KANN DESIGN

Kann Design c’est une histoire de famille, celle des pièces de mobilier, des mains qui les façonnent, celle des personnalités qui les dessinent.

Fondé au Liban en 1958 par Kanaan, menuisier reconnu et père de Houssam Kanaan – fondateur de KANN Design, l’atelier Kanaan est le pilier du projet KANN Design.

Baigné depuis son enfance dans le meuble, Houssam s’inspire et s’appuie sur l’expertise et le savoir-faire des artisans expérimentés qui constituent l’héritage de la marque. Ébénistes, soudeurs, tapissiers, peintres et canneurs pour la plupart présents depuis la création de l’atelier, travaillent avec passion, main dans la main, dans un souci de créativité, de qualité et avec un profond sens du détail.

Avec ce collectif d’artisans, KANN édite et concrétise les idées et dessins de designers en fabriquant des meubles intemporels, techniquement irréprochables, et au confort absolu.

Avec le goût des belles choses, défendu depuis ses débuts, KANN Design signe des réalisations totales et sur-mesure, pensées dans les moindres détails et dans une démarche toujours plus durable.

Houssam est rejoint par son épouse Meghedi et Rudy, photographe et ami d’enfance, sur le Studio KANN qui fait naître une collection de meubles inspirée des années 50 à la personnalité affirmée et signée KANN Design.

L’ancien showroom se transforme alors en café Résidence KANN (au 28 rue des Vinaigriers, Paris 10). L’occasion de vivre le mobilier KANN Design autour d’un café sélectionné par Coutume – le café pour Houssam est sa madeleine de Proust.

Partageant des valeurs communes, une sensibilité pour l’artisanat et l’amour du design, nous aurons le plaisir de vous faire découvrir le mobilier KANN Design dans notre Maison ARCHIK parisienne. Coup de cœur pour la banquette Mid Canvas en tissu Kvadrat vert, le fauteuil bas Ti en noyer et le paravent Split en noyer qui subliment l’intérieur de notre Maison.

ON AIME

Leur savoir-faire et l’intemporalité des lignes de leur mobilier.

INFORMATIONS PRATIQUES

Kann Design
51 rue de Vinaigriers
75010 Paris

kanndesign.com

EN APARTÉ AVEC KANN DESIGN

Découvrez Meghedi et Houssam les créateurs de KANN DESIGN, à travers leurs inspirations et leurs matériaux fétiches dans rendez-vous… en aparté.

À (re)découvrir
À la Maison ARCHIK Paris

Exposition chaise TAL
À la Maison ARCHIK Marseille
du 10 décembre 2020 au 28 février 2021

LA BALEINE

C’est l’histoire d’un cinéma de quartier qui aurait croisé le bistrot du coin. Le premier a embobiné le second avec ses belles images. Le second a entourloupé le premier de ses joyeux canons.

Nicolas Grasset – Directeur

“L’idée des fondateurs Thomas Ordonneau et Cyril Zimmermann était de retrouver un esprit cinéma qui ne soit pas daté mais plutôt intemporel. Un lieu qui soit élégant mais pas snob ou excluant, tout sauf un truc d’intello. On voulait que cela évoque un âge d’or du cinéma mais pas forcément hollywoodien, entre une brasserie parisienne et un bar à New-York.” C’est à l’architecte Olivier Moreaux qu’a échu la tâche complexe d’aménager cet espace pluriel (à la fois bistrot et salle de projection), au directeur artistique Mothi Limbu de créer une identité qui soit à la fois gourmande et visuelle, et enfin à Nicolas Grasset de synthétiser les idées en un mood-board et des mots-clés qu’Honoré Décoration traduira dans le décor. Les contraintes étaient de taille vu que la partie bistrot et restaurant(le Ventre de la Baleine) devaient être modulables pour accueillir toutes sortes d’événements et d’ateliers (y compris pour enfants) autour du septième art. La gestion des flux des personnes, depuis la cuisine en sous-sol jusqu’à la grande terrasse, mais aussi de la caisse jusqu’à l’unique salle de cinéma, sera un facteur clé de la réussite. Ceci afin que ce nouveau lieu de culture et de rencontres procure des expériences sensorielles les plus plaisantes possibles.

Annick Lestrohan & Ingrid Giribone – Décoratrices

Bien qu’ayant déjà habillé trois commerces emblématiques de Marseille (le Bistrot de la Relève, L’Épicerie Idéale et le bar à cocktails Gaspar), Annick et Ingrid se revendiquent avant toutes choses créatrices plus que décoratrices. Le duo mère-fille, reconnu au travers de sa marque de mobilier et décoration Maison Honoré, avoue néanmoins avoir accepté ce projet de ciné-bistrot comme une parenthèse stimulante. La palette de couleurs donne d’entrée le ton. Le crème et le lie de vin de la façade que l’on retrouve sur les murs intérieurs donnent au lieu une ambiance chaleureuse, ni trop féminine, ni trop tendance, qui colle à l’esprit bar à vins. Les jaune curry et bleu pétrole des velours apportent cette petite touche fraîche et stimulante pour réveiller les banquettes et les tabourets – des créations maison qui font écho à la structure dorée au-dessus du comptoir en granito. Habillé d’un astucieux bardage en bois de manche à balais, le bar offre avec les tables bistrot un juste équilibre entre simplicité et raffinement. C’est dans les détails qu’on apprécie la richesse d’un univers 50’s mâtiné d’art déco. Ainsi, ces niches dans les murs prolongeant les alcôves du plafond ou ces constellations lumineuses – des globes translucides à l’entrée et de grands abat-jours en ratafia et cordons de laine pour le fond – qui offrent une ambiance feutrée non dénuée d’un certain glamour.

INFORMATIONS PRATIQUES

Adresse : La Baleine, 59 cours Julien, Marseille 06
Quand? : Du mardi au dimanche, de 8h à 23h
Contact : T – 04 13 25 17 17 – @labaleinemarseille

Crédits texte et photos — Eric Foucher

Article issu de la Revue N°1 selon Archik

AGRICULTURE URBAINE

Reconnecter le citadin au vivant et à la terre nourricière est le grand enjeu d’aujourd’hui et de demain. Une nécessité d’autant plus urgente que nos métropoles ont bien souvent perdu les odeurs mais aussi le goût, comme à Marseille où l’espace naturel était en voie d’extinction.

Chaque mardi, c’est le même défilé au Talus, un projet de micromaraîchage installé entre deux bretelles de la toute nouvelle rocade L2, au nord de Marseille. Mais pas celui de personnes auxquelles on pourrait penser (bobos, retraités, écolos intégristes). C’est un joyeux mélange de populations, avec pour seul trait commun que toutes habitent en ville. Dans l’une de celles où la nature avait quasiment disparu, chassée par l’urbanisation galopante qui a grignoté peu ou prou toutes les terres cultivables et espaces verts disponibles depuis l’après-guerre.

À la tête de l’association Heko qui pilote le projet, Fréderic Denel, ancien entrepreneur dans le commerce électronique reconverti dans les projets agro écologiques, est un idéaliste mais pas un doux rêveur. « Il est clair que l’agriculture urbaine ne va pas nourrir tout le monde. C’est par contre un moyen de sensibiliser et d’éduquer les citoyens à la problématique de la souveraineté alimentaire et à l’alimentation durable. C’est aussi créer des vocations en inventant une nouvelle agriculture qui permettra à des jeunes comme Carl Pfanner et Valentin Charvet (ndlr : les deux gestionnaires du Talus) d’être rémunérés convenablement en exerçant un métier qui a du sens. C’est déjà beaucoup. »

L’exemple du Talus est en ce sens assez emblématique de ce travail de reconquête à la fois physique – reprendre possession des surfaces cultivables laissées en déshérence entre les îlots de béton – et psychologique – faire comprendre qu’il est possible de se nourrir et consommer autrement. Et force est de constater qu’après seulement un an d’un laborieux travail de déblaiement, tri et valorisation du lieu, l’intérêt des riverains mais aussi de personnes venues de beaucoup plus loin va grandissant. « Un mélange de population d’une richesse incroyable qui redonne foi en l’humanité » confie-t-il tout sourire.

Les uns prennent de leur temps pour venir prêter main forte à l’aménagement lors de chantier participatifs : celui en cours consiste par exemple en l’aménagement d’un jardin méditerranéen en terrasses avec des arbres et des plantes aromatiques. Il va surplomber la mare et le futur restaurant qui servira des repas bon marché à base de produits bio et locaux. Les autres viennent se renseigner et réserver un bac d’environ un mètre carré : un micro-jardin dans lequel ils pourront faire pousser chaque saison jusqu’à six espèces de plantes (basilic, romarin, tomates, courges, etc.). Près de mille bacs accueilleront prochainement cette micro-agriculture hors-sol de l’autre côté de l’autoroute sur un nouveau terrain, bétonné celui-ci de 6 000 m2.

Le plus facile est paradoxalement de trouver ces parcelles. Le plus complexe reste de convaincre les pouvoir publics et ne pas être découragé par la lourdeur et les imbroglios administratifs qui peuvent survenir. « Enormément de terrains vont être mis à disposition via des appels à projets. Mais cela peut prendre des années (parfois jusqu’à 10 ans) entre le moment où la collectivité décide de changer l’affectation du PLU et l’autorisation d’exploiter. Heko a de nombreux dossiers similaires sous le coude en attente de validation. Mais le plus ambitieux reste de prouver la rentabilité de 3 à 5 ans du Talus afin de pouvoir le dupliquer et répondre à l’urgence. « Quand on trace une courbe à 20 ans, on ne sait pas qui va produire une nourriture durable. L’âge moyen de l’exploitant agricole aujourd’hui est de 57 ans. 60000 fermes ont disparu depuis 40 ans, et une ferme sur deux n’a pas de repreneur. La grande majorité des agriculteurs et maraîchers qui vont arriver sur le secteur sont des néos. Pourquoi ? Tout simplement parce que depuis 50 ans, les fils et filles d’agriculteurs ont fui le métier en voyant leurs parents galérer et leur exploitation dépérir.

Notre rêve ultime serait de transformer en maraîchers les jeunes de la cité voisine (Air Bel) pour qu’ils s’installent en périphérie. C’est un des rares métiers ou l’on peut accueillir des personnes de toutes origines, âges et niveaux d’éducation ». Pour l’heure ils ne sont pas très nombreux à avoir quitté le seuil des barres d’immeubles. « Ce sont des gens qui vivent en marge et à qui on a fait des promesses non-tenues pendant des années. Ils sont devenus très méfiants et ont raison de l’être. Il faut aller les prendre par la main, tour par tour, palier par palier ». Alternatives aux jardins ouvriers ou partagés, ces offres proposent néanmoins une réponse beaucoup plus pragmatique et pédagogique aux jeunes générations, ces millenials ultras connectés mais qui ont beaucoup moins les pieds sur terre.

Si l’arrivée de l’agriculture en ville semble si spectaculaire, c’est qu’on revient de loin. Ce sont les premiers marchés paysans, il y a à peine plus de 10 ans, qui ont démontré pour la première fois qu’une distribution des produits de la terre en circuits courts et la limitation des intermédiaires permettaient de s’alimenter avec de bons produits et à bon prix.

Dans la foulée se sont créées des épiceries paysannes dans chaque quartier de la ville afin de pouvoir répondre quotidiennement à la demande, mais aussi des systèmes de panier pour faciliter la tâche d’approvisionnement d’urbains pas toujours véhiculés. Deux initiatives qui apportaient aussi des réponses à nos préoccupations environnementales : la limitation (voire la suppression pour les épiceries de vrac) des emballages et des déchets polluants.

Les rares maraîchers ayant survécus sur les extérieurs de Marseille à la pression des lobbies de l’agro-alimentaire ont vu arriver sur leurs terres des néo-paysans qui, à défaut d’avoir toujours l’expérience requise, étaient emplis de bonne volonté.

Ainsi le « Mas des Gorguettes » (une bastide de Sainte Marthe dans les quartiers Nord de la ville) fût-il transformé avec succès en ferme maraîchère. Les quatre jeunes porteurs du projet Terre de Mars, initialement architectes-paysagistes et urbanistes, étaient persuadés qu’une relocalisation de la production agricole en contexte méditerranéen était possible. Et ce, afin de répondre à une demande de production de légumes saine et locale, mais aussi préserver des terroirs fertiles à l’orée des villes. La découverte de ce lieu entre garrigues et cités est assez bluffante et dépaysante.

Le Fonds Epicurien, qui finance des actions sous forme de prêts d’honneur et fonds d’amorçage auprès d’associations et entreprises agissant sur le territoire de Provence, y a été bien sûr sensible. « L’alimentation durable, c’est du circuit-court, une culture raisonnée et sans produit chimique » rappelle Thomas de Williencourt à sa tête. « L’idée in fine est de prouver que l’on peut produire sur place de très bons produits pour éviter de les faire venir du bout du monde avec une empreinte carbone catastrophique pour la planète. Terre de Mars a commencé comme une ferme urbaine et se diversifie maintenant en transformant leurs produits pour les entreprises et les particuliers directement sur place. Le Fonds permet de donner de la visibilité au projet, de le soutenir au lancement par des mises en relation. Ils ont ainsi réussi à financer la création de leur hangar professionnel avec une chambre froide pour le stockage des légumes, un centre d’emballage des œufs et un espace de valorisation culinaire des produits agricoles ». C’est aussi ce qui s’est passé avec les Champignons de Marseille, start-up qui s’est spécialisée dans la culture circulaire, en transformant les mous de café de restaurateurs marseillais en terreau fertile pour ses spores. Les champignons frais reviennent eux sur les meilleures tables de la ville (comme celle de l’Intercontinental) et le compost obtenu comme engrais fertile pour les fermes urbaines dans une démarche zéro déchet.

« Dernier projet que nous soutenons et auquel nous croyons beaucoup, c’est celui du Paysan Urbain qui se développe au Cloître, un pôle d’innovation et d’entrepreneuriat social également dans les quartiers Nord de Marseille. » Initié par Benoît Liotard en Seine- Saint-Denis il y a quatre ans, le projet entend produire des micro-pousses. Ces nouveaux produits entre la graine germée et le mesclun plaisent beaucoup aux consommateurs pour leurs qualités nutritives et leurs goûts mais aussi aux restaurateurs pour leurs couleurs qui rendent les plats très désirables. Afin d’impliquer davantage encore les citoyens- consommateurs aux bienfaits de l’agriculture circulaire et du recyclage, des bacs à compost commencent à fleurir ici et là pour récupérer les déchets bio- organiques dans la ville. On mesurera néanmoins l’énorme retard pris sur des pays comme la Suède qui entendent être indépendants énergiquement grâce à leur bioénergie. Les actions de sensibilisation commencent néanmoins à porter leurs fruits. Un lieu vient de naître à Marseille qui pourrait résumer la prise de conscience, l’envie d’agir au quotidien et de penser demain : la Cité de l’agriculture, sobrement baptisée « lieu de vie autour de l’agriculture (en ville) pour la transition agro écologique ». Une sorte de hub animé par Marion Schnorf et Bastien Bourdeau et toute une équipe de jeunes gens qui proposent des ateliers, des événements, des projections sur les enjeux agricoles et alimentaires. Ici, la cantine propose un nouveau modèle de restauration collective qui met en valeur le produit, décrit ses moyens de production et ses bienfaits nutritifs. Entre bottes de pailles et ouvrages de références sur l’alimentation durable, on n’y oublie pas le plaisir d’apprendre et le bonheur de retrouver le vrai goût des choses.

INFORMATIONS PRATIQUES

Le Talus
603 rue Saint-Pierre, 13012
www.letalus.com

Terre de Mars
25 impasse du Four de Buze, 13014
www.terredemars.fr

Cité de l’agriculture
37 boulevard National, 13001
www.cite-agri.fr

Les Champignons de Marseille
89 traverse Parangon, 13008
www.champignons-marseille.fr

Le Fonds Epicurien
24 rue Neuve Ste-Catherine, 13007
www.fonds-epicurien.fr

Le Paysan Urbain
20 bd Madeleine Rémusat, 13013
www.lepaysanurbain.fr

Crédits ©2020 Texte et Photos – Eric Foucher
Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK

MARSEILLE PAR IGO STUDIO

Manifeste marseillais ou autoportrait ?

IGO, studio de photographie récemment basé à Marseille, crée des images dans les domaines de la mode, de l’architecture et du design, ainsi que des clips musicaux pour différents artistes. Leur travail ne s’arrête pas à un style défini et se caractérise par une forme d’expérimentation permanente, un renouvellement sans limites.

Manifeste marseillais ou autoportrait ? « Eh mercé » est une sélection de photographies produites en une année dans cette nouvelle ville, correspondant parfaitement à leur état d’esprit. Dans cette recherche d’expérimentation, IGO a trouvé une fusion parfaite entre la culture urbaine et la douceur de l’environnement marseillais. Ils y ont découvert des rues qui leur ressemblent, des compositions spontanées, des ambiances singulières et une lumière aussi brute que leur technique photographique.

INFORMATIONS PRATIQUES

Crédits ©2020 Photos – IGO Studio
Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK

L’ARLATAN

C’est à un carambolage spectaculaire de couleurs et d’époques que nous convie l’artiste Jorge Pardo dans un hôtel du XVème siècle au centre d’Arles entièrement transfiguré.

Comme dans tous les palais et belles demeures arlésiennes, l’extérieur est trompeur : massif et rude comme le mistral balayant le delta du Rhône. L’hôtel d’Arlatan (du nom d’un riche intendant du Roy René) n’échappe pas à la règle, et le classement d’une partie du site aux Monuments Historiques a nécessité de s’accommoder de ces murs épais, ces petites ouvertures et ces plafonds bois à encaissement très hauts. “De la contrainte naît la créativité” dit l’adage et c’est justement ce que l’on découvre en caressant le déshabillé en résille qui orne l’entrée, et que l’on retrouvera en trame du bar à l’escalier. Préserver une intimité tout en jouant des transparences, voilà une bien jolie et féminine entrée en matière, du fer en l’occurrence, dont le délicat maillage jaune et orange répond aux couleurs des carreaux émaillés venus du Mexique. Pas moins de deux millions de pièces qui tapissent les six mille mètres carrés de sols ont permis la relance d’une fabrique traditionnelle qui périclitait.

Puisque le haut demeure sacré – les plafonds ont d’ailleurs révélé durant les travaux de somptueux motifs du Moyen-âge – c’est par le bas que l’artiste Jorge Pardo va dérouler son histoire : colorée, joyeuse et métissée comme Cuba dont il est originaire et le Mexique où il réside une partie de l’année. Comment ne pas voir un clin d’oeil aux « piñâtas » dans les couleurs des nombreuses lampes en polycarbonate, ou encore une allusions aux « banderines » – ces guirlandes décoratives en papier très populaires durant la fête des morts – dans les motifs des trames métalliques découpées au laser ? Contrairement à de nombreux établissements qui axent leur décoration autour des pièces d’art contemporain, vous n’êtes pas ici spectateur mais invité à vivre dans une oeuvre tant l’univers de l’artiste s’exprime partout. C’est justement une “Gesamtkunstwerk” (terme allemand désignant une oeuvre d’art totale) que souhaitait la femme d’affaires et mécène Maja Hoffman.

Déjà propriétaire, à travers sa société Les Maison d’Arles, d’établissements aux partis-pris créatifs clairement assumés (l’Hôtel du Cloître, la Chassagnette ou encore le Réfectoire sur le site de LUMA), elle souhaitait aller plus loin dans sa démarche artistique en donnant carte blanche à Jorge Pardo, suite à la visite de son projet Tecoh – ancienne ruine coloniale située dans la forêt primaire du Yucatan et réhabilitée en 2007, où l’on trouve déjà les éléments récurrents de l’esthétique de l’artiste : l’importance attachée aux luminaires, aux sols en patchwork de céramiques colorées ou encore aux garde-corps en résille métallique. A l’opposé du Less is more, on est ici dans l’emphase, l’accumulation de couleurs sans qu’il n’y ait, et c’est là la gageure, jamais saturation ni overdose. Des couloirs bleu layette, des chambres saumon, des armoires aux portes peintes (toutes des pièces uniques signées de l’artiste), des boutis aux tissus camarguais, les Caraïbes sont bien là, transpirant sur les murs de cette bâtisse séculaire qui se régénère gaiement dans ses trente-cinq vastes chambres et six appartements résidentiels.

Les amoureux du design aussi seront à la fête, qui s’amuseront en promenant le regard à retrouver les signatures des belles pièces de mobiliers – Charlotte Perriand y côtoie Gio Ponti – provenant des collections privées de la propriétaire qui prennent place dans la salle à manger et les salons. Aux murs, on retrouve des photographies du film At Eternity’s Gates de Julian Schnabel, inspiré de la vie de Van Gogh et tourné en grande partie dans l’hôtel. Comment ne pas penser d’ailleurs aux tournesols et à la palette de couleurs franches de l’artiste maudit en se promenant dans les couloirs et coursives, décorés de bouquets de fleurs coupées, et de corbeilles de fruits disposées nonchalamment sur les rebords des fenêtres et qui ne semblent n’attendre qu’à être immortalisées.

Si l’ancien patio provençal, transformé en paradis du farniente avec la création d’une piscine colorée bordée de plantes tropicales, offre en plein coeur de ville une touche d’exotisme, c’est vraiment dans ses intérieurs que l’Arlatan séduit le visiteur. Dans les chambres, la magie opère et les cheminées d’époque, les plafonds en bois et les murs de pierre sourds semblent comme réveillés par la frénésie de couleurs. L’élément le plus photographié sera à n’en pas douter la suspension vertigineuse tombant en grappes dans le puits du magnifique escalier jouxtant l’ancien mur antique dit “Hadrien”. On prend plaisir à se perdre dans les corridors débouchant ici sur une salle de sport équipée uniquement de machines en bois à propulsion mécanique, là sur un salon au panneau de bois peint d’une grande fresque qui fera office de salle de réunion. Pour le plus grand bonheur des arlésiens et des visiteurs qui n’auront pas la chance d’y séjourner, les parties dites “communes” comme le bar et le restaurant sont ouvertes à tous.

Elaborée par Armand Arnal, le chef du restaurant-potager la Chassagnette situé non loin de là en plein coeur de la Camargue, la carte revisite avec un twist contemporain – dû en partie au beau dressage des assiettes – les recettes de familles d’hier et d’aujourd’hui avec des produits uniquement frais et de saisons. Les amateurs de minestrone ou de panisses seront aux anges, d’autant que la table peut s’enorgueillir d’être très accessible eut égard à la qualité du lieu. En plus du comptoir principal qui s’enjaille en pagaille lorsque les convives ont le sang chaud, on trouve au sous-sol un autre petit bar à cocktails aux lumières tamisées, idéal pour roucouler sur de douces mélodies. L’Arlatan a tant à offrir qu’on en reste vite prisonnier, mais tant qu’il y a de l’amour …

INFORMATIONS PRATIQUES

L’arlatan

20, rue du Sauvage – 13200 Arles
Du mardi au dimanche. de 8h à 23h
T-0465882020
@larlatan

Crédits © 2020 Texte – © Eric Foucher
Photos – © Eric Foucher et Sébastien Coquerel
Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK

OUREA

Faire émerger la simplicité et le bon goût n’est jamais chose aisée. En compagnie de leur ami designer, le couple de jeunes restaurateurs nous explique par le menu comment ils ont réussi à aligner les planètes.

Camille Fromont & Mathieu Roche – Restaurateurs

Dans la mythologie grecque, Ourea est une divinité personnifiant les montagnes. Ce nom reflète la cuisine de Matthieu qui puise son inspiration dans la terre avec un équilibre entre le minéral et le végétal. Les plats sont faits de produits simples, bruts, imprégnés de toute la culture méditerranéenne. La cuisine ouverte s’avançant dans la salle en est l’élément central. Cela permet une rencontre directe entre Mathieu et Kim Mai Bui, sa seconde, et les clients, souvent curieux de savoir ce qu’il se passe en coulisses et désireux de partager leur ressenti. On retrouve cet aspect joyeux jusque dans la carte. “Nous essayons de trouver le juste équilibre avec des assiettes colorées et goûteuses préparées avec des produits soigneusement sourcés chez les meilleurs producteurs locaux ». Dans le même esprit, Camille sélectionne des vins de petits producteurs qui effectuent un travail de qualité dans le respect des vignes et des sols. Dans une ville qui braille volontiers, on est frappé par l’atmosphère sereine du lieu. “Il semble paisible car notre travail demande une grande concentration et du professionnalisme. Mais si vous vous approchez de la cuisine d’un peu plus près, vous verrez des gestes précis et rapides et pourrez peut-être ressentir l’adrénaline qui monte lorsque nous sommes en plein service ».

Axel Chay chez Nova Obiecta – Designer

Le brief ? Créer un véritable lien entre la décoration et ce qu’on allait retrouver dans l’assiette, que ce soit en terme de couleurs, de textures et de fraîcheur. Le lieu ayant déjà accueilli trois restaurants, il fallait rompre radicalement et ce, malgré la taille restreinte et le peu de possibilités d’agencement qu’il offrait. “J’ai imaginé la décoration du restaurant comme une scénographie, en inscrivant chaque élément comme une oeuvre à part entière. J’ai assumé des couleurs tranchées qui jouent avec des pièces fortes pour donner une empreinte unique dès le premier regard : des tabourets de bar en tige d’acier couronnés d’une assise en liège pour réchauffer le comptoir en carreaux blancs, deux miroirs circulaires d’inspiration Geneviève Claisse, qui rythment l’habillage en tasseaux de bois”. Tout le reste a été chiné pour donner un univers coloré et cohérent. “Une banquette verte, des miroirs bleus, un mur saumon et des luminaires jaunes ! Parfait pour y associer un tableau théâtral de Alexandre Benjamin Navet, une oeuvre poétique de Côme Di Meglio et un buste d’Apollon peint en blanc sur socle”. Des oeuvres de jeunes artistes représentés par la Double V Gallery qui gravite dans la même constellation qu’Ourea.

INFORMATIONS PRATIQUES

Ouréa

72, rue de la Paix Marcel Paul – Marseille 06
Du mardi au samedi, midi et soir
T-0491732153
@ourea_marseille

Crédits © 2020 Texte et photos – © Eric Foucher
Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK

AUSSIH

Entre les quartiers d’Endoume et de Samatan, une ancienne imprimerie transformée en boutique, cantine et salon de thé par un trio féminin illustre à merveille l’idée de slow shopping.

Audrey Colombani & Jessie Hessmann – Cofondatrices

Le quartier, à deux pas de la mer et loin de l’agitation du centre-ville, fût un choix de coeur vite assumé. Les deux jeunes femmes y résidaient déjà et souhaitaient contribuer à son développement au côté d’une librairie, d’un traiteur, d’une cave à vins et d’une boutique de lingerie nouvellement installés. Faire cohabiter une table et une boutique sera comme un jeu de Tétris. « Le local en forme de « L » a quand même facilité l’aménagement. Les deux parties communiquent tout en ayant chacune leur propre espace. Les corners déco, mode, objets, livres changent au gré des saisons et des achats puisqu’ici tout est à vendre, du mobilier du restaurant aux appliques de la terrasse ». Un mélange hétéroclite d’objets neufs et vintage, mis en scène pour vous inspirer dans un décor qui fleure bon la Méditerranée. Audrey et Jessie ont fait de leur contrainte budgétaire une force : le sol en chutes de marbre, les comptoirs et étagères en briques, les ferronneries des fenêtres et les petits orangers ont des airs de Costa Brava sur laquelle on prend plaisir à accoster.

Laetitia Visse – Chef

Après quatre années d’études à l’École Ferrandi et un apprentissage en restaurants étoilés, Laetitia Visse a décidé de s’orienter vers une cuisine de bistrot, plus populaire et conviviale. La jeune chef de 26 ans seulement, s’est éprise des recettes de grands-mères, comme la tête de veau sauce gribiche, le poulet rôti au thym pommes grenailles, le pâté en croûte de lapin au whisky ou la blanquette de veau. Autant de plats de notre enfance qu’on est heureux de retrouver et qui collent à merveille à l’esprit famille du lieu. « Aussih est un endroit très féminin et racé de par sa sélection et son ambiance. Jessie et Audrey ont créé un univers bien à elles, très apaisant et où on se sent comme à la maison. C’est pour toutes ces raisons que j’ai eu envie de m’investir à leurs côtés. J’aimerais développer le côté salon de thé avec des recettes pour les enfants qui « éduquent » leur palais aux bons produits, en circuit court et bio bien sûr ». Inviter des chefs une fois par mois pour des dîners thématiques, mettre en place des apéritifs dans la cour, les idées fusent et ne manquent de la part de celle qui aime qualifier sa cuisine de « canaille ».

INFORMATIONS PRATIQUES

Aussih

9, rue Châteaubriand – Marseille 07
Du mardi au samedi, de 10h à 19h
T-0491312947
@aussihmarseille 

Crédits © 2020 Texte et photos – © Eric Foucher
Article issu de la Revue n°l selon ARCHIK

SPA MAISON EVIDENS

Les lignes architecturales épurées nous rappellent le minimalisme mais aussi la rigueur japonaise.

Destination parfaite pour qui veut allier plaisir de la relaxation et de la contemplation esthétique, le Spa Evidens, imaginé par la très jeune architecte d’intérieur Emmanuelle Simon, est un écrin d’exception, véritable refuge monacal au cœur de l’hiver.

Emmanuelle Simon a fait ses armes à l’école Camondo, puis a été formée par 2 références dans le milieu du design et de l’architecture d’intérieur : Jean-Marie Massaud et Pierre Yovanovitch. C’est aujourd’hui à travers le nouvel espace bien-être de la marque de cosmétiques franco-japonaise EviDens de Beauté qu’elle a pu exprimer sa créativité.

L’héritage des deux cultures – les rituels de beauté japonais et l’art de vivre à la française – lui a permis de proposer un lieu architectural épuré et minimal tout en travaillant avec des matériaux forts : appliques en céramique japonaise Raku dessinées par Emmanuelle Simon elle même, pierre bleue du Hainaut, meubles en bois et tatamis, et panneaux en papier de riz. De nombreuses arches donnent une sensation de continuité et d’unité dans la matière. Les lignes architecturales sont épurées et les détails sont particulièrement soignés, nous rappelant ainsi le minimalisme mais aussi la rigueur japonaise.

Une adresse où l’on rêve de s’évader quelques instants cet hiver.

ON AIME

L’harmonie dans les matériaux, la perfection dans les détails

INFORMATIONS PRATIQUES

Spa Maison Evidens

31, rue Boissière – Paris 16
Site Web Spa Maison Evidens
Site Web Emmanuelle Simon

© Damien de Medeiros & Benoit Linero

POP UP STORES D’HIVER

Conçus comme d'authentiques intérieurs et appartements, ces lieux éphémères invitent tant au délassement qu’à la convivialité.

La tendance est à l’éphémère cet hiver !

Plusieurs marques s’emparent de boutiques parisiennes pour retranscrire leurs univers et les transformer en de véritables intérieurs à vivre et à shopper. Ainsi, le magazine en ligne The Socialite Family a conçu le Socialite Christmas, une boutique éphémère mettant en scène son propre univers ainsi que ses nouvelles éditions et coups de coeur. Le magazine Milk Décoration a pour sa part collaboré avec la boutique-laboratoire de Lafayette Anticipations, A Rebours, pour proposer une sélection éclectique d’objets et accessoires sélectionnés par la rédaction. Madame M, sous l’esprit de Emily Marant (Studio Marant) et Jean-Baptiste Charpenay-Limon, a investi quant à elle Joyce Gallery et réinvente le pop-up store classique en proposant des lectures, souvenirs de voyages, mobilier chiné ou pièces plus contemporaines à collectionner.

Conçus comme d’authentiques intérieurs et appartements, ces lieux éphémères invitent tant au délassement qu’à la convivialité. Ils offrent une vision plus contemporaine du marché de Noël, en offrant pour tout les goûts, allant du petit accessoire au mobilier design.

Si vous passez plutôt les fêtes à Marseille, nous vous invitons à venir découvrir notre pop-up hivernal imaginé par la galerie arlesienne La Marchande des 4 saisons, alliant pièces intemporelles et contemporaines.

ON AIME

Découvrir et offrir des cadeaux singuliers et particuliers

INFORMATIONS PRATIQUES

Pop-up stores d’hiver

Socialite Christmas
12, rue Saint Fiacre – Paris 02
Du 1e décembre au 31 décembre 2018

Milk x A Rebours
46, rue Sainte-Croix de la Bretonnerie – Paris 04
Du 23 novembre au 6 janvier 2019

Madame M
168, Galerie de Valois – Paris 01
Du 23 novembre au 6 janvier 2019

ARCHIK x La Marchande des 4 saisons
50, rue Edmond Rostand – Marseille 06
Du 6 décembre au 2 février 2019

GIO PONTI AU MAD

Pour sa première rétrospective en France, plus de 500 de ses pièces sont dévoilées au public.

Considéré comme l’un des architectes et designers les plus influents du 20e siècle, Gio Ponti est en ce moment mis à l’honneur au Musée des Arts Décoratifs de Paris.

Pour sa première rétrospective en France, plus de 500 de ses pièces sont dévoilées au public.

La longévité de sa carrière, de 1920 à 1970, ainsi que l’étendue de ses talents, en fait un des premiers architectes internationaux. Il oeuvre autant en Italie (à Milan, sa ville natale), qu’en France ou au Vénézuela. Son intérêt se retrouve tant pour la production industrielle que pour l’artisanat, pour l’architecture ou le mobilier. Gio Ponti a eu ainsi un parcours pluridisciplinaire qui nous permet de découvrir des pièces tout à fait éclectiques.

La scénographie de l’exposition, réalisée par l’agence d’architecture Wilmotte & Associés, présente de façon chronologique sa carrière, permettant au public d’appréhender au mieux ce créateur prolifique.

Coup de cœur pour sa villa Planchart au Venezuella, pari d’une «maison légère comme un papillon posé sur une colline ».

ON AIME

Le parcours pluridisciplinaire de la scénographie confiée à l’agence Wilmotte & Associés

INFORMATIONS PRATIQUES

Musée des Arts Décoratifs

107, rue de Rivoli – Paris 01
Du 19 octobre 2018 au 5 mai 2019
Site web

LES ARCS FÊTE SES 50 ANS !

Un des challenges majeurs de ce projet fut d’intégrer le bâti dans le relief pour prioriser les paysages.

Il y a tout juste 50 ans, en 1968, Charlotte Perriand s’associait à deux personnalités exceptionnelles : Roger Godino et Robert Blanc, respectivement entrepreneur natif de Chambéry et guide de haute montagne. Ensemble, ils se lancèrent dans le projet osé de concevoir ex-nihilo une nouvelle station de sports d’hiver au dessus du village de Bourg-Saint-Maurice et face au Mont Blanc.

Référence mondiale dans l’habitat de loisirs et notamment inspirée par le Mouvement Moderne de Le Corbusier, Charlotte Perriand a pris le parti d’offrir la modernité et le design à tous, rendant très accessible son architecture par sa conception. Un des challenges majeurs de ce projet fut d’intégrer le bâti dansle relief pour prioriser les paysages.

Aujourd’hui, l’architecture s’adapte totalement à la pente existante, faisant des Arcs une station mondialement connue et reconnue par de nombreux architectes et urbanistes. Cet hiver – et ce jusqu’en 2019 – sera donc célébré et ponctué par de nombreux événements le 50e anniversaire de la station des Arcs.

On en profite pour découvrir le documentaire « Les Arcs, la part du rêve » de Clément Taillefer sur le travail de son père Bernard Taillefer, grand architecte des Arcs.

ON AIME

L’architecture respectueuse et adaptée à l’environnement existant

INFORMATIONS PRATIQUES

Station de ski les Arcs