – Fanny Liaux-GasquerelLA STATION ALEXANDRE | REGIS & EIFFELAbandonnée à partir des années 1930, la station Alexandre reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe dans les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui décide de lui donner une nouvelle vie avec l’architecte marseillais Éric Castaldi.Au début du XXème siècle, Victor Régis, négociant et armateur marseillais, entreprend de construire un ensemble industriel : la Station Alexandre. Située dans un quartier dédié à l’activité portuaire et industrielle, cet édifice trouve sa place au milieu de multiples savonneries, silos à grains, minoteries, manufactures de tabac et bien d’autres encore. Gare de triage d’une huilerie, la station était autrefois reliée au quartier de la Joliette par une ligne ferroviaire privée, faisant ainsi transiter les chargements d’arachide et de copra débarqués sur le port.Abandonnée à partir des années 30, la station reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe entre les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui, sous le charme de celle-ci, décide de lui donner une nouvelle vie. Ainsi sauvée de la démolition, la Station Alexandre est réhabilitée en 2004 par l’architecte marseillais Éric Castaldi. Dans le respect de son exceptionnelle architecture et de son histoire, la reconstruction ambitieuse de ce bâtiment accueille aujourd’hui un centre d’affaires, des commerces et des restaurants.Ce lieu admirable, situé dans le quartier du Canet, est marqué par sa structure métallique édifiée par Gustave Eiffel. Son style architectural mélange les genres et s’harmonise entre béton, verre et acier. Doté d’une grande richesse décorative, on découvre en son intérieur des colonnes de fonte aux chapiteaux corinthiens et des frises en linteaux décorées de rosaces. À ne pas louper, l’impressionnante verrière de son Atrium.INFORMATIONS PRATIQUES31 boulevard Charles Moretti 13014 MarseillePhotographes – ©Éric Castaldi – ©abcsalles – ©Chris HartwigLA CITÉ RADIEUSE | LE CORBUSIERÉdifiée entre 1947 et 1952 par Le Corbusier, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ».Né en 1887, Charles-Édouard Jeanneret plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, est un architecte du mouvement moderne. Au côté notamment de Robert Mallet-Stevens et de Mies Van Der Rohe, il est un artiste complet, opérant également en tant qu’urbaniste et designer. Fondateur de principes tels que le Modulor ou l’Unité d’Habitation, son œuvre comprend 17 sites – dont 10 en France – classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco, tandis que de nombreuses de ses réalisations sont classées Monuments Historiques. Parmi ses œuvres emblématiques, on compte La Cité Radieuse à Marseille.Édifiée entre 1947 et 1952, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ». Cette cité-jardin verticale, construite sur pilotis, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016. Créative et avant-gardiste, son architecture surprenante telle un paquebot, offre une multitude de jeux de lumière, de perspectives et de couleurs, se présentant comme une œuvre architecturale à part entière. Le style brutaliste met en avant l’utilisation de matériaux sans parement comme le béton brut, permettant un jeu de rythmes décoratifs riches et innovants.Les éléments architecturaux sont pensés pour répondre à l’environnement du bâtiment : l’élévation sur pilotis libère le terrain et la vue, tandis que le toit terrasse offre un espace de loisir loin du bruit, comme si l’on naviguait au calme, à travers la ville. Le brise-soleil laisse pénétrer le soleil en hiver et protège de la chaleur en été. La naissance de la « machine à habiter » propose à tous les habitants : de nombreux rangements, une cuisine intégrée, des services tels que l’école, les commerces, le tout pensé selon une ergonomie adaptée au corps humain. Le Corbusier s’entoure des plus grands pour optimiser l’intérieur des appartements, comme Charlotte Perriand qui contribue au premier prototype de cuisine. Jean Prouvé quant à lui révèle ses talents d’ingénieur et réalise l’extraordinaire escalier des duplex en tôle pliée.Derrière ce projet fou de 337 appartements appelés aussi « cellules », se cache la forte volonté du Corbusier d’instaurer une nouvelle manière d’Habiter, permettant de vivre ensemble et de libérer les femmes. C’est cette œuvre majeure, en évolution constante au gré de ceux qui y résident, qui a accompagné la naissance d’ARCHIK ainsi que notre philosophie de « l’Art d’habiter ». INFORMATIONS PRATIQUES280 boulevard Michelet 13008 Marseilleciteradieuse-marseille.comPhotographes – ©Romain Laprade – ©Florian Touzet – ©Centre PompidouL’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS | RENÉ EGGERRené Egger est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts, implantée à Luminy, au cœur du Parc des Calanques.Architecte français, René Egger (1915 – 2016) est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans la période de la Reconstruction après-guerre, aux côtés de Fernand Pouillon, il fonde d’emblématiques édifices tels que l’hôpital Nord et la faculté de médecine de la Timone. Architecte discret sous l’aile de Gaston Defferre, son trait de crayon n’en a pas moins bouleversé la cité phocéenne. Il a dessiné Marseille telle qu’on la pensait à l’époque, sous un angle fonctionnel et monumental.Héritier direct des modernistes, Egger fit du béton son matériau de prédilection et signa la plupart de ses ouvrages par des brises-soleil, venant tamiser le chaleureux soleil du Sud. Aujourd’hui, nombreux de ses bâtiments ponctuent toujours la ville, laissant derrière lui une trace considérable de son œuvre comme la résidence l’Éolienne en 1959, ou les facultés du campus de Saint-Jérôme.Parmi ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts (ESADMM), implantée sur le site de Luminy, au cœur du Parc des Calanques. Son bâtiment labéllisé « Architecture Contemporaine Remarquable » en 2007 est une prouesse architecturale, invitant l’extérieur à l’intérieur grâce à ses volumes aérés. Cet environnement baigné de lumière offre à ses étudiants un cadre de travail des plus inspirants. La nature se mêle à l’architecture grâce aux patios, jardins intérieurs et bassins qui rythment ce lieu, laissant libre expression à la flore méditerranéenne. Reconnaissable par ses murs de béton aux découpes saccadées et ses avancées s’ouvrant sur le ciel, l’architecte construit son œuvre comme une balade à travers laquelle on se laisse porter pour libérer sa créativité.Un lieu symbolique pour les étudiants des Beaux-Arts, et pour tous les marseillais qui le découvriront lors d’une balade dans le la Parc Régional des Calanques.INFORMATIONS PRATIQUES184 avenue de Luminy 13288 Marseilleesadmm.frPhotos – ©EsadmmNavigation des articlesArticles plus anciens
LA SERVIETTE PARISLa Serviette Paris est une marque française de linge de maison haut de gamme conjuguant élégance et savoir-faire. Des choix affirmés, des collaborations pointues et une distribution sélective qui révèlent une vraie identité à la fois chic et décontractée.La Serviette Paris, c’est une aventure humaine entre deux amis, Benjamin Bottard et Simon Thisse. Tous deux férus de voyages et amoureux de belles choses, ils puisent leurs inspirations au grès de leurs rencontres. En 2016, ils créent La Serviette Paris et lancent leur première collection de serviettes de plage aux motifs pop & art-déco made in France. Depuis, chambre, bain ou plage, en quelques années, la famille s’est agrandit avec du linge de maison. La Serviette Paris prône une production éco responsable avec un coton égyptien récolté à la main, en quantité réduite, la suppression des emballages plastiques et l’absence totale de produits nocifs pour la santé ainsi qu’un service de recyclage des anciennes éponges et linges de lit. Une entreprise dans l’air du temps, où excellence rime avec engagement.Une créativité sans faille et de belles collaborations avec de grandes maisons telles que Maison Sarah Lavoine, La Villa Noailles, La fondation Carmignac et la marque Dyptique font naître des collections racontant des histoires, telle que la gamme Nomade, hommage à des artistes comme Daniel Buren ou Etel Adnan.La Serviette Paris habille nos Maisons ARCHIK de belles serviette brodées ainsi que nos shooting photos. 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Penseur discret et engagé, fils d’une famille pauvre venue des Pouilles, Enzo Mari fut d’abord vendeur ambulant avant d’étudier à l’Académie des Beaux-Arts de Brera où il découvre la folie expérimentale des années 1950 et 1960. Emporté par le Covid-19 le 19 octobre 2020, il laisse derrière lui une constellation d’œuvres, pour reprendre le terme employé par Stefano Boeri, directeur de l’immense Musée de la Triennale, à Milan, qui lui consacra sa dernière rétrospective, inaugurée deux jours avant la disparition de l’artiste. Une myriade d’œuvres, mêlant douceur et austérité, spontanéité et rigueur, avec toujours, l’éthique et l’intégrité en ligne de mire. Celui qu’Hans Ulrich Obrist – commissaire de ladite exposition – aimait appeler « Le Marcel Duchamp du design » continue à inspirer étudiants et créateurs, notamment à travers son projet le plus crucial, véritable manifeste visant à révolutionner le monde de la distribution : Autoprogettazione. Comprenez : Autoconception.Autoprogettazione En 1974, Enzo Mari publie pour la première fois un petit livre, imaginé en toute humilité, mais qui pourtant fera scandale dans le tout Milan de l’époque. Et pour cause, ces quelques pages rigoureusement pensées et distribuées à l’occasion de son exposition Proposta per autoprogettazione livrent gratuitement au public les plans pour réaliser toute une collection de mobilier – chaise, table, bureau. Pensé comme un acte politique, le projet Autoprogettazione cherche à redonner à tout un chacun un peu de pouvoir sur son univers domestique en fabricant soi-même son mobilier avec un minimum d’outils (marteau, scie, clous et colle). Véritable icône de la ligne Autoprogettazione, la chaise Sedia 1 rend compte de la volonté du designer de concevoir des meubles les plus accessibles possibles tant au niveau de leur assemblage que de leurs matériaux (du sapin en l’occurrence). Le mode d’emploi étant gratuit, il suffit d’acheter des planches et des clous, pour réaliser soi-même un mobilier à prix minimum. En deux jours, on pouvait ainsi meubler un appartement avec tables, chaises, bancs, armoires, bibliothèque, bureau et lits. Mais Stefano Boeri met en garde : contrairement aux idées reçues, Mari n’a pas inventé les meubles en kit, qu’Ikea proposait déjà depuis les années 50. Ce qu’il a démocratisé est plus subtile encore : c’est le travail manuel, la conception du design soi-même.De ce fait, Enzo Mari place la notion éducative au cœur de sa pratique. La simplicité de conception laissait également la liberté à l’utilisateur de modifier les plans d’origine à sa guise afin de s’approprier davantage les meubles, démarche encouragée par Mari lui-même, qui incitait les esprits créatifs à lui adresser notes et photos. Contre la médiocrité de la société de consommation Mais surtout, l’ambition d’Autoprogettazione était d’instaurer une relation plus directe entre le créateur et l’acheteur, en court-circuitant les différents acteurs de l’industrie et de la distribution – usines et magasins – pour finalement mettre le design à la portée de tous. Inspiré par la philosophie marxiste de son époque, il met un point d’honneur à « impliquer le peuple » dans ce qui définit son quotidien, tandis que le design industriel est en plein essor. L’utopiste qu’il était espérait en outre qu’en réalisant ses meubles de ses mains, l’usager y porterait un meilleur soin dans le temps. Très vite, il se positionne alors comme détracteur de la société de consommation, et précurseur du mouvement contemporain des makers, ces partisans de l’autoproduction. Une conviction qui a guidé l’ensemble de son œuvre et de sa carrière.Déjà en 1971, il propose au public de se réapproprier une part de l’utilisation de son mobilier avec sa « Box Chair » : un archétype de chaise montable, présentée sous la forme d’une boîte en plastique servant d’assise où sont rangés les quatre pieds. L’année suivante, en 1972, lors de l’exposition culte consacrée par le MoMA de New York au design italien, « Italy : The New Domestic Landscape », il présente ses vases ludiques nommés Pago Pago qui peuvent s’utiliser de différentes façons, tête en bas si l’envie nous en prend, toujours dans cette ambition de rendre l’usager acteur du design.Bien des années plus tard, en 1995, Enzo Mari présente avec Alessi le projet Ecolo : un nouveau livret proposant cette fois de transformer des bouteilles de détergent vaisselle en vases grâce à différentes découpes. Il se prête lui-même au jeu et imagine une série de vases ainsi recyclés, signés de son nom : le client, ou collectionneur, a donc le choix entre l’objet signé ou bien les instructions pour le réaliser chez lui. À cette époque, Mari attire non seulement l’attention sur l’importance du recyclage, mais il questionne aussi largement le monde du design : celui-ci ne doit-il pas être démocratisé ? Un vase que l’on fabrique soi-même a-t-il moins de valeur que s’il est signé Enzo Mari ? Quelle est la frontière entre « open source design » et imitation ?Une vision du design éthique, collaboratif et écologique Ce penseur visionnaire, à l’esthétique austère et rigoureuse, célèbre pour ses coups de colères politiques, incarne une vision du design collaboratif et écologique, à l’époque avant-gardiste et toujours actuelle. Car le concept d’autoproduction prôné par Mari n’en finit pas d’inspirer des générations de designers critiques et engagés, jusqu’aux communautés de makers du XXIème siècle qui partagent gratuitement sur Internet les plans à construire de leurs créations. Basé à Concarneau, le Low Tech Lab n’hésite pas à concevoir par exemple une véritable bibliothèque de documentations open-source triées sur le volet, visant à démocratiser la création de technologies à la fois utiles, accessibles et durables. À Paris, l’association Bellastock prône une architecture accessible à tous, développe des outils afin de transmettre une culture architecturale basée sur le réemploi, l’autoproduction, le développement soutenable des territoires, et incite ainsi les citoyens à devenir davantage conscients de l’importance de leur cadre de vie. Celui qu’on appelle « le designer du peuple » connait son sujet : lui-même est designer autodidacte. Mari a toujours fait en sorte que son travail reste un jeu – en témoigne l’un de ses premiers projets, le puzzle pour enfants 16 Animali. Mais, bien plus important que cela, il fallait que son travail reste éthique. En 1999, il initie le Manifeste de Barcelone qui plaide pour un serment d’Hippocrate du designer. Le professeur Mari insistait auprès de ses élèves de Milan, Vienne ou Berlin : « Il vaudrait la peine de promouvoir une acceptation générale du principe selon lequel l’éthique doit guider toute forme de design » (Designing the 21st Century, Taschen, 2001). En témoignent les propos cités en introduction, tenus par Ettore Sottsass, à la tête du délirant et festif mouvement Memphis des années 1980 : Mari gagne le respect de tous, même de ceux que se tiennent les plus éloignés de sa rigueur et son dépouillement. Il s’impose, à l’unanimité, comme le gardien de la déontologie du design, aussi tempétueux que talentueux, fulminant contre la médiocrité de la société de consommation, contre celle de l’industrie du luxe, contre l’avilissement du peuple.« Tout ce que l’on fait est politique » Loin de n’être qu’un idéal, la proximité d’Enzo Mari avec la classe moyenne est une réalité : son œuvre est omniprésente dans le quotidien des italiens, elle se cache en tout humilité dans les meubles et objets les plus anonymes et familiers : chaises de bistrot, puzzles en bois pour enfants, luminaires, pots à crayons, accessoires pour le bureau, cocottes pour la cuisine…Ses convictions communistes, qu’il ne délaissera jamais, l’ont poussé à placer son œuvre à la disposition des gens modestes et ordinaires, et non à celle de l’aristocratie au pouvoir. Pourtant, c’est ce même engagement, ce même entêtement à sauver sa discipline de la tournure mercantile qu’elle prenait, qui ont séduit les collectionneurs : les planches de bois brut sont devenues le nouveau snobisme, les chaises rustiques ont meublé les résidences secondaires, fabriquées par des charpentiers payés pour cela, ou par la suite par des éditeurs, mais non par leurs acquéreurs, et ces intermédiaires, que sont les fabricants et les distributeurs, de revenir au galop.« Tout ce que l’on fait est politique », martelait Enzo Mari. En 2009, il trouvait encore la force de tempêter une dernière fois ou presque, dans un texte intitulé, Que fare ? (« Que faire ? »). Un titre à la limite du désespoir, mais à travers lequel il cherche toujours à se battre. Le texte resitue l’histoire du design, né en Allemagne dans la décennie 1920 puis dans l’Italie des années 1950 : « L’on pensait naïvement que l’intelligence d’un produit pouvait avoir une influence positive sur les besoins, et donc sur le marché. Cette ligne utopiste était en harmonie avec le climat de reconstruction, matérielle et idéologique, de l’après-guerre, qui touchait tous les Européens. Dès les années 1960 pourtant, commençaient à apparaître les signes d’une société corrompue par la faiblesse de la pensée et rendue obtuse par « l’exploitation globale » du règne de la marchandise. » Oui, que faire ? Comment faire partie du marché en restant intègre ? Ou comment « rester digne en étant populaire » – questionnerait Kipling ? Et comment immiscer un peu d’utopie dans la société industrielle ? L’intégrité qu’il cherchait à tout prix à préserver aura eu raison de lui : désespéré par son époque, exaspéré par ce qu’était devenu le monde du design ses dernières années, il finit par offrir à la ville de Milan l’intégralité de ses archives, mais à la condition que celles-ci restent inaccessibles pendant quarante ans… le temps qu’une nouvelle génération « non dégradée comme celle d’aujourd’hui, puisse en faire un usage conscient ». C’est tout ce qu’on lui souhaite. INFORMATIONS PRATIQUESTexte — Emmanuelle Oddo Photos — ArtekÉLOGE DE LA DISCRÉTIONDans un rapport unique à l'espace, au temps et à la lumière, l'architecte Jean-Baptiste Barache — fondateur du studio Arba, spécialisé en nouvelles solutions d’habitats durables et abordables — a façonné une maison en bois, posée au milieu d'un champ. Un projet personnel inspiré par les principes de l'architecture traditionnelle japonaise.La designer et illustratrice Ionna Vautrin, qui a récemment investi les lieux auparavant occupés par l’architecte, décrit une maison « au calme radical et à l’atmosphère mystique ». Ce sont sans nul doute des mots qui touchent Jean-Baptiste Barache, qui a conçu de ses mains cet espace unique, situé au coeur de la campagne normande, inspiré par la lecture de « L’éloge de l’ombre » de Junichirô Tanizaki. L’architecte s’intéresse justement aux maisons traditionnelles japonaises lorsqu’il entreprend la construction de cette maison en bois en 2004. Il l’imagine au milieu des arbres fruitiers à la lisière du village d’Auvilliers, en Haute-Normandie. Construite sans terrassement, d’une superficie de 180 m2, la maison prend l’apparence d’une grange et se découvre comme telle. On est d’abord intimidé par l’espace unitaire immense, avant de vouloir en explorer chaque recoin. Couverte de bardeaux traditionnels normands en cèdre rouge, la maison adopte la forme d’une coque de bois retournée dans laquelle s’inscrit un objet sculpté en sapin lisse, quasiment indépendant, qui comporte les étages. Au rez-de-chaussée, l’espace magistral accueille un salon poétique avec une balançoire, des rangements intégrés, une bibliothèque, une salle à manger, une cuisine ouverte et une salle de bains dissimulée derrière une porte. C’est par une échelle (aujourd’hui remplacée par un escalier) que l’on accède aux étages qui abritent la partie nuit dont un espace parental, cabane dans la cabane, caché au sommet de la structure. Une terrasse prolonge la maison vers les champs environnants.La maison vit en parfaite harmonie avec l’environnement extérieur, dans un jeu d’ombres et de lumières. Le soleil entre largement par une vaste ouverture au Sud, produisant l’hiver un effet de serre qui participe au chauffage principal. Au Nord, les espaces sont réduits, à l’abri. Le vent pénètre et ventile la maison en passant par des trappes en façade. Pour respecter les préceptes de l’architecture traditionnelle japonaise, Jean-Baptiste Barache a imaginé une maison « low tech », sans électricité. « L’un des principes fondamentaux de cette architecture, c’est la correspondance entre température intérieure et extérieure. Dans la maison, on a naturellement froid l’hiver et chaud l’été. L’absence d’électricité implique aussi un quotidien sans télévision, sans chaîne hi-fi, donc un temps différent » résume l’architecte. Le rapport au temps se trouve au cœur de tout le projet. Car pour bâtir cet espace unique, Jean-Baptiste Barache a pris le sien. Des charpentiers livrent d’abord quatre fermes en lamellé-collé de sapin du Nord, conçues par l’architecte.Puis le montage de tous les éléments secondaires est ensuite réalisé par lui seul pendant 18 mois pour un coût très réduit de 70 000 euros. Le concepteur décrit ainsi sa démarche comme une expérience « naturelle » visant à ne pas déranger le site et assure avoir construit sa maison au gré de ses sensations. « L’intention de l’architecte devait être la plus discrète possible pour respecter l’histoire collective qui a fait naître l’harmonie propre à l’architecture traditionnelle japonaise ». Un pari réussi pour cette maison qui traverse le temps sereinement depuis sa livraison en 2006. INFORMATIONS PRATIQUESLA MAISON DANS UN CHAMPArchitecte Jean-Baptiste BaracheSite Auvilliers, Seine-MaritimeMaître d’ouvrage Jean-Baptiste BaracheDate Livraison janvier 2006Superficie 180 m2Coût 72 000 € HT Photographe – Gianni Vega Texte – Virginie d’HumièresD’UNE ÎLEPétrie par ses vies antérieures, la maison de campagne et table d’hôtes D’une Île, nichée en plein coeur du Perche, est une parenthèse hors du temps pour citadins en mal de simplicité.Ne cherchez pas comme chez Septime ou Clamato – deux autres adresses du groupe fondateur des lieux – une référence déguisée dans le titre. Non, « D’une Île » est un nom de baptême hérité des anciens propriétaires. La transmission est justement la raison d’être de cette oasis campagnarde qui accueille ses hôtes dans des murs vieux de plus de quatre siècles.Situé à environ deux heures de Paris, posté à équidistance du Mans et de Chartres, le Parc naturel régional du Perche se dévoile dans le plus simple appareil, et avec lui, D’une Île. À Rémalard, bourgade jusque-là inconnue du gotha citadin, ce gîte bohème de huit hectares R fait depuis une poignée d’années office de résidence secondaire pour la famille Septime, conglomérat gourmand établi rue de Charonne, à Paris. Dirigé par l’entrepreneur Théophile Pourriat et le chef Bertrand Grébaut, le groupe ajoute en 2018 avec D’une Île une quatrième adresse à son catalogue hétéroclite, déjà composé d’un restaurant gastronomique étoilé (Septime), d’un bar iodé (Clamato) et d’un cellier à vins natures et épicerie bio (La Cave). Tapisserie, une pâtisserie artisanale, complète depuis ce savoureux tableau. La naissance de D’une Île doit tout au destin. Un break entre copains amène Théophile Pourriat à poser ses valises le temps d’un week-end au gîte originel. Il y fait la connaissance des hôtes, un couple de charmants Néerlandais. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais quelques mois plus tard, l’entrepreneur reçoit un coup de fil : le couple cherche à vendre et demande des conseils. Théophile s’enquiert du dossier de vente, qui finit sur son bureau pour relecture. Un dernier coup d’œil changera la suite des événements : il appelle Bertrand pour lui présenter le projet car, finalement, cette baraque, ils pourraient bien en faire leur pied-à-terre à la campagne… Deux mois et demi plus tard, les Néerlandais repartent à Amsterdam et le duo se voit remettre les clés du domaine. Pas de gros travaux ni de remodelage, Théophile et Bertrand décident de conserver la propriété dans son jus et d’en exploiter le charme suranné. Certes, quelques transformations, dont l’ajout de deux chambres modernes, un sauna dans une bulle panoramique établi sur la colline – et bientôt, un bassin de nage à eau salée – façonnent un lieu à destination d’une clientèle exigeante. Il n’empêche que tout semble avoir toujours été là. Murs en pierres, tomettes ocres et poutres massives composent le socle commun. Dans les dix chambres, comme partout d’ailleurs, la décoration est minimaliste et rustique. Elle a été chinée dans les brocantes de la région, parfois trouvée en bord de route ou au fond d’une grange. Table égratignée, fauteuil scandinave, (très) bon lit, beaucoup de blanc… Un dépouillement qui rappelle la vie simple d’autrefois, même si les connaisseurs reconnaîtront quelques pièces de designer, luminaires Tom Dixon ou céramiques LRNCE en tête, qui ancrent D’une Île, ère Septime, dans son époque.Pour découvrir tout cela, il faut s’armer d’un peu de patience et d’une voiture avec de bonnes suspensions. Car le bonheur se trouve… en haut du chemin ! La propriété se dévoile sous les traits d’un instantané bucolique : on distingue, au loin, comme accrochées dans la forêt, les cinq chaumières de pierres qui composent le gîte. Bienvenue chez vous. Car ici, les conventions s’estompent à mesure que l’on découvre les hôtes du lieu : Coralie, Marine, Laurine… D’une Île se définit en effet comme une maison de campagne plutôt qu’un hôtel. Comme à la maison, donc, on n’hésitera pas à bouquiner au coin du feu, à passer une tête en cuisine, à désherber le potager… Ni à chausser ses bottes de pluie pour arpenter la forêt voisine, à la recherche de champignons ou d’herbes aromatiques qui se retrouveront à l’heure du goûter en infusion ou le soir dans l’assiette. L’assiette, justement, tient sa petite réputation. Bien que majoritairement occupée par les résidents, la table d’hôtes D’une île s’est rapidement imposée comme le rendez-vous des grandes occasions pour les gens du coin. S’y dressent deux dizaines de couverts dépareillés, parfois ébréchés, une collection elle aussi constituée au gré des flâneries locales de l’équipe fondatrice. À l’image des visages désormais familiers qui assurent aussi le service, la décontraction est de mise. Pas d’uniformes ni de nappes, encore moins de cérémonial ou de mets impossibles à déchiffrer, la cuisine se fait la gardienne de la philosophie de la maison. Humble et sincère, la carte est l’œuvre du chef Bertrand Grébaut, co-auteur des lieux. Récompensé d’un macaron Michelin pour la partition néo-bistronomique du Septime, il détricote ici les codes pointus qui ont fait la renommée de son adresse étoilée pour donner à D’une Île la saveur d’une auberge rurale, mais exigeante. Au menu, quelques grands classiques du répertoire français – œuf à la coque, pâté en croûte… selon les envies et les saisons – côtoient une cuisine brute à dominante végétale, deux qualificatifs hérités du maître du genre, Alain Passard, auprès duquel le chef Grébaut a fait ses armes en amorce de sa carrière. À chaque coup de fourchette, les goûts et les saveurs résonnent en bouche comme rarement. Une banale salade de tomates s’imprime illico dans la mémoire de nos papilles. Trésor du terroir régional, chaque produit travaillé en cuisine sort tout juste de terre. Une fraîcheur exceptionnelle empreinte de tradition qui garantit de grands moments en bouche… Si certaines denrées ont grandi à domicile, dans le potager cultivé par les équipes, l’autre partie du garde-manger provient directement des marchés et des producteurs voisins. C’est Nicolas qui livre les fruits et légumes, Didier les œufs… La boulangerie se fait sur place, tout comme la pâtisserie. La cuisine a d’ailleurs tiré un trait sur tout ce qui n’aurait pas poussé en terre normande ou sarthoise afin de respecter l’ancrage local qui anime D’une Île depuis des générations. L’exception qui confirme la règle concerne la cave : c’est vrai qu’à part le cidre, la viticulture n’est pas à son apogée dans le coin ! Les vins à la carte sont bien sûr natures ou biodynamiques, issus de vignobles européens ayant tiré leur épingle du jeu sur la table du Septime. Une fois élus par la clientèle de la rue de Charonne, les meilleurs jus sans intrants prennent sans détour le chemin du Perche.Et l’écologie dans tout ça ? « Le gîte est écolo, par la force des choses » nous répond-on. Et de se rappeler que la vie à la campagne, c’est depuis toujours rendre les cagettes au primeur qui vient livrer ses fruits et légumes, composter les déchets organiques et vivre au rythme des saisons. Chez D’une Île, comme dans les fermes d’antan, le quotidien est fait de petites choses simples. Une pause nécessaire, loin du tumulte de la ville.INFORMATIONS PRATIQUESLieu-dit L’Aunay 61110 RémalardT – +33 (0)2 33 83 01 47 7 @duneile Photographe – Théophile Pourriat & D’Une Île Texte – Fanny Liaux-GasquerelLA STATION ALEXANDRE | REGIS & EIFFELAbandonnée à partir des années 1930, la station Alexandre reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe dans les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui décide de lui donner une nouvelle vie avec l’architecte marseillais Éric Castaldi.Au début du XXème siècle, Victor Régis, négociant et armateur marseillais, entreprend de construire un ensemble industriel : la Station Alexandre. Située dans un quartier dédié à l’activité portuaire et industrielle, cet édifice trouve sa place au milieu de multiples savonneries, silos à grains, minoteries, manufactures de tabac et bien d’autres encore. Gare de triage d’une huilerie, la station était autrefois reliée au quartier de la Joliette par une ligne ferroviaire privée, faisant ainsi transiter les chargements d’arachide et de copra débarqués sur le port.Abandonnée à partir des années 30, la station reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe entre les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui, sous le charme de celle-ci, décide de lui donner une nouvelle vie. Ainsi sauvée de la démolition, la Station Alexandre est réhabilitée en 2004 par l’architecte marseillais Éric Castaldi. Dans le respect de son exceptionnelle architecture et de son histoire, la reconstruction ambitieuse de ce bâtiment accueille aujourd’hui un centre d’affaires, des commerces et des restaurants.Ce lieu admirable, situé dans le quartier du Canet, est marqué par sa structure métallique édifiée par Gustave Eiffel. Son style architectural mélange les genres et s’harmonise entre béton, verre et acier. Doté d’une grande richesse décorative, on découvre en son intérieur des colonnes de fonte aux chapiteaux corinthiens et des frises en linteaux décorées de rosaces. À ne pas louper, l’impressionnante verrière de son Atrium.INFORMATIONS PRATIQUES31 boulevard Charles Moretti 13014 MarseillePhotographes – ©Éric Castaldi – ©abcsalles – ©Chris HartwigLA CITÉ RADIEUSE | LE CORBUSIERÉdifiée entre 1947 et 1952 par Le Corbusier, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ».Né en 1887, Charles-Édouard Jeanneret plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, est un architecte du mouvement moderne. Au côté notamment de Robert Mallet-Stevens et de Mies Van Der Rohe, il est un artiste complet, opérant également en tant qu’urbaniste et designer. Fondateur de principes tels que le Modulor ou l’Unité d’Habitation, son œuvre comprend 17 sites – dont 10 en France – classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco, tandis que de nombreuses de ses réalisations sont classées Monuments Historiques. Parmi ses œuvres emblématiques, on compte La Cité Radieuse à Marseille.Édifiée entre 1947 et 1952, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ». Cette cité-jardin verticale, construite sur pilotis, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016. Créative et avant-gardiste, son architecture surprenante telle un paquebot, offre une multitude de jeux de lumière, de perspectives et de couleurs, se présentant comme une œuvre architecturale à part entière. Le style brutaliste met en avant l’utilisation de matériaux sans parement comme le béton brut, permettant un jeu de rythmes décoratifs riches et innovants.Les éléments architecturaux sont pensés pour répondre à l’environnement du bâtiment : l’élévation sur pilotis libère le terrain et la vue, tandis que le toit terrasse offre un espace de loisir loin du bruit, comme si l’on naviguait au calme, à travers la ville. Le brise-soleil laisse pénétrer le soleil en hiver et protège de la chaleur en été. La naissance de la « machine à habiter » propose à tous les habitants : de nombreux rangements, une cuisine intégrée, des services tels que l’école, les commerces, le tout pensé selon une ergonomie adaptée au corps humain. Le Corbusier s’entoure des plus grands pour optimiser l’intérieur des appartements, comme Charlotte Perriand qui contribue au premier prototype de cuisine. Jean Prouvé quant à lui révèle ses talents d’ingénieur et réalise l’extraordinaire escalier des duplex en tôle pliée.Derrière ce projet fou de 337 appartements appelés aussi « cellules », se cache la forte volonté du Corbusier d’instaurer une nouvelle manière d’Habiter, permettant de vivre ensemble et de libérer les femmes. C’est cette œuvre majeure, en évolution constante au gré de ceux qui y résident, qui a accompagné la naissance d’ARCHIK ainsi que notre philosophie de « l’Art d’habiter ». INFORMATIONS PRATIQUES280 boulevard Michelet 13008 Marseilleciteradieuse-marseille.comPhotographes – ©Romain Laprade – ©Florian Touzet – ©Centre PompidouL’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS | RENÉ EGGERRené Egger est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts, implantée à Luminy, au cœur du Parc des Calanques.Architecte français, René Egger (1915 – 2016) est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans la période de la Reconstruction après-guerre, aux côtés de Fernand Pouillon, il fonde d’emblématiques édifices tels que l’hôpital Nord et la faculté de médecine de la Timone. Architecte discret sous l’aile de Gaston Defferre, son trait de crayon n’en a pas moins bouleversé la cité phocéenne. Il a dessiné Marseille telle qu’on la pensait à l’époque, sous un angle fonctionnel et monumental.Héritier direct des modernistes, Egger fit du béton son matériau de prédilection et signa la plupart de ses ouvrages par des brises-soleil, venant tamiser le chaleureux soleil du Sud. Aujourd’hui, nombreux de ses bâtiments ponctuent toujours la ville, laissant derrière lui une trace considérable de son œuvre comme la résidence l’Éolienne en 1959, ou les facultés du campus de Saint-Jérôme.Parmi ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts (ESADMM), implantée sur le site de Luminy, au cœur du Parc des Calanques. Son bâtiment labéllisé « Architecture Contemporaine Remarquable » en 2007 est une prouesse architecturale, invitant l’extérieur à l’intérieur grâce à ses volumes aérés. Cet environnement baigné de lumière offre à ses étudiants un cadre de travail des plus inspirants. La nature se mêle à l’architecture grâce aux patios, jardins intérieurs et bassins qui rythment ce lieu, laissant libre expression à la flore méditerranéenne. Reconnaissable par ses murs de béton aux découpes saccadées et ses avancées s’ouvrant sur le ciel, l’architecte construit son œuvre comme une balade à travers laquelle on se laisse porter pour libérer sa créativité.Un lieu symbolique pour les étudiants des Beaux-Arts, et pour tous les marseillais qui le découvriront lors d’une balade dans le la Parc Régional des Calanques.INFORMATIONS PRATIQUES184 avenue de Luminy 13288 Marseilleesadmm.frPhotos – ©EsadmmNavigation des articlesArticles plus anciens
LA SERVIETTE PARISLa Serviette Paris est une marque française de linge de maison haut de gamme conjuguant élégance et savoir-faire. Des choix affirmés, des collaborations pointues et une distribution sélective qui révèlent une vraie identité à la fois chic et décontractée.La Serviette Paris, c’est une aventure humaine entre deux amis, Benjamin Bottard et Simon Thisse. Tous deux férus de voyages et amoureux de belles choses, ils puisent leurs inspirations au grès de leurs rencontres. En 2016, ils créent La Serviette Paris et lancent leur première collection de serviettes de plage aux motifs pop & art-déco made in France. Depuis, chambre, bain ou plage, en quelques années, la famille s’est agrandit avec du linge de maison. La Serviette Paris prône une production éco responsable avec un coton égyptien récolté à la main, en quantité réduite, la suppression des emballages plastiques et l’absence totale de produits nocifs pour la santé ainsi qu’un service de recyclage des anciennes éponges et linges de lit. Une entreprise dans l’air du temps, où excellence rime avec engagement.Une créativité sans faille et de belles collaborations avec de grandes maisons telles que Maison Sarah Lavoine, La Villa Noailles, La fondation Carmignac et la marque Dyptique font naître des collections racontant des histoires, telle que la gamme Nomade, hommage à des artistes comme Daniel Buren ou Etel Adnan.La Serviette Paris habille nos Maisons ARCHIK de belles serviette brodées ainsi que nos shooting photos. 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Penseur discret et engagé, fils d’une famille pauvre venue des Pouilles, Enzo Mari fut d’abord vendeur ambulant avant d’étudier à l’Académie des Beaux-Arts de Brera où il découvre la folie expérimentale des années 1950 et 1960. Emporté par le Covid-19 le 19 octobre 2020, il laisse derrière lui une constellation d’œuvres, pour reprendre le terme employé par Stefano Boeri, directeur de l’immense Musée de la Triennale, à Milan, qui lui consacra sa dernière rétrospective, inaugurée deux jours avant la disparition de l’artiste. Une myriade d’œuvres, mêlant douceur et austérité, spontanéité et rigueur, avec toujours, l’éthique et l’intégrité en ligne de mire. Celui qu’Hans Ulrich Obrist – commissaire de ladite exposition – aimait appeler « Le Marcel Duchamp du design » continue à inspirer étudiants et créateurs, notamment à travers son projet le plus crucial, véritable manifeste visant à révolutionner le monde de la distribution : Autoprogettazione. Comprenez : Autoconception.Autoprogettazione En 1974, Enzo Mari publie pour la première fois un petit livre, imaginé en toute humilité, mais qui pourtant fera scandale dans le tout Milan de l’époque. Et pour cause, ces quelques pages rigoureusement pensées et distribuées à l’occasion de son exposition Proposta per autoprogettazione livrent gratuitement au public les plans pour réaliser toute une collection de mobilier – chaise, table, bureau. Pensé comme un acte politique, le projet Autoprogettazione cherche à redonner à tout un chacun un peu de pouvoir sur son univers domestique en fabricant soi-même son mobilier avec un minimum d’outils (marteau, scie, clous et colle). Véritable icône de la ligne Autoprogettazione, la chaise Sedia 1 rend compte de la volonté du designer de concevoir des meubles les plus accessibles possibles tant au niveau de leur assemblage que de leurs matériaux (du sapin en l’occurrence). Le mode d’emploi étant gratuit, il suffit d’acheter des planches et des clous, pour réaliser soi-même un mobilier à prix minimum. En deux jours, on pouvait ainsi meubler un appartement avec tables, chaises, bancs, armoires, bibliothèque, bureau et lits. Mais Stefano Boeri met en garde : contrairement aux idées reçues, Mari n’a pas inventé les meubles en kit, qu’Ikea proposait déjà depuis les années 50. Ce qu’il a démocratisé est plus subtile encore : c’est le travail manuel, la conception du design soi-même.De ce fait, Enzo Mari place la notion éducative au cœur de sa pratique. La simplicité de conception laissait également la liberté à l’utilisateur de modifier les plans d’origine à sa guise afin de s’approprier davantage les meubles, démarche encouragée par Mari lui-même, qui incitait les esprits créatifs à lui adresser notes et photos. Contre la médiocrité de la société de consommation Mais surtout, l’ambition d’Autoprogettazione était d’instaurer une relation plus directe entre le créateur et l’acheteur, en court-circuitant les différents acteurs de l’industrie et de la distribution – usines et magasins – pour finalement mettre le design à la portée de tous. Inspiré par la philosophie marxiste de son époque, il met un point d’honneur à « impliquer le peuple » dans ce qui définit son quotidien, tandis que le design industriel est en plein essor. L’utopiste qu’il était espérait en outre qu’en réalisant ses meubles de ses mains, l’usager y porterait un meilleur soin dans le temps. Très vite, il se positionne alors comme détracteur de la société de consommation, et précurseur du mouvement contemporain des makers, ces partisans de l’autoproduction. Une conviction qui a guidé l’ensemble de son œuvre et de sa carrière.Déjà en 1971, il propose au public de se réapproprier une part de l’utilisation de son mobilier avec sa « Box Chair » : un archétype de chaise montable, présentée sous la forme d’une boîte en plastique servant d’assise où sont rangés les quatre pieds. L’année suivante, en 1972, lors de l’exposition culte consacrée par le MoMA de New York au design italien, « Italy : The New Domestic Landscape », il présente ses vases ludiques nommés Pago Pago qui peuvent s’utiliser de différentes façons, tête en bas si l’envie nous en prend, toujours dans cette ambition de rendre l’usager acteur du design.Bien des années plus tard, en 1995, Enzo Mari présente avec Alessi le projet Ecolo : un nouveau livret proposant cette fois de transformer des bouteilles de détergent vaisselle en vases grâce à différentes découpes. Il se prête lui-même au jeu et imagine une série de vases ainsi recyclés, signés de son nom : le client, ou collectionneur, a donc le choix entre l’objet signé ou bien les instructions pour le réaliser chez lui. À cette époque, Mari attire non seulement l’attention sur l’importance du recyclage, mais il questionne aussi largement le monde du design : celui-ci ne doit-il pas être démocratisé ? Un vase que l’on fabrique soi-même a-t-il moins de valeur que s’il est signé Enzo Mari ? Quelle est la frontière entre « open source design » et imitation ?Une vision du design éthique, collaboratif et écologique Ce penseur visionnaire, à l’esthétique austère et rigoureuse, célèbre pour ses coups de colères politiques, incarne une vision du design collaboratif et écologique, à l’époque avant-gardiste et toujours actuelle. Car le concept d’autoproduction prôné par Mari n’en finit pas d’inspirer des générations de designers critiques et engagés, jusqu’aux communautés de makers du XXIème siècle qui partagent gratuitement sur Internet les plans à construire de leurs créations. Basé à Concarneau, le Low Tech Lab n’hésite pas à concevoir par exemple une véritable bibliothèque de documentations open-source triées sur le volet, visant à démocratiser la création de technologies à la fois utiles, accessibles et durables. À Paris, l’association Bellastock prône une architecture accessible à tous, développe des outils afin de transmettre une culture architecturale basée sur le réemploi, l’autoproduction, le développement soutenable des territoires, et incite ainsi les citoyens à devenir davantage conscients de l’importance de leur cadre de vie. Celui qu’on appelle « le designer du peuple » connait son sujet : lui-même est designer autodidacte. Mari a toujours fait en sorte que son travail reste un jeu – en témoigne l’un de ses premiers projets, le puzzle pour enfants 16 Animali. Mais, bien plus important que cela, il fallait que son travail reste éthique. En 1999, il initie le Manifeste de Barcelone qui plaide pour un serment d’Hippocrate du designer. Le professeur Mari insistait auprès de ses élèves de Milan, Vienne ou Berlin : « Il vaudrait la peine de promouvoir une acceptation générale du principe selon lequel l’éthique doit guider toute forme de design » (Designing the 21st Century, Taschen, 2001). En témoignent les propos cités en introduction, tenus par Ettore Sottsass, à la tête du délirant et festif mouvement Memphis des années 1980 : Mari gagne le respect de tous, même de ceux que se tiennent les plus éloignés de sa rigueur et son dépouillement. Il s’impose, à l’unanimité, comme le gardien de la déontologie du design, aussi tempétueux que talentueux, fulminant contre la médiocrité de la société de consommation, contre celle de l’industrie du luxe, contre l’avilissement du peuple.« Tout ce que l’on fait est politique » Loin de n’être qu’un idéal, la proximité d’Enzo Mari avec la classe moyenne est une réalité : son œuvre est omniprésente dans le quotidien des italiens, elle se cache en tout humilité dans les meubles et objets les plus anonymes et familiers : chaises de bistrot, puzzles en bois pour enfants, luminaires, pots à crayons, accessoires pour le bureau, cocottes pour la cuisine…Ses convictions communistes, qu’il ne délaissera jamais, l’ont poussé à placer son œuvre à la disposition des gens modestes et ordinaires, et non à celle de l’aristocratie au pouvoir. Pourtant, c’est ce même engagement, ce même entêtement à sauver sa discipline de la tournure mercantile qu’elle prenait, qui ont séduit les collectionneurs : les planches de bois brut sont devenues le nouveau snobisme, les chaises rustiques ont meublé les résidences secondaires, fabriquées par des charpentiers payés pour cela, ou par la suite par des éditeurs, mais non par leurs acquéreurs, et ces intermédiaires, que sont les fabricants et les distributeurs, de revenir au galop.« Tout ce que l’on fait est politique », martelait Enzo Mari. En 2009, il trouvait encore la force de tempêter une dernière fois ou presque, dans un texte intitulé, Que fare ? (« Que faire ? »). Un titre à la limite du désespoir, mais à travers lequel il cherche toujours à se battre. Le texte resitue l’histoire du design, né en Allemagne dans la décennie 1920 puis dans l’Italie des années 1950 : « L’on pensait naïvement que l’intelligence d’un produit pouvait avoir une influence positive sur les besoins, et donc sur le marché. Cette ligne utopiste était en harmonie avec le climat de reconstruction, matérielle et idéologique, de l’après-guerre, qui touchait tous les Européens. Dès les années 1960 pourtant, commençaient à apparaître les signes d’une société corrompue par la faiblesse de la pensée et rendue obtuse par « l’exploitation globale » du règne de la marchandise. » Oui, que faire ? Comment faire partie du marché en restant intègre ? Ou comment « rester digne en étant populaire » – questionnerait Kipling ? Et comment immiscer un peu d’utopie dans la société industrielle ? L’intégrité qu’il cherchait à tout prix à préserver aura eu raison de lui : désespéré par son époque, exaspéré par ce qu’était devenu le monde du design ses dernières années, il finit par offrir à la ville de Milan l’intégralité de ses archives, mais à la condition que celles-ci restent inaccessibles pendant quarante ans… le temps qu’une nouvelle génération « non dégradée comme celle d’aujourd’hui, puisse en faire un usage conscient ». C’est tout ce qu’on lui souhaite. INFORMATIONS PRATIQUESTexte — Emmanuelle Oddo Photos — ArtekÉLOGE DE LA DISCRÉTIONDans un rapport unique à l'espace, au temps et à la lumière, l'architecte Jean-Baptiste Barache — fondateur du studio Arba, spécialisé en nouvelles solutions d’habitats durables et abordables — a façonné une maison en bois, posée au milieu d'un champ. Un projet personnel inspiré par les principes de l'architecture traditionnelle japonaise.La designer et illustratrice Ionna Vautrin, qui a récemment investi les lieux auparavant occupés par l’architecte, décrit une maison « au calme radical et à l’atmosphère mystique ». Ce sont sans nul doute des mots qui touchent Jean-Baptiste Barache, qui a conçu de ses mains cet espace unique, situé au coeur de la campagne normande, inspiré par la lecture de « L’éloge de l’ombre » de Junichirô Tanizaki. L’architecte s’intéresse justement aux maisons traditionnelles japonaises lorsqu’il entreprend la construction de cette maison en bois en 2004. Il l’imagine au milieu des arbres fruitiers à la lisière du village d’Auvilliers, en Haute-Normandie. Construite sans terrassement, d’une superficie de 180 m2, la maison prend l’apparence d’une grange et se découvre comme telle. On est d’abord intimidé par l’espace unitaire immense, avant de vouloir en explorer chaque recoin. Couverte de bardeaux traditionnels normands en cèdre rouge, la maison adopte la forme d’une coque de bois retournée dans laquelle s’inscrit un objet sculpté en sapin lisse, quasiment indépendant, qui comporte les étages. Au rez-de-chaussée, l’espace magistral accueille un salon poétique avec une balançoire, des rangements intégrés, une bibliothèque, une salle à manger, une cuisine ouverte et une salle de bains dissimulée derrière une porte. C’est par une échelle (aujourd’hui remplacée par un escalier) que l’on accède aux étages qui abritent la partie nuit dont un espace parental, cabane dans la cabane, caché au sommet de la structure. Une terrasse prolonge la maison vers les champs environnants.La maison vit en parfaite harmonie avec l’environnement extérieur, dans un jeu d’ombres et de lumières. Le soleil entre largement par une vaste ouverture au Sud, produisant l’hiver un effet de serre qui participe au chauffage principal. Au Nord, les espaces sont réduits, à l’abri. Le vent pénètre et ventile la maison en passant par des trappes en façade. Pour respecter les préceptes de l’architecture traditionnelle japonaise, Jean-Baptiste Barache a imaginé une maison « low tech », sans électricité. « L’un des principes fondamentaux de cette architecture, c’est la correspondance entre température intérieure et extérieure. Dans la maison, on a naturellement froid l’hiver et chaud l’été. L’absence d’électricité implique aussi un quotidien sans télévision, sans chaîne hi-fi, donc un temps différent » résume l’architecte. Le rapport au temps se trouve au cœur de tout le projet. Car pour bâtir cet espace unique, Jean-Baptiste Barache a pris le sien. Des charpentiers livrent d’abord quatre fermes en lamellé-collé de sapin du Nord, conçues par l’architecte.Puis le montage de tous les éléments secondaires est ensuite réalisé par lui seul pendant 18 mois pour un coût très réduit de 70 000 euros. Le concepteur décrit ainsi sa démarche comme une expérience « naturelle » visant à ne pas déranger le site et assure avoir construit sa maison au gré de ses sensations. « L’intention de l’architecte devait être la plus discrète possible pour respecter l’histoire collective qui a fait naître l’harmonie propre à l’architecture traditionnelle japonaise ». Un pari réussi pour cette maison qui traverse le temps sereinement depuis sa livraison en 2006. INFORMATIONS PRATIQUESLA MAISON DANS UN CHAMPArchitecte Jean-Baptiste BaracheSite Auvilliers, Seine-MaritimeMaître d’ouvrage Jean-Baptiste BaracheDate Livraison janvier 2006Superficie 180 m2Coût 72 000 € HT Photographe – Gianni Vega Texte – Virginie d’HumièresD’UNE ÎLEPétrie par ses vies antérieures, la maison de campagne et table d’hôtes D’une Île, nichée en plein coeur du Perche, est une parenthèse hors du temps pour citadins en mal de simplicité.Ne cherchez pas comme chez Septime ou Clamato – deux autres adresses du groupe fondateur des lieux – une référence déguisée dans le titre. Non, « D’une Île » est un nom de baptême hérité des anciens propriétaires. La transmission est justement la raison d’être de cette oasis campagnarde qui accueille ses hôtes dans des murs vieux de plus de quatre siècles.Situé à environ deux heures de Paris, posté à équidistance du Mans et de Chartres, le Parc naturel régional du Perche se dévoile dans le plus simple appareil, et avec lui, D’une Île. À Rémalard, bourgade jusque-là inconnue du gotha citadin, ce gîte bohème de huit hectares R fait depuis une poignée d’années office de résidence secondaire pour la famille Septime, conglomérat gourmand établi rue de Charonne, à Paris. Dirigé par l’entrepreneur Théophile Pourriat et le chef Bertrand Grébaut, le groupe ajoute en 2018 avec D’une Île une quatrième adresse à son catalogue hétéroclite, déjà composé d’un restaurant gastronomique étoilé (Septime), d’un bar iodé (Clamato) et d’un cellier à vins natures et épicerie bio (La Cave). Tapisserie, une pâtisserie artisanale, complète depuis ce savoureux tableau. La naissance de D’une Île doit tout au destin. Un break entre copains amène Théophile Pourriat à poser ses valises le temps d’un week-end au gîte originel. Il y fait la connaissance des hôtes, un couple de charmants Néerlandais. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais quelques mois plus tard, l’entrepreneur reçoit un coup de fil : le couple cherche à vendre et demande des conseils. Théophile s’enquiert du dossier de vente, qui finit sur son bureau pour relecture. Un dernier coup d’œil changera la suite des événements : il appelle Bertrand pour lui présenter le projet car, finalement, cette baraque, ils pourraient bien en faire leur pied-à-terre à la campagne… Deux mois et demi plus tard, les Néerlandais repartent à Amsterdam et le duo se voit remettre les clés du domaine. Pas de gros travaux ni de remodelage, Théophile et Bertrand décident de conserver la propriété dans son jus et d’en exploiter le charme suranné. Certes, quelques transformations, dont l’ajout de deux chambres modernes, un sauna dans une bulle panoramique établi sur la colline – et bientôt, un bassin de nage à eau salée – façonnent un lieu à destination d’une clientèle exigeante. Il n’empêche que tout semble avoir toujours été là. Murs en pierres, tomettes ocres et poutres massives composent le socle commun. Dans les dix chambres, comme partout d’ailleurs, la décoration est minimaliste et rustique. Elle a été chinée dans les brocantes de la région, parfois trouvée en bord de route ou au fond d’une grange. Table égratignée, fauteuil scandinave, (très) bon lit, beaucoup de blanc… Un dépouillement qui rappelle la vie simple d’autrefois, même si les connaisseurs reconnaîtront quelques pièces de designer, luminaires Tom Dixon ou céramiques LRNCE en tête, qui ancrent D’une Île, ère Septime, dans son époque.Pour découvrir tout cela, il faut s’armer d’un peu de patience et d’une voiture avec de bonnes suspensions. Car le bonheur se trouve… en haut du chemin ! La propriété se dévoile sous les traits d’un instantané bucolique : on distingue, au loin, comme accrochées dans la forêt, les cinq chaumières de pierres qui composent le gîte. Bienvenue chez vous. Car ici, les conventions s’estompent à mesure que l’on découvre les hôtes du lieu : Coralie, Marine, Laurine… D’une Île se définit en effet comme une maison de campagne plutôt qu’un hôtel. Comme à la maison, donc, on n’hésitera pas à bouquiner au coin du feu, à passer une tête en cuisine, à désherber le potager… Ni à chausser ses bottes de pluie pour arpenter la forêt voisine, à la recherche de champignons ou d’herbes aromatiques qui se retrouveront à l’heure du goûter en infusion ou le soir dans l’assiette. L’assiette, justement, tient sa petite réputation. Bien que majoritairement occupée par les résidents, la table d’hôtes D’une île s’est rapidement imposée comme le rendez-vous des grandes occasions pour les gens du coin. S’y dressent deux dizaines de couverts dépareillés, parfois ébréchés, une collection elle aussi constituée au gré des flâneries locales de l’équipe fondatrice. À l’image des visages désormais familiers qui assurent aussi le service, la décontraction est de mise. Pas d’uniformes ni de nappes, encore moins de cérémonial ou de mets impossibles à déchiffrer, la cuisine se fait la gardienne de la philosophie de la maison. Humble et sincère, la carte est l’œuvre du chef Bertrand Grébaut, co-auteur des lieux. Récompensé d’un macaron Michelin pour la partition néo-bistronomique du Septime, il détricote ici les codes pointus qui ont fait la renommée de son adresse étoilée pour donner à D’une Île la saveur d’une auberge rurale, mais exigeante. Au menu, quelques grands classiques du répertoire français – œuf à la coque, pâté en croûte… selon les envies et les saisons – côtoient une cuisine brute à dominante végétale, deux qualificatifs hérités du maître du genre, Alain Passard, auprès duquel le chef Grébaut a fait ses armes en amorce de sa carrière. À chaque coup de fourchette, les goûts et les saveurs résonnent en bouche comme rarement. Une banale salade de tomates s’imprime illico dans la mémoire de nos papilles. Trésor du terroir régional, chaque produit travaillé en cuisine sort tout juste de terre. Une fraîcheur exceptionnelle empreinte de tradition qui garantit de grands moments en bouche… Si certaines denrées ont grandi à domicile, dans le potager cultivé par les équipes, l’autre partie du garde-manger provient directement des marchés et des producteurs voisins. C’est Nicolas qui livre les fruits et légumes, Didier les œufs… La boulangerie se fait sur place, tout comme la pâtisserie. La cuisine a d’ailleurs tiré un trait sur tout ce qui n’aurait pas poussé en terre normande ou sarthoise afin de respecter l’ancrage local qui anime D’une Île depuis des générations. L’exception qui confirme la règle concerne la cave : c’est vrai qu’à part le cidre, la viticulture n’est pas à son apogée dans le coin ! Les vins à la carte sont bien sûr natures ou biodynamiques, issus de vignobles européens ayant tiré leur épingle du jeu sur la table du Septime. Une fois élus par la clientèle de la rue de Charonne, les meilleurs jus sans intrants prennent sans détour le chemin du Perche.Et l’écologie dans tout ça ? « Le gîte est écolo, par la force des choses » nous répond-on. Et de se rappeler que la vie à la campagne, c’est depuis toujours rendre les cagettes au primeur qui vient livrer ses fruits et légumes, composter les déchets organiques et vivre au rythme des saisons. Chez D’une Île, comme dans les fermes d’antan, le quotidien est fait de petites choses simples. Une pause nécessaire, loin du tumulte de la ville.INFORMATIONS PRATIQUESLieu-dit L’Aunay 61110 RémalardT – +33 (0)2 33 83 01 47 7 @duneile Photographe – Théophile Pourriat & D’Une Île Texte – Fanny Liaux-GasquerelLA STATION ALEXANDRE | REGIS & EIFFELAbandonnée à partir des années 1930, la station Alexandre reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe dans les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui décide de lui donner une nouvelle vie avec l’architecte marseillais Éric Castaldi.Au début du XXème siècle, Victor Régis, négociant et armateur marseillais, entreprend de construire un ensemble industriel : la Station Alexandre. Située dans un quartier dédié à l’activité portuaire et industrielle, cet édifice trouve sa place au milieu de multiples savonneries, silos à grains, minoteries, manufactures de tabac et bien d’autres encore. Gare de triage d’une huilerie, la station était autrefois reliée au quartier de la Joliette par une ligne ferroviaire privée, faisant ainsi transiter les chargements d’arachide et de copra débarqués sur le port.Abandonnée à partir des années 30, la station reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe entre les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui, sous le charme de celle-ci, décide de lui donner une nouvelle vie. Ainsi sauvée de la démolition, la Station Alexandre est réhabilitée en 2004 par l’architecte marseillais Éric Castaldi. Dans le respect de son exceptionnelle architecture et de son histoire, la reconstruction ambitieuse de ce bâtiment accueille aujourd’hui un centre d’affaires, des commerces et des restaurants.Ce lieu admirable, situé dans le quartier du Canet, est marqué par sa structure métallique édifiée par Gustave Eiffel. Son style architectural mélange les genres et s’harmonise entre béton, verre et acier. Doté d’une grande richesse décorative, on découvre en son intérieur des colonnes de fonte aux chapiteaux corinthiens et des frises en linteaux décorées de rosaces. À ne pas louper, l’impressionnante verrière de son Atrium.INFORMATIONS PRATIQUES31 boulevard Charles Moretti 13014 MarseillePhotographes – ©Éric Castaldi – ©abcsalles – ©Chris HartwigLA CITÉ RADIEUSE | LE CORBUSIERÉdifiée entre 1947 et 1952 par Le Corbusier, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ».Né en 1887, Charles-Édouard Jeanneret plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, est un architecte du mouvement moderne. Au côté notamment de Robert Mallet-Stevens et de Mies Van Der Rohe, il est un artiste complet, opérant également en tant qu’urbaniste et designer. Fondateur de principes tels que le Modulor ou l’Unité d’Habitation, son œuvre comprend 17 sites – dont 10 en France – classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco, tandis que de nombreuses de ses réalisations sont classées Monuments Historiques. Parmi ses œuvres emblématiques, on compte La Cité Radieuse à Marseille.Édifiée entre 1947 et 1952, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ». Cette cité-jardin verticale, construite sur pilotis, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016. Créative et avant-gardiste, son architecture surprenante telle un paquebot, offre une multitude de jeux de lumière, de perspectives et de couleurs, se présentant comme une œuvre architecturale à part entière. Le style brutaliste met en avant l’utilisation de matériaux sans parement comme le béton brut, permettant un jeu de rythmes décoratifs riches et innovants.Les éléments architecturaux sont pensés pour répondre à l’environnement du bâtiment : l’élévation sur pilotis libère le terrain et la vue, tandis que le toit terrasse offre un espace de loisir loin du bruit, comme si l’on naviguait au calme, à travers la ville. Le brise-soleil laisse pénétrer le soleil en hiver et protège de la chaleur en été. La naissance de la « machine à habiter » propose à tous les habitants : de nombreux rangements, une cuisine intégrée, des services tels que l’école, les commerces, le tout pensé selon une ergonomie adaptée au corps humain. Le Corbusier s’entoure des plus grands pour optimiser l’intérieur des appartements, comme Charlotte Perriand qui contribue au premier prototype de cuisine. Jean Prouvé quant à lui révèle ses talents d’ingénieur et réalise l’extraordinaire escalier des duplex en tôle pliée.Derrière ce projet fou de 337 appartements appelés aussi « cellules », se cache la forte volonté du Corbusier d’instaurer une nouvelle manière d’Habiter, permettant de vivre ensemble et de libérer les femmes. C’est cette œuvre majeure, en évolution constante au gré de ceux qui y résident, qui a accompagné la naissance d’ARCHIK ainsi que notre philosophie de « l’Art d’habiter ». INFORMATIONS PRATIQUES280 boulevard Michelet 13008 Marseilleciteradieuse-marseille.comPhotographes – ©Romain Laprade – ©Florian Touzet – ©Centre PompidouL’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS | RENÉ EGGERRené Egger est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts, implantée à Luminy, au cœur du Parc des Calanques.Architecte français, René Egger (1915 – 2016) est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans la période de la Reconstruction après-guerre, aux côtés de Fernand Pouillon, il fonde d’emblématiques édifices tels que l’hôpital Nord et la faculté de médecine de la Timone. Architecte discret sous l’aile de Gaston Defferre, son trait de crayon n’en a pas moins bouleversé la cité phocéenne. Il a dessiné Marseille telle qu’on la pensait à l’époque, sous un angle fonctionnel et monumental.Héritier direct des modernistes, Egger fit du béton son matériau de prédilection et signa la plupart de ses ouvrages par des brises-soleil, venant tamiser le chaleureux soleil du Sud. Aujourd’hui, nombreux de ses bâtiments ponctuent toujours la ville, laissant derrière lui une trace considérable de son œuvre comme la résidence l’Éolienne en 1959, ou les facultés du campus de Saint-Jérôme.Parmi ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts (ESADMM), implantée sur le site de Luminy, au cœur du Parc des Calanques. Son bâtiment labéllisé « Architecture Contemporaine Remarquable » en 2007 est une prouesse architecturale, invitant l’extérieur à l’intérieur grâce à ses volumes aérés. Cet environnement baigné de lumière offre à ses étudiants un cadre de travail des plus inspirants. La nature se mêle à l’architecture grâce aux patios, jardins intérieurs et bassins qui rythment ce lieu, laissant libre expression à la flore méditerranéenne. Reconnaissable par ses murs de béton aux découpes saccadées et ses avancées s’ouvrant sur le ciel, l’architecte construit son œuvre comme une balade à travers laquelle on se laisse porter pour libérer sa créativité.Un lieu symbolique pour les étudiants des Beaux-Arts, et pour tous les marseillais qui le découvriront lors d’une balade dans le la Parc Régional des Calanques.INFORMATIONS PRATIQUES184 avenue de Luminy 13288 Marseilleesadmm.frPhotos – ©EsadmmNavigation des articlesArticles plus anciens
LA SERVIETTE PARISLa Serviette Paris est une marque française de linge de maison haut de gamme conjuguant élégance et savoir-faire. Des choix affirmés, des collaborations pointues et une distribution sélective qui révèlent une vraie identité à la fois chic et décontractée.La Serviette Paris, c’est une aventure humaine entre deux amis, Benjamin Bottard et Simon Thisse. Tous deux férus de voyages et amoureux de belles choses, ils puisent leurs inspirations au grès de leurs rencontres. En 2016, ils créent La Serviette Paris et lancent leur première collection de serviettes de plage aux motifs pop & art-déco made in France. Depuis, chambre, bain ou plage, en quelques années, la famille s’est agrandit avec du linge de maison. La Serviette Paris prône une production éco responsable avec un coton égyptien récolté à la main, en quantité réduite, la suppression des emballages plastiques et l’absence totale de produits nocifs pour la santé ainsi qu’un service de recyclage des anciennes éponges et linges de lit. Une entreprise dans l’air du temps, où excellence rime avec engagement.Une créativité sans faille et de belles collaborations avec de grandes maisons telles que Maison Sarah Lavoine, La Villa Noailles, La fondation Carmignac et la marque Dyptique font naître des collections racontant des histoires, telle que la gamme Nomade, hommage à des artistes comme Daniel Buren ou Etel Adnan.La Serviette Paris habille nos Maisons ARCHIK de belles serviette brodées ainsi que nos shooting photos. 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Penseur discret et engagé, fils d’une famille pauvre venue des Pouilles, Enzo Mari fut d’abord vendeur ambulant avant d’étudier à l’Académie des Beaux-Arts de Brera où il découvre la folie expérimentale des années 1950 et 1960. Emporté par le Covid-19 le 19 octobre 2020, il laisse derrière lui une constellation d’œuvres, pour reprendre le terme employé par Stefano Boeri, directeur de l’immense Musée de la Triennale, à Milan, qui lui consacra sa dernière rétrospective, inaugurée deux jours avant la disparition de l’artiste. Une myriade d’œuvres, mêlant douceur et austérité, spontanéité et rigueur, avec toujours, l’éthique et l’intégrité en ligne de mire. Celui qu’Hans Ulrich Obrist – commissaire de ladite exposition – aimait appeler « Le Marcel Duchamp du design » continue à inspirer étudiants et créateurs, notamment à travers son projet le plus crucial, véritable manifeste visant à révolutionner le monde de la distribution : Autoprogettazione. Comprenez : Autoconception.Autoprogettazione En 1974, Enzo Mari publie pour la première fois un petit livre, imaginé en toute humilité, mais qui pourtant fera scandale dans le tout Milan de l’époque. Et pour cause, ces quelques pages rigoureusement pensées et distribuées à l’occasion de son exposition Proposta per autoprogettazione livrent gratuitement au public les plans pour réaliser toute une collection de mobilier – chaise, table, bureau. Pensé comme un acte politique, le projet Autoprogettazione cherche à redonner à tout un chacun un peu de pouvoir sur son univers domestique en fabricant soi-même son mobilier avec un minimum d’outils (marteau, scie, clous et colle). Véritable icône de la ligne Autoprogettazione, la chaise Sedia 1 rend compte de la volonté du designer de concevoir des meubles les plus accessibles possibles tant au niveau de leur assemblage que de leurs matériaux (du sapin en l’occurrence). Le mode d’emploi étant gratuit, il suffit d’acheter des planches et des clous, pour réaliser soi-même un mobilier à prix minimum. En deux jours, on pouvait ainsi meubler un appartement avec tables, chaises, bancs, armoires, bibliothèque, bureau et lits. Mais Stefano Boeri met en garde : contrairement aux idées reçues, Mari n’a pas inventé les meubles en kit, qu’Ikea proposait déjà depuis les années 50. Ce qu’il a démocratisé est plus subtile encore : c’est le travail manuel, la conception du design soi-même.De ce fait, Enzo Mari place la notion éducative au cœur de sa pratique. La simplicité de conception laissait également la liberté à l’utilisateur de modifier les plans d’origine à sa guise afin de s’approprier davantage les meubles, démarche encouragée par Mari lui-même, qui incitait les esprits créatifs à lui adresser notes et photos. Contre la médiocrité de la société de consommation Mais surtout, l’ambition d’Autoprogettazione était d’instaurer une relation plus directe entre le créateur et l’acheteur, en court-circuitant les différents acteurs de l’industrie et de la distribution – usines et magasins – pour finalement mettre le design à la portée de tous. Inspiré par la philosophie marxiste de son époque, il met un point d’honneur à « impliquer le peuple » dans ce qui définit son quotidien, tandis que le design industriel est en plein essor. L’utopiste qu’il était espérait en outre qu’en réalisant ses meubles de ses mains, l’usager y porterait un meilleur soin dans le temps. Très vite, il se positionne alors comme détracteur de la société de consommation, et précurseur du mouvement contemporain des makers, ces partisans de l’autoproduction. Une conviction qui a guidé l’ensemble de son œuvre et de sa carrière.Déjà en 1971, il propose au public de se réapproprier une part de l’utilisation de son mobilier avec sa « Box Chair » : un archétype de chaise montable, présentée sous la forme d’une boîte en plastique servant d’assise où sont rangés les quatre pieds. L’année suivante, en 1972, lors de l’exposition culte consacrée par le MoMA de New York au design italien, « Italy : The New Domestic Landscape », il présente ses vases ludiques nommés Pago Pago qui peuvent s’utiliser de différentes façons, tête en bas si l’envie nous en prend, toujours dans cette ambition de rendre l’usager acteur du design.Bien des années plus tard, en 1995, Enzo Mari présente avec Alessi le projet Ecolo : un nouveau livret proposant cette fois de transformer des bouteilles de détergent vaisselle en vases grâce à différentes découpes. Il se prête lui-même au jeu et imagine une série de vases ainsi recyclés, signés de son nom : le client, ou collectionneur, a donc le choix entre l’objet signé ou bien les instructions pour le réaliser chez lui. À cette époque, Mari attire non seulement l’attention sur l’importance du recyclage, mais il questionne aussi largement le monde du design : celui-ci ne doit-il pas être démocratisé ? Un vase que l’on fabrique soi-même a-t-il moins de valeur que s’il est signé Enzo Mari ? Quelle est la frontière entre « open source design » et imitation ?Une vision du design éthique, collaboratif et écologique Ce penseur visionnaire, à l’esthétique austère et rigoureuse, célèbre pour ses coups de colères politiques, incarne une vision du design collaboratif et écologique, à l’époque avant-gardiste et toujours actuelle. Car le concept d’autoproduction prôné par Mari n’en finit pas d’inspirer des générations de designers critiques et engagés, jusqu’aux communautés de makers du XXIème siècle qui partagent gratuitement sur Internet les plans à construire de leurs créations. Basé à Concarneau, le Low Tech Lab n’hésite pas à concevoir par exemple une véritable bibliothèque de documentations open-source triées sur le volet, visant à démocratiser la création de technologies à la fois utiles, accessibles et durables. À Paris, l’association Bellastock prône une architecture accessible à tous, développe des outils afin de transmettre une culture architecturale basée sur le réemploi, l’autoproduction, le développement soutenable des territoires, et incite ainsi les citoyens à devenir davantage conscients de l’importance de leur cadre de vie. Celui qu’on appelle « le designer du peuple » connait son sujet : lui-même est designer autodidacte. Mari a toujours fait en sorte que son travail reste un jeu – en témoigne l’un de ses premiers projets, le puzzle pour enfants 16 Animali. Mais, bien plus important que cela, il fallait que son travail reste éthique. En 1999, il initie le Manifeste de Barcelone qui plaide pour un serment d’Hippocrate du designer. Le professeur Mari insistait auprès de ses élèves de Milan, Vienne ou Berlin : « Il vaudrait la peine de promouvoir une acceptation générale du principe selon lequel l’éthique doit guider toute forme de design » (Designing the 21st Century, Taschen, 2001). En témoignent les propos cités en introduction, tenus par Ettore Sottsass, à la tête du délirant et festif mouvement Memphis des années 1980 : Mari gagne le respect de tous, même de ceux que se tiennent les plus éloignés de sa rigueur et son dépouillement. Il s’impose, à l’unanimité, comme le gardien de la déontologie du design, aussi tempétueux que talentueux, fulminant contre la médiocrité de la société de consommation, contre celle de l’industrie du luxe, contre l’avilissement du peuple.« Tout ce que l’on fait est politique » Loin de n’être qu’un idéal, la proximité d’Enzo Mari avec la classe moyenne est une réalité : son œuvre est omniprésente dans le quotidien des italiens, elle se cache en tout humilité dans les meubles et objets les plus anonymes et familiers : chaises de bistrot, puzzles en bois pour enfants, luminaires, pots à crayons, accessoires pour le bureau, cocottes pour la cuisine…Ses convictions communistes, qu’il ne délaissera jamais, l’ont poussé à placer son œuvre à la disposition des gens modestes et ordinaires, et non à celle de l’aristocratie au pouvoir. Pourtant, c’est ce même engagement, ce même entêtement à sauver sa discipline de la tournure mercantile qu’elle prenait, qui ont séduit les collectionneurs : les planches de bois brut sont devenues le nouveau snobisme, les chaises rustiques ont meublé les résidences secondaires, fabriquées par des charpentiers payés pour cela, ou par la suite par des éditeurs, mais non par leurs acquéreurs, et ces intermédiaires, que sont les fabricants et les distributeurs, de revenir au galop.« Tout ce que l’on fait est politique », martelait Enzo Mari. En 2009, il trouvait encore la force de tempêter une dernière fois ou presque, dans un texte intitulé, Que fare ? (« Que faire ? »). Un titre à la limite du désespoir, mais à travers lequel il cherche toujours à se battre. Le texte resitue l’histoire du design, né en Allemagne dans la décennie 1920 puis dans l’Italie des années 1950 : « L’on pensait naïvement que l’intelligence d’un produit pouvait avoir une influence positive sur les besoins, et donc sur le marché. Cette ligne utopiste était en harmonie avec le climat de reconstruction, matérielle et idéologique, de l’après-guerre, qui touchait tous les Européens. Dès les années 1960 pourtant, commençaient à apparaître les signes d’une société corrompue par la faiblesse de la pensée et rendue obtuse par « l’exploitation globale » du règne de la marchandise. » Oui, que faire ? Comment faire partie du marché en restant intègre ? Ou comment « rester digne en étant populaire » – questionnerait Kipling ? Et comment immiscer un peu d’utopie dans la société industrielle ? L’intégrité qu’il cherchait à tout prix à préserver aura eu raison de lui : désespéré par son époque, exaspéré par ce qu’était devenu le monde du design ses dernières années, il finit par offrir à la ville de Milan l’intégralité de ses archives, mais à la condition que celles-ci restent inaccessibles pendant quarante ans… le temps qu’une nouvelle génération « non dégradée comme celle d’aujourd’hui, puisse en faire un usage conscient ». C’est tout ce qu’on lui souhaite. INFORMATIONS PRATIQUESTexte — Emmanuelle Oddo Photos — ArtekÉLOGE DE LA DISCRÉTIONDans un rapport unique à l'espace, au temps et à la lumière, l'architecte Jean-Baptiste Barache — fondateur du studio Arba, spécialisé en nouvelles solutions d’habitats durables et abordables — a façonné une maison en bois, posée au milieu d'un champ. Un projet personnel inspiré par les principes de l'architecture traditionnelle japonaise.La designer et illustratrice Ionna Vautrin, qui a récemment investi les lieux auparavant occupés par l’architecte, décrit une maison « au calme radical et à l’atmosphère mystique ». Ce sont sans nul doute des mots qui touchent Jean-Baptiste Barache, qui a conçu de ses mains cet espace unique, situé au coeur de la campagne normande, inspiré par la lecture de « L’éloge de l’ombre » de Junichirô Tanizaki. L’architecte s’intéresse justement aux maisons traditionnelles japonaises lorsqu’il entreprend la construction de cette maison en bois en 2004. Il l’imagine au milieu des arbres fruitiers à la lisière du village d’Auvilliers, en Haute-Normandie. Construite sans terrassement, d’une superficie de 180 m2, la maison prend l’apparence d’une grange et se découvre comme telle. On est d’abord intimidé par l’espace unitaire immense, avant de vouloir en explorer chaque recoin. Couverte de bardeaux traditionnels normands en cèdre rouge, la maison adopte la forme d’une coque de bois retournée dans laquelle s’inscrit un objet sculpté en sapin lisse, quasiment indépendant, qui comporte les étages. Au rez-de-chaussée, l’espace magistral accueille un salon poétique avec une balançoire, des rangements intégrés, une bibliothèque, une salle à manger, une cuisine ouverte et une salle de bains dissimulée derrière une porte. C’est par une échelle (aujourd’hui remplacée par un escalier) que l’on accède aux étages qui abritent la partie nuit dont un espace parental, cabane dans la cabane, caché au sommet de la structure. Une terrasse prolonge la maison vers les champs environnants.La maison vit en parfaite harmonie avec l’environnement extérieur, dans un jeu d’ombres et de lumières. Le soleil entre largement par une vaste ouverture au Sud, produisant l’hiver un effet de serre qui participe au chauffage principal. Au Nord, les espaces sont réduits, à l’abri. Le vent pénètre et ventile la maison en passant par des trappes en façade. Pour respecter les préceptes de l’architecture traditionnelle japonaise, Jean-Baptiste Barache a imaginé une maison « low tech », sans électricité. « L’un des principes fondamentaux de cette architecture, c’est la correspondance entre température intérieure et extérieure. Dans la maison, on a naturellement froid l’hiver et chaud l’été. L’absence d’électricité implique aussi un quotidien sans télévision, sans chaîne hi-fi, donc un temps différent » résume l’architecte. Le rapport au temps se trouve au cœur de tout le projet. Car pour bâtir cet espace unique, Jean-Baptiste Barache a pris le sien. Des charpentiers livrent d’abord quatre fermes en lamellé-collé de sapin du Nord, conçues par l’architecte.Puis le montage de tous les éléments secondaires est ensuite réalisé par lui seul pendant 18 mois pour un coût très réduit de 70 000 euros. Le concepteur décrit ainsi sa démarche comme une expérience « naturelle » visant à ne pas déranger le site et assure avoir construit sa maison au gré de ses sensations. « L’intention de l’architecte devait être la plus discrète possible pour respecter l’histoire collective qui a fait naître l’harmonie propre à l’architecture traditionnelle japonaise ». Un pari réussi pour cette maison qui traverse le temps sereinement depuis sa livraison en 2006. INFORMATIONS PRATIQUESLA MAISON DANS UN CHAMPArchitecte Jean-Baptiste BaracheSite Auvilliers, Seine-MaritimeMaître d’ouvrage Jean-Baptiste BaracheDate Livraison janvier 2006Superficie 180 m2Coût 72 000 € HT Photographe – Gianni Vega Texte – Virginie d’HumièresD’UNE ÎLEPétrie par ses vies antérieures, la maison de campagne et table d’hôtes D’une Île, nichée en plein coeur du Perche, est une parenthèse hors du temps pour citadins en mal de simplicité.Ne cherchez pas comme chez Septime ou Clamato – deux autres adresses du groupe fondateur des lieux – une référence déguisée dans le titre. Non, « D’une Île » est un nom de baptême hérité des anciens propriétaires. La transmission est justement la raison d’être de cette oasis campagnarde qui accueille ses hôtes dans des murs vieux de plus de quatre siècles.Situé à environ deux heures de Paris, posté à équidistance du Mans et de Chartres, le Parc naturel régional du Perche se dévoile dans le plus simple appareil, et avec lui, D’une Île. À Rémalard, bourgade jusque-là inconnue du gotha citadin, ce gîte bohème de huit hectares R fait depuis une poignée d’années office de résidence secondaire pour la famille Septime, conglomérat gourmand établi rue de Charonne, à Paris. Dirigé par l’entrepreneur Théophile Pourriat et le chef Bertrand Grébaut, le groupe ajoute en 2018 avec D’une Île une quatrième adresse à son catalogue hétéroclite, déjà composé d’un restaurant gastronomique étoilé (Septime), d’un bar iodé (Clamato) et d’un cellier à vins natures et épicerie bio (La Cave). Tapisserie, une pâtisserie artisanale, complète depuis ce savoureux tableau. La naissance de D’une Île doit tout au destin. Un break entre copains amène Théophile Pourriat à poser ses valises le temps d’un week-end au gîte originel. Il y fait la connaissance des hôtes, un couple de charmants Néerlandais. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais quelques mois plus tard, l’entrepreneur reçoit un coup de fil : le couple cherche à vendre et demande des conseils. Théophile s’enquiert du dossier de vente, qui finit sur son bureau pour relecture. Un dernier coup d’œil changera la suite des événements : il appelle Bertrand pour lui présenter le projet car, finalement, cette baraque, ils pourraient bien en faire leur pied-à-terre à la campagne… Deux mois et demi plus tard, les Néerlandais repartent à Amsterdam et le duo se voit remettre les clés du domaine. Pas de gros travaux ni de remodelage, Théophile et Bertrand décident de conserver la propriété dans son jus et d’en exploiter le charme suranné. Certes, quelques transformations, dont l’ajout de deux chambres modernes, un sauna dans une bulle panoramique établi sur la colline – et bientôt, un bassin de nage à eau salée – façonnent un lieu à destination d’une clientèle exigeante. Il n’empêche que tout semble avoir toujours été là. Murs en pierres, tomettes ocres et poutres massives composent le socle commun. Dans les dix chambres, comme partout d’ailleurs, la décoration est minimaliste et rustique. Elle a été chinée dans les brocantes de la région, parfois trouvée en bord de route ou au fond d’une grange. Table égratignée, fauteuil scandinave, (très) bon lit, beaucoup de blanc… Un dépouillement qui rappelle la vie simple d’autrefois, même si les connaisseurs reconnaîtront quelques pièces de designer, luminaires Tom Dixon ou céramiques LRNCE en tête, qui ancrent D’une Île, ère Septime, dans son époque.Pour découvrir tout cela, il faut s’armer d’un peu de patience et d’une voiture avec de bonnes suspensions. Car le bonheur se trouve… en haut du chemin ! La propriété se dévoile sous les traits d’un instantané bucolique : on distingue, au loin, comme accrochées dans la forêt, les cinq chaumières de pierres qui composent le gîte. Bienvenue chez vous. Car ici, les conventions s’estompent à mesure que l’on découvre les hôtes du lieu : Coralie, Marine, Laurine… D’une Île se définit en effet comme une maison de campagne plutôt qu’un hôtel. Comme à la maison, donc, on n’hésitera pas à bouquiner au coin du feu, à passer une tête en cuisine, à désherber le potager… Ni à chausser ses bottes de pluie pour arpenter la forêt voisine, à la recherche de champignons ou d’herbes aromatiques qui se retrouveront à l’heure du goûter en infusion ou le soir dans l’assiette. L’assiette, justement, tient sa petite réputation. Bien que majoritairement occupée par les résidents, la table d’hôtes D’une île s’est rapidement imposée comme le rendez-vous des grandes occasions pour les gens du coin. S’y dressent deux dizaines de couverts dépareillés, parfois ébréchés, une collection elle aussi constituée au gré des flâneries locales de l’équipe fondatrice. À l’image des visages désormais familiers qui assurent aussi le service, la décontraction est de mise. Pas d’uniformes ni de nappes, encore moins de cérémonial ou de mets impossibles à déchiffrer, la cuisine se fait la gardienne de la philosophie de la maison. Humble et sincère, la carte est l’œuvre du chef Bertrand Grébaut, co-auteur des lieux. Récompensé d’un macaron Michelin pour la partition néo-bistronomique du Septime, il détricote ici les codes pointus qui ont fait la renommée de son adresse étoilée pour donner à D’une Île la saveur d’une auberge rurale, mais exigeante. Au menu, quelques grands classiques du répertoire français – œuf à la coque, pâté en croûte… selon les envies et les saisons – côtoient une cuisine brute à dominante végétale, deux qualificatifs hérités du maître du genre, Alain Passard, auprès duquel le chef Grébaut a fait ses armes en amorce de sa carrière. À chaque coup de fourchette, les goûts et les saveurs résonnent en bouche comme rarement. Une banale salade de tomates s’imprime illico dans la mémoire de nos papilles. Trésor du terroir régional, chaque produit travaillé en cuisine sort tout juste de terre. Une fraîcheur exceptionnelle empreinte de tradition qui garantit de grands moments en bouche… Si certaines denrées ont grandi à domicile, dans le potager cultivé par les équipes, l’autre partie du garde-manger provient directement des marchés et des producteurs voisins. C’est Nicolas qui livre les fruits et légumes, Didier les œufs… La boulangerie se fait sur place, tout comme la pâtisserie. La cuisine a d’ailleurs tiré un trait sur tout ce qui n’aurait pas poussé en terre normande ou sarthoise afin de respecter l’ancrage local qui anime D’une Île depuis des générations. L’exception qui confirme la règle concerne la cave : c’est vrai qu’à part le cidre, la viticulture n’est pas à son apogée dans le coin ! Les vins à la carte sont bien sûr natures ou biodynamiques, issus de vignobles européens ayant tiré leur épingle du jeu sur la table du Septime. Une fois élus par la clientèle de la rue de Charonne, les meilleurs jus sans intrants prennent sans détour le chemin du Perche.Et l’écologie dans tout ça ? « Le gîte est écolo, par la force des choses » nous répond-on. Et de se rappeler que la vie à la campagne, c’est depuis toujours rendre les cagettes au primeur qui vient livrer ses fruits et légumes, composter les déchets organiques et vivre au rythme des saisons. Chez D’une Île, comme dans les fermes d’antan, le quotidien est fait de petites choses simples. Une pause nécessaire, loin du tumulte de la ville.INFORMATIONS PRATIQUESLieu-dit L’Aunay 61110 RémalardT – +33 (0)2 33 83 01 47 7 @duneile Photographe – Théophile Pourriat & D’Une Île Texte – Fanny Liaux-GasquerelLA STATION ALEXANDRE | REGIS & EIFFELAbandonnée à partir des années 1930, la station Alexandre reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe dans les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui décide de lui donner une nouvelle vie avec l’architecte marseillais Éric Castaldi.Au début du XXème siècle, Victor Régis, négociant et armateur marseillais, entreprend de construire un ensemble industriel : la Station Alexandre. Située dans un quartier dédié à l’activité portuaire et industrielle, cet édifice trouve sa place au milieu de multiples savonneries, silos à grains, minoteries, manufactures de tabac et bien d’autres encore. Gare de triage d’une huilerie, la station était autrefois reliée au quartier de la Joliette par une ligne ferroviaire privée, faisant ainsi transiter les chargements d’arachide et de copra débarqués sur le port.Abandonnée à partir des années 30, la station reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe entre les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui, sous le charme de celle-ci, décide de lui donner une nouvelle vie. Ainsi sauvée de la démolition, la Station Alexandre est réhabilitée en 2004 par l’architecte marseillais Éric Castaldi. Dans le respect de son exceptionnelle architecture et de son histoire, la reconstruction ambitieuse de ce bâtiment accueille aujourd’hui un centre d’affaires, des commerces et des restaurants.Ce lieu admirable, situé dans le quartier du Canet, est marqué par sa structure métallique édifiée par Gustave Eiffel. Son style architectural mélange les genres et s’harmonise entre béton, verre et acier. Doté d’une grande richesse décorative, on découvre en son intérieur des colonnes de fonte aux chapiteaux corinthiens et des frises en linteaux décorées de rosaces. À ne pas louper, l’impressionnante verrière de son Atrium.INFORMATIONS PRATIQUES31 boulevard Charles Moretti 13014 MarseillePhotographes – ©Éric Castaldi – ©abcsalles – ©Chris HartwigLA CITÉ RADIEUSE | LE CORBUSIERÉdifiée entre 1947 et 1952 par Le Corbusier, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ».Né en 1887, Charles-Édouard Jeanneret plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, est un architecte du mouvement moderne. Au côté notamment de Robert Mallet-Stevens et de Mies Van Der Rohe, il est un artiste complet, opérant également en tant qu’urbaniste et designer. Fondateur de principes tels que le Modulor ou l’Unité d’Habitation, son œuvre comprend 17 sites – dont 10 en France – classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco, tandis que de nombreuses de ses réalisations sont classées Monuments Historiques. Parmi ses œuvres emblématiques, on compte La Cité Radieuse à Marseille.Édifiée entre 1947 et 1952, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ». Cette cité-jardin verticale, construite sur pilotis, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016. Créative et avant-gardiste, son architecture surprenante telle un paquebot, offre une multitude de jeux de lumière, de perspectives et de couleurs, se présentant comme une œuvre architecturale à part entière. Le style brutaliste met en avant l’utilisation de matériaux sans parement comme le béton brut, permettant un jeu de rythmes décoratifs riches et innovants.Les éléments architecturaux sont pensés pour répondre à l’environnement du bâtiment : l’élévation sur pilotis libère le terrain et la vue, tandis que le toit terrasse offre un espace de loisir loin du bruit, comme si l’on naviguait au calme, à travers la ville. Le brise-soleil laisse pénétrer le soleil en hiver et protège de la chaleur en été. La naissance de la « machine à habiter » propose à tous les habitants : de nombreux rangements, une cuisine intégrée, des services tels que l’école, les commerces, le tout pensé selon une ergonomie adaptée au corps humain. Le Corbusier s’entoure des plus grands pour optimiser l’intérieur des appartements, comme Charlotte Perriand qui contribue au premier prototype de cuisine. Jean Prouvé quant à lui révèle ses talents d’ingénieur et réalise l’extraordinaire escalier des duplex en tôle pliée.Derrière ce projet fou de 337 appartements appelés aussi « cellules », se cache la forte volonté du Corbusier d’instaurer une nouvelle manière d’Habiter, permettant de vivre ensemble et de libérer les femmes. C’est cette œuvre majeure, en évolution constante au gré de ceux qui y résident, qui a accompagné la naissance d’ARCHIK ainsi que notre philosophie de « l’Art d’habiter ». INFORMATIONS PRATIQUES280 boulevard Michelet 13008 Marseilleciteradieuse-marseille.comPhotographes – ©Romain Laprade – ©Florian Touzet – ©Centre PompidouL’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS | RENÉ EGGERRené Egger est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts, implantée à Luminy, au cœur du Parc des Calanques.Architecte français, René Egger (1915 – 2016) est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans la période de la Reconstruction après-guerre, aux côtés de Fernand Pouillon, il fonde d’emblématiques édifices tels que l’hôpital Nord et la faculté de médecine de la Timone. Architecte discret sous l’aile de Gaston Defferre, son trait de crayon n’en a pas moins bouleversé la cité phocéenne. Il a dessiné Marseille telle qu’on la pensait à l’époque, sous un angle fonctionnel et monumental.Héritier direct des modernistes, Egger fit du béton son matériau de prédilection et signa la plupart de ses ouvrages par des brises-soleil, venant tamiser le chaleureux soleil du Sud. Aujourd’hui, nombreux de ses bâtiments ponctuent toujours la ville, laissant derrière lui une trace considérable de son œuvre comme la résidence l’Éolienne en 1959, ou les facultés du campus de Saint-Jérôme.Parmi ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts (ESADMM), implantée sur le site de Luminy, au cœur du Parc des Calanques. Son bâtiment labéllisé « Architecture Contemporaine Remarquable » en 2007 est une prouesse architecturale, invitant l’extérieur à l’intérieur grâce à ses volumes aérés. Cet environnement baigné de lumière offre à ses étudiants un cadre de travail des plus inspirants. La nature se mêle à l’architecture grâce aux patios, jardins intérieurs et bassins qui rythment ce lieu, laissant libre expression à la flore méditerranéenne. Reconnaissable par ses murs de béton aux découpes saccadées et ses avancées s’ouvrant sur le ciel, l’architecte construit son œuvre comme une balade à travers laquelle on se laisse porter pour libérer sa créativité.Un lieu symbolique pour les étudiants des Beaux-Arts, et pour tous les marseillais qui le découvriront lors d’une balade dans le la Parc Régional des Calanques.INFORMATIONS PRATIQUES184 avenue de Luminy 13288 Marseilleesadmm.frPhotos – ©EsadmmNavigation des articlesArticles plus anciens
DÉONTOLOGIE DU DESIGNLe concept d’autoproduction prôné par Mari n’en finit pas d’inspirer des générations de designers critiques et engagés.« Nous savons tous que, parmi tous ceux qui travaillent dans cette étrange, ambiguë, incertaine et glissante profession qu’on appelle aujourd’hui le « design », Enzo Mari est l’un de ceux qui s’accrochent avec le plus d’entêtement et de désespoir au rêve de le sauver de son péché originel, de le sortir de la corruption, en le plaçant à la disposition des gens cafardeux dans les rues plutôt qu’à la disposition (…) de l’aristocratie au pouvoir. » Ettore Sottsass, 1974. Penseur discret et engagé, fils d’une famille pauvre venue des Pouilles, Enzo Mari fut d’abord vendeur ambulant avant d’étudier à l’Académie des Beaux-Arts de Brera où il découvre la folie expérimentale des années 1950 et 1960. Emporté par le Covid-19 le 19 octobre 2020, il laisse derrière lui une constellation d’œuvres, pour reprendre le terme employé par Stefano Boeri, directeur de l’immense Musée de la Triennale, à Milan, qui lui consacra sa dernière rétrospective, inaugurée deux jours avant la disparition de l’artiste. Une myriade d’œuvres, mêlant douceur et austérité, spontanéité et rigueur, avec toujours, l’éthique et l’intégrité en ligne de mire. Celui qu’Hans Ulrich Obrist – commissaire de ladite exposition – aimait appeler « Le Marcel Duchamp du design » continue à inspirer étudiants et créateurs, notamment à travers son projet le plus crucial, véritable manifeste visant à révolutionner le monde de la distribution : Autoprogettazione. Comprenez : Autoconception.Autoprogettazione En 1974, Enzo Mari publie pour la première fois un petit livre, imaginé en toute humilité, mais qui pourtant fera scandale dans le tout Milan de l’époque. Et pour cause, ces quelques pages rigoureusement pensées et distribuées à l’occasion de son exposition Proposta per autoprogettazione livrent gratuitement au public les plans pour réaliser toute une collection de mobilier – chaise, table, bureau. Pensé comme un acte politique, le projet Autoprogettazione cherche à redonner à tout un chacun un peu de pouvoir sur son univers domestique en fabricant soi-même son mobilier avec un minimum d’outils (marteau, scie, clous et colle). Véritable icône de la ligne Autoprogettazione, la chaise Sedia 1 rend compte de la volonté du designer de concevoir des meubles les plus accessibles possibles tant au niveau de leur assemblage que de leurs matériaux (du sapin en l’occurrence). Le mode d’emploi étant gratuit, il suffit d’acheter des planches et des clous, pour réaliser soi-même un mobilier à prix minimum. En deux jours, on pouvait ainsi meubler un appartement avec tables, chaises, bancs, armoires, bibliothèque, bureau et lits. Mais Stefano Boeri met en garde : contrairement aux idées reçues, Mari n’a pas inventé les meubles en kit, qu’Ikea proposait déjà depuis les années 50. Ce qu’il a démocratisé est plus subtile encore : c’est le travail manuel, la conception du design soi-même.De ce fait, Enzo Mari place la notion éducative au cœur de sa pratique. La simplicité de conception laissait également la liberté à l’utilisateur de modifier les plans d’origine à sa guise afin de s’approprier davantage les meubles, démarche encouragée par Mari lui-même, qui incitait les esprits créatifs à lui adresser notes et photos. Contre la médiocrité de la société de consommation Mais surtout, l’ambition d’Autoprogettazione était d’instaurer une relation plus directe entre le créateur et l’acheteur, en court-circuitant les différents acteurs de l’industrie et de la distribution – usines et magasins – pour finalement mettre le design à la portée de tous. Inspiré par la philosophie marxiste de son époque, il met un point d’honneur à « impliquer le peuple » dans ce qui définit son quotidien, tandis que le design industriel est en plein essor. L’utopiste qu’il était espérait en outre qu’en réalisant ses meubles de ses mains, l’usager y porterait un meilleur soin dans le temps. Très vite, il se positionne alors comme détracteur de la société de consommation, et précurseur du mouvement contemporain des makers, ces partisans de l’autoproduction. Une conviction qui a guidé l’ensemble de son œuvre et de sa carrière.Déjà en 1971, il propose au public de se réapproprier une part de l’utilisation de son mobilier avec sa « Box Chair » : un archétype de chaise montable, présentée sous la forme d’une boîte en plastique servant d’assise où sont rangés les quatre pieds. L’année suivante, en 1972, lors de l’exposition culte consacrée par le MoMA de New York au design italien, « Italy : The New Domestic Landscape », il présente ses vases ludiques nommés Pago Pago qui peuvent s’utiliser de différentes façons, tête en bas si l’envie nous en prend, toujours dans cette ambition de rendre l’usager acteur du design.Bien des années plus tard, en 1995, Enzo Mari présente avec Alessi le projet Ecolo : un nouveau livret proposant cette fois de transformer des bouteilles de détergent vaisselle en vases grâce à différentes découpes. Il se prête lui-même au jeu et imagine une série de vases ainsi recyclés, signés de son nom : le client, ou collectionneur, a donc le choix entre l’objet signé ou bien les instructions pour le réaliser chez lui. À cette époque, Mari attire non seulement l’attention sur l’importance du recyclage, mais il questionne aussi largement le monde du design : celui-ci ne doit-il pas être démocratisé ? Un vase que l’on fabrique soi-même a-t-il moins de valeur que s’il est signé Enzo Mari ? Quelle est la frontière entre « open source design » et imitation ?Une vision du design éthique, collaboratif et écologique Ce penseur visionnaire, à l’esthétique austère et rigoureuse, célèbre pour ses coups de colères politiques, incarne une vision du design collaboratif et écologique, à l’époque avant-gardiste et toujours actuelle. Car le concept d’autoproduction prôné par Mari n’en finit pas d’inspirer des générations de designers critiques et engagés, jusqu’aux communautés de makers du XXIème siècle qui partagent gratuitement sur Internet les plans à construire de leurs créations. Basé à Concarneau, le Low Tech Lab n’hésite pas à concevoir par exemple une véritable bibliothèque de documentations open-source triées sur le volet, visant à démocratiser la création de technologies à la fois utiles, accessibles et durables. À Paris, l’association Bellastock prône une architecture accessible à tous, développe des outils afin de transmettre une culture architecturale basée sur le réemploi, l’autoproduction, le développement soutenable des territoires, et incite ainsi les citoyens à devenir davantage conscients de l’importance de leur cadre de vie. Celui qu’on appelle « le designer du peuple » connait son sujet : lui-même est designer autodidacte. Mari a toujours fait en sorte que son travail reste un jeu – en témoigne l’un de ses premiers projets, le puzzle pour enfants 16 Animali. Mais, bien plus important que cela, il fallait que son travail reste éthique. En 1999, il initie le Manifeste de Barcelone qui plaide pour un serment d’Hippocrate du designer. Le professeur Mari insistait auprès de ses élèves de Milan, Vienne ou Berlin : « Il vaudrait la peine de promouvoir une acceptation générale du principe selon lequel l’éthique doit guider toute forme de design » (Designing the 21st Century, Taschen, 2001). En témoignent les propos cités en introduction, tenus par Ettore Sottsass, à la tête du délirant et festif mouvement Memphis des années 1980 : Mari gagne le respect de tous, même de ceux que se tiennent les plus éloignés de sa rigueur et son dépouillement. Il s’impose, à l’unanimité, comme le gardien de la déontologie du design, aussi tempétueux que talentueux, fulminant contre la médiocrité de la société de consommation, contre celle de l’industrie du luxe, contre l’avilissement du peuple.« Tout ce que l’on fait est politique » Loin de n’être qu’un idéal, la proximité d’Enzo Mari avec la classe moyenne est une réalité : son œuvre est omniprésente dans le quotidien des italiens, elle se cache en tout humilité dans les meubles et objets les plus anonymes et familiers : chaises de bistrot, puzzles en bois pour enfants, luminaires, pots à crayons, accessoires pour le bureau, cocottes pour la cuisine…Ses convictions communistes, qu’il ne délaissera jamais, l’ont poussé à placer son œuvre à la disposition des gens modestes et ordinaires, et non à celle de l’aristocratie au pouvoir. Pourtant, c’est ce même engagement, ce même entêtement à sauver sa discipline de la tournure mercantile qu’elle prenait, qui ont séduit les collectionneurs : les planches de bois brut sont devenues le nouveau snobisme, les chaises rustiques ont meublé les résidences secondaires, fabriquées par des charpentiers payés pour cela, ou par la suite par des éditeurs, mais non par leurs acquéreurs, et ces intermédiaires, que sont les fabricants et les distributeurs, de revenir au galop.« Tout ce que l’on fait est politique », martelait Enzo Mari. En 2009, il trouvait encore la force de tempêter une dernière fois ou presque, dans un texte intitulé, Que fare ? (« Que faire ? »). Un titre à la limite du désespoir, mais à travers lequel il cherche toujours à se battre. Le texte resitue l’histoire du design, né en Allemagne dans la décennie 1920 puis dans l’Italie des années 1950 : « L’on pensait naïvement que l’intelligence d’un produit pouvait avoir une influence positive sur les besoins, et donc sur le marché. Cette ligne utopiste était en harmonie avec le climat de reconstruction, matérielle et idéologique, de l’après-guerre, qui touchait tous les Européens. Dès les années 1960 pourtant, commençaient à apparaître les signes d’une société corrompue par la faiblesse de la pensée et rendue obtuse par « l’exploitation globale » du règne de la marchandise. » Oui, que faire ? Comment faire partie du marché en restant intègre ? Ou comment « rester digne en étant populaire » – questionnerait Kipling ? Et comment immiscer un peu d’utopie dans la société industrielle ? L’intégrité qu’il cherchait à tout prix à préserver aura eu raison de lui : désespéré par son époque, exaspéré par ce qu’était devenu le monde du design ses dernières années, il finit par offrir à la ville de Milan l’intégralité de ses archives, mais à la condition que celles-ci restent inaccessibles pendant quarante ans… le temps qu’une nouvelle génération « non dégradée comme celle d’aujourd’hui, puisse en faire un usage conscient ». C’est tout ce qu’on lui souhaite. INFORMATIONS PRATIQUESTexte — Emmanuelle Oddo Photos — ArtekÉLOGE DE LA DISCRÉTIONDans un rapport unique à l'espace, au temps et à la lumière, l'architecte Jean-Baptiste Barache — fondateur du studio Arba, spécialisé en nouvelles solutions d’habitats durables et abordables — a façonné une maison en bois, posée au milieu d'un champ. Un projet personnel inspiré par les principes de l'architecture traditionnelle japonaise.La designer et illustratrice Ionna Vautrin, qui a récemment investi les lieux auparavant occupés par l’architecte, décrit une maison « au calme radical et à l’atmosphère mystique ». Ce sont sans nul doute des mots qui touchent Jean-Baptiste Barache, qui a conçu de ses mains cet espace unique, situé au coeur de la campagne normande, inspiré par la lecture de « L’éloge de l’ombre » de Junichirô Tanizaki. L’architecte s’intéresse justement aux maisons traditionnelles japonaises lorsqu’il entreprend la construction de cette maison en bois en 2004. Il l’imagine au milieu des arbres fruitiers à la lisière du village d’Auvilliers, en Haute-Normandie. Construite sans terrassement, d’une superficie de 180 m2, la maison prend l’apparence d’une grange et se découvre comme telle. On est d’abord intimidé par l’espace unitaire immense, avant de vouloir en explorer chaque recoin. Couverte de bardeaux traditionnels normands en cèdre rouge, la maison adopte la forme d’une coque de bois retournée dans laquelle s’inscrit un objet sculpté en sapin lisse, quasiment indépendant, qui comporte les étages. Au rez-de-chaussée, l’espace magistral accueille un salon poétique avec une balançoire, des rangements intégrés, une bibliothèque, une salle à manger, une cuisine ouverte et une salle de bains dissimulée derrière une porte. C’est par une échelle (aujourd’hui remplacée par un escalier) que l’on accède aux étages qui abritent la partie nuit dont un espace parental, cabane dans la cabane, caché au sommet de la structure. Une terrasse prolonge la maison vers les champs environnants.La maison vit en parfaite harmonie avec l’environnement extérieur, dans un jeu d’ombres et de lumières. Le soleil entre largement par une vaste ouverture au Sud, produisant l’hiver un effet de serre qui participe au chauffage principal. Au Nord, les espaces sont réduits, à l’abri. Le vent pénètre et ventile la maison en passant par des trappes en façade. Pour respecter les préceptes de l’architecture traditionnelle japonaise, Jean-Baptiste Barache a imaginé une maison « low tech », sans électricité. « L’un des principes fondamentaux de cette architecture, c’est la correspondance entre température intérieure et extérieure. Dans la maison, on a naturellement froid l’hiver et chaud l’été. L’absence d’électricité implique aussi un quotidien sans télévision, sans chaîne hi-fi, donc un temps différent » résume l’architecte. Le rapport au temps se trouve au cœur de tout le projet. Car pour bâtir cet espace unique, Jean-Baptiste Barache a pris le sien. Des charpentiers livrent d’abord quatre fermes en lamellé-collé de sapin du Nord, conçues par l’architecte.Puis le montage de tous les éléments secondaires est ensuite réalisé par lui seul pendant 18 mois pour un coût très réduit de 70 000 euros. Le concepteur décrit ainsi sa démarche comme une expérience « naturelle » visant à ne pas déranger le site et assure avoir construit sa maison au gré de ses sensations. « L’intention de l’architecte devait être la plus discrète possible pour respecter l’histoire collective qui a fait naître l’harmonie propre à l’architecture traditionnelle japonaise ». Un pari réussi pour cette maison qui traverse le temps sereinement depuis sa livraison en 2006. INFORMATIONS PRATIQUESLA MAISON DANS UN CHAMPArchitecte Jean-Baptiste BaracheSite Auvilliers, Seine-MaritimeMaître d’ouvrage Jean-Baptiste BaracheDate Livraison janvier 2006Superficie 180 m2Coût 72 000 € HT Photographe – Gianni Vega Texte – Virginie d’HumièresD’UNE ÎLEPétrie par ses vies antérieures, la maison de campagne et table d’hôtes D’une Île, nichée en plein coeur du Perche, est une parenthèse hors du temps pour citadins en mal de simplicité.Ne cherchez pas comme chez Septime ou Clamato – deux autres adresses du groupe fondateur des lieux – une référence déguisée dans le titre. Non, « D’une Île » est un nom de baptême hérité des anciens propriétaires. La transmission est justement la raison d’être de cette oasis campagnarde qui accueille ses hôtes dans des murs vieux de plus de quatre siècles.Situé à environ deux heures de Paris, posté à équidistance du Mans et de Chartres, le Parc naturel régional du Perche se dévoile dans le plus simple appareil, et avec lui, D’une Île. À Rémalard, bourgade jusque-là inconnue du gotha citadin, ce gîte bohème de huit hectares R fait depuis une poignée d’années office de résidence secondaire pour la famille Septime, conglomérat gourmand établi rue de Charonne, à Paris. Dirigé par l’entrepreneur Théophile Pourriat et le chef Bertrand Grébaut, le groupe ajoute en 2018 avec D’une Île une quatrième adresse à son catalogue hétéroclite, déjà composé d’un restaurant gastronomique étoilé (Septime), d’un bar iodé (Clamato) et d’un cellier à vins natures et épicerie bio (La Cave). Tapisserie, une pâtisserie artisanale, complète depuis ce savoureux tableau. La naissance de D’une Île doit tout au destin. Un break entre copains amène Théophile Pourriat à poser ses valises le temps d’un week-end au gîte originel. Il y fait la connaissance des hôtes, un couple de charmants Néerlandais. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais quelques mois plus tard, l’entrepreneur reçoit un coup de fil : le couple cherche à vendre et demande des conseils. Théophile s’enquiert du dossier de vente, qui finit sur son bureau pour relecture. Un dernier coup d’œil changera la suite des événements : il appelle Bertrand pour lui présenter le projet car, finalement, cette baraque, ils pourraient bien en faire leur pied-à-terre à la campagne… Deux mois et demi plus tard, les Néerlandais repartent à Amsterdam et le duo se voit remettre les clés du domaine. Pas de gros travaux ni de remodelage, Théophile et Bertrand décident de conserver la propriété dans son jus et d’en exploiter le charme suranné. Certes, quelques transformations, dont l’ajout de deux chambres modernes, un sauna dans une bulle panoramique établi sur la colline – et bientôt, un bassin de nage à eau salée – façonnent un lieu à destination d’une clientèle exigeante. Il n’empêche que tout semble avoir toujours été là. Murs en pierres, tomettes ocres et poutres massives composent le socle commun. Dans les dix chambres, comme partout d’ailleurs, la décoration est minimaliste et rustique. Elle a été chinée dans les brocantes de la région, parfois trouvée en bord de route ou au fond d’une grange. Table égratignée, fauteuil scandinave, (très) bon lit, beaucoup de blanc… Un dépouillement qui rappelle la vie simple d’autrefois, même si les connaisseurs reconnaîtront quelques pièces de designer, luminaires Tom Dixon ou céramiques LRNCE en tête, qui ancrent D’une Île, ère Septime, dans son époque.Pour découvrir tout cela, il faut s’armer d’un peu de patience et d’une voiture avec de bonnes suspensions. Car le bonheur se trouve… en haut du chemin ! La propriété se dévoile sous les traits d’un instantané bucolique : on distingue, au loin, comme accrochées dans la forêt, les cinq chaumières de pierres qui composent le gîte. Bienvenue chez vous. Car ici, les conventions s’estompent à mesure que l’on découvre les hôtes du lieu : Coralie, Marine, Laurine… D’une Île se définit en effet comme une maison de campagne plutôt qu’un hôtel. Comme à la maison, donc, on n’hésitera pas à bouquiner au coin du feu, à passer une tête en cuisine, à désherber le potager… Ni à chausser ses bottes de pluie pour arpenter la forêt voisine, à la recherche de champignons ou d’herbes aromatiques qui se retrouveront à l’heure du goûter en infusion ou le soir dans l’assiette. L’assiette, justement, tient sa petite réputation. Bien que majoritairement occupée par les résidents, la table d’hôtes D’une île s’est rapidement imposée comme le rendez-vous des grandes occasions pour les gens du coin. S’y dressent deux dizaines de couverts dépareillés, parfois ébréchés, une collection elle aussi constituée au gré des flâneries locales de l’équipe fondatrice. À l’image des visages désormais familiers qui assurent aussi le service, la décontraction est de mise. Pas d’uniformes ni de nappes, encore moins de cérémonial ou de mets impossibles à déchiffrer, la cuisine se fait la gardienne de la philosophie de la maison. Humble et sincère, la carte est l’œuvre du chef Bertrand Grébaut, co-auteur des lieux. Récompensé d’un macaron Michelin pour la partition néo-bistronomique du Septime, il détricote ici les codes pointus qui ont fait la renommée de son adresse étoilée pour donner à D’une Île la saveur d’une auberge rurale, mais exigeante. Au menu, quelques grands classiques du répertoire français – œuf à la coque, pâté en croûte… selon les envies et les saisons – côtoient une cuisine brute à dominante végétale, deux qualificatifs hérités du maître du genre, Alain Passard, auprès duquel le chef Grébaut a fait ses armes en amorce de sa carrière. À chaque coup de fourchette, les goûts et les saveurs résonnent en bouche comme rarement. Une banale salade de tomates s’imprime illico dans la mémoire de nos papilles. Trésor du terroir régional, chaque produit travaillé en cuisine sort tout juste de terre. Une fraîcheur exceptionnelle empreinte de tradition qui garantit de grands moments en bouche… Si certaines denrées ont grandi à domicile, dans le potager cultivé par les équipes, l’autre partie du garde-manger provient directement des marchés et des producteurs voisins. C’est Nicolas qui livre les fruits et légumes, Didier les œufs… La boulangerie se fait sur place, tout comme la pâtisserie. La cuisine a d’ailleurs tiré un trait sur tout ce qui n’aurait pas poussé en terre normande ou sarthoise afin de respecter l’ancrage local qui anime D’une Île depuis des générations. L’exception qui confirme la règle concerne la cave : c’est vrai qu’à part le cidre, la viticulture n’est pas à son apogée dans le coin ! Les vins à la carte sont bien sûr natures ou biodynamiques, issus de vignobles européens ayant tiré leur épingle du jeu sur la table du Septime. Une fois élus par la clientèle de la rue de Charonne, les meilleurs jus sans intrants prennent sans détour le chemin du Perche.Et l’écologie dans tout ça ? « Le gîte est écolo, par la force des choses » nous répond-on. Et de se rappeler que la vie à la campagne, c’est depuis toujours rendre les cagettes au primeur qui vient livrer ses fruits et légumes, composter les déchets organiques et vivre au rythme des saisons. Chez D’une Île, comme dans les fermes d’antan, le quotidien est fait de petites choses simples. Une pause nécessaire, loin du tumulte de la ville.INFORMATIONS PRATIQUESLieu-dit L’Aunay 61110 RémalardT – +33 (0)2 33 83 01 47 7 @duneile Photographe – Théophile Pourriat & D’Une Île Texte – Fanny Liaux-GasquerelLA STATION ALEXANDRE | REGIS & EIFFELAbandonnée à partir des années 1930, la station Alexandre reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe dans les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui décide de lui donner une nouvelle vie avec l’architecte marseillais Éric Castaldi.Au début du XXème siècle, Victor Régis, négociant et armateur marseillais, entreprend de construire un ensemble industriel : la Station Alexandre. Située dans un quartier dédié à l’activité portuaire et industrielle, cet édifice trouve sa place au milieu de multiples savonneries, silos à grains, minoteries, manufactures de tabac et bien d’autres encore. Gare de triage d’une huilerie, la station était autrefois reliée au quartier de la Joliette par une ligne ferroviaire privée, faisant ainsi transiter les chargements d’arachide et de copra débarqués sur le port.Abandonnée à partir des années 30, la station reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe entre les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui, sous le charme de celle-ci, décide de lui donner une nouvelle vie. Ainsi sauvée de la démolition, la Station Alexandre est réhabilitée en 2004 par l’architecte marseillais Éric Castaldi. Dans le respect de son exceptionnelle architecture et de son histoire, la reconstruction ambitieuse de ce bâtiment accueille aujourd’hui un centre d’affaires, des commerces et des restaurants.Ce lieu admirable, situé dans le quartier du Canet, est marqué par sa structure métallique édifiée par Gustave Eiffel. Son style architectural mélange les genres et s’harmonise entre béton, verre et acier. Doté d’une grande richesse décorative, on découvre en son intérieur des colonnes de fonte aux chapiteaux corinthiens et des frises en linteaux décorées de rosaces. À ne pas louper, l’impressionnante verrière de son Atrium.INFORMATIONS PRATIQUES31 boulevard Charles Moretti 13014 MarseillePhotographes – ©Éric Castaldi – ©abcsalles – ©Chris HartwigLA CITÉ RADIEUSE | LE CORBUSIERÉdifiée entre 1947 et 1952 par Le Corbusier, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ».Né en 1887, Charles-Édouard Jeanneret plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, est un architecte du mouvement moderne. Au côté notamment de Robert Mallet-Stevens et de Mies Van Der Rohe, il est un artiste complet, opérant également en tant qu’urbaniste et designer. Fondateur de principes tels que le Modulor ou l’Unité d’Habitation, son œuvre comprend 17 sites – dont 10 en France – classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco, tandis que de nombreuses de ses réalisations sont classées Monuments Historiques. Parmi ses œuvres emblématiques, on compte La Cité Radieuse à Marseille.Édifiée entre 1947 et 1952, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ». Cette cité-jardin verticale, construite sur pilotis, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016. Créative et avant-gardiste, son architecture surprenante telle un paquebot, offre une multitude de jeux de lumière, de perspectives et de couleurs, se présentant comme une œuvre architecturale à part entière. Le style brutaliste met en avant l’utilisation de matériaux sans parement comme le béton brut, permettant un jeu de rythmes décoratifs riches et innovants.Les éléments architecturaux sont pensés pour répondre à l’environnement du bâtiment : l’élévation sur pilotis libère le terrain et la vue, tandis que le toit terrasse offre un espace de loisir loin du bruit, comme si l’on naviguait au calme, à travers la ville. Le brise-soleil laisse pénétrer le soleil en hiver et protège de la chaleur en été. La naissance de la « machine à habiter » propose à tous les habitants : de nombreux rangements, une cuisine intégrée, des services tels que l’école, les commerces, le tout pensé selon une ergonomie adaptée au corps humain. Le Corbusier s’entoure des plus grands pour optimiser l’intérieur des appartements, comme Charlotte Perriand qui contribue au premier prototype de cuisine. Jean Prouvé quant à lui révèle ses talents d’ingénieur et réalise l’extraordinaire escalier des duplex en tôle pliée.Derrière ce projet fou de 337 appartements appelés aussi « cellules », se cache la forte volonté du Corbusier d’instaurer une nouvelle manière d’Habiter, permettant de vivre ensemble et de libérer les femmes. C’est cette œuvre majeure, en évolution constante au gré de ceux qui y résident, qui a accompagné la naissance d’ARCHIK ainsi que notre philosophie de « l’Art d’habiter ». INFORMATIONS PRATIQUES280 boulevard Michelet 13008 Marseilleciteradieuse-marseille.comPhotographes – ©Romain Laprade – ©Florian Touzet – ©Centre PompidouL’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS | RENÉ EGGERRené Egger est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts, implantée à Luminy, au cœur du Parc des Calanques.Architecte français, René Egger (1915 – 2016) est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans la période de la Reconstruction après-guerre, aux côtés de Fernand Pouillon, il fonde d’emblématiques édifices tels que l’hôpital Nord et la faculté de médecine de la Timone. Architecte discret sous l’aile de Gaston Defferre, son trait de crayon n’en a pas moins bouleversé la cité phocéenne. Il a dessiné Marseille telle qu’on la pensait à l’époque, sous un angle fonctionnel et monumental.Héritier direct des modernistes, Egger fit du béton son matériau de prédilection et signa la plupart de ses ouvrages par des brises-soleil, venant tamiser le chaleureux soleil du Sud. Aujourd’hui, nombreux de ses bâtiments ponctuent toujours la ville, laissant derrière lui une trace considérable de son œuvre comme la résidence l’Éolienne en 1959, ou les facultés du campus de Saint-Jérôme.Parmi ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts (ESADMM), implantée sur le site de Luminy, au cœur du Parc des Calanques. Son bâtiment labéllisé « Architecture Contemporaine Remarquable » en 2007 est une prouesse architecturale, invitant l’extérieur à l’intérieur grâce à ses volumes aérés. Cet environnement baigné de lumière offre à ses étudiants un cadre de travail des plus inspirants. La nature se mêle à l’architecture grâce aux patios, jardins intérieurs et bassins qui rythment ce lieu, laissant libre expression à la flore méditerranéenne. Reconnaissable par ses murs de béton aux découpes saccadées et ses avancées s’ouvrant sur le ciel, l’architecte construit son œuvre comme une balade à travers laquelle on se laisse porter pour libérer sa créativité.Un lieu symbolique pour les étudiants des Beaux-Arts, et pour tous les marseillais qui le découvriront lors d’une balade dans le la Parc Régional des Calanques.INFORMATIONS PRATIQUES184 avenue de Luminy 13288 Marseilleesadmm.frPhotos – ©EsadmmNavigation des articlesArticles plus anciens
ÉLOGE DE LA DISCRÉTIONDans un rapport unique à l'espace, au temps et à la lumière, l'architecte Jean-Baptiste Barache — fondateur du studio Arba, spécialisé en nouvelles solutions d’habitats durables et abordables — a façonné une maison en bois, posée au milieu d'un champ. Un projet personnel inspiré par les principes de l'architecture traditionnelle japonaise.La designer et illustratrice Ionna Vautrin, qui a récemment investi les lieux auparavant occupés par l’architecte, décrit une maison « au calme radical et à l’atmosphère mystique ». Ce sont sans nul doute des mots qui touchent Jean-Baptiste Barache, qui a conçu de ses mains cet espace unique, situé au coeur de la campagne normande, inspiré par la lecture de « L’éloge de l’ombre » de Junichirô Tanizaki. L’architecte s’intéresse justement aux maisons traditionnelles japonaises lorsqu’il entreprend la construction de cette maison en bois en 2004. Il l’imagine au milieu des arbres fruitiers à la lisière du village d’Auvilliers, en Haute-Normandie. Construite sans terrassement, d’une superficie de 180 m2, la maison prend l’apparence d’une grange et se découvre comme telle. On est d’abord intimidé par l’espace unitaire immense, avant de vouloir en explorer chaque recoin. Couverte de bardeaux traditionnels normands en cèdre rouge, la maison adopte la forme d’une coque de bois retournée dans laquelle s’inscrit un objet sculpté en sapin lisse, quasiment indépendant, qui comporte les étages. Au rez-de-chaussée, l’espace magistral accueille un salon poétique avec une balançoire, des rangements intégrés, une bibliothèque, une salle à manger, une cuisine ouverte et une salle de bains dissimulée derrière une porte. C’est par une échelle (aujourd’hui remplacée par un escalier) que l’on accède aux étages qui abritent la partie nuit dont un espace parental, cabane dans la cabane, caché au sommet de la structure. Une terrasse prolonge la maison vers les champs environnants.La maison vit en parfaite harmonie avec l’environnement extérieur, dans un jeu d’ombres et de lumières. Le soleil entre largement par une vaste ouverture au Sud, produisant l’hiver un effet de serre qui participe au chauffage principal. Au Nord, les espaces sont réduits, à l’abri. Le vent pénètre et ventile la maison en passant par des trappes en façade. Pour respecter les préceptes de l’architecture traditionnelle japonaise, Jean-Baptiste Barache a imaginé une maison « low tech », sans électricité. « L’un des principes fondamentaux de cette architecture, c’est la correspondance entre température intérieure et extérieure. Dans la maison, on a naturellement froid l’hiver et chaud l’été. L’absence d’électricité implique aussi un quotidien sans télévision, sans chaîne hi-fi, donc un temps différent » résume l’architecte. Le rapport au temps se trouve au cœur de tout le projet. Car pour bâtir cet espace unique, Jean-Baptiste Barache a pris le sien. Des charpentiers livrent d’abord quatre fermes en lamellé-collé de sapin du Nord, conçues par l’architecte.Puis le montage de tous les éléments secondaires est ensuite réalisé par lui seul pendant 18 mois pour un coût très réduit de 70 000 euros. Le concepteur décrit ainsi sa démarche comme une expérience « naturelle » visant à ne pas déranger le site et assure avoir construit sa maison au gré de ses sensations. « L’intention de l’architecte devait être la plus discrète possible pour respecter l’histoire collective qui a fait naître l’harmonie propre à l’architecture traditionnelle japonaise ». Un pari réussi pour cette maison qui traverse le temps sereinement depuis sa livraison en 2006. INFORMATIONS PRATIQUESLA MAISON DANS UN CHAMPArchitecte Jean-Baptiste BaracheSite Auvilliers, Seine-MaritimeMaître d’ouvrage Jean-Baptiste BaracheDate Livraison janvier 2006Superficie 180 m2Coût 72 000 € HT Photographe – Gianni Vega Texte – Virginie d’HumièresD’UNE ÎLEPétrie par ses vies antérieures, la maison de campagne et table d’hôtes D’une Île, nichée en plein coeur du Perche, est une parenthèse hors du temps pour citadins en mal de simplicité.Ne cherchez pas comme chez Septime ou Clamato – deux autres adresses du groupe fondateur des lieux – une référence déguisée dans le titre. Non, « D’une Île » est un nom de baptême hérité des anciens propriétaires. La transmission est justement la raison d’être de cette oasis campagnarde qui accueille ses hôtes dans des murs vieux de plus de quatre siècles.Situé à environ deux heures de Paris, posté à équidistance du Mans et de Chartres, le Parc naturel régional du Perche se dévoile dans le plus simple appareil, et avec lui, D’une Île. À Rémalard, bourgade jusque-là inconnue du gotha citadin, ce gîte bohème de huit hectares R fait depuis une poignée d’années office de résidence secondaire pour la famille Septime, conglomérat gourmand établi rue de Charonne, à Paris. Dirigé par l’entrepreneur Théophile Pourriat et le chef Bertrand Grébaut, le groupe ajoute en 2018 avec D’une Île une quatrième adresse à son catalogue hétéroclite, déjà composé d’un restaurant gastronomique étoilé (Septime), d’un bar iodé (Clamato) et d’un cellier à vins natures et épicerie bio (La Cave). Tapisserie, une pâtisserie artisanale, complète depuis ce savoureux tableau. La naissance de D’une Île doit tout au destin. Un break entre copains amène Théophile Pourriat à poser ses valises le temps d’un week-end au gîte originel. Il y fait la connaissance des hôtes, un couple de charmants Néerlandais. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais quelques mois plus tard, l’entrepreneur reçoit un coup de fil : le couple cherche à vendre et demande des conseils. Théophile s’enquiert du dossier de vente, qui finit sur son bureau pour relecture. Un dernier coup d’œil changera la suite des événements : il appelle Bertrand pour lui présenter le projet car, finalement, cette baraque, ils pourraient bien en faire leur pied-à-terre à la campagne… Deux mois et demi plus tard, les Néerlandais repartent à Amsterdam et le duo se voit remettre les clés du domaine. Pas de gros travaux ni de remodelage, Théophile et Bertrand décident de conserver la propriété dans son jus et d’en exploiter le charme suranné. Certes, quelques transformations, dont l’ajout de deux chambres modernes, un sauna dans une bulle panoramique établi sur la colline – et bientôt, un bassin de nage à eau salée – façonnent un lieu à destination d’une clientèle exigeante. Il n’empêche que tout semble avoir toujours été là. Murs en pierres, tomettes ocres et poutres massives composent le socle commun. Dans les dix chambres, comme partout d’ailleurs, la décoration est minimaliste et rustique. Elle a été chinée dans les brocantes de la région, parfois trouvée en bord de route ou au fond d’une grange. Table égratignée, fauteuil scandinave, (très) bon lit, beaucoup de blanc… Un dépouillement qui rappelle la vie simple d’autrefois, même si les connaisseurs reconnaîtront quelques pièces de designer, luminaires Tom Dixon ou céramiques LRNCE en tête, qui ancrent D’une Île, ère Septime, dans son époque.Pour découvrir tout cela, il faut s’armer d’un peu de patience et d’une voiture avec de bonnes suspensions. Car le bonheur se trouve… en haut du chemin ! La propriété se dévoile sous les traits d’un instantané bucolique : on distingue, au loin, comme accrochées dans la forêt, les cinq chaumières de pierres qui composent le gîte. Bienvenue chez vous. Car ici, les conventions s’estompent à mesure que l’on découvre les hôtes du lieu : Coralie, Marine, Laurine… D’une Île se définit en effet comme une maison de campagne plutôt qu’un hôtel. Comme à la maison, donc, on n’hésitera pas à bouquiner au coin du feu, à passer une tête en cuisine, à désherber le potager… Ni à chausser ses bottes de pluie pour arpenter la forêt voisine, à la recherche de champignons ou d’herbes aromatiques qui se retrouveront à l’heure du goûter en infusion ou le soir dans l’assiette. L’assiette, justement, tient sa petite réputation. Bien que majoritairement occupée par les résidents, la table d’hôtes D’une île s’est rapidement imposée comme le rendez-vous des grandes occasions pour les gens du coin. S’y dressent deux dizaines de couverts dépareillés, parfois ébréchés, une collection elle aussi constituée au gré des flâneries locales de l’équipe fondatrice. À l’image des visages désormais familiers qui assurent aussi le service, la décontraction est de mise. Pas d’uniformes ni de nappes, encore moins de cérémonial ou de mets impossibles à déchiffrer, la cuisine se fait la gardienne de la philosophie de la maison. Humble et sincère, la carte est l’œuvre du chef Bertrand Grébaut, co-auteur des lieux. Récompensé d’un macaron Michelin pour la partition néo-bistronomique du Septime, il détricote ici les codes pointus qui ont fait la renommée de son adresse étoilée pour donner à D’une Île la saveur d’une auberge rurale, mais exigeante. Au menu, quelques grands classiques du répertoire français – œuf à la coque, pâté en croûte… selon les envies et les saisons – côtoient une cuisine brute à dominante végétale, deux qualificatifs hérités du maître du genre, Alain Passard, auprès duquel le chef Grébaut a fait ses armes en amorce de sa carrière. À chaque coup de fourchette, les goûts et les saveurs résonnent en bouche comme rarement. Une banale salade de tomates s’imprime illico dans la mémoire de nos papilles. Trésor du terroir régional, chaque produit travaillé en cuisine sort tout juste de terre. Une fraîcheur exceptionnelle empreinte de tradition qui garantit de grands moments en bouche… Si certaines denrées ont grandi à domicile, dans le potager cultivé par les équipes, l’autre partie du garde-manger provient directement des marchés et des producteurs voisins. C’est Nicolas qui livre les fruits et légumes, Didier les œufs… La boulangerie se fait sur place, tout comme la pâtisserie. La cuisine a d’ailleurs tiré un trait sur tout ce qui n’aurait pas poussé en terre normande ou sarthoise afin de respecter l’ancrage local qui anime D’une Île depuis des générations. L’exception qui confirme la règle concerne la cave : c’est vrai qu’à part le cidre, la viticulture n’est pas à son apogée dans le coin ! Les vins à la carte sont bien sûr natures ou biodynamiques, issus de vignobles européens ayant tiré leur épingle du jeu sur la table du Septime. Une fois élus par la clientèle de la rue de Charonne, les meilleurs jus sans intrants prennent sans détour le chemin du Perche.Et l’écologie dans tout ça ? « Le gîte est écolo, par la force des choses » nous répond-on. Et de se rappeler que la vie à la campagne, c’est depuis toujours rendre les cagettes au primeur qui vient livrer ses fruits et légumes, composter les déchets organiques et vivre au rythme des saisons. Chez D’une Île, comme dans les fermes d’antan, le quotidien est fait de petites choses simples. Une pause nécessaire, loin du tumulte de la ville.INFORMATIONS PRATIQUESLieu-dit L’Aunay 61110 RémalardT – +33 (0)2 33 83 01 47 7 @duneile Photographe – Théophile Pourriat & D’Une Île Texte – Fanny Liaux-GasquerelLA STATION ALEXANDRE | REGIS & EIFFELAbandonnée à partir des années 1930, la station Alexandre reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe dans les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui décide de lui donner une nouvelle vie avec l’architecte marseillais Éric Castaldi.Au début du XXème siècle, Victor Régis, négociant et armateur marseillais, entreprend de construire un ensemble industriel : la Station Alexandre. Située dans un quartier dédié à l’activité portuaire et industrielle, cet édifice trouve sa place au milieu de multiples savonneries, silos à grains, minoteries, manufactures de tabac et bien d’autres encore. Gare de triage d’une huilerie, la station était autrefois reliée au quartier de la Joliette par une ligne ferroviaire privée, faisant ainsi transiter les chargements d’arachide et de copra débarqués sur le port.Abandonnée à partir des années 30, la station reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe entre les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui, sous le charme de celle-ci, décide de lui donner une nouvelle vie. Ainsi sauvée de la démolition, la Station Alexandre est réhabilitée en 2004 par l’architecte marseillais Éric Castaldi. Dans le respect de son exceptionnelle architecture et de son histoire, la reconstruction ambitieuse de ce bâtiment accueille aujourd’hui un centre d’affaires, des commerces et des restaurants.Ce lieu admirable, situé dans le quartier du Canet, est marqué par sa structure métallique édifiée par Gustave Eiffel. Son style architectural mélange les genres et s’harmonise entre béton, verre et acier. Doté d’une grande richesse décorative, on découvre en son intérieur des colonnes de fonte aux chapiteaux corinthiens et des frises en linteaux décorées de rosaces. À ne pas louper, l’impressionnante verrière de son Atrium.INFORMATIONS PRATIQUES31 boulevard Charles Moretti 13014 MarseillePhotographes – ©Éric Castaldi – ©abcsalles – ©Chris HartwigLA CITÉ RADIEUSE | LE CORBUSIERÉdifiée entre 1947 et 1952 par Le Corbusier, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ».Né en 1887, Charles-Édouard Jeanneret plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, est un architecte du mouvement moderne. Au côté notamment de Robert Mallet-Stevens et de Mies Van Der Rohe, il est un artiste complet, opérant également en tant qu’urbaniste et designer. Fondateur de principes tels que le Modulor ou l’Unité d’Habitation, son œuvre comprend 17 sites – dont 10 en France – classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco, tandis que de nombreuses de ses réalisations sont classées Monuments Historiques. Parmi ses œuvres emblématiques, on compte La Cité Radieuse à Marseille.Édifiée entre 1947 et 1952, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ». Cette cité-jardin verticale, construite sur pilotis, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016. Créative et avant-gardiste, son architecture surprenante telle un paquebot, offre une multitude de jeux de lumière, de perspectives et de couleurs, se présentant comme une œuvre architecturale à part entière. Le style brutaliste met en avant l’utilisation de matériaux sans parement comme le béton brut, permettant un jeu de rythmes décoratifs riches et innovants.Les éléments architecturaux sont pensés pour répondre à l’environnement du bâtiment : l’élévation sur pilotis libère le terrain et la vue, tandis que le toit terrasse offre un espace de loisir loin du bruit, comme si l’on naviguait au calme, à travers la ville. Le brise-soleil laisse pénétrer le soleil en hiver et protège de la chaleur en été. La naissance de la « machine à habiter » propose à tous les habitants : de nombreux rangements, une cuisine intégrée, des services tels que l’école, les commerces, le tout pensé selon une ergonomie adaptée au corps humain. Le Corbusier s’entoure des plus grands pour optimiser l’intérieur des appartements, comme Charlotte Perriand qui contribue au premier prototype de cuisine. Jean Prouvé quant à lui révèle ses talents d’ingénieur et réalise l’extraordinaire escalier des duplex en tôle pliée.Derrière ce projet fou de 337 appartements appelés aussi « cellules », se cache la forte volonté du Corbusier d’instaurer une nouvelle manière d’Habiter, permettant de vivre ensemble et de libérer les femmes. C’est cette œuvre majeure, en évolution constante au gré de ceux qui y résident, qui a accompagné la naissance d’ARCHIK ainsi que notre philosophie de « l’Art d’habiter ». INFORMATIONS PRATIQUES280 boulevard Michelet 13008 Marseilleciteradieuse-marseille.comPhotographes – ©Romain Laprade – ©Florian Touzet – ©Centre PompidouL’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS | RENÉ EGGERRené Egger est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts, implantée à Luminy, au cœur du Parc des Calanques.Architecte français, René Egger (1915 – 2016) est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans la période de la Reconstruction après-guerre, aux côtés de Fernand Pouillon, il fonde d’emblématiques édifices tels que l’hôpital Nord et la faculté de médecine de la Timone. Architecte discret sous l’aile de Gaston Defferre, son trait de crayon n’en a pas moins bouleversé la cité phocéenne. Il a dessiné Marseille telle qu’on la pensait à l’époque, sous un angle fonctionnel et monumental.Héritier direct des modernistes, Egger fit du béton son matériau de prédilection et signa la plupart de ses ouvrages par des brises-soleil, venant tamiser le chaleureux soleil du Sud. Aujourd’hui, nombreux de ses bâtiments ponctuent toujours la ville, laissant derrière lui une trace considérable de son œuvre comme la résidence l’Éolienne en 1959, ou les facultés du campus de Saint-Jérôme.Parmi ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts (ESADMM), implantée sur le site de Luminy, au cœur du Parc des Calanques. Son bâtiment labéllisé « Architecture Contemporaine Remarquable » en 2007 est une prouesse architecturale, invitant l’extérieur à l’intérieur grâce à ses volumes aérés. Cet environnement baigné de lumière offre à ses étudiants un cadre de travail des plus inspirants. La nature se mêle à l’architecture grâce aux patios, jardins intérieurs et bassins qui rythment ce lieu, laissant libre expression à la flore méditerranéenne. Reconnaissable par ses murs de béton aux découpes saccadées et ses avancées s’ouvrant sur le ciel, l’architecte construit son œuvre comme une balade à travers laquelle on se laisse porter pour libérer sa créativité.Un lieu symbolique pour les étudiants des Beaux-Arts, et pour tous les marseillais qui le découvriront lors d’une balade dans le la Parc Régional des Calanques.INFORMATIONS PRATIQUES184 avenue de Luminy 13288 Marseilleesadmm.frPhotos – ©EsadmmNavigation des articlesArticles plus anciens
D’UNE ÎLEPétrie par ses vies antérieures, la maison de campagne et table d’hôtes D’une Île, nichée en plein coeur du Perche, est une parenthèse hors du temps pour citadins en mal de simplicité.Ne cherchez pas comme chez Septime ou Clamato – deux autres adresses du groupe fondateur des lieux – une référence déguisée dans le titre. Non, « D’une Île » est un nom de baptême hérité des anciens propriétaires. La transmission est justement la raison d’être de cette oasis campagnarde qui accueille ses hôtes dans des murs vieux de plus de quatre siècles.Situé à environ deux heures de Paris, posté à équidistance du Mans et de Chartres, le Parc naturel régional du Perche se dévoile dans le plus simple appareil, et avec lui, D’une Île. À Rémalard, bourgade jusque-là inconnue du gotha citadin, ce gîte bohème de huit hectares R fait depuis une poignée d’années office de résidence secondaire pour la famille Septime, conglomérat gourmand établi rue de Charonne, à Paris. Dirigé par l’entrepreneur Théophile Pourriat et le chef Bertrand Grébaut, le groupe ajoute en 2018 avec D’une Île une quatrième adresse à son catalogue hétéroclite, déjà composé d’un restaurant gastronomique étoilé (Septime), d’un bar iodé (Clamato) et d’un cellier à vins natures et épicerie bio (La Cave). Tapisserie, une pâtisserie artisanale, complète depuis ce savoureux tableau. La naissance de D’une Île doit tout au destin. Un break entre copains amène Théophile Pourriat à poser ses valises le temps d’un week-end au gîte originel. Il y fait la connaissance des hôtes, un couple de charmants Néerlandais. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais quelques mois plus tard, l’entrepreneur reçoit un coup de fil : le couple cherche à vendre et demande des conseils. Théophile s’enquiert du dossier de vente, qui finit sur son bureau pour relecture. Un dernier coup d’œil changera la suite des événements : il appelle Bertrand pour lui présenter le projet car, finalement, cette baraque, ils pourraient bien en faire leur pied-à-terre à la campagne… Deux mois et demi plus tard, les Néerlandais repartent à Amsterdam et le duo se voit remettre les clés du domaine. Pas de gros travaux ni de remodelage, Théophile et Bertrand décident de conserver la propriété dans son jus et d’en exploiter le charme suranné. Certes, quelques transformations, dont l’ajout de deux chambres modernes, un sauna dans une bulle panoramique établi sur la colline – et bientôt, un bassin de nage à eau salée – façonnent un lieu à destination d’une clientèle exigeante. Il n’empêche que tout semble avoir toujours été là. Murs en pierres, tomettes ocres et poutres massives composent le socle commun. Dans les dix chambres, comme partout d’ailleurs, la décoration est minimaliste et rustique. Elle a été chinée dans les brocantes de la région, parfois trouvée en bord de route ou au fond d’une grange. Table égratignée, fauteuil scandinave, (très) bon lit, beaucoup de blanc… Un dépouillement qui rappelle la vie simple d’autrefois, même si les connaisseurs reconnaîtront quelques pièces de designer, luminaires Tom Dixon ou céramiques LRNCE en tête, qui ancrent D’une Île, ère Septime, dans son époque.Pour découvrir tout cela, il faut s’armer d’un peu de patience et d’une voiture avec de bonnes suspensions. Car le bonheur se trouve… en haut du chemin ! La propriété se dévoile sous les traits d’un instantané bucolique : on distingue, au loin, comme accrochées dans la forêt, les cinq chaumières de pierres qui composent le gîte. Bienvenue chez vous. Car ici, les conventions s’estompent à mesure que l’on découvre les hôtes du lieu : Coralie, Marine, Laurine… D’une Île se définit en effet comme une maison de campagne plutôt qu’un hôtel. Comme à la maison, donc, on n’hésitera pas à bouquiner au coin du feu, à passer une tête en cuisine, à désherber le potager… Ni à chausser ses bottes de pluie pour arpenter la forêt voisine, à la recherche de champignons ou d’herbes aromatiques qui se retrouveront à l’heure du goûter en infusion ou le soir dans l’assiette. L’assiette, justement, tient sa petite réputation. Bien que majoritairement occupée par les résidents, la table d’hôtes D’une île s’est rapidement imposée comme le rendez-vous des grandes occasions pour les gens du coin. S’y dressent deux dizaines de couverts dépareillés, parfois ébréchés, une collection elle aussi constituée au gré des flâneries locales de l’équipe fondatrice. À l’image des visages désormais familiers qui assurent aussi le service, la décontraction est de mise. Pas d’uniformes ni de nappes, encore moins de cérémonial ou de mets impossibles à déchiffrer, la cuisine se fait la gardienne de la philosophie de la maison. Humble et sincère, la carte est l’œuvre du chef Bertrand Grébaut, co-auteur des lieux. Récompensé d’un macaron Michelin pour la partition néo-bistronomique du Septime, il détricote ici les codes pointus qui ont fait la renommée de son adresse étoilée pour donner à D’une Île la saveur d’une auberge rurale, mais exigeante. Au menu, quelques grands classiques du répertoire français – œuf à la coque, pâté en croûte… selon les envies et les saisons – côtoient une cuisine brute à dominante végétale, deux qualificatifs hérités du maître du genre, Alain Passard, auprès duquel le chef Grébaut a fait ses armes en amorce de sa carrière. À chaque coup de fourchette, les goûts et les saveurs résonnent en bouche comme rarement. Une banale salade de tomates s’imprime illico dans la mémoire de nos papilles. Trésor du terroir régional, chaque produit travaillé en cuisine sort tout juste de terre. Une fraîcheur exceptionnelle empreinte de tradition qui garantit de grands moments en bouche… Si certaines denrées ont grandi à domicile, dans le potager cultivé par les équipes, l’autre partie du garde-manger provient directement des marchés et des producteurs voisins. C’est Nicolas qui livre les fruits et légumes, Didier les œufs… La boulangerie se fait sur place, tout comme la pâtisserie. La cuisine a d’ailleurs tiré un trait sur tout ce qui n’aurait pas poussé en terre normande ou sarthoise afin de respecter l’ancrage local qui anime D’une Île depuis des générations. L’exception qui confirme la règle concerne la cave : c’est vrai qu’à part le cidre, la viticulture n’est pas à son apogée dans le coin ! Les vins à la carte sont bien sûr natures ou biodynamiques, issus de vignobles européens ayant tiré leur épingle du jeu sur la table du Septime. Une fois élus par la clientèle de la rue de Charonne, les meilleurs jus sans intrants prennent sans détour le chemin du Perche.Et l’écologie dans tout ça ? « Le gîte est écolo, par la force des choses » nous répond-on. Et de se rappeler que la vie à la campagne, c’est depuis toujours rendre les cagettes au primeur qui vient livrer ses fruits et légumes, composter les déchets organiques et vivre au rythme des saisons. Chez D’une Île, comme dans les fermes d’antan, le quotidien est fait de petites choses simples. Une pause nécessaire, loin du tumulte de la ville.INFORMATIONS PRATIQUESLieu-dit L’Aunay 61110 RémalardT – +33 (0)2 33 83 01 47 7 @duneile Photographe – Théophile Pourriat & D’Une Île Texte – Fanny Liaux-GasquerelLA STATION ALEXANDRE | REGIS & EIFFELAbandonnée à partir des années 1930, la station Alexandre reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe dans les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui décide de lui donner une nouvelle vie avec l’architecte marseillais Éric Castaldi.Au début du XXème siècle, Victor Régis, négociant et armateur marseillais, entreprend de construire un ensemble industriel : la Station Alexandre. Située dans un quartier dédié à l’activité portuaire et industrielle, cet édifice trouve sa place au milieu de multiples savonneries, silos à grains, minoteries, manufactures de tabac et bien d’autres encore. Gare de triage d’une huilerie, la station était autrefois reliée au quartier de la Joliette par une ligne ferroviaire privée, faisant ainsi transiter les chargements d’arachide et de copra débarqués sur le port.Abandonnée à partir des années 30, la station reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe entre les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui, sous le charme de celle-ci, décide de lui donner une nouvelle vie. Ainsi sauvée de la démolition, la Station Alexandre est réhabilitée en 2004 par l’architecte marseillais Éric Castaldi. Dans le respect de son exceptionnelle architecture et de son histoire, la reconstruction ambitieuse de ce bâtiment accueille aujourd’hui un centre d’affaires, des commerces et des restaurants.Ce lieu admirable, situé dans le quartier du Canet, est marqué par sa structure métallique édifiée par Gustave Eiffel. Son style architectural mélange les genres et s’harmonise entre béton, verre et acier. Doté d’une grande richesse décorative, on découvre en son intérieur des colonnes de fonte aux chapiteaux corinthiens et des frises en linteaux décorées de rosaces. À ne pas louper, l’impressionnante verrière de son Atrium.INFORMATIONS PRATIQUES31 boulevard Charles Moretti 13014 MarseillePhotographes – ©Éric Castaldi – ©abcsalles – ©Chris HartwigLA CITÉ RADIEUSE | LE CORBUSIERÉdifiée entre 1947 et 1952 par Le Corbusier, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ».Né en 1887, Charles-Édouard Jeanneret plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, est un architecte du mouvement moderne. Au côté notamment de Robert Mallet-Stevens et de Mies Van Der Rohe, il est un artiste complet, opérant également en tant qu’urbaniste et designer. Fondateur de principes tels que le Modulor ou l’Unité d’Habitation, son œuvre comprend 17 sites – dont 10 en France – classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco, tandis que de nombreuses de ses réalisations sont classées Monuments Historiques. Parmi ses œuvres emblématiques, on compte La Cité Radieuse à Marseille.Édifiée entre 1947 et 1952, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ». Cette cité-jardin verticale, construite sur pilotis, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016. Créative et avant-gardiste, son architecture surprenante telle un paquebot, offre une multitude de jeux de lumière, de perspectives et de couleurs, se présentant comme une œuvre architecturale à part entière. Le style brutaliste met en avant l’utilisation de matériaux sans parement comme le béton brut, permettant un jeu de rythmes décoratifs riches et innovants.Les éléments architecturaux sont pensés pour répondre à l’environnement du bâtiment : l’élévation sur pilotis libère le terrain et la vue, tandis que le toit terrasse offre un espace de loisir loin du bruit, comme si l’on naviguait au calme, à travers la ville. Le brise-soleil laisse pénétrer le soleil en hiver et protège de la chaleur en été. La naissance de la « machine à habiter » propose à tous les habitants : de nombreux rangements, une cuisine intégrée, des services tels que l’école, les commerces, le tout pensé selon une ergonomie adaptée au corps humain. Le Corbusier s’entoure des plus grands pour optimiser l’intérieur des appartements, comme Charlotte Perriand qui contribue au premier prototype de cuisine. Jean Prouvé quant à lui révèle ses talents d’ingénieur et réalise l’extraordinaire escalier des duplex en tôle pliée.Derrière ce projet fou de 337 appartements appelés aussi « cellules », se cache la forte volonté du Corbusier d’instaurer une nouvelle manière d’Habiter, permettant de vivre ensemble et de libérer les femmes. C’est cette œuvre majeure, en évolution constante au gré de ceux qui y résident, qui a accompagné la naissance d’ARCHIK ainsi que notre philosophie de « l’Art d’habiter ». INFORMATIONS PRATIQUES280 boulevard Michelet 13008 Marseilleciteradieuse-marseille.comPhotographes – ©Romain Laprade – ©Florian Touzet – ©Centre PompidouL’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS | RENÉ EGGERRené Egger est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts, implantée à Luminy, au cœur du Parc des Calanques.Architecte français, René Egger (1915 – 2016) est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans la période de la Reconstruction après-guerre, aux côtés de Fernand Pouillon, il fonde d’emblématiques édifices tels que l’hôpital Nord et la faculté de médecine de la Timone. Architecte discret sous l’aile de Gaston Defferre, son trait de crayon n’en a pas moins bouleversé la cité phocéenne. Il a dessiné Marseille telle qu’on la pensait à l’époque, sous un angle fonctionnel et monumental.Héritier direct des modernistes, Egger fit du béton son matériau de prédilection et signa la plupart de ses ouvrages par des brises-soleil, venant tamiser le chaleureux soleil du Sud. Aujourd’hui, nombreux de ses bâtiments ponctuent toujours la ville, laissant derrière lui une trace considérable de son œuvre comme la résidence l’Éolienne en 1959, ou les facultés du campus de Saint-Jérôme.Parmi ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts (ESADMM), implantée sur le site de Luminy, au cœur du Parc des Calanques. Son bâtiment labéllisé « Architecture Contemporaine Remarquable » en 2007 est une prouesse architecturale, invitant l’extérieur à l’intérieur grâce à ses volumes aérés. Cet environnement baigné de lumière offre à ses étudiants un cadre de travail des plus inspirants. La nature se mêle à l’architecture grâce aux patios, jardins intérieurs et bassins qui rythment ce lieu, laissant libre expression à la flore méditerranéenne. Reconnaissable par ses murs de béton aux découpes saccadées et ses avancées s’ouvrant sur le ciel, l’architecte construit son œuvre comme une balade à travers laquelle on se laisse porter pour libérer sa créativité.Un lieu symbolique pour les étudiants des Beaux-Arts, et pour tous les marseillais qui le découvriront lors d’une balade dans le la Parc Régional des Calanques.INFORMATIONS PRATIQUES184 avenue de Luminy 13288 Marseilleesadmm.frPhotos – ©EsadmmNavigation des articlesArticles plus anciens
LA STATION ALEXANDRE | REGIS & EIFFELAbandonnée à partir des années 1930, la station Alexandre reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe dans les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui décide de lui donner une nouvelle vie avec l’architecte marseillais Éric Castaldi.Au début du XXème siècle, Victor Régis, négociant et armateur marseillais, entreprend de construire un ensemble industriel : la Station Alexandre. Située dans un quartier dédié à l’activité portuaire et industrielle, cet édifice trouve sa place au milieu de multiples savonneries, silos à grains, minoteries, manufactures de tabac et bien d’autres encore. Gare de triage d’une huilerie, la station était autrefois reliée au quartier de la Joliette par une ligne ferroviaire privée, faisant ainsi transiter les chargements d’arachide et de copra débarqués sur le port.Abandonnée à partir des années 30, la station reste en marge de la vie marseillaise, puis tombe entre les mains de l’investisseuse Sylvie Caulet qui, sous le charme de celle-ci, décide de lui donner une nouvelle vie. Ainsi sauvée de la démolition, la Station Alexandre est réhabilitée en 2004 par l’architecte marseillais Éric Castaldi. Dans le respect de son exceptionnelle architecture et de son histoire, la reconstruction ambitieuse de ce bâtiment accueille aujourd’hui un centre d’affaires, des commerces et des restaurants.Ce lieu admirable, situé dans le quartier du Canet, est marqué par sa structure métallique édifiée par Gustave Eiffel. Son style architectural mélange les genres et s’harmonise entre béton, verre et acier. Doté d’une grande richesse décorative, on découvre en son intérieur des colonnes de fonte aux chapiteaux corinthiens et des frises en linteaux décorées de rosaces. À ne pas louper, l’impressionnante verrière de son Atrium.INFORMATIONS PRATIQUES31 boulevard Charles Moretti 13014 MarseillePhotographes – ©Éric Castaldi – ©abcsalles – ©Chris HartwigLA CITÉ RADIEUSE | LE CORBUSIERÉdifiée entre 1947 et 1952 par Le Corbusier, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ».Né en 1887, Charles-Édouard Jeanneret plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, est un architecte du mouvement moderne. Au côté notamment de Robert Mallet-Stevens et de Mies Van Der Rohe, il est un artiste complet, opérant également en tant qu’urbaniste et designer. Fondateur de principes tels que le Modulor ou l’Unité d’Habitation, son œuvre comprend 17 sites – dont 10 en France – classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco, tandis que de nombreuses de ses réalisations sont classées Monuments Historiques. Parmi ses œuvres emblématiques, on compte La Cité Radieuse à Marseille.Édifiée entre 1947 et 1952, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ». Cette cité-jardin verticale, construite sur pilotis, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016. Créative et avant-gardiste, son architecture surprenante telle un paquebot, offre une multitude de jeux de lumière, de perspectives et de couleurs, se présentant comme une œuvre architecturale à part entière. Le style brutaliste met en avant l’utilisation de matériaux sans parement comme le béton brut, permettant un jeu de rythmes décoratifs riches et innovants.Les éléments architecturaux sont pensés pour répondre à l’environnement du bâtiment : l’élévation sur pilotis libère le terrain et la vue, tandis que le toit terrasse offre un espace de loisir loin du bruit, comme si l’on naviguait au calme, à travers la ville. Le brise-soleil laisse pénétrer le soleil en hiver et protège de la chaleur en été. La naissance de la « machine à habiter » propose à tous les habitants : de nombreux rangements, une cuisine intégrée, des services tels que l’école, les commerces, le tout pensé selon une ergonomie adaptée au corps humain. Le Corbusier s’entoure des plus grands pour optimiser l’intérieur des appartements, comme Charlotte Perriand qui contribue au premier prototype de cuisine. Jean Prouvé quant à lui révèle ses talents d’ingénieur et réalise l’extraordinaire escalier des duplex en tôle pliée.Derrière ce projet fou de 337 appartements appelés aussi « cellules », se cache la forte volonté du Corbusier d’instaurer une nouvelle manière d’Habiter, permettant de vivre ensemble et de libérer les femmes. C’est cette œuvre majeure, en évolution constante au gré de ceux qui y résident, qui a accompagné la naissance d’ARCHIK ainsi que notre philosophie de « l’Art d’habiter ». INFORMATIONS PRATIQUES280 boulevard Michelet 13008 Marseilleciteradieuse-marseille.comPhotographes – ©Romain Laprade – ©Florian Touzet – ©Centre PompidouL’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS | RENÉ EGGERRené Egger est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts, implantée à Luminy, au cœur du Parc des Calanques.Architecte français, René Egger (1915 – 2016) est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans la période de la Reconstruction après-guerre, aux côtés de Fernand Pouillon, il fonde d’emblématiques édifices tels que l’hôpital Nord et la faculté de médecine de la Timone. Architecte discret sous l’aile de Gaston Defferre, son trait de crayon n’en a pas moins bouleversé la cité phocéenne. Il a dessiné Marseille telle qu’on la pensait à l’époque, sous un angle fonctionnel et monumental.Héritier direct des modernistes, Egger fit du béton son matériau de prédilection et signa la plupart de ses ouvrages par des brises-soleil, venant tamiser le chaleureux soleil du Sud. Aujourd’hui, nombreux de ses bâtiments ponctuent toujours la ville, laissant derrière lui une trace considérable de son œuvre comme la résidence l’Éolienne en 1959, ou les facultés du campus de Saint-Jérôme.Parmi ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts (ESADMM), implantée sur le site de Luminy, au cœur du Parc des Calanques. Son bâtiment labéllisé « Architecture Contemporaine Remarquable » en 2007 est une prouesse architecturale, invitant l’extérieur à l’intérieur grâce à ses volumes aérés. Cet environnement baigné de lumière offre à ses étudiants un cadre de travail des plus inspirants. La nature se mêle à l’architecture grâce aux patios, jardins intérieurs et bassins qui rythment ce lieu, laissant libre expression à la flore méditerranéenne. Reconnaissable par ses murs de béton aux découpes saccadées et ses avancées s’ouvrant sur le ciel, l’architecte construit son œuvre comme une balade à travers laquelle on se laisse porter pour libérer sa créativité.Un lieu symbolique pour les étudiants des Beaux-Arts, et pour tous les marseillais qui le découvriront lors d’une balade dans le la Parc Régional des Calanques.INFORMATIONS PRATIQUES184 avenue de Luminy 13288 Marseilleesadmm.frPhotos – ©EsadmmNavigation des articlesArticles plus anciens
LA CITÉ RADIEUSE | LE CORBUSIERÉdifiée entre 1947 et 1952 par Le Corbusier, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ».Né en 1887, Charles-Édouard Jeanneret plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, est un architecte du mouvement moderne. Au côté notamment de Robert Mallet-Stevens et de Mies Van Der Rohe, il est un artiste complet, opérant également en tant qu’urbaniste et designer. Fondateur de principes tels que le Modulor ou l’Unité d’Habitation, son œuvre comprend 17 sites – dont 10 en France – classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco, tandis que de nombreuses de ses réalisations sont classées Monuments Historiques. Parmi ses œuvres emblématiques, on compte La Cité Radieuse à Marseille.Édifiée entre 1947 et 1952, La Cité Radieuse située dans le 8ème arrondissement de Marseille concrétise le projet d’un « village vertical » appelé « Unité d’Habitation ». Cette cité-jardin verticale, construite sur pilotis, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016. Créative et avant-gardiste, son architecture surprenante telle un paquebot, offre une multitude de jeux de lumière, de perspectives et de couleurs, se présentant comme une œuvre architecturale à part entière. Le style brutaliste met en avant l’utilisation de matériaux sans parement comme le béton brut, permettant un jeu de rythmes décoratifs riches et innovants.Les éléments architecturaux sont pensés pour répondre à l’environnement du bâtiment : l’élévation sur pilotis libère le terrain et la vue, tandis que le toit terrasse offre un espace de loisir loin du bruit, comme si l’on naviguait au calme, à travers la ville. Le brise-soleil laisse pénétrer le soleil en hiver et protège de la chaleur en été. La naissance de la « machine à habiter » propose à tous les habitants : de nombreux rangements, une cuisine intégrée, des services tels que l’école, les commerces, le tout pensé selon une ergonomie adaptée au corps humain. Le Corbusier s’entoure des plus grands pour optimiser l’intérieur des appartements, comme Charlotte Perriand qui contribue au premier prototype de cuisine. Jean Prouvé quant à lui révèle ses talents d’ingénieur et réalise l’extraordinaire escalier des duplex en tôle pliée.Derrière ce projet fou de 337 appartements appelés aussi « cellules », se cache la forte volonté du Corbusier d’instaurer une nouvelle manière d’Habiter, permettant de vivre ensemble et de libérer les femmes. C’est cette œuvre majeure, en évolution constante au gré de ceux qui y résident, qui a accompagné la naissance d’ARCHIK ainsi que notre philosophie de « l’Art d’habiter ». INFORMATIONS PRATIQUES280 boulevard Michelet 13008 Marseilleciteradieuse-marseille.comPhotographes – ©Romain Laprade – ©Florian Touzet – ©Centre PompidouL’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS | RENÉ EGGERRené Egger est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts, implantée à Luminy, au cœur du Parc des Calanques.Architecte français, René Egger (1915 – 2016) est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans la période de la Reconstruction après-guerre, aux côtés de Fernand Pouillon, il fonde d’emblématiques édifices tels que l’hôpital Nord et la faculté de médecine de la Timone. Architecte discret sous l’aile de Gaston Defferre, son trait de crayon n’en a pas moins bouleversé la cité phocéenne. Il a dessiné Marseille telle qu’on la pensait à l’époque, sous un angle fonctionnel et monumental.Héritier direct des modernistes, Egger fit du béton son matériau de prédilection et signa la plupart de ses ouvrages par des brises-soleil, venant tamiser le chaleureux soleil du Sud. Aujourd’hui, nombreux de ses bâtiments ponctuent toujours la ville, laissant derrière lui une trace considérable de son œuvre comme la résidence l’Éolienne en 1959, ou les facultés du campus de Saint-Jérôme.Parmi ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts (ESADMM), implantée sur le site de Luminy, au cœur du Parc des Calanques. Son bâtiment labéllisé « Architecture Contemporaine Remarquable » en 2007 est une prouesse architecturale, invitant l’extérieur à l’intérieur grâce à ses volumes aérés. Cet environnement baigné de lumière offre à ses étudiants un cadre de travail des plus inspirants. La nature se mêle à l’architecture grâce aux patios, jardins intérieurs et bassins qui rythment ce lieu, laissant libre expression à la flore méditerranéenne. Reconnaissable par ses murs de béton aux découpes saccadées et ses avancées s’ouvrant sur le ciel, l’architecte construit son œuvre comme une balade à travers laquelle on se laisse porter pour libérer sa créativité.Un lieu symbolique pour les étudiants des Beaux-Arts, et pour tous les marseillais qui le découvriront lors d’une balade dans le la Parc Régional des Calanques.INFORMATIONS PRATIQUES184 avenue de Luminy 13288 Marseilleesadmm.frPhotos – ©EsadmmNavigation des articlesArticles plus anciens
L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS | RENÉ EGGERRené Egger est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts, implantée à Luminy, au cœur du Parc des Calanques.Architecte français, René Egger (1915 – 2016) est connu comme l’un des bâtisseurs de Marseille. Dans la période de la Reconstruction après-guerre, aux côtés de Fernand Pouillon, il fonde d’emblématiques édifices tels que l’hôpital Nord et la faculté de médecine de la Timone. Architecte discret sous l’aile de Gaston Defferre, son trait de crayon n’en a pas moins bouleversé la cité phocéenne. Il a dessiné Marseille telle qu’on la pensait à l’époque, sous un angle fonctionnel et monumental.Héritier direct des modernistes, Egger fit du béton son matériau de prédilection et signa la plupart de ses ouvrages par des brises-soleil, venant tamiser le chaleureux soleil du Sud. Aujourd’hui, nombreux de ses bâtiments ponctuent toujours la ville, laissant derrière lui une trace considérable de son œuvre comme la résidence l’Éolienne en 1959, ou les facultés du campus de Saint-Jérôme.Parmi ses créations marseillaises figure la prestigieuse école des Beaux-Arts (ESADMM), implantée sur le site de Luminy, au cœur du Parc des Calanques. Son bâtiment labéllisé « Architecture Contemporaine Remarquable » en 2007 est une prouesse architecturale, invitant l’extérieur à l’intérieur grâce à ses volumes aérés. Cet environnement baigné de lumière offre à ses étudiants un cadre de travail des plus inspirants. La nature se mêle à l’architecture grâce aux patios, jardins intérieurs et bassins qui rythment ce lieu, laissant libre expression à la flore méditerranéenne. Reconnaissable par ses murs de béton aux découpes saccadées et ses avancées s’ouvrant sur le ciel, l’architecte construit son œuvre comme une balade à travers laquelle on se laisse porter pour libérer sa créativité.Un lieu symbolique pour les étudiants des Beaux-Arts, et pour tous les marseillais qui le découvriront lors d’une balade dans le la Parc Régional des Calanques.INFORMATIONS PRATIQUES184 avenue de Luminy 13288 Marseilleesadmm.frPhotos – ©EsadmmNavigation des articlesArticles plus anciens