COLLECTION PARTICULIÈRE
L’art habite leurs vies. Il s’adresse à leurs sens, à leurs émotions, à leur intelligence. Il les nourrit. Claude et Corinne entretiennent un rapport spontané à l’art, fondé sur le plaisir de la découverte. Le beau l’emporte sur le concept, mais l’un ne va pas sans l’autre.
Après 40 ans de vie commune, quelques aménagements entre leurs personnalités éclatantes et plusieurs déménagements entre Marseille, Paris et Megève, Claude et Corinne sont toujours aussi fougueux et passionnés. Par l’art évidemment, et aussi par l’architecture.
Cette passion commune avec ARCHIK a évidemment porté ses fruits : après plusieurs déambulations, c’est un appartement de La Cité Radieuse de Le Corbusier à Marseille qui les a mis d’accord. Accompagnés dans leur recherche par l’expertise de Marie et l’architecte d’intérieur Julien Fuentes, ils ont affiné ce bien, qui avait déjà été intelligemment repensé, pour qu’il corresponde à leur goût précis et qu’il puisse accueillir leur collection d’art contemporain et de design.
Cet appartement a-t-il été un coup de cœur ? Quelle a été votre première impression en le visitant ?
C – Nous ne nous imaginions pas vivre dans un lieu aseptisé. Alors vivre « au Corbu » ne nous était jamais venu à l’esprit. Mais l’immeuble me ramène aux maisons de poupées lorsque j’étais une petite fille, c’est certainement ce qui a déterminé mon engagement. Pour Claude, c’est aussi un retour à son enfance car il a vécu dans une maison contemporaine en béton brut de décoffrage toujours présente à son cœur.
C – C – Cette première visite avec ARCHIK, on l’a abordée comme « les visiteurs touristes » du Corbusier sans se projeter personnellement. Une visite qui a fait son chemin… Pourquoi pas. Tout était là. Il a suffi de réinventer, en respectant l’esprit de ses créateurs, des équipements aujourd’hui obsolètes comme la cuisine par exemple.
ARCHIK a choisi l’architecte Julien Fuentes pour votre projet : comment cette collaboration s’est-elle passée ?
Sans modifier fondamentalement les volumes de l’appartement, le travail a surtout consisté en un rafraichissement à tous les points de vue : cuisine, peinture, parquet, menuiseries, afin que l’appartement nous ressemble davantage. L’aménagement a été revu pour mettre en valeur nos œuvres.
La cuisine a été entièrement repensée, pour être plus adaptée en termes de fonctionnalité, tout en refabriquant à l’identique certains éléments de cuisine caractéristiques de Le Corbusier et de Charlotte Perriand (placards hauts, rappel des poignées en bois sur les façades de la cuisine, etc.).
La gamme de couleurs utilisée dans l’appartement est également directement inspirée de la gamme de peinture que Le Corbusier a utilisé à Bordeaux pour la Cité Frugès, que ce soit pour la cuisine, ou pour certains volumes qui sont été repeints en rose, blanc ivoire, vert amande et rouge.
« On a intégré au décor moderniste une série de sièges d’époque Louis XV dans la plus pure tradition du style classique français. »
Comment avez-vous imaginé la décoration de ce nouveau lieu de vie ?
Il a fallu réinventer un décor adapté aux proportions imposées par l’architecture, et ne surtout pas dénaturer les lieux. Mais comme l’art a une histoire et nous aussi, on a intégré au décor du mobilier ancien que nous avions, comme une série de sièges d’époque Louis XV dans la plus pure tradition du style classique français. On les a marié avec des éléments contemporains comme « la Coffee Table » d’Isamu Noguchi ou la table roulante d’Angelo Ostuni. Un soin particulier a été apporté à l’éclairage en respectant là encore le choix des concepteurs : les lampes GRAS de DCW Éditions cohabitent ainsi avec la lampe Parentesi d’Achille Castiglione.
Aux murs, on a accroché quelques œuvres d’artistes contemporains que nous collectionnons. Pour la plupart en noir et blanc, ces œuvres ont comme support l’écriture ou le symbole. Et la grande hauteur sous plafond qu’offre la mezzanine nous a permis d’installer deux œuvres de grande dimension.
Et le tour était joué ! Cette cellule du Corbusier s’est transformé en un lieu qui nous ressemble. Jusqu’à une prochaine aventure !
Un détail à vivre qui est agréable dans l’appartement ?
Le deuxième salon à l’étage, situé en prolongement de la chambre, qui lui donne un air de suite d’hôtel et depuis lequel on a vue sur la mer.
Et évidemment la vie « au Corbu » , l’esprit de « village » et la proximité entre voisins. On part en voyage en claquant la porte, sans se soucier de rien !
LES 3 FÉTICHES
BLACK ASS, DAN MILLER
Dan Miller est un artiste autiste américain qui, en sublimant son handicap, a atteint une notoriété reconnue par les institutions artistiques internationales comme le MoMA ou la Biennale de Venise. Dan Miller, sortant ainsi de son enfermement, laisse libre court à son imagination et ses inventions : il décline ses obsessions en répétant sur le papier les signifiants qui s’y rapportent jusqu’à l’illisible. L’œuvre “Black Ass” en est une illustration émouvante par son histoire et sa simplicité qu’apparente.
UTOPIA, DIDIER FAUSTINO
Didier Faustino est un artiste et architecte français, vivant entre la France et le Portugal. À travers ses différents projets, il mêle l’architecture, les performances, les installations et les vidéos. Dans cette œuvre, Faustino s’interroge sur “l’Être” dans ses dimensions sociales et politiques. L’œuvre est belle par sa simplicité, on écrit “Utopia” et tout s’écroule et les lettres tombent une à une, le mot, l’image. Tout est dit.
À L’AVENIR, KELLYSCHACHT
Kelly Schacht est une jeune artiste belge très active. Avec cette œuvre À l’avenir, à venir, l’avenir … l’artiste joue sur les mots et leurs signifiés. Elle nous propose ainsi un support sur lequel le spectateur peut participer de manière interactive : à chacun sa lecture. Cette œuvre est ludique, libre et joyeuse. Les lettres en vinyle sont directement collées sur le mur et “Venir” est un néon lumineux, rendant l’œuvre très esthétique. Elle répond de façon optimiste aux précédentes.
Crédit photos – Olivier Amsellem & ARCHIK